VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 22-12-2015 à 08:50:40

Marina (49).

 

Il ne me restait plus qu'à ouvrir cette maudite enveloppe... 

 

Bon, j’avais décidé d’ouvrir cette maudite enveloppe destinée à mon médecin et dans laquelle figurait certainement ma condamnation à mort. Ce pas difficile à franchir et qui allait me projeter dans un film d’épouvante, j’hésitais encore à l’accomplir, comme si le fait d’ouvrir ou de ne pas ouvrir l’enveloppe pouvait changer le cours des choses. Mon angoisse donnait à tous mes gestes une dimension magique et je me projetais des films en pensant :

- Si j’ouvre l’enveloppe, j’ai le SIDA et si je ne l’ouvre pas, je ne l’ai pas !

Pas si facile que ça quand même, car une minute plus tard, j’inversais le sens de ma phrase.

Pour détourner ce jeu de pile ou face, mon cerveau perturbé avait trouvé une troisième possibilité, en d’autres termes prendre connaissance des résultats de mon test sans ouvrir l’enveloppe. Pour cela, je m’installais à mon bureau et je collais l’enveloppe contre la l’ampoule allumée de ma lampe en col de cygne. Je pensais ainsi que, par transparence, je pourrais lire son contenu. Peine perdue, la lampe n’était pas assez puissante : 30 watts à peine, juste suffisante pour distinguer quelques signes sur le papier trop opaque à mon goût. La seule solution, c’était de remplacer cette lampe maigrichonne, par une autre bien plus puissante et tant pis si ça faisait enrager les écologistes, ces prophètes de malheur qui nous prédisaient l’apocalypse en inventant de nouveaux péchés capitaux.

Sous mon lit, j’avais caché, comme un voleur, une boîte pleine de lampes à incandescence, ces antiquités énergivores, condamnées par Nicolas Hulot en personne, et qui avaient été remplacées par des lampes à économie d’énergie qui émettaient pas mal de rayons UV, responsables de cancers de la peau, mais qui protégeaient la planète. J’en choisis une à cent watts, conscient que je commettais un crime écologique. Je collais l’enveloppe contre l’ampoule l’ultra lumineuse et brûlante et par transparence je ne pus que lire :

«  Test ELISA… résultat ……tif »

« …tif » cela pouvait être soit positif soit négatif. J’étais bien avancé !

Je sentis comme une coulée de sueur glaciale, naître entre mes omoplates et couler le long de la peau de mon dos.

Je ne savais plus que faire, paralysé par la peur d’apprendre une mauvaise nouvelle. Je me sentis devenir une marmotte entrant en hibernation un matin pluvieux d’hiver. C’est à ce moment-là que le téléphone sonna : c’était Marina qui m’appelait pour la centième fois. Comme une larve de zombie, je décrochais le combiné en espérant me faire consoler par la nymphomane du collège. Je lui racontais tout en détails et elle me répondit :

- Pauvre chou, viens me retrouver à 13h au labo, nous ouvrirons l’enveloppe ensemble !

C’était une solution qui me permettait de gagner quelques heures avant le verdict…

 

A suivre…