VEF Blog

Titre du blog : Professeur.
Auteur : prof83
Date de création : 28-01-2008
 
posté le 28-08-2016 à 11:15:10

Marina (78).

 

 

Hortensia...

  

Le lendemain, toute la journée, j’ai pensé à Hortensia et j’avoue que je ne désirais pas la voir. Comment faire pour éviter de la rencontrer ? Lui téléphoner et lui dire que j’avais un empêchement majeur ce soir ? Je n’avais pas vraiment le courage de l’appeler et en plus je devais trouver un motif vraiment valable. Dans mon cerveau,   mes neurones pataugeaient dans une purée tiédasse, incapables de s’envoyer des textos pour élaborer une stratégie. J’optais alors pour un mot collé sur ma porte, du genre :

   

 

Vers dix heures, je le fixais, avec du scotch translucide jaune paille, à hauteur d’homme. Je n’avais pas cours ce jour-là et donc je me barricadais dans mon appartement en essayant de faire le moins de bruit possible. Mon portable sonna plusieurs fois dans la journée, je ne répondis pas.

A vingt-et-une heures précises,  Hortensia tambourina à ma porte comme des SS sadiques de la seconde guerre mondiale. Un instant je me mis dans la peau de ces pauvres juifs qui n’avaient fait de mal à personne et dont l’avenir leur promettait des horreurs abominables.

Je finis par ouvrir, je n’avais pas envie de perturber l’immeuble. Hortensia entra comme une furie en me bousculant. Elle laissa sur son passage des bribes de son parfum, « L’air du temps* » de Nina Ricci, qui enchantèrent mon nez de chimiste plutôt habitué aux vapeurs nocives d’acide chlorhydrique. Elle avait décollé mon message et me l’agita sous le nez en criant :

- Alors tu te fous de moi ?

Elle avait un peu raison quand même. Que répondre à cette brutale question ? Je bredouillais dans une langue étrangère que je venais de créer, une onomatopée intersidérale :

- Heuuurrrggg…

Cela me donnait le temps de réfléchir à une excuse valable.

- Je suis revenu plus tôt que prévu ! L’affaire a été vite réglée !

- Quelle affaire ? maugréa-t-elle, teigneuse comme une tique affamée.

Je n’arrivais pas à m’en sortir.

- C’est mon voisin qui a fait un malaise grave, j’ai dû le conduire à l’hôpital !

- Quel voisin ? répliqua-t-elle avec colère.

Hortensia était jolie comme un cœur dans sa robe toute blanche. Je le lui dis. Elle se ramollit !...

 

A suivre

 

Notes :

 

* L’air du temps :

 Après la seconde guerre mondiale et les privations, les femmes aspirent à une féminité empreinte d'insouciance et de légèreté. Le fils de la créatrice Nina Ricci, Robert, entend ces revendications et y répond en 1948 par la création d'un parfum devenu aujourd'hui mythique : l'Air du Temps.

Il est le premier à imaginer une fragrance pure et fraîche dédiée aux jeunes femmes, en rupture totale avec les senteurs lourdes et capiteuses de l'époque.

Le parfum est composé d'un bouquet d'une trentaine d'ingrédients, avec un accord de bergamote, œillet et rose épicée en note de tête. Francis Fabron utilise pour la première fois dans l'histoire de la parfumerie le salicylate de benzyle. Ce parfum de synthèse à l'odeur légère et fleurie met en valeur la note d'œillet et le bouquet floral, rehaussé par le jasmin et la rose.