J’avais hâte de rentrer chez moi pour examiner de plus près la photo licencieuse de Lola, non par voyeurisme malsain, mais seulement pour réfléchir à la méthode que je devrais utiliser pour la montrer à Monsieur Laderovitch toujours perdu dans le labyrinthe de l’oubli. Sur ce cliché on voyait Lola qui se livrait à une activité peu recommandable, mais aussi Brigitte et une autre pute que je ne connaissais pas. La photo n’était pas très nette et l’on apercevait aussi trois hommes qui se laissaient faire. En l’état, elle était inexploitable et j’avais intérêt à agrandir et à isoler le visage de Lola pour que Monsieur Laderovitch pût, malgré sa presbytie due à son âge, reconnaître un tant soit peu, ma bien-aimée. Un autre problème émergea : il me sembla que l’un des trois hommes ne m’était pas inconnu. Il me fallait une loupe puissante pour voir en gros-plan les visages de tous les protagonistes de cette dégoûtante partouze. Et dans mon appartement, je n’avais point de lentille grossissante.
Comment faire pour m’en procurer une, un dimanche après-midi, dans cette ville de Grasse, où tous les opticiens, paresseux comme des couleuvres, avaient fermé leurs boutiques ? Au lycée, dans mon labo de physique, j’avais bien une quantité impressionnante de loupes, mais il n'y avait pas cours le dimanche ; oh ces professeurs, toujours aussi paresseux ! J’étais pressé de mener mon enquête, je ne pouvais plus attendre. Par quel moyen pouvais-je entrer dans mon labo un dimanche après-midi ? Il fallait que je pusse contacter le concierge de l’établissement pour qu’il consentît à m’ouvrir toutes les portes du lycée. Par chance, je savais que le gardien de cet établissement scolaire, fréquentait le bar « Le Bacchus* » situé juste en face.
Lorsque je poussais la porte vitrée de ce débit de boissons, je le vis installé à une petite table métallique, ronde et rouge. Il buvait un Cognac. Son visage bouffi et coloré m’indiquait qu’il n’en était certainement pas à son premier verre d’alcool. Il traînait derrière lui une réputation d’ivrogne peu compatible avec sa fonction de gardien dans un établissement relevant de l’éducation nationale. C’était ma chance ! Je m’assis près de lui et je lui offris encore deux verres de Cognac qu’il avala rapidement. Il me dit ensuite :
- Tu es mon ami pour la vie !
Je n’en demandais pas tant ! Je lui expliquais comme je pouvais que j’avais oublié mon ordinateur portable au lycée et que j’avais besoin de lui pour qu’il m’ouvrît quelques portes. Il accepta de bon cœur et nous allâmes ensemble dans mon labo où je pus prendre la loupe la plus puissante que je possédais. En sortant de la salle, je vis le concierge affalé contre le mur et ronflant comme une machine à vapeur du dix-neuvième siècle. Je refermai la porte, plaçai les clés dans sa main droite et je filais comme une anguille.
Chez moi, je m’installais à mon bureau et j’examinais à la loupe la photo de la partouze de Lola. Un des hommes présents attira mon attention et je pus ainsi reconnaître un visage familier…
- Oh, ce n’est pas possible ! m’écriais-je…
A suivre…
Notes :
* Bacchus est un dieu romain correspondant à Dionysos dans la mythologie grecque, beaucoup plus ancien. Les Romains l'ont adopté, comme beaucoup d'autres divinités étrangères dans la mythologie romaine.
C'est le dieu du Vin, de l'Ivresse, des Débordements sexuels.
Commentaires
A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour les coms.
Bonne soirée.
Du coup, j'ai eu la chance de lire les deux articles! Çà va finir par coûter cher cette enquête.
Quand on aime on compte pas, n'est ce pas?
A bientôt pour la suite!