VEF Blog

Elle ne sortit pas de sa voiture, elle me tendit simplement quelques feuilles d’essuie-tout en me remerciant. Elle souriait à peine et je pensais alors que je m’étais fatigué pour rien. Envolé mon fantasme de mes mains sales sur sa poitrine… Je ne suis pas du genre à m’accrocher, je ne suis pas le papier collant qui a du mal à se décoller. Pourtant, je me dis que je n’avais rien à perdre et surmontant une certaine timidité qui me poursuivait depuis ma vie fœtale, je lui demandai le numéro de son portable. « Pour quoi faire » ? lança-t-elle en détournant le regard. Je bafouillais, c’est vrai, je n’avais pas préparé ma réponse. Devant mon début de noyade, elle eut pitié de moi et me dit : « vous savez, je suis mariée et je suis fidèle ! » Mes yeux prirent alors la teinte des feuilles d’automne balayées par le Mistral et pour que je sorte enfin la tête de l’eau, un peu émue quand même, elle murmura « mais vous pouvez me donner le vôtre de numéro ». Il y eut comme une petite accalmie dans mon naufrage. Elle me tendit un morceau de papier et un stylo et je notai mon numéro de téléphone. Elle posa ce papier sur le siège passager et me dit au-revoir. Je vis sa voiture s’éloigner lentement sur la route qui menait à Boulouris et pour m’achever définitivement, je m’aperçus qu’elle jeta, par la fenêtre de sa voiture, un morceau de papier roulé en boule, c’était mon numéro de téléphone ! Aussi dépité qu’un baba au rhum sans rhum, je pensai « elle s’est bien moquée de moi la garce » !