De retour chez moi vers deux heures du matin, j’étais aussi fourbu qu’un marathonien. Il faut dire que Rosalie savait y faire…
Bien entendu Hortensia n’était pas encore rentrée ; elle avait dû apprécier les délices asiatiques du représentant japonais en préservatifs. Moi j’eus soudain un doute sur la qualité des condoms bulgares ; de quel pays provenait le latex ou le polyuréthane ? Avaient-ils subi avec succès tous les tests ? Mystère !
Dans le salon, mon répondeur clignotait avec insistance : j’avais reçu quatre messages. Allais-je les écouter ou bien me brosser les dents avec mon dentifrice sans triclosan*. Tous provenaient de maître Amanda Di-Stretta, l’avocate de la pauvre Marina. Je synthétise en une phrase ce qu’elle voulait me dire : Marina sombre dans la dépression et il faudrait que j’aille lui rendre visite.
Où ça ? Mais à la prison des Baumettes de Marseille voyons ! Rien que ça ! Un lieu effrayant presque pire que le triclosan. C’est ainsi que cette nuit-là je plongeais dans le gouffre profond de l’insomnie.
Franchement j’avais envie d’oublier Marina, juste pour ne pas revoir cette prison. Mais immédiatement la houle du remords m’enfonça un peu plus dans cet abîme sans fond.
Que faire ? Je ne pouvais quand même pas abandonner celle qui m’accueillait chaleureusement dans son labo de SVT entre midi et 13h30 pour des activités « indignes ».
Pour me mettre la pression, l’avocate m’avait aussi envoyé un SMS dans lequel elle me disait qu’elle avait obtenu un « parloir » pour le surlendemain à 15h18. Mais de quoi se mêle-t-elle celle-là !
Le pire c’est que je savais que j’allais y aller à la prison des Baumettes, mais rassurez-vous, en tant que visiteur bien sûr.
Le surlendemain arriva bien vite.
Je garais ma voiture bien loin de la prison en espérant qu’elle passerait inaperçue aux yeux de la faune qui rôdait à cet endroit. Toutes les personnes qui se trouvaient sur le chemin de Morgiou (adresse de la prison) avaient, à mes yeux, des mines patibulaires. Avant de passer le portail de ce lieu si mal fréquenté, je fis un signe de croix virtuel dans ma tête et un autre avec ma langue.
Le parloir avait une odeur particulière que je n’arrivais pas à définir. Il planait dans cette salle un brouhaha permanent provoqué par les échanges verbaux entre les prisonniers et les visiteurs.
Et Marina arriva et s’assit en face de moi.
Comme elle avait changé !
Son moral sombrait dans les abysses.
Et moi je ne savais pas quoi dire.
J’avais même envie de pleurer.
Juste à la fin de ma visite, je demandais à Marina ce qu’elle désirait que je lui apporte lors de mon prochain passage.
- Rien ! me répondit-elle.
J’insistais. Je lui proposais des livres, des produits de toilette, des friandises…
Elle finit par me dire :
- J’aimerais bien des tampons périodiques…
A suivre…
Notes :
*Le triclosan pourrait altérer les fonctions musculaires et en particulier celle du muscle cardiaque.
De plus, le triclosan serait un perturbateur endocrinien. C’est-à-dire qu’il peut perturber le système hormonal et peut notamment favoriser l’apparition de certains cancers (sein/prostate), de malformations congénitales, de provoquer une puberté précoce ou encore d’altérer la fertilité.
Enfin, le triclosan pourrait augmenter le risque d’allergie, notamment des allergies respiratoires, surtout chez les enfants. En effet, le triclosan altérerait la flore bactérienne de la peau, de la bouche et des intestins et donc en conséquence le système immunitaire car cela détruit les « bonnes » bactéries.
On trouve le triclosan dans :
Les crèmes pour le visage
Le maquillage
Les déodorants
Les parfums
Les lotions pour le corps
Les produits solaires
Les produits désinfectants pour les mains
Les nettoyants pour la peau
Les produits de rasage
Les shampooings
Les savons
Les lotions contre l’acné
Les rince-bouche
Les dentifrices.