VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 01-12-2012 à 08:15:58

Grasse (13).

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Après cette mémorable soirée, la vie devint intenable, pour moi, dans cet immeuble.

Je ne voulais plus voir personne et surtout pas Monsieur et Madame Coqualo, Monsieur Laderovitch et Mademoiselle Belœil. Un point positif cependant, j’étais sûr de ne jamais rencontrer Paulo, le taulard. Déjà, je pris la décision de ne plus utiliser l’ascenseur, lieu dangereux où l’on pouvait faire de très mauvaises rencontres. Alors, sous le prétexte de pratiquer de la gymnastique, très bonne pour le cœur comme nous le serinent les médias à longueur de journée, je descendais par les escaliers. J’évitais ainsi les guets-apens de tous genres. Mais il y avait d’autres lieux dangereux dans cet immeuble : le hall d’entrée avec les boîtes à lettres et le local à poubelles. Au moins une fois par jour, j’étais bien obligé de fréquenter ces endroits pires que les rues de Kaboul à la tombée de la nuit. Je mis donc au point une stratégie qui était fondée sur les habitudes des habitants de l’immeuble. Je savais que Madame Coqualo allait chercher le courrier vers dix heures, que son époux descendait les poubelles vers treize heures et que Mademoiselle Belœil allait promener son chien en début de matinée et juste après le repas de midi. Alors, je m’arrangeais pour prendre mon courrier et descendre les poubelles à minuit environ. Il ne restait plus que le cas de Monsieur Laderovitch, qui, atteint de la maladie d’Alzheimer, descendait n’importe quand et faisait des fugues imprévisibles. Je l’ai même rencontré à minuit dans les escaliers, mais heureusement, dix secondes plus tard, il avait tout oublié. 

Seulement, les plans les plus astucieux ont quand-même des failles ! Cela se produisit quand je reçus une lettre recommandée qui m’obligea à descendre dans le hall à dix heures. J’aurais pu aller la chercher à la poste, mais ma paresse, me fit jouer avec le feu. Le feu, s’était Madame Coqualo qui discutait avec le facteur et avec Monsieur Gédebras qui était manchot : il avait perdu un bras à la guerre d’Algérie. Après avoir récupéré ma lettre recommandée, je me dirigeai comme un voleur vers la cage d’escalier, quand une main virile serra fortement mon avant-bras (une nouvelle fois) et bien sûr c’était Madame Coqualo qui me dit en souriant : « On ne vous voit pas beaucoup en ce moment ». Elle avait le regard carnassier des louves affamées.  Je ne pus que répondre : « euh… » et c’était mieux que rien. J’allais rompre le contact, quand elle ajouta : « mais au fait, à quelle heure descendez-vous votre poubelle ? »

J’avais peut-être l’esprit mal tourné, mais je crus comprendre qu’elle avait envie d’une rencontre (avec moi) dans le local à poubelles. Mais pour quoi faire mon Dieu ? Et puis, aussi rapide qu’un Unau* dépressif, je compris tout et des mots se bousculèrent dans mon cerveau : gâterie, gâterie, gâterie, mais aussi : dents de louve, dents-cisailles, castration…Et je me vis devenir eunuque, hantant les vieux harems d’Orient…

A suivre

*Unau :

L'Unau ou Paresseux est un animal herbivore qui se déplace très lentement dans les branches d'arbres, à l'aide de ses longues griffes.

L'Unau vit au Venezuela et au Brésil.

La tête du paresseux est ronde, son nez est écrasé, il n'a pas d'oreilles, mais de grands yeux. Il a de longues griffes, ce qui lui permet de se suspendre aux branches des arbres.C'est un herbivore qui se nourrit de feuilles, de fleurs et de fruits. Il est actif la nuit, c'est donc un animal plutôt nocturne. Il passe de 16 à 18 heures par jour à dormir et le reste du temps à manger et à se reproduire. (La belle vie quoi !) : Remarque de moi.

Il est d'une lenteur incroyable et lorsqu'il est au sol sa vie est en danger, donc il vit dans les hauts arbres et ne descend à terre que tous les dix jours pour soulager sa vessie et ses intestins. Il perd alors le tiers de son poids.