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Rosie (5).

Lulu.

Le ciel bleu sembla soudain devenir sombre. Je le voyais au loin, Lulu, accoudé sur le guidon de sa moto monstrueuse. Il me regardait, l'air féroce et j'avais l'impression de voir ses dents brillantes, découvertes par ses babines retroussées. Il s'avança vers moi avec un mouvement chaloupé des épaules qui me faisait craindre le pire. Si les téléphones portables existaient à cette époque, j'aurais tout de suite appelé ma mère. Un peu à l'écart, Rosie observait en silence cette scène qui présageait un carnage. Je maudissais Mireille qui avait dû vendre la mèche, elle, plus bavarde qu'une pie qui a la colique. Ha, combien je regrettais de m'être laissé entraîner dans les toilettes des filles. Voilà, il était proche de moi maintenant, ce monstre sanguinaire. Je pouvais, bien sûr, prendre la fuite, courir à perdre haleine, mais je ne voulais pas perdre la face devant Rosie. Il s'arrêta à cinquante centimètres de moi. De près, il était encore plus inquiétant. Je vis sa main se détacher de son corps et se projeter vers moi comme un cobra affamé louchant sur une souris. Instinctivement, ma tête recula de cinq centimètres. Il parut surpris. Sa main serra la mienne avec force. Avec un sourire froid, il me dit : « Rosie, m'a tout raconté... ! » Ha, la traîtresse ! Elle avait dû donner à son amoureux sa version des choses. Il poursuivit : « Tu es mon pote pour la vie ! » Entre ses lèvres, je voyais un peu de salive, luisante comme la trace que les escargots laissent lors de leur rallye des cents laitues. Un peu dégoûté, je pensais que Rosie avait dû me refiler quelques milliers de ses microbes lorsqu'elle m'avait « french_kissé »  Il continua : « Oui, merci d'avoir sauvé Rosie ! Sans toi, son père l'aurait envoyée à Forbach*, en pension, là où habite son oncle. Et moi, même avec ma grosse moto, je n'aurais pas pu aller la voir. » Je me sentais soulagé d'un seul coup et je pensais que peut-être, cela aurait été mieux pour elle et pour moi. Il souriait béatement, moi j'étais plus détendu. Avec un ton aussi innocent que le chant des cigales sommeillant dans les branches des grands pins, il me dit : « Tu peux tout me demander maintenant ! » Dans un coin de mon cerveau, à quelques encablures du lobe frontal, naquirent des pensées malsaines...Et si je lui demandais la permission de peloter les seins de Rosie ?

*Forbach est une commune française, située dans le département de la Moselle et la région Lorraine. Elle est localisée dans la région naturelle du Warndt et dans le bassin de vie de la Moselle-est. On l'appelle communément la capitale de Moselle-Est, car il s'agit en terme d'habitants de la plus grande ville de l'ex Bassin Houiller. La ville compte 22 432 habitants.

Bientôt, l'histoire de Mireille...