Danser avec Hortensia, même si mon tango était plus que boiteux, c’était comme si j’étais enfermé avec elle dans une bonbonnière pleine de roudoudous, de dragibus, de carambars, de smarties, de guimauves, de réglisses, de nougats, de cachous, de calissons, de pralines, soulé par les parfums sucrés que chacun exhalait…
Elle était serrée contre moi et comme la nuit nous privait de repères, nous glissions sur le sol recouvert d’une ouate floconneuse qui nous donnait l’impression de patauger dans le bonheur.
Le temps était parti en vacances et nous laissait sans ce tic-tac lancinant des vieilles horloges mécaniques. Je clouais dans ma tête des pancartes, des souvenirs d’amour, que je saurais bien retrouver dans quelques années quand le parfum des bonbons se sera envolé. Le premier baiser, c’est un moteur en rodage que l’on a peur de trop bousculer, la peinture rouge d’une belle voiture encore sans éraflure et le parfum du cuir neuf qui n’a pas encore vécu.
Hortensia, comme une fée, m’avait lancé un sortilège, sans le savoir et déjà dans mon sang circulait le poison, les hormones capables de redresser mon menhir endormi. Insensiblement je la conduisais vers le divan, pour quitter notre nuage, pour atterrir, pour nous asseoir tout simplement. C’est alors que le baiser devint plus audacieux, quand nos lèvres s’entrouvrirent et que nos langues frissonnèrent à leur premier contact. Déjà la rosée parfumée débordait de nos bouches et nous l’échangions sans retenue jusqu’à ce que nous ne sachions plus laquelle était à l’autre.
Le temps avait fermé les yeux, discret comme un ami qui ne veut pas déranger les nouveaux amoureux.
Et alors advint l’escalade, inévitable, celle qui conduisait déjà, dans la préhistoire, aux enlacements pour perpétuer l’espèce.
Elle se retrouva nue et moi aussi.
Mes mains découvraient son corps en aveugle et j’apprenais le braille en caressant sa peau. J’imaginais donc ses seins, pas tout à fait sphériques, mais plutôt ovoïdes et légèrement divergents vers ses aisselles parfumées.
Inévitablement, sa main câline établit un pont rigide entre elle et moi, un pont qui, je le savais bien, n’était que provisoire jusqu’à l’ondée finale du plaisir partagé.
Mes doigts n’osaient pas aller explorer une contrée broussailleuse ou pelée, aride ou humide, ça je ne savais pas encore. Quel climat attendait le gros ver solitaire dans la caverne ombreuse et cachée ?
L’envie que sa bouche vînt remplacer sa main, tendit encore plus mon arc déjà trop prêt à lancer ses flèches brûlantes et peut-être empoisonnées…
A suivre…