Pourtant mon téléphone était ultra-moderne...
J’étais professeur certifié de sciences physiques et j’avais pris une année sabbatique pour préparer l’agrégation de chimie. Histoire d’enseigner quinze heures au lieu de dix-huit et d’avoir un meilleur salaire. Je devais faire de fréquents déplacements à Nice pour assister à quelques cours à la fac des sciences et effectuer des travaux pratiques. Tout ça en théorie, mais tout fut chamboulé à cause de ce funeste « accident ».
Comment quitter mon appartement ? J’attendais toujours ce coup de téléphone qui n’arrivait pas, mais j’espérais encore et encore ; je croyais au Père Noël et même aux miracles à cette époque. Il fallait bien me nourrir et comment m’absenter de chez moi le moins possible ? J’effectuais mes courses deux fois par semaine dans une grande surface dès huit heures trente en espérant que cette fille se réveillait tard.
En revenant à la maison, je me précipitais vers mon téléphone pour voir si un message n’avait pas été laissé sur mon répondeur. La plupart du temps, il n’y avait rien et parfois j’écoutais avec haine des messages publicitaires des porte-manteaux solido qui prenaient un malin plaisir à me persécuter. Allez savoir pourquoi.
La fac de Nice ne me vit jamais cette année-là. J’enrageais, j’étais mal et j’écrivais des poèmes :
------
Que les nuits sont fragiles,
Comme les nuages sont bas,
Quand tu grondes, fébrile,
Que tu ne m’aimes pas.
Les heures alors se figent,
Les minutes sont folles,
Comme des fleurs sans leur tige,
Echouées sur le sol.
Je ne sens plus ta bouche,
Ta peau est loin de moi,
Quand tu gis sur ma couche,
Je ne suis plus ton roi.
Mes voiles sont en lambeaux,
Je suis un frêle esquif,
Qui sombre au fond de l’eau,
Coulé par les récifs.
L’attente, ce poison qui s’éternise.
L’attente, on ne sait pas quand elle finira.
L’attente qui non seulement angoisse, mais aussi qui atteint notre cerveau, notre estomac, notre ventre et notre cœur.
Le cœur qui semble battre la mesure des heures qui ne passent pas. Alors il s’affole, se dilate, s’enraye en des palpitations aléatoires. L’attente qui ne dépend pas de notre volonté, qui fait de nous des êtres passifs, des larves qui se décomposent.
Alors en attendant son appel, j’écoutais en sourdine, une chanson de Charles Trenet des années 40 : « Que reste-t-il de nos amours ». Pour moi, dès le départ, il ne restait rien, car cet amour-là était une histoire qui n’avait pas encore commencé.
De temps en temps, quelques bouffées d’angoisse me submergeaient, des vagues qui étouffent, de l’eau qui monte et qui monte encore… Alors vite, ma bouée, mon radeau disloqué, je m’y accrochais avec ma plume et j’écrivais des poèmes sans réfléchir, une écriture automatique, presque psychanalytique…
............................
Les couleurs,
De l’Automne,
Des lueurs,
Qui m’étonnent.
-------
Ton sourire,
Retenu,
Comme ton rire,
Disparu.
-----
Le temps court
Et s’épuise,
Les longs jours,
S’éternisent.
-----
Les stupeurs,
De l’hiver,
Sont des heures,
A l’envers.
A suivre…
1. La Rousse le 21-03-2015 à 01:56:29
Salut Alain,
Pourrais-tu me renseigner, suis dans un prob de grammaire...
Comment écrit-on ?
"Il s'est pris une porte dans la figure" Là je pense que c'est juste !
Mais, toujours en parlant de cette fichue porte...
"Il s'en est prise une - ou il s'en est pris une " ?
S'il te plaît explique... Merci par avance, je ne sais pas chercher pour avoir une bonne réponse sur le net...
2. La Rousse le 21-03-2015 à 02:02:15
Et oui, t'as remarqué suis comme ton penseur qui pense si fort, qu'il en a brûlé sa substance...
3. La Rousse le 21-03-2015 à 19:21:28
Allez, s'te plaît, avec explications...
1) S'en est prise une...
OU
2) S'en est pris une...
Moi je sens bien la 1) mais je ne saurais expliquer pourquoi
Toujours fâché, tu boudes ?
4. prof83 le 21-03-2015 à 20:53:38 (site)
A La Rousse.
Moi je sens bien la 2) (elle est plus parfumée).
Les verbes pronominaux sont de vrais casse-têtes! (comme les mots composés).
Moi, je boude?
5. La Rousse le 22-03-2015 à 13:47:47
Bonjour Alain,
T'es certain ?
Pour moi c'est "en" qui est le cod
S'est pris quoi => "en" = "porte" alors ?
Perturbant ! Grrr
Mais oui, tu aimes bouder pour qu'on revienne te chercher... Tu aimes te faire "désirer"
-
Une semaine plus tard, j’en étais au même point : je n’avais pas vu la fille que je recherchais.
La lassitude est un somnifère très efficace ; je me suis souvent endormi en attendant ce mirage qui n’apparaissait pas.
A partir du 27 Octobre, c’était un vendredi, je me suis mis à attendre son appel téléphonique. Malheureusement, j’avais donné à la fille le numéro de mon poste fixe. J’avais un répondeur, oui, mais je sais que les gens n’aiment pas trop y laisser des messages. Ce qui fait que je me cloîtrais chez moi dans l’attente de son appel. C’était déraisonnable, je le sais. Quelle était donc la probabilité pour qu’elle m’appelât ? Quasi nulle. Mille fois plus faible, en tout cas, que celle de gagner le gros lot au loto. D’abord, elle devait se souvenir de moi, ensuite, il fallait qu’elle eût la volonté de me revoir. Et pour quelle raison mon Dieu ? J’étais si beau, qu’elle était restée en pâmoison devant moi ? Non, disons que j’étais aussi quelconque qu’un bison au sein de son troupeau dans la Pampa de Patagonie. Ou peut-être qu’était apparue une douleur quelconque suite à l’accident ? Plus le temps passait et plus cette douleur devenait aussi illusoire que la décrue du chômage en France. Mes espoirs n’étaient que des planches vermoulues d’un radeau qui flottait tant bien que mal dans un océan déchaîné. Quoi de plus déstabilisant que de voir s’évanouir ses dernières illusions ?
Je me levais à cinq heures précises, le matin et après mon petit déjeuné et ma toilette, je m’asseyais près du téléphone et j’attendais. Je n’allumais pas la radio de crainte que son son (tiens, tiens…) ne couvrît la sonnerie du téléphone, que j’avais réglée au maximum. Les heures passaient ainsi. Je lisais un peu et je faisais des mots croisés niveau quatre étoiles. De temps en temps, un appel me faisait sursauter. C’était souvent de la publicité, du genre « seriez-vous intéressé par les portemanteaux Solido, l’ami de nos manteaux ? ». Au début, je déclinais l’offre poliment, mais ensuite, craignant que ces appels n’encombrassent trop ma ligne, je raccrochais brutalement sans dire un mot.
J’en avais assez des portemanteaux Solido, des fenêtres inviolables et des canapés ultra-confort…
Le temps qui ne passait pas, m’enveloppait dans une bulle qui grossissait au fil des jours…
A suivre…
1. anaflore le 15-02-2015 à 08:29:55 (site)
suis comme toi marre de ces appels "inconnus" qui me dérangent en général à une heure où je suis à table !!!!bon wk
.....
Cet accident a eu lieu il y a quelque temps déjà et depuis ce jour, j’y ai toujours pensé. Cette fille-là, je ne connaissais même pas son prénom. Mais sa beauté m’a impressionné et il se dégageait d’elle comme une vapeur invisible qu’on ressentait quand même, des ondes qui oscillaient jusqu’au cerveau.
Le lendemain, je me demandais comment je pouvais entrer en
contact avec elle. La seule chose que je pouvais faire, c’était de
retourner dans la rue où eut lieu « l’accident ». Je me disais
qu’elle devrait bien repasser par-là, que son itinéraire familier
pour se rendre sur son lieu de travail ou d’études, devait
obligatoirement couper cette rue. Alors je garais ma voiture dès
le matin un peu à l’écart, en ayant une vue panoramique sur
l’endroit de la furtive rencontre. Et j’attendais. Le temps ne
passait pas, il semblait se gonfler comme un ballon de baudruche
made in China. Pour essayer de contenir cette dilatation des
heures, j’écrivais.
La houle du temps.
Mais qu’est-il devenu,
Le sourire si joli
De la fille disparue,
Dans ma mélancolie ?
Le temps a bourgeonné.
Les senteurs éphémères,
Des fleurs abandonnées,
Parfument les chaumières.
Sa bouche est tout un monde,
Ses yeux sont un mystère,
Ses dents une jolie ronde
Et son souffle, une poussière.
Le temps est un ballon,
Qui gonfle et gonfle encore
Et les heures, des galions,
Que la houle dévore.
A suivre ....
Elle était debout maintenant, apparemment sans dommages.
Moi, j’étais plutôt inquiet ; comme toujours j’envisageais le pire.
Cent fois, je lui posais la même question « mais ça va ? Ça va ? ». Et invariablement, elle me répondait « mais oui, mais oui ! ». Elle me dit qu’elle était assez pressée et je voyais qu’elle voulait rompre le contact. Moi, je n’en avais pas envie.
Elle était si belle, je me sentais minable à côté d’elle. Comment faire pour la retenir encore un peu ? Je lui proposais de lui donner mon numéro de téléphone. Elle me regarda, étonnée et prononça une phrase qui me fit mal : « mais pour quoi faire ? ». Elle voulait m’oublier au plus vite, c’est sûr ! Mon cerveau, véritable steak haché de chez Mac-Do, essayait de trouver un prétexte. « On ne sait jamais… » dis-je, en attendant une meilleure idée.
Je la voyais lasse et presqu’irritée. Elle devait me prendre pour un dragueur à deux balles, malhabile comme un escargot acnéique… J’insistais et pourtant ce n’est pas mon genre, moi, qu’on surnommait « l’abandonneur velléitaire ». Je trouvais une autre idée qui me sembla digne d’Albert Einstein : « vous savez, on ne sait jamais, vous pourriez avoir des séquelles de ce choc. Alors appelez-moi si vous avez un problème quelconque, même indépendant de cet accident ».
Elle me toisa presqu’avec mépris et je crus lire dans ses pensées « mais qu’est-ce qu’il a à me coller ce petit con ! ». Elle prit, quand même, le morceau de papier sur lequel j’avais noté mon numéro. Elle me tourna le dos et s’éloigna en remuant les fesses. Dans ma grande naïveté, je crus que c’était pour moi…
A partir de ce moment-là, j’attendis tous les jours son coup de téléphone…
A suivre…
Ma voiture avait oublié qu’il fallait parfois freiner. Comme moi, souffrait-elle, elle aussi, d’insomnie? Je pensais que chaque nuit, elle dormait tranquillement dans son garage. Je commençais à avoir des doutes sur ses fréquentations nocturnes. En tout cas, ce jour-là, elle ne freina pas ou du moins elle freina avec une nonchalance indigne d’une voiture italienne, une Alfa-Roméo en l’occurrence.
Bon, le plus grave, c’est qu’à ce moment-là, une jeune femme eut l’idée saugrenue de traverser la chaussée. Le choc fut inévitable ! C'est vrai, j’exagère un peu. Disons, que mon rétroviseur droit la frôla, ce qui, je ne sais par quel mystère de la physique, la fit tomber par terre. Pessimiste comme j’étais, je la voyais déjà morte et moi en prison. Je garais ma voiture sur le bas-côté et comme un véritable chien Saint-Bernard citadin, je me précipitais vers elle, allongée sur le dos. Oh, qu’elle était jolie ! Sa robe, déjà courte, était retroussée et je ne pus qu’admirer ses jolies cuisses et plus haut un soupçon de string ficelle noir. Mais en était-ce un ? Car elle était vraiment brune cette jolie fille…
Mon cerveau avait pris ses quartiers d’été, comme quand on est tout excité à cause du soleil. « Bon je fais quoi maintenant ? », me dis-je comme un aboulique* incapable de prendre une décision. « Je l’embrasse ? Heu, je lui fais un bouche-à-bouche bien baveux ? J'effectue un massage cardiaque ? » C’est vrai qu’elle avait des seins qui devaient frôler le 95B…
Mais je m’aperçus vite que tout cela n’était pas raisonnable… Soudain, elle ouvrit les yeux et me sourit. Ce sourire-là est resté gravé dans ma mémoire pendant des années…
A suivre…
* L'aboulie traduit la diminution, l'insuffisance voire la disparition de la volonté et le sujet éprouve des difficultés à mettre en œuvre toute action. Malgré le ralentissement de son activité, la fonction intellectuelle n'est pas atteinte. Par contre, l'inhibition qui caractérise cette "maladie" diminue la dimension affective de la personnalité, qui garde cependant toute sa lucidité.
Le temps qui passe est une verrue qui gonfle et qui éclate parfois. Alors on peut s’attendre à tout avec elle. On risque de recevoir sur le visage, du pus, du sang ou tout autre ingrédient malodorant et peu ragoûtant ou parfois, mais très rarement de la gelée royale parfumée.
Mais à quoi peut-on s’attendre quand le temps éclate ?
Quand on s’ennuie par exemple, le temps gonfle et les secondes deviennent des minutes et les minutes des heures…Et lorsqu’on attend un appel téléphonique de sa bien-aimée, le temps flirte avec des heures, des mois et même des années.
Et puis je l’ai rencontrée...
Moi, plus gris que la grande Muraille de Chine, anonyme parmi les anonymes, aussi gai qu’un oiseau inséparable ayant perdu sa moitié, je roulais en voiture sur une route bien triste et presque déserte.
Le temps était alors bien codifié, enfermé, sans espoir de sortir, dans le boitier métallique de ma montre fixée à mon poignet gauche. J’avais trop serré le bracelet et ça me faisait mal. Ma voiture connaissait le trajet par cœur ; je lui faisais confiance. Mais je n’aurais pas dû…
A suivre…
1. manene le 18-01-2015 à 17:03:07 (site)
Bon ben ça donne envie de lire la suite ce petit billet.
Manène
1. bluedreamer le 05-01-2015 à 11:13:59 (site)
Bonne année 2015 !
Mon arme chimique...
Une idée quelque peu bizarre germa dans mon cerveau quand j’ouvris l’armoire aux produits chimiques. Malgré leurs bouchons, les bouteilles d’acide chlorhydrique laissaient échapper leur odeur caractéristique. Et je me souvins alors de l’attitude de Pascale qui sembla frémir de volupté en respirant les miasmes acides qui planaient dans mon labo de chimie. A quoi étaient liées ces sensations exceptionnelles chez une fille ou tout simplement chez un être humain ? Quels mystérieux ressorts inconscients avaient vibré dans le cerveau de ma collègue ? En tout cas je décidais d’exploiter cette situation pour essayer de (re)conquérir Pascale qui n’avait d’yeux en ce moment que pour Maxime, le prof d’EPS décérébré.
Mon but était de me parfumer à l’acide chlorhydrique !
C’était une folie !
Cet acide est particulièrement dangereux pour la peau, les yeux et toutes les muqueuses et je devais le diluer assez fortement pour éviter toute brûlure de mon épiderme, mais pas trop pour qu’il gardât son odeur. Dans un tube à essais, j’introduisis quelques gouttes de ce produit et j’y ajoutais 10 cm3 d’eau distillée. Je plaçais mon nez au-dessus de l’ouverture et je respirais rapidement. Rien, pratiquement aucune odeur. J’ajoutais alors quelques gouttes d’acide et je humais mon parfum chimique. Un picotement caractéristique vint chatouiller mes narines. Je fus satisfait de mon dosage.
Mais où allais-je placer cette solution diluée sur mon corps ? Derrière l’oreille ? Aie, aie, aie ! Il fallait que je trouvasse vite le moyen de ne pas brûler ma peau.
Alors j’eus l’idée saugrenue de coller sous mon oreille gauche un petit pansement adhésif sur lequel je déposais délicatement trois gouttes d’acide chlorhydrique, ainsi je ne risquais pas de brûlures et à mes collègues curieux j'allais dire que je m'étais coupé en me rasant.
A la récréation de 15h, dans la salle des profs, Pascale et Maxime étaient encore assis l’un à côté de l’autre tout au fond. Cette fois-ci je me dirigeais vers eux et je m’installais à côté de la « traîtresse » en feignant de l’ignorer et en manipulant mon Smartphone comme si je consultais mes sms.
Parfois je bougeais la tête pour permettre aux effluves d’acide chlorhydrique de diffuser vers les narines de ma collègue de Français. Maxime lui racontait encore, sans que ma présence ne le gênât, des histoires salaces.
« Aux grands maux, les grands remèdes » ! C’était la guerre chimique totale ! Je constatai alors que Pascale ne riait plus aux blagues douteuses de ce prof d’EPS riche en muscles mais pauvre en neurones.
Et même, en jetant un regard discret vers elle, je remarquais que les ailes de son nez s’étaient mises à vibrer comme la gueule d’une louve qui avait détecté de la chair fraîche. Elle serra brutalement ses cuisses comme si une ondée pré-orgasmique s’était mise à suinter de son petit trésor si bien caché.
Pascale n’écoutait plus Maxime.
Elle se tourna vers moi et me dit :
- Alain et si on allait faire un petit tour dans ton labo ?...
Asuivre…
Devinez comment j'espère
reconquérir Pascale...
L’attitude de Pascale provoqua une sorte de malaise dont je n’arrivais pas à définir la véritable cause. Etait-ce une banale jalousie ou bien une blessure béante dans mon orgueil ? En tout cas, mon caractère appelait, non pas à une quelconque envie de (re)conquête, mais plutôt à un désir absolu de vengeance.
Depuis quelques jours, Pascale et Maxime ne se quittaient plus, semblaient comploter même et le pire c’est que ce grand dadais de prof d’EPS occupait, dans la salle des profs, mon fauteuil préféré, celui qui se trouvait tout au fond, dans un coin, bien à l’abri des enseignants plus bavards que leurs élèves. Ils mangeaient à la même table de la cantine, allaient tout seuls boire un café dans un bar proche du lycée et je ne doutais plus qu’ils couchassent ensemble. Moi, pour calmer ma rage, j’essayais de renouer des relations charnelles avec Jeanne, la prof d’anglais, la vieille fille aux yeux globuleux et avec Françoise Jétoulu, la documentaliste nymphomane qui aimait plus le sexe que les livres. Relations charnelles, c’est beaucoup dire, c’étaient plutôt des relations buccales que l’on pratiquait faute de temps et de place, dans mon labo ou dans l’arrière salle sans fenêtre du CDI à la lueur d’un néon souffreteux en fin de vie.
Quelques compliments suffirent à entraîner Jeanne dans mon laboratoire de chimie, mais à ma grande stupeur, elle exigea, avant d’activer sa bouche sur mon appendice viril, que ma langue léchât ce que j’appellerais sa fente humide. Je refusais, non par dégoût (bien que…) mais par peur d’attraper un cancer de la gorge à cause des papillovirus* qui devait tapisser son utérus.
Je refusais donc de la satisfaire et elle, la traîtresse, m'interdit l'entrée de sa bouche. Je m'étais fait une ennemie de plus dans ce lycée.
Comme si elles s'étaient toutes donné le mot, la documentaliste me joua la même comédie et moi j'entrais ainsi dans une longue période d'abstinence...
Toutefois, en ouvrant l'armoire qui contenait les produits chimiques, une idée germa dans mon cerveau ramolli. J'avais peut-être trouvé le moyen de « récupérer » la langue de Pascale...
A suivre...
Notes :
*Le cunnilingus exposerait à un risque très significativement accru de cancers de la gorge ! Une équipe américaine a en effet découvert que les papillomavirus humains (ou virus HPV), qui sont responsables de la majorité des cancers du col de l’utérus, étaient également impliqués dans le développement de tumeurs oropharyngées. Sans qu’il soit même nécessaire d’avoir fumé ou bu en excès, alors que ces deux facteurs de risque étaient jusqu’alors considérés comme déterminants.
Le Dr Maura Gillison et son équipe, du Johns Hopkins Kimmel Cancer Center (dans le Maryland, aux Etats-Unis) se sont penchés sur les cas de 100 malades des deux sexes, atteints d’un cancer de l’oropharynx.
« Parmi ces patients » soulignent les auteurs, « ceux dont la contamination par l’une ou l’autre souche de HPV » – dont le rôle oncogène est désormais bien connu, n.d.l.r. – « était connue avaient un risque de cancer oropharyngé 32 fois supérieur à celui de la population générale ». C’est beaucoup plus que la multiplication par 3 associée au tabagisme, ou par 2,5 qui serait liée à l’intoxication alcoolique… Un autre travail américain mené par une équipe de la Brown University, confirme d’ailleurs ce constat.
Plus encore, parmi des patients non connus pour avoir été contaminés par le HPV, ceux qui avaient eu des rapports buccaux avec plus de 6 partenaires au cours de leur vie ont vu leur niveau de risque multiplié par 8,6. Le risque par conséquent, viendrait pour l’essentiel de la multiplicité des partenaires.
Quand je vais chercher mes élèves...
A midi, j'attendis Pascale dans mon labo, mais elle ne vint pas.
J'avais débarrassé la grande table recouverte de carreaux blancs brillants en faïence de Belcodène, rangé autant que possible les tubes à essais, les pissettes, les compte-gouttes et autres béchers et erlenmeyers. Inutilement.
Je regardais ma montre toutes les dix minutes, toutes les trente secondes en réalité; mon vécu temporel subissait une déformation relativiste provoquée par cette promesse non tenue.
A 13h45 j'espérais encore, puis ce fut la sonnerie de 14h du début des cours de l'après-midi. Je commençais encore avec les 2desC, les pauvres. En me voyant arriver dans le couloir, ils cachèrent tous leur portable en remarquant que mon visage reflétait un esprit confiscateur. Certains sortirent rapidement leur classeur pour apprendre la leçon du jour car mon comportement augurait une interro-surprise carabinée. J'avais la mine patibulaire d'un malfrat incarcéré pour vingt ans dans la prison des Baumettes à Marseille. Certains comprirent, que sous ma veste, je cachais une kalachnikov virtuelle, une espèce de mitraillette verbale qui ne supportait pas les bavardages.
Je fis cours comme un funambule qui marchait sur un fil tendu au-dessus du cratère de l'Etna.
Savaient-ils que tout cela, c'était à cause de Pascale qui m'avait posé un lapin alors que j'espérais que sa langue pût s'activer sur différentes parties de mon anatomie à midi dans mon labo de chimie où planaient des odeurs d'éther et d'acide chlorhydrique, les parfums préférés de ma collègue lécheuse.
Peu à peu ma colère s'atténua devant la bonne volonté de mes élèves et je me dis qu'ils n'étaient pas responsables de ma situation actuelle.
Le pire, c'est qu'à la récré de 15h, je vis Pascale en compagnie de Maxime, le prof d'EPS, plus musclé qu'intelligent. Elle riait en écoutant ses blagues que je savais salaces. Je lui lançais un regard de haine qui rata sa cible car ses yeux plongeaient dans ceux du sportif gluant de testostérones. Elle s'esclaffait en sortant sa langue et cela me fit mal.
Je ne suis pas un combattant de l'amour et ma réaction naturelle est la fuite,
J'abandonnais donc la partie, mais cela n'empêcha pas que je demeurasse atrocement jaloux...
A suivre...
Commentaires