Monsieur Coqualo.
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Monsieur Coqualo m’attendait à la sortie du supermarché. Comment avait-il fait, le bougre, pour sortir avant moi ? Il avait dû utiliser une caisse automatique, que moi je fuis comme la peste. Il avait fait une provision de préservatifs (au moins dix boîtes), en prévision peut-être d’une autre soirée avec ses amis. Cette fois-ci je me méfiais et déjà je préparais ma réplique, s’il lui venait l’idée saugrenue de m’inviter une nouvelle fois. Je faisais ma tête des mauvais jours, sans me forcer d’ailleurs, car je suis bien rodé à ce genre d’exercice.
Il prépara le terrain en m’invitant à aller boire un verre dans la cafétéria du supermarché. J’avais trouvé l’excuse idéale pour refuser : « désolé, mais j’ai des produits surgelés ! ». Il regarda ma glacière qui était encore dans mon caddie et affirma : « ho, ne vous inquiétez pas, ça ne sera pas long et il faut plusieurs heures pour que les produits se décongèlent ! » Comme si j’allais le croire, maniaque comme je suis. J’avais envie de lui dire vulgairement qu’il me faisait ch… et que j’avais envie de vomir quand je le voyais. Mais mon verni d’homme civilisé censura tous mes mots grossiers. Comment faire pour me décoller de cette glu super-efficace, de cette colle-minute qui résiste à tout ? J’acceptais donc pour me débarrasser le plus vite possible de lui.
Il prit un café et moi un déca ; j’avais le cerveau
qui frôlait l’apoplexie* et il ne fallait pas en rajouter. Il s’assit sur une
banquette en moleskine rouge et moi sur une chaise en face de lui. Il avait le
rictus des dauphins en chaleur. J’avais l’impression que son regard me
déshabillait. Avec un petit sourire qui se voulait enjôleur, il me
dit : « mais venez-donc, vous asseoir sur la banquette, à côté
de moi ; c’est plus confortable. » Et pour me convaincre tout à fait,
il ajouta : « et en plus, ça évite d’avoir mal aux
fesses ! » Oh les fesses, un mot qu’il ne fallait pas
prononcer ! J’allais me lever et partir, me sauver comme un voleur de sac
de vieille dame. Mais je restais ; j’étais un faible, ça je le savais
depuis longtemps. Il me parla de sa femme qui me trouvait très sympathique.
Phrase banale en soi, mais moi, avec mon esprit mal tourné, je le soupçonnais
déjà de vouloir organiser un trio entre lui, sa femme et moi. Mais qu’étais-je
donc venu faire à Grasse ? Pourquoi avais-je demandé ma mutation pour cet
enfer ? Je regardai ma montre, j’étais réellement inquiet pour mes surgelés et surtout pour ma glace
tiramisu qui était très fragile. Je soulevais
mes fesses pour me lever Je pris appui sur mes jambes pour me lever.
Monsieur Coqualo me regarda, étonné : « mais attendez, j’ai
encore quelque chose à vous dire ! »
Et ce qu’il me révéla alors dépassa de beaucoup le pire que je pouvais redouter…
A suivre…
*apoplexie : Coma soudain provoqué par une lésion cérébrale.
Commentaires
A Gaby
Bonsoir.
Merci pour ton com.
Les coms se sont ouverts tous seuls et je vais les refermer, tu sais pourquoi.
Bonne soirée.
Bonjour
Heureux de pouvoir écrire de nouveau sur le blog.
Suspense!! La suite! La suite! La suite!
Bonne journée
je suis en état de Grasse