Femme assise.
(Picasso).
Un peu étonné par l’attitude de Jeanne, je fus bien obligé de regarder entre ses cuisses rondes. La pénombre de la salle des professeurs n’offrait pas un éclairage idéal pour ce genre d’observation scientifique. Je ne voyais que du noir et je me demandais si c’était du lard ou du cochon, heu non, je voulais dire, une culotte ou une toison… J’avais envie de lui demander, de rester comme ça, pendant que j’allais chercher mes lunettes que j’avais bêtement abandonnées sur la grande table. Mais je n’ai pas osé, car je suis un grand timide, moi !
Jeanne me regarda avec un demi-sourire et murmura :
« Voilà, tu es content ? Mais c’est la dernière chose que je fais pour toi ! »
Content, content, c’était vite dit car j’arrivais à la conclusion suivante :
« Si elle ne porte pas de culotte noire, elle n’est pas épilée ! ».
Elle se leva pour aller prendre ses élèves et je la suivis dans l’étroit escalier qui nous faisait descendre dans la cour. Avant d’y être, je me penchais vers son oreille pour lui dire :
« Il faudra que tu fasses mieux la prochaine fois ! Je te donnerai les instructions nécessaires en temps voulu, dans ton casier… »
Elle se retourna pour me lancer un regard de haine qui me décapita et elle cria presque :
« Tu n’as qu’à aller voir ta pute ! »
J’aurais bien aimé, moi, que Lola fût ma pute ! Mais c’était celle de Paulo, mon voisin à la prison de Grasse.
A la récréation de quinze heures, je m’installais à côté de Marilyne, la prof de philo. J’avais envie de sentir sa cuisse musclée contre la mienne, histoire de soulager mes neurones, après une heure de cours avec les secondes, seulement capables de compter les mouches, même quand il n’y en avait pas. Effectivement, la cuisse de Marilyne, transféra mon énergie intellectuelle située probablement dans mon cortex cervical, vers un endroit magique où avaient lieu de mystérieuses réactions chimiques qui transformaient le mol argile en acier et inversement… Elle se pencha vers moi et glissa dans mon oreille :
« Tu as le bonjour d’Emile ! »
Emile, c’était son futur ex-mari, certainement psychotique et assassin à ses heures. Elle me tendit, en riant, un bristol où figurait une invitation à son club de tir à l’arc. Moi, je n’avais pas envie de jouer aux indiens avec un fou capable de m’attacher à un totem pour me cribler de flèches. Je refusais donc cette invitation dangereuse. Lola gloussa, en me traitant de peureux.
Jeanne entra dans la salle après un long passage aux toilettes. Elle nous regarda à la dérobée et se précipita vers son casier, qu’elle ouvrit, je crois, avec une main tremblante. S’attendait-elle à trouver mes instructions ? Elle se retourna vers moi et me transmit, de loin, un message brouillé. Etait-elle déçue ou soulagée ?
A suivre…