Finalement, grâce à Monsieur Ladérovitch, je pouvais supposer que Lola se trouvait probablement à Bamako, la capitale du Mali et, fait troublant, que l’instigateur de son rapt, par le gang des parfumeurs grassois, était tout simplement Monsieur Gédebras, ancien chimiste qui avait perdu un bras lors de l’explosion, il y a quelques années, survenue dans son labo de synthèse des parfums à Grasse. De plus la plaque vissée sous la selle de son vélo de course :
représentait la carte du Mali et le sigle U.C.B pouvait signifier tout simplement « Union Cycliste de Bamako ».
Au cours de l’enlèvement nocturne de Lola, Monsieur Ladérovitch, témoin involontaire de ce délit avait dû entendre une phrase du genre :
- Lola, sale pute, on va t’envoyer tapiner dans un bordel de Bamako !
Peu à peu le puzzle prenait forme.
Lola se trouvait en Afrique et devait certainement vivre un enfer !
Mon moral fit un saut dans un gouffre sans fond et je me dis que j’avais perdu définitivement ma « chérie ».
La nuit qui suivit, blanche et noire en même temps, fut une sorte de combat, perdu d’avance, contre l’insomnie qui ramollissait mon cerveau en dissolvant le peu de neurones qui me restaient.
Le matin, j’avais récupéré un peu de ma « substantifique moelle » et je pensais que je devais tenter quelque chose pour venir en aide à la pauvre Lola.
Pour moi, le Mali était un pays lointain et parfaitement inconnu et, au lycée, vers treize heures dix, j’allais demander de l’aide à Françoise Jétoulu, la documentaliste. Je la trouvais au CDI en train de ranger quelques livres sur une étagère.
Elle m’ignora complètement la salope !
Depuis notre « contact » raté du mois précédent, elle était fâchée contre moi et me traitait d’impuissant, d’ectoplasme gélatineux et de multiples autres mots aussi doux que le fiel frelaté d’un démon sénile.
Dans le fond du CDI, près de la fenêtre, Jeanne, la prof d’anglais aux yeux globuleux, corrigeait des copies. Elle jeta vers moi un demi-regard qui se voulait indifférent, mais qui dégoulinait de curiosité plutôt malsaine. Je voulais demander à Françoise Jétoulu de la documentation sur le Mali. Elle ne me regarda pas et me dit :
- Débrouille-toi tout seul ! Je ne suis pas ta bonniche !
La fine oreille de Jeanne capta cette réplique cinglante et sur son visage s’imprima un sourire tout britannique. J’étais bien entouré dans ce lieu rempli de livres et où deux femelles me voulaient du mal ou peut-être trop de bien, allez savoir.
J’errais un petit instant parmi les rayonnages bourrés de livres qui me donnaient la nausée. Françoise, l’air de rien, louchait sur moi, savourant sa vengeance de femme rejetée.
Moi, j’eus une pensée comme ça, qu’il était moins dangereux d’affronter un dragon de l’île de Komodo* que deux dames jalouses, revendicatrices, nymphomanes et capables de tout lorsqu’on abordait avec elles les rivages escarpés de la sentimentalité sexuelle.
J’avais envie de partir et d’aller parler avec le prof d’EPS, un homme lui, aux idées aussi linéaires que la fonction mathématique du même nom. Mais allais-je me décourager si facilement et abandonner, dès les premiers obstacles, la longue épreuve de la recherche de Lola ?
J’allai dans la petite salle de reprographie avec une petite idée presque machiavélique dans la tête. Un lieu sans fenêtre, éclairé par Léon, le néon, ou plutôt son remplaçant, car Léon avait péri un après-midi, lorsque Françoise s’était assise sur une petite table pour me demander de contempler tous ses trésors intimes et à l’occasion de les câliner avec ma langue.
Caroline, la machine-photocopieuse sembla me regarder, inquiète. La pauvre, elle avait un certain âge et les émotions fortes pouvaient la tuer. Je soulevais son couvercle et je passais ma main droite sur la vitre épaisse, comme pour la rassurer.
Mais qu’allais-je photocopier ? Je me traitais d’IDIOT car je n’avais rien prévu. Finalement, un peu inquiet quand même, je plaçais ma carte d’identité au centre de la vitre, je mis deux cents feuilles blanches et vierges dans le bac prévu à cet effet et, idée géniale, je dévissais la petite pièce métallique dans le bac de réception des photocopies, qui servait à retenir les feuilles imprimées. Et je programmai cent-cinquante exemplaires. Le sort en était jeté : j’appuyai sur le bouton de départ. La première copie tomba par terre et la deuxième aussi ainsi que les cent-quarante-huitièmes suivantes. Le sol de la petite salle était recouvert de feuilles.
J’allais demander de l’aide à Françoise Jéloulu qui me traita de débile et qui ferma la porte de communication avec le CDI. Elle s’assit par terre, sur les feuilles en retroussant sa jupe et elle me dit :
- Maintenant, il faudra que tu m’obéisses pour réparer ta « connerie » !
Et j’ai dû réparer !...
A suivre…
Notes :
* Le Dragon de Komodo est une espèce de varans qui se rencontre dans les îles de Komodo, Rinca, Florès, Gili Motang et Gili Dasami en Indonésie centrale. Membre de la famille des varanidés, c'est la plus grande espèce vivante de lézard, avec une longueur moyenne de 2 à 3 mètres et une masse d'environ 70 kg. Sa taille inhabituelle est attribuée au gigantisme insulaire car il n'existe pas, dans son habitat naturel, d'autres animaux carnivores pouvant occuper ou partager sa niche écologique, et aussi à ses faibles besoins en énergie. En raison de leur taille, ces varans, avec l'aide de bactéries symbiotiques, dominent les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Bien que les Dragons de Komodo mangent surtout des charognes, ils se nourrissent aussi de proies qu'ils chassent, invertébrés, oiseaux ou mammifères.
Commentaires
A iso 22000 et IFs
Merci pour les coms.
prof meci pour cet intervention
profiter la vie vous avez une seul occasion
A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour le com.
Bonne soirée.
Bonjour Prof.
Il faut être un bon bricoleur dans la vie, si on veut s'en sortir!
Bonne soirée
bon iras tu à bamako ? moi pour l'instant j'attends mon
passeport mais pas vraiment besoin car avec mes microbes déjà bien si j'arrive à sortir de mon antre et surtout de mon lit!!!bonne semaine