VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 17-07-2014 à 07:04:53

Grasse (108).

Sandrine et moi...

 

Je m’en souviendrai longtemps du premier baiser de Sandrine !

Le premier baiser, c’est une aventure, une histoire qui commence. Je dirais que ce premier baiser est plutôt sec, on évite de mélanger nos salives, on ajuste nos lèvres, on essaie de bien viser, on a peur de rater la cible. C’est un baiser « filamenteux », une pression des épidermes labiaux, une caresse intime qui ne relève pas essentiellement du physique. C’est un baiser, que l’on donne avec son cœur ! Et quelle devrait être la durée de ce premier baiser ? Trente secondes, une minute ? Et qui va donner le signal de la fin du contact ?

Toutes ces questions-là, je me les étais posées quand j’avais douze ans et que j’avais réussi à coincer Michelle B....., une voisine de mon âge, qui habitait mon quartier, contre la porte vermoulue de la dernière buanderie*, tout au fond de la cour qui en regroupait une quinzaine. Franchement, embrasser une fille me dégoûtait plutôt, mais il fallait le faire, puisque tous mes copains l’avaient fait, c’est du moins ce qu’ils m’avaient dit avec force de détails gluants. Michelle était blonde avec des cheveux bouclés, pas maigre mais encore sans poitrine. Je l’avais choisie, elle, parce-que, un soir, à la fin d’un jeu où nous avions beaucoup couru, elle me dit :

- Tu ressembles à Alain Delon !

Quel merveilleux compliment ! Et à partir de ce moment-là, je crus qu’elle était amoureuse de moi.

Cela fut le début d’une période angoissante, car je devais agir, je me trouvais dans l’obligation d’embrasser Michelle. C’était comme si je devais partir à la guerre et que je redoutais l’arrivée du jour de mon départ.

- Tu dois aussi, lui tripoter les nichons ! m’avait dit Gérard N......, un voisin qui avait quatre ans de plus que moi.

Les nichons ? Quels nichons ? Apparemment Michèle n’en avait pas ! Et certainement pour se moquer de moi, Gérard avait ajouté :

- Elle va vouloir te malaxer les couilles !

C’était ça l’amour ? Mais c’était pire que la guerre des tranchées !

Alors quand je réussis à plaquer Michelle contre la porte de la buanderie, j’avais dans ma tête tout un plan de bataille élaboré au fil des jours avec des informations disparates et non contrôlées que j’avais glanées dans des livres pas très catholiques et des revues plutôt cochonnes. Je traînais aussi parfois dans une autre buanderie, avec les grands : mes deux frères qui avaient neuf et sept ans de plus que moi et leurs copains. Ils fantasmaient tous sur des filles du quartier ( Claudette C..... et Maryvonne L...... et d'autres), inaccessibles à l’époque ou sur leur mère, dont certaines ( Mme D..... et Mme Mathilde C.......) avaient, paraît-il, la cuisse légère, des cougars   avant la lettre. On disait même que Mme D..... prenait des bains de soleil, nue dans son jardin...

Ce premier baiser ne dura que vingt secondes, beaucoup moins qu’un premier saut en parachute. Ouf, j’avais réussi à donner mon premier coup de baïonnette, sans lui toucher les seins et sans qu’elle me palpât les testicules…

Et là, maintenant j’étais avec Sandrine et c’était pour du lourd !

Elle s’était détachée de moi, m’avait un peu repoussé. Je craignais le pire. Sa main se leva lentement et se dirigea vers mon visage aussi brûlant que le sol de Mercure**.

Sa paume, douce comme un pétale de rose me caressa la joue gauche et elle me dit :

- Considère ça comme une paire de gifles ! …

 

A suivre

 

Notes :

 

* Buanderie : pièce d'une maison ou d'un immeuble réservée à la lessive du linge.

** Mercure : planète la plus proche du Soleil et la moins massive du Système solaire. Sa température de surface est de l’ordre de 427°C.