L'arme fatale...
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Après ce baiser au goût de pizza, je n’avais pas avancé d’un micromètre avec Sandrine.
La caresse de sa main sur ma joue ressemblait à un geste de tendresse contredit par sa phrase assassine :
- Considère ça comme une paire de gifles ! …
A ce moment-là, après la minute d’ivresse de ce baiser volé ou peut-être à cause des Martini qui clapotaient dans mon estomac, mon cerveau, déjà malmené par des décharges émotionnelles incontrôlables, n’arrivait plus à saisir la logique féminine.
Je me félicitais quand même de ne pas avoir osé introduire ma langue dans sa bouche, car cela aurait provoqué, à coup sûr, un coup de massue sur ma tête avec la statue en ébène qui représentait un phallus en érection de cinquante-quatre centimètres de haut (soit trois fois la taille du mien) et qui était posé sur le sol à côté de la chaîne Hi-Fi.
Elle saisit au vol mon regard et déclara :
- J’ai rapporté cette statue de Bamako au Mali lors d’un voyage culturel.
Quelle coïncidence !
Une vague de nostalgie fit frissonner tous les poils de mon corps qui se dressèrent comme un seul homme. Lola, la pute, qui tapinait à Bamako justement, s’invita dans mon coffre aux souvenirs. En vrac et dans un tourbillon plutôt désordonné, des images vinrent danser dans ma tête :
- Mon arrivée à Grasse en Septembre,
- La coursive de l’appartement que j’avais loué et qui donnait sur la cour de la prison,
- Lola, la pute, qui faisait le trottoir dans une rue proche de celle de mon immeuble,
- Paulo, son mac, avec un QI de mollusque, incarcéré pour quinze ans encore, avec qui j’avais noué une amitié improbable et qui attendait avec impatience les paquets de cigarettes que je lui lançais lors de ses sorties dans la cour de la prison,
- Lola qui avait baisé avec presque tous les hommes, les femmes et autres de Grasse et des environs, sauf avec moi,
- Lola, mon amour à moi, qui avait été enlevée par le gang des parfumeurs grassois et qui l’avait transférée dans un bordel de Bamako…
Mais à quel jeu jouait Sandrine avec moi ? Pourquoi s’ingéniait-elle à m’attirer dans ses filets et à me rejeter ensuite ?
Il faisait nuit. Sandrine avait laissé ses volets ouverts et de la rue, la lumière des réverbères tentait de traverser les rideaux blancs en lin certainement, pour peindre des dizaines de taches jaunâtres sur le sol en grès rouge du salon.
Le reste de la pizza était froid.
Le Martini était tiède.
Les tartes se gelaient au frigo.
Je me levais, un peu ankylosé et sans regarder Sandrine je lui dis :
- Il est temps que je parte !
Elle répondit :
- Mais il y a le dessert !
Imaginait-elle un seul instant que le dessert qui j’aurais apprécié par-dessus tout était :
- Des baisers sur sa bouche, avec la langue cette fois,
- La palpation de ses seins qui pointaient sous son tee-shirt,
- L’exploration de son corps nu allongé sur le canapé, dans une pénombre troublée par les spots de lumière colorée que les réverbères distribuaient chichement…
- Non, merci, il se fait tard !
Elle parut étonnée :
- Tu es fâché ?
Il fallait, par politesse, que je répondisse :
- Non !
Elle sentait que je lui échappais et névrotiquement elle me dit :
- Tu penseras un peu à moi cette nuit ?
- Non, à Lola !
A suivre…
Commentaires
18 cm à peine, c'est rikiki lol