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Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 13-07-2015 à 10:01:07

Marina (26).

 

 

Méfions-nous des confidences... 

 

Elle répéta sa phrase, pour se faire du mal peut-être ou pour tenter d’expier cette action fatale.

« Oui, je suis une criminelle ! »

Le bar semblait en rodage. Il prenait l’aspect d’un garage désaffecté avec ses tables désertées et ce parfum de café qui planait comme cette odeur de vieille huile qui encombre l’atmosphère des arrière-cours où s’entassent les voitures en fin de vie.

Moi, je ne savais quoi dire, gagné par son émotion ; je ne pouvais que la regarder, fixer ses yeux embués, témoins du drame qu’elle avait vécu.

Et Serena se remit à raconter :

« Marina me téléphona le surlendemain pour m’apprendre que son mari avait péri dans l’incendie. Un incendie si violent, qu’on ne retrouva pas son corps. Marina m’expliqua que Roger, malgré son angine, était allé travailler très tôt ce matin-là, comme il en avait l’habitude. »

Un jeune homme entra dans le bar. Il avait les yeux troubles de quelqu’un qui avait fumé un joint. J’avais appris à repérer les élèves de troisième qui se droguaient. Du jour au lendemain, leur comportement changeait : ils se montraient agressifs et leurs yeux rougis ne laissaient aucun doute quant à leur addiction. Leurs parents ne remarquaient rien et étaient catastrophés quand on essayait de les avertir. Souvent ils niaient l’évidence et attribuaient les yeux rougis de leurs enfants à une conjonctivite saisonnière. Des parents-autruches, on  en a vu des dizaines, des parents qui ne voulaient surtout pas que l’on dérange leur petite vie bien huilée.

Le jeune homme au blouson de cuir se dirigea vers le juke-box et lança une chanson de Grand corps malade « J’ai oublié ».                           


                                                                 

 Pour écouter la chanson, cliquez sur la flèche.


L’oubli, c’est certainement ce qu’il fallait à Serena pour qu’elle reprenne le dessus. Je lui demandai si le jour de l’incendie, elle n’avait pas observé des indices troublants. Elle me regarda comme si elle scrutait un totem et dans ses yeux passa un éclair dont l’intensité sécha un instant ses larmes. Elle me répondit :

« Oui, je me souviens que tout était éteint dans l’entreprise et que le bureau du patron était parfaitement obscur. »

Alors je lui assenai une question qui la déstabilisa.

« Et alors, qu’est-ce qui prouve que votre patron était dans l’usine ce jour-là ? »

Elle mit du temps à réagir, comme si ma phrase venait déranger le scénario funeste qui empoisonnait sa vie depuis des jours et des mois. Elle ne put que me répondre :

« Mais c’est sa femme, Marina, qui me l’a dit ! »

Malgré moi, je lui fis un petit sourire, comme un baume calmant sur une brûlure qui suinte et je lui murmurai :

« Et si Marina avait menti ? »…

 

                                                                                  A suivre

 

 

Commentaires

prof83 le 09-09-2015 à 12:32:41
Pas du tout !
La Rousse le 09-09-2015 à 11:14:07
Salut !


J'espère que tu t'es rendu compte que "causons", c'est moi ?
causons le 02-09-2015 à 01:15:09
"Grand corps malade" ==> J'aime