Les yeux de Michèle Morgan...
« Entrez, entrez »! Il était marrant, Monsieur Coqualo !
Encore aurait-il fallu que je pusse accéder à une pièce de 1,50m2 dans laquelle se trouvaient déjà trois hommes enchevêtrés et à demi-dévêtus : Monsieur Coqualo donc, avec Aldo et Pipo, qui pratiquaient des activités peu recommandables.
- Il y a encore de la place, on va se serrer un peu, me dit Aldo avec le sourire carnassier d’un moine défroqué.
Je craignais pour ma vertu, mais il fallait absolument que je parlasse aux deux CRS qui avaient mené un embryon d’enquête concernant le rapt de Lola.
Planté, devant la porte des toilettes, je ne savais plus quoi faire.
- Je vous attends au salon, j’ai quelque chose à vous demander, dis-je à la cantonade, en espérant capter l’attention des deux policiers dont les membres avaient des positions vraiment incongrues.
- Tout service mérite récompense ! parvint à articuler Monsieur Coqualo qui avait réussi à libérer sa bouche de l’encombrante matraque vivante de l’un des deux CRS.
Je me dirigeais vers le salon en redoutant des rencontres collantes. Fatalement, je tombai sur Mademoiselle Belœil qui avait perdu la moitié de son pucelage dans la salle de bains. Elle me fit des yeux doux ou du moins elle essaya, car ses yeux globuleux étaient loin de ressembler à ceux de Michèle Morgan (1).
Dans le salon, les loups m’accueillirent avec enthousiasme comme s’ils reniflaient la chair fraîche d’un agneau vraiment innocent. Il planait, dans ce lieu de débauche, une atmosphère de fin du monde. Ils étaient tous avachis et presque décomposés sur les fauteuils et sur le canapé, muets, la bouche ouverte, comme des poissons sortis de l’eau.
Je me mis à attendre Aldo et Pipo en esquivant les attaques mollassonnes de quelques guerriers ramollis.
Et je patientais une heure, longue comme une heure passée à Kaboul, la nuit, dans une rue sans nom, peuplée de Talibans. Et tout ça pour l’amour d’une pute !
Enfin, ils arrivèrent les trois zigotos. Débraillés, le teint rougeaud, ils dégageaient une odeur à vomir. Aldo vint vers moi, il avait la mine décomposée des momies pharaoniennes.
- Alors, quel est votre problème ? me dit-il en déglutissant.
- Voilà, je recherche des informations sur le rapt de Lola !
Il me regarda comme si je parlais en Egyptien ancien.
- Je dois avouer que l’on ne sait pratiquement rien. Elle a été enlevée par le gang des parfumeurs grassois (2) à ce qu’il paraît.
Je n’étais guère avancé et j’insistais pour en savoir davantage.
Aldo était pressé d’en finir et je le soupçonnais d’avoir une idée derrière la tête.
- Il n’y a eu qu’un seul témoin ! Voulez-vous qu’on aille se rafraîchir dans la salle de bains ?
- Et quel est ce témoin ?
- Je n’ai pas droit de vous le dire, mais entre amis si, c’est Monsieur Ladérovitch !
- Merci Aldo, je file. Je vais essayer d’interroger Monsieur Ladérovitch.
Le seul problème, c’est que Monsieur Ladérovitch avait la maladie d’Alzheimer !...
A suivre…
Notes :
1- Michèle Morgan : de son vrai nom Simone Roussel, est une actrice française, née le 29 février 1920 à Neuilly-sur-Seine, dans le département de la Seine (aujourd'hui Hauts-de-Seine).
2- Gang des parfumeurs grassois : Célèbre gang de la Côte d’Azur, qui aspergeait ses victimes avec du parfum.
Commentaires
des références des souvenirs .....bon wk
A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
Le gang des parfumeurs grassois est une invention de ma part.
Bonne journée.
Bonjour Prof.
Elle a de beaux yeux Michèle Morgan !
Le gang des parfumeurs, a existait ?
Bonne journée.