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Marina (112).

Aller à Marseille le lendemain ne m’enchantait guère. Il était déjà plus de minuit et je n’arrivais pas à dormir en pensant à Roxane, Marina et Amanda, qui, chacune dans son registre, empoisonnaient ma vie.

A minuit vingt, je décidai soudain que je n’irai nulle part !

Que savais-je de maître Amanda Di-Stretta après tout ? Je l’avais rencontrée il y a quelques mois à peine et dès notre première entrevue, elle m’avait mené, presque de force dans la calanque de Morgiou située à environ 5km de la prison des Baumettes, sur un parcours pas très carrossable.

Durant le trajet elle ne cessa pas de parler comme si elle était devant une cour d’assises. Moi, ça me donnait sommeil jusqu’à ce qu’elle mit dans son lecteur CD un disque de Johnny Hallyday et qu’elle me força à écouter, le volume à fond, « Que je t’aime… ». Quelle horreur !

Pour ne pas sombrer dans la dépression, je m’occupais comme je pouvais et j’eus la curiosité d’ouvrir sa boîte à gants. Il y avait dedans une dizaine de boîtes de préservatifs : la provision d’une nymphomane ! Ce qui m’inquiéta le plus, c’est qu’elle laissait toujours sa BMW au soleil et à 45°C les capotes devaient être passablement détériorées. Comment ne pas attraper le SIDA après ça?

Au restaurant de la calanque, elle m’imposa une bouillabaisse, plat dont j’ai horreur et puis elle m’entraîna vers une crique déserte pour profiter de mon corps d’athlète (là j’exagère beaucoup).

Elle se mit rapidement nue pour aller se baigner et m’obligea à faire comme elle. Je n’ai même pas pensé à regarder son corps, préoccupé comme j’étais par le risque d’hydrocution qui me pendait au nez (j’ai dit au nez…). Ma mère m’avait élevé dans le principe qu’il ne fallait pas se baigner avant la fin de la digestion : trois heures au minimum. J’étais au bord du malaise à cause du risque de la baignade et surtout parce que dans mon estomac les fantômes des poissons et des crustacés dansaient la Java : la bouillabaisse ne passait pas !

Mais j’aurais dû la suivre dans l’eau finalement car elle voulut s’occuper de mon corps de superman avec ses mains, avec sa bouche et avec le reste… Mon cœur n’allait pas tenir, ça c’était sûr !

Alors comment voulez-vous, qu’avec tout ça, j’eus l’idée de regarder son corps nu ? Elle m’avait transformé en pantin décérébré !

Alors là, à minuit vingt, je me demande si maître Amanda Di-Stretta n’est pas une grosse arnaque. Je vous laisse juge :

C’est pour tout cela que je décidai de ne pas aller à son rendez-vous.

Cette femme, finalement, n’était-elle pas une sorcière ? Deux minutes plus tard je reçus un SMS d’elle qui disait :

«  tu as intérêt à venir 2m1 sinon tu n'auras + 2 parloir avec marina! »

Ce n’est pas possible, elle avait lu dans mes pensées.

C’est pourquoi, à trois heures du matin, je me tâtais encore…

«  Irai-je ou n’irai-je pas à Marseille ? Telle est la question »

Pensée inspirée du monologue d’Hamlet : après-tout être prof ça sert à quelque chose non ?...

A suivre…