Marina avait tout pour plaire, mais, dans le collège, des bruits couraient sur elle…Des médisances certainement. Certains disaient qu’elle était érotomane. En gros, pour simplifier, l’érotomanie* est une maladie psychique qui concerne surtout les femmes et celles qui en sont atteintes imaginent que tous les hommes sont amoureux d’elles. Surtout à ne pas confondre avec la nymphomanie. Et quand une érotomane jette son dévolu sur un homme, pour lui cela devient un enfer. Vous comprendrez alors pourquoi, bien que je fusse attiré par Marina, j’hésitais à entreprendre une relation quelconque avec ma collègue. Mais quand elle me téléphona ce soir-là pour m’inviter chez elle, j’acceptais. Je ne sais pas dire non aux femmes, surtout quand elles sont belles et sexy. J’étais libre, je ne risquais pas grand-chose pensais-je naïvement.
Elle habitait dans une villa située à l’entrée de la ville. Je garais ma voiture à côté de la sienne, une BMW 325. Moi j’avais une voiture italienne, moins robuste mais plus nerveuse.
Elle me fit entrer dans sa maison en passant par un hall où se trouvaient deux portemanteaux sur pied en bois massif, du chêne probablement. J’eus un bref moment de panique quand je dus y suspendre mon parapluie. Lequel utiliser, le portemanteau de gauche ou celui de droite ? Marina se mit à rire car il ne pleuvait pas. Je me défendis comme je pus en affirmant qu’il y avait un cumulo-nimbus à l’horizon. Finalement c’est elle qui décida pour moi en l’accrochant sur un troisième portemanteau mural qui avait échappé à mon regard de taupe.
Dans le salon, elle s’assit en face de moi : erreur de débutante, car j’avais une vue plongeante sur ses belles cuisses musclées, sous sa jupe courte bleu-marine. J’avais tendance à ne pas regarder son visage lorsqu’elle me parlait… Et elle commença à me raconter tous ses petits soucis qui concernaient les élèves paresseux et insolents, l’administration et les collègues. Moi je l’écoutais d’un "œil" distrait, occupé qu’il était, à essayer d’entrapercevoir un morceau de culotte entre ses cuisses de sportive. Et soudain elle me dit : « je sais pourquoi tu as pris une année sabbatique ! » Mais tout le monde le savait, c’était pour préparer mon agrégation de chimie. Elle ne m’écoutait pas et elle m’asséna cette phrase inquiétante : « j’ai compris que tu étais amoureux de moi ! » J’allais répondre, mais elle m’empêcha de parler, « oui, tes regards, ta gentillesse et ton empressement à me rendre service ; ce sont bien les signes d’un homme amoureux ! » J’étais abasourdi ; j’avais envie d’elle, ça c’est sûr, mais je ne voulais pas mêler l’amour au sexe.
Je commençais à croire que les rumeurs étaient fondées : j’étais bien en présence d’une érotomane. Je prétextais une envie pressante pour essayer de reprendre mes esprits. Les toilettes étaient au premier étage. A gauche et à droite du lavabo, il y avait deux portemanteaux sur pied en bois laqué blanc. Dans le couloir qui conduisait à la salle de bains j’avais aperçu trois portemanteaux muraux en bois sombre et qui ne portaient rien. En comptant bien ça en faisait huit et encore, je n’avais pas vu toute la maison. Avant de la rejoindre, en bas, j’aperçus une plaque ovale en cuivre sur le pied des portemanteaux ; c’était le logo de la marque. Je me baissais et ce que je vis alors, me fit l’effet d’un bain dans le lac Baïkal**…
A suivre…
*Érotomanie:
L’érotomanie est un trouble délirant dans lequel l'individu affecté est persuadé qu'il est aimé par un autre individu, habituellement inconnu ou une personnalité. Ce trouble survient lors d'une psychose, particulièrement chez les patients souffrant de schizophrénie ou de syndrome maniaque. Lors d'un épisode d'érotomanie, le patient est persuadé qu'un « admirateur anonyme » lui déclare son affection, souvent par le biais de télépathie, de messages secrets, de regards, de messages dans les médias. Habituellement, le patient lui retourne cette « affection » en lui écrivant, en lui téléphonant et en lui faisant des cadeaux. Même quand ses avances sont rejetées par la personne qu'elle aime, les sujets souffrants de cette maladie ne comprennent pas le refus. Elles peuvent ne pas comprendre le refus ou imaginer que leur objet d'amour délirant use d'un stratagème pour cacher cet amour interdit au reste du monde.
**Lac Baïkal :
Le lac Baïkal est un lac situé dans le sud de la Sibérie, en Russie orientale. Il représente la plus grande réserve d'eau douce liquide de surface au monde (environ 23 500 km3). Sa transparence est unique et la visibilité parfaite jusqu'à 40 mètres de profondeur.
Il s'étend sur une longueur de 636 km avec une largeur moyenne de 48 km et une superficie de 31 500 km2, ce qui fait de lui le 8e lac au monde. C'est le lac le plus profond du monde (jusqu'à 1 637 m d'épaisseur d'eau, reposant sur 7 000 mètres de sédiments). Son volume d'eau (environ 23 500 km3) représente environ 260 fois celui du lac Léman, soit autant que la mer Baltique ou que les 5 grands lacs nord-américains (lac Supérieur, lac Michigan, lac Huron, lac Erié, lac Ontario) réunis. Il représente 20 % du volume mondial d'eau douce contenue dans les lacs et les rivières.