VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 06-07-2015 à 10:15:41

Marina (25).

 

Serena poursuivit sa confession :

« Un jour, Marina me téléphona pour que l’on se rencontrât dans un bar. Là, elle me donna le double des clés de l’entreprise Solido. Son mari avait une angine et serait absent pendant quelques jours. C’était le moment d’agir, tôt le matin, quand les employés n’étaient pas encore arrivés. Il fallait que les locaux fussent absolument déserts pour éviter tout drame humain. »

Serena se figea soudain, certainement bouleversée par une charge émotionnelle longtemps refoulée. Sans réfléchir, je pris sa main dans la mienne. Elle se laissa faire avec un petit sourire reconnaissant :

« Le jour J, vers sept heures du matin, j’entrais dans l’entreprise déserte et j’allais directement au sous-sol que je connaissais bien. Là, j’enflammais un morceau de chiffon qui dépassait du goulot d’une bouteille en plastique remplie d’essence que je plaçais tout près des fûts pleins de solvants. J’avais tout apporté dans un sac en papier. Je savais que l’air était saturé de vapeurs inflammables et que l’incendie allait se déclarer en quelques minutes. J’eus tout juste le temps de quitter l’entreprise. Une énorme explosion secoua tout le quartier endormi. Je pris le bus à une station voisine pour m’éloigner le plus vite possible du lieu du sinistre. J’allais ainsi jusqu’au terminus situé à plusieurs kilomètres de distance et qui se trouvait dans une rue que je ne connaissais pas. J’étais bouleversée. C’est dans cette rue que votre voiture m’a renversée. Ce n’était pas votre faute ; je me comportais alors comme un zombie qui marchait dans un brouillard épais. »

Des larmes coulaient maintenant des yeux de Serena. J’étais un peu gêné pour elle, car le serveur nous observait de loin. Il frottait avec un torchon, le zinc du comptoir qui brillait sous la lumière froide des néons qu’il avait oubliés d’éteindre. Je ne savais pas comment consoler et rassurer autant que possible, cette jolie fille qui m’avait fait rêver pendant des jours et des jours. Discrètement, Serena essuya ses yeux avec un mouchoir en papier qu’elle roula en boule ensuite, pour le cacher dans son sac. Et elle continua son histoire :

« Le lendemain, par le journal local, j’appris que l’entreprise Solido avait complètement brûlé et qu’une enquête de routine avait été déclenchée. »

J’essayais de dédramatiser la situation :

« Mais Serena, tout est fini, maintenant. Il faut tout oublier et passer à autre chose ! »

Serena me jeta un regard tentaculaire :

« Oublier ? Comment oublier tout ça, alors que je suis une criminelle ! »…

A suivre