On peut toujours rêver !
Finalement je devais me rendre à l’évidence, je n’étais ni au paradis, ni en enfer, je me trouvais tout simplement sur Terre. Ici, aucune chance de rencontrer des anges ou des âmes bienveillantes, mais plutôt des démons et autres créatures maléfiques.
La débauche de crèmes glacées ne m’avait point fait mourir, mais j’étais sûr, que dans mon corps, des animalcules microscopiques travaillaient à me détruire.
Pourtant, le miroir de ma salle de bains me renvoya une image digne de celle que l’on acquiert après la signature d’un pacte avec le diable. Je me voyais vieux, chauve, petit et gros, mais était-ce vraiment moi ou plutôt la représentation physique de mon âme après mes multiples duels érotiques avec Marina la nymphomane du labo de SVT.
Ma tête résonnait comme une darbouka (1) de Tunisie et de ce fait transpirait de déraison, celle qui pousse dans le cerveau après une nuit de libations peu conventionnelles.
Je constatais avec désespoir qu’il ne me restait plus de cachets d’aspirine et que j’allais être obligé d’aller en acheter. La pharmacie la plus proche devait se situer à quelques deux dixièmes de lieues (2). Pas très éloignée donc, mais allais-je m’y rendre à pieds ou en voiture ? Je risquais gros en voiture, je craignais un contrôle intempestif des représentants de « Mangeons moins de crèmes glacées nuisibles à la santé », une nouvelle directive indiquait qu’un taux de glycémie élevé était encore plus dangereux que celui de l’alcool.
Je devais parcourir la rue du Docteur Bonaventure sur quelques dizaines de mètres, arriver à un rond-point hyper stressant pour les piétons, puis traverser la rue sans me faire écraser pour aboutir à ma pharmacie habituelle dont les vitrines faisaient de la pub pour la lotion « Stop-fall » qui ralentissait la chute des cheveux.
- Mais tout le monde est malade ! pensais-je en apercevant au moins dix personnes à la mine cireuse et patibulaire qui attendaient leur tour.
Mon premier réflexe fut de fuir, de tout abandonner et de regagner mon logis pour attendre que la bulle du temps se dégonflât spontanément. On peut toujours rêver !
Je pris donc la décision de rester, d’autant plus qu’une jeune pharmacienne stagiaire allait et venait dans le rayon parapharmacie. Il faisait chaud et cette jeune femme portait un short en jeans vraiment serré à l’entrecuisse qui laissait apparaître le relief indécent de sa fente moulée dans le tissu ; c’est ce que les revues pornos appellent « Cameltoe (3) » (pied de chameau). (Allez savoir pourquoi).
J’oubliais les aspirines et ma probable séropositivité et je lui demandais un flacon «Stop-fall». Elle regarda ma tête et moi son bas-ventre. Elle fronça les sourcils en me disant :
- Vous voulez bien enlever votre casquette s’il vous plait ?
Elle désirait certainement vérifier l’étendue des dégâts.
En voyant mon crâne plutôt dégarni, elle murmura :
- Je vous conseille de prendre plutôt cinq flacons ! Ils sont en promotion.
Je réglais cent cinquante euros à la caisse en fantasmant sur son «Cameltoe ».
De retour chez moi, je me demandais si cet achat était bien justifié, car pour cent cinquante euros j’aurais pu me payer une pute…
A suivre…
Notes :
1- Darbouka : instrument de percussion faisant partie des membranophones. Selon ses variantes, c'est un tambour en gobelet répandu dans toute l'Afrique du Nord, et en calice dans le Moyen-Orient et les Balkans. Elle daterait de 1100 avant J.-C.
2- Lieue : (de latin leuca, emprunté au gaulois) est une unité de longueur anciennement utilisée en Europe et en Amérique latine.
La lieue a comme origine la distance que peut marcher un homme ou un cheval pendant une heure.
3- Cameltoe : terme argotique anglais utilisé pour désigner la forme, vue sous des vêtements moulants, des grandes lèvres d'une femme. Le cameltoe est le plus souvent le résultat du port de vêtements moulants tels que blue-jeans, shorts, micro-shorts ou maillots de bain.
Commentaires
kikou bien beau chez toi