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Catherine (1).

J'avais pris un rythme de croisière avec Mireille. On se retrouvait au moins deux fois par semaine, là où on pouvait. Je m'étais habitué à elle, souvent étonné par ses « connaissances » extrascolaires...Mais bien vite, à la fin d'un morne cours de géographie, elle me dit que nous avions eu beaucoup de chance. Je la regardai sans la comprendre, encore peu doué (mais je me suis rattrapé depuis) pour les mystères de l'âme féminine. Elle attendait  une réaction d'adulte qui ne vint pas. Je devais certainement ressembler à un moine tibétain à la fin de son jeûne. Elle baissa la voix en se rapprochant de moi et me dit dans l'oreille : « tu sais on devra prendre des précautions dorénavant ». Plus ignorant qu'un cardinal au temps de Galilée, concernant la rotation de la Terre autour du Soleil, je pensais que ses parents la surveillaient. « Tu as des problèmes avec ton père ? » lui dis-je. Elle leva les yeux au ciel, presqu'exaspérée par mon idiotie chronique. Bon, elle comprit qu'il fallait me mettre les points sur les « i » et me dit sans me ménager : « il ne faudrait pas que je tombe enceinte » ! Je n'avais pas pensé à cela et je murmurais effaré : « oui, mais comment faire » ? A ma décharge, il faut dire qu'à cette époque, on n'avait pas de cours d'éducation sexuelle, alors que maintenant, en SVT, on apprend aux élèves dès la 5^ème (ou la 4^ème) le parfait usage des préservatifs. Mireille ajouta avant de partir : « il faudra que tu penses à acheter des capotes » ! J'étais dans de beaux draps ! Et où acheter ces machins ? Un copain me dit que les pharmacies en vendaient. Illico je décidais d'abandonner ma relation avec Mireille, car je ne me voyais pas entrer dans une pharmacie pour acheter des préservatifs. Pourtant, en y réfléchissant bien, je me dis que ça ne devait pas être si compliqué que ça. Et me voici devant la pharmacie proche du lycée. En jetant un petit coup d'œil à l'intérieur, je vis qu'il n'y avait personne à part le pharmacien qui faisait du rangement. Comme un explorateur au pays des pygmées cannibales, je franchis le seuil de ce lieu si dangereux. Le pharmacien m'accueillit avec le sourire, ce qui me rassura,  en me demandant ce que je désirais. Ma gorge était plus sèche, que lorsque j'avais bu le black-russian. J'ouvris la bouche et patatras, le téléphone sonna. Il s'excusa et cria en direction de l'arrière-boutique : « Catherine, viens t'occuper du Monsieur ! » Et Catherine apparut, rayonnante dans sa blouse blanche, brune avec les cheveux relevés. Ah comme elle était jolie ! Et bien entendu, immédiatement, je tombais amoureux d'elle. « Vous désirez ? » me dit-elle avec une petite voix angélique. Je sentis mes joues devenir cramoisies et je me demandai comment j'allais me sortir de ce guêpier. Elle répéta sa question au augmentant le volume de sa voix. Et moi, prenant mon courage à deux mains, je lui dis : « Je voudrais une boîte de pastilles Valda » !     

(A suivre...)