VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 18-02-2013 à 08:21:43

Grasse (29).

 

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Séduire Jeanne, ne fut pas ma mission la plus facile. J’en avais absolument besoin pour étouffer les rumeurs qu’aurait pu propager le neveu de Monsieur Coqualo, dont j’ignorais encore le nom. A défaut d’être belle et sexy, Jeanne était disponible et avait, je crois bien, un petit faible pour moi. Mais quelle montagne à gravir pour atteindre enfin le paradis des sens. Je me mis en tête de faire son éducation,

de façonner de la pâte à modeler informe en bacchante(1) affriolante.

Un après-midi, au lycée, vers 13h au retour de la cantine, l’estomac encore encombré par des coquillettes à la viande de nature inconnue, j’étais affalé, sur un fauteuil d’un âge incertain, dans la salle des profs, quand Jeanne vint s’asseoir près de moi. Pour lui faire croire que je dormais, j’avais baissé mes paupières et adopté l’aspect niais d’un patineur pakistanais. Dix minutes plus tard, je feins de me réveiller et je lui demandai d’aller me chercher un café. Pour cela je la regardais avec un air de cocker déprimé auquel elle ne résista pas. La pauvre, elle dut affronter la horde des élèves agglutinés autour de la machine à boissons située dans la cour du lycée. En l’attendant, j’observais le manège de Maurice, un prof d’EPS de cinquante-cinq ans environ, véritable macho et dragueur professionnel, tout l’opposé de moi ! Il s’était mis en tête de séduire une prof d’histoire-géographie de vingt-cinq ans, mignonne comme tout, blonde et diaphane. Je l’entendais débiter des sornettes à deux balles, sans s’apercevoir qu’il horripilait sa jeune collègue. Finalement, en gardant son calme, elle l’assomma en lui disant : 

« Tiens, mais tu as l’âge de mon père ! »

Maurice, vexé dans sa virilité, abandonna la partie, la queue entre les jambes, comme un vieux loup mordu par sa femelle.

Eliane, qui enseignait le français, entra à son tour dans la salle des profs et accomplit un petit cérémonial que je connaissais par cœur : elle remplaça les chaussures rouges qu’elle portait par les mêmes, mais noires qui se trouvaient dans son casier. Allez savoir pourquoi !

Peut-être parce qu’elle venait d’avoir les secondes-F, une classe difficile qui aggravait, de jours en jours, sa névrose obsessionnelle. Elle sortit de la salle en proclamant :

« Ô rage, ô désespoir (2)… ! »

Et il y a certains ministres qui veulent réduire nos vacances d’été, un oasis qui nous permet de ne pas sombrer dans la démence !

Jeanne revint avec ma tasse de café et me la tendit en souriant. Je trempais mes lèvres dans le liquide odorant et je lui dis :

« Mais il est froid ce café ! »

C’était faux, mais c’était la première étape de ma stratégie de lavage de cerveau.

A la sonnerie de quatorze heures, juste avant d’aller chercher nos élèves, je me penchai vers ELLE et je lui murmurais dans l’oreille : 

« Au conseil de classe des 1èresS1 de ce soir, j'aimerais bien que tu  ne portasses pas de culotte ! »…

A suivre

Notes :

1 : Femme saisie par la débauche et la lubricité.

2 : Le Cid de Pierre Corneille.