Vendredi matin à 11h, je traînais dans la salle des profs à cause de mon emploi-du-temps-gruyère parsemé de trous que je n’eus pas la force de tenter de combler en allant voir l’administration comme beaucoup de collègues faisaient, en pleurnichant, en invoquant des raisons familiales plus que douteuses, pour obtenir le déplacement de telle ou telle heure. J’avais ma fierté moi !
A 11h05, une jeune femme entra dans la salle. Elle me dit bonjour presque timidement et alla regarder dans son casier situé près de la fenêtre. Il était tout en bas et la pauvre dut s’accroupir pour l’ouvrir. Elle portait une jupe qui remonta jusqu'à mi-cuisses à cause de son mouvement tout en souplesse. Dois-je l’avouer, j’avais une vue plongeante entre ses jambes écartées et je me dis, dans ma tête de mâle-chasseur-d’émotions-érotiques, qu’il fallait bien que je profitasse de cette splendide vision qui vint, par hasard, me remonter le moral qui était au fond de la cave remplie d’araignées. Bon, au bout de trente secondes, vaincu par ma morale chrétienne, je détournais mon regard qui se porta sur le panneau syndical où se côtoyaient le SNES et le SNALC qui se regardaient en chiens de faïence…
Ma jeune collègue, du moins je le pensais, fila vers les toilettes et revint cinq minutes plus tard en se dirigeant vers moi. J’avais déjà apprécié l’arrondi soyeux de ses cuisses et maintenant son joli visage provoqua, sur mon cœur, une décharge digne d’un défibrillateur à pleine puissance. Je m’en voulais d’être aussi sensible, de me transformer en larve émotionnelle au moindre contact avec une fille aussi sexy qu’elle.
Ne me demandez pas si elle était blonde, brune ou rousse, je ne sais pas ! Mon cerveau s’était ramolli comme de la bouillie préparée pour bébé gazouillant avec plein d’areu.
Elle me tendit la main, je me sentis soudain vieux, je lui donnais vingt-cinq ans et elle devait certainement estimer mon âge à …ans.
- Je suis Pascale Degrège, professeur de lettres modernes !
C’était donc bien une nouvelle enseignante nommée cette année dans notre lycée.
Elle avait un sourire à nous faire tomber dans les escaliers.
Mon cœur faisait de la balançoire ou s’affolait dans le grand huit ou gigotait dans une auto-tamponneuse.
Je ne pus que répondre :
- Heu… (presqu’un areu…)
Pourtant son sourire ne vacilla pas et ses yeux pétillaient comme des bulles de Champagne.
- Tu peux me vendre un ticket de cantine ? me dit-elle.
Elle ne pouvait pas le savoir, mais moi je ne mangeais jamais à la cantine ! Je déjeunais dans mon labo, tout seul, dans le silence, en respirant avec délice les vapeurs d’acide chlorhydrique (notez bien l’orthographe) qui s’échappaient des flacons mal bouchés placés dans des armoires bancales …
Je fus obligé de répondre :
- Non !
Une longue phrase sans fioriture !
Elle ne se découragea pas et me donna une information qui fit plonger tous mes neurones dans une piscine remplie de whisky…
A suivre…