VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 22-04-2014 à 07:07:16

Grasse (90).

 

 

Peut-être que pour cette pince à épiler, je m’étais fait un film dans ma tête ? Et que je devais m’orienter vers une autre hypothèse.

En fait, je pense, que le facteur déclenchant avait été la séance du mercredi précédent au club de poésie du lycée. Avec mon poème, je m’étais identifié à un cactus, plante pas très sympathique au demeurant. Hérissé d’épines, ce végétal n’avait pas un abord facile et accueillant. Tout comme moi peut-être ?

Sandrine m’avait « offert » cette pince à épiler certainement pour me transmettre un message : « tu dois changer, retirer toutes tes épines  et ainsi tu pourras approcher le ballon de baudruche, c’est-à-dire moi ».

Bon, je réfléchirai à cette question !

Les vacances de Pâques commençaient et je n’allais plus voir ma « muse » pendant quinze jours. Loin du lycée je me remis à penser à Lola, ma pute chérie, disparue on ne sait où. En faisant des recoupements, j’imaginais qu’elle se trouvait à Bamako, au mali, dans un bordel ou sur un trottoir de ce lointain pays d’Afrique. Et dans quel état ? J’en voulais beaucoup au sinistre Gédebras, mon voisin manchot qui, apparemment, avait séjourné à Bamako il y a une quinzaine d’années et qui avait dû garder des contacts avec la pègre locale. Je le soupçonnais même d’avoir organisé l’enlèvement de Lola avec l’aide de la bande des « parfumeurs grassois ». N’avais-je pas découvert, sur son vélo de course, une plaque gravée avec le sigle « UCB » qui signifiait « Union Cycliste de Bamako » ?

Je devais faire des recherches sur internet mais c’était impossible dans l’appartement que je louais à Grasse. J’étais obligé de me connecter à une borne Wifi dans un bar ou dans un restaurant. Pas dans cette ville en tout cas où je risquais d’y rencontrer des élèves ou des collègues profs légèrement « langues de putes ». Alors j’optais pour Cannes, la ville voisine où je savais trouver un « Macdo » connecté en Wifi. Je pouvais ainsi joindre l’utile (mon enquête concernant Lola) à l’agréable (la dégustation d’un énorme hamburger dégoulinant). Jeudi me semblait un bon jour pour aller faire mon escapade « gastronomique » à Cannes avant l’ouverture du festival, où la ville devenait alors un véritable enfer.

En attendant, je ranimais ma flamme nostalgique*, en sortant le soir, à la tombée de la nuit. Oh, je n’allais pas bien loin, juste dans une rue parallèle à celle de mon immeuble. C’est là que tapinait Lola ; c’était la belle époque. Elle avait été remplacée à « la cuisse levée » (au pied levé) par Brigitte, une autre pute, sa copine. J’aimais marcher dans cette longue rue assez étroite chichement éclairée par des réverbères en fin de vie et qui recelait pas mal d’encoignures, d’endroits un peu en retrait, de petits espaces tranquilles et qui avait l’honneur d’accueillir une boucherie chevaline, peut-être la dernière de la Côte d’Azur.

Perdu dans mes souvenirs nostalgiques, je n’entendis pas les talons-aiguilles qui martelaient le sol derrière moi. Une main se posa sur mon épaule et j’entendis dans mon oreille distraite :

- Tu viens dans ma voiture chéri ?

En me retournant, j’aperçus Brigitte, la pute, aussi étonnée que moi, qui me proposait ses services tarifiés.

Allez savoir pourquoi, mais dans mon pantalon, sous la braguette, s’érigea instantanément une tour en acier trempé.

Elle me reconnut et s’excusa :

- Ah c’est vous l’amoureux de Lola. Ça tombe bien et mal,  j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer…

 

A suivre 

 

Notes :

 

* Nostalgie :

Étymologie.

Du grec ancien νοστος nostos (« retour ») et λγος algos (« douleur ») soit « douleur ressentie à la pensée du retour à la maison familiale, mal du pays, du retour dans le passé ».

Définition.

 1. Souffrance causée par le regret obsédant de la patrie. Dans ce sens, on dit plus couramment « mal du pays ».

2. (Par analogie) Regrets, non seulement d’un pays, mais d’un milieu auquel on a cessé d’appartenir, d’un genre de vie qu’on a cessé de mener, d'amis qu'on a perdus, d'un passé qui ne reviendra pas.