VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 04-02-2013 à 07:51:55

Grasse (26).

Le créneau de Jeanne,

la prof d'anglais.

Jeanne était un peu tendue, elle conduisait d’une manière très aléatoire. Je lui indiquais au fur et à mesure le chemin à suivre dans les rues de Grasse peu fréquentées à cette heure-là, heureusement pour moi.

Devant mon immeuble, pour se garer, elle fut obligée de faire un créneau. Je pensais :

« Ca y est, les ennuis commencent ! »

Il y avait pourtant la place pour trois voitures, mais Jeanne s’y prenait comme si elle conduisait un autobus. Je la laissais faire. Le crépuscule commençait à peser sur la ville et les lampadaires paresseux hésitaient à s’allumer. Jeanne serrait son volant de l’intérieur, mauvaise habitude que l’on retrouve souvent chez les femmes. Je ne faisais pas de commentaires pour ne pas la déstabiliser, mais j’imaginais que pour avoir son permis de conduire, elle avait dû s’y reprendre à plusieurs fois. Enfin la voiture fut garée tant bien que mal à environ cinquante centimètres du trottoir, un peu loin quand même…

C’est à ce moment-là, que presque malgré moi, je commençais ma drague à « deux balles ».

« Tu montes boire un verre ? » dis-je en lui faisant les yeux doux. Je la connaissais bien, Jeanne, elle ne pouvait pas résister à mes « yeux doux ». C’était le même regard que je lui lançais quand je lui demandais d’aller me chercher un café. Je savais qu’elle n’allait pas refuser. Et elle accepta avec un sourire gêné. Le hall d’entrée de mon immeuble était situé à une vingtaine de mètres et soudain Jeanne me dit : 

« Oh, Alain, regarde à droite, il y a une femme de mauvaise vie ! »

Elle avait un vocabulaire suranné, ma collègue. J’avais oublié ce détail important : c’était l’heure où Lola, la pute, commençait à tapiner dans ma rue. Elle avait un sourire moqueur, la meuf de Paulo le tolard ! Et moi je m’en voulais d’avoir commis cette erreur monumentale : que Lola me vît avec ma collègue devant mon immeuble. J’aurais tout de suite, accepté d’échanger Jeanne contre Lola, mais malheureusement, la réalité et les fantasmes ne font pas bon ménage.

Et Lola venait vers nous en remuant des fesses et moi comme l’autre jour, j’avais oublié le code d’entrée de mon immeuble. Elle approchait pendant que je commençais à taper les vingt-quatre combinaisons possibles du code. Mon cinquième essai fut le bon et je me dis qu’il devait y avoir un bon Dieu pour les crapules comme moi.

Je poussais presque Jeanne dans le hall comme pour échapper à un danger imminent : l’affrontement fatal de deux femelles amoureuses d’un mâle dominant (on peut toujours rêver non ?)

Ce n’était pas un bon jour finalement, car près des boîtes à lettres nous tombâmes sur Monsieur Coqualo qui rôdait comme d’habitude.

Il m’ignora complètement et fit un grand sourire à Jeanne en proclamant :

« Ha mademoiselle M….., quelle surprise ! Je suis très heureux de vous revoir. Vous savez, que vous êtes le professeur préféré de mon neveu ? »

« Merci pour moi ! » pensais-je, « et en plus, il est impoli ! »

C’est à ce moment-là que madame Coqualo sortit du local à poubelles…

 

A suivre