posté le 27-11-2013 à 08:50:55

Grasse (61).

 

J’avais hâte de rentrer chez moi pour examiner de plus près la photo licencieuse de Lola, non par voyeurisme malsain, mais seulement pour réfléchir à la méthode que je devrais utiliser pour la montrer à Monsieur Laderovitch toujours perdu dans le labyrinthe de l’oubli. Sur ce cliché on voyait Lola qui se livrait à une activité peu recommandable, mais aussi Brigitte et une autre pute que je ne connaissais pas. La photo n’était pas très nette et l’on apercevait aussi trois hommes qui se laissaient faire. En l’état, elle était inexploitable et j’avais intérêt à agrandir et à isoler le visage de Lola pour que Monsieur Laderovitch pût, malgré sa presbytie  due à son âge, reconnaître un tant soit peu, ma bien-aimée. Un autre problème émergea : il me sembla que l’un des trois hommes ne m’était pas inconnu. Il me fallait une loupe puissante pour voir en gros-plan les visages de tous les protagonistes de cette dégoûtante partouze. Et dans mon appartement, je n’avais point de lentille grossissante.

Comment faire pour m’en procurer une, un dimanche après-midi, dans cette ville de Grasse, où tous les opticiens, paresseux comme des couleuvres, avaient fermé leurs boutiques ? Au lycée, dans mon labo de physique, j’avais bien une quantité impressionnante de loupes, mais il n'y avait pas cours le dimanche ; oh ces professeurs, toujours aussi paresseux ! J’étais pressé de mener mon enquête, je ne pouvais plus attendre. Par quel moyen pouvais-je entrer dans mon labo un dimanche après-midi ? Il fallait que je pusse contacter le concierge de l’établissement pour qu’il consentît à m’ouvrir toutes les portes du lycée. Par chance, je savais que le gardien de cet établissement scolaire, fréquentait le bar « Le Bacchus* » situé juste en face.

Lorsque je poussais la porte vitrée de ce débit de boissons, je le vis installé à une petite table métallique, ronde et rouge. Il buvait un Cognac. Son visage bouffi et coloré m’indiquait qu’il n’en était certainement pas à son premier verre d’alcool. Il traînait derrière lui une réputation d’ivrogne peu compatible avec sa fonction de gardien dans un établissement relevant de l’éducation nationale. C’était ma chance ! Je m’assis près de lui et je lui offris encore deux verres de Cognac qu’il avala rapidement. Il me dit ensuite :

- Tu es mon ami pour la vie !

Je n’en demandais pas tant ! Je lui expliquais comme je pouvais que j’avais oublié mon ordinateur portable au lycée et que j’avais besoin de lui pour qu’il m’ouvrît quelques portes. Il accepta de bon cœur et nous allâmes ensemble dans mon labo où je pus prendre la loupe la plus puissante que je possédais. En sortant de la salle, je vis le concierge affalé contre le mur et ronflant comme une machine à vapeur du dix-neuvième siècle. Je refermai la porte, plaçai les clés dans sa main droite et je filais comme une anguille.

Chez moi, je m’installais à mon bureau et j’examinais à la loupe la photo de la partouze de Lola. Un des hommes présents attira mon attention et je pus ainsi reconnaître un visage familier…

- Oh, ce n’est pas possible ! m’écriais-je…

 

A suivre…   

 

Notes :

* Bacchus est un dieu romain correspondant à Dionysos dans la mythologie grecque, beaucoup plus ancien. Les Romains l'ont adopté, comme beaucoup d'autres divinités étrangères dans la mythologie romaine.

C'est le dieu du Vin, de l'Ivresse, des Débordements sexuels.

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 

1. gabycmb  le 27-11-2013 à 17:32:11

Du coup, j'ai eu la chance de lire les deux articles! Çà va finir par coûter cher cette enquête.
Quand on aime on compte pas, n'est ce pas?
A bientôt pour la suite!

2. prof83  le 27-11-2013 à 23:20:43

A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour les coms.
Bonne soirée.

Premier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
 
 
 
posté le 22-11-2013 à 07:24:40

Grasse (60).

 La poupée en porcelaine de Brigitte...

 

Je suivis Brigitte dans son studio situé au troisième étage d’un vieil immeuble sans ascenseur. Elle monta devant moi et j’eus presque honte de lorgner  ses fesses qui oscillaient en cadence sur les marches de l’escalier.

Lorsqu’elle ouvrit la porte, une bouffée d’air odorant s’échappa à l’extérieur. Son studio embaumait le chou. Dans la pièce, un lit étroit occupait une grande place. Il était recouvert d’une couette saumon assez défraîchie, sur laquelle était assise une vieille poupée en porcelaine vêtue d’une robe bleu-ciel. La poupée de son enfance certainement. Un instant, une vision traversa mon esprit : celle d’une petite fille innocente jouant avec cette poupée. Elle ignorait quelle serait sa triste destinée, une vingtaine d’années plus tard, pute dans une rue mal éclairée, sous un réverbère diffusant  une lumière famélique et blafarde. Sur une petite étagère au-dessus du lit, un cadre en bois doré contenait la photo d’un jeune garçon souriant, son fils certainement. Mon cœur, tendre comme de la moelle de sureau* se comprima quand je pensai à la situation de Brigitte qui n’avait certainement pas fait d’études et qui luttait, comme elle pouvait, pour subvenir aux besoins de sa petite famille. Elle ouvrit le petit tiroir de sa table de nuit et prit un préservatif, puis elle retourna le cadre qui contenait la photo de son fils : il ne devait pas voir ce qu’allait faire sa mère ! Elle commença à se déshabiller. Je l’arrêtais aussitôt :

- On pourrait parler un peu si ça ne vous dérange pas.

Elle regarda sa montre et s’assit sur le lit, passive. Je m’installais à côté d’elle en essayant de ne pas la toucher. Je craignais des réactions physiques incontrôlables quelque part en moi.

- Voilà, si je suis venu vous voir, ce n’est pas pour faire l’amour !

Elle me toisa comme si j’avais commis un sacrilège.

Elle se mit à rire :

- Ah, je vous reconnais, vous êtes l’amoureux de Lola, la pauvre… !

Il était temps qu’elle s’en aperçût !

J’étais plus que gêné :

- Auriez-vous par hasard des photos de Lola ? lui dis-je.

Un petit rictus vint assombrir son joli visage.

- Heu, oui peut-être… !

- Pourriez-vous m’en donnez une s’il vous plait ? murmurais-je plein d’espoir.

- C’est que… elles ne sont pas très convenables…

Bête comme un radis, je répliquais :

- Mais que voulez-vous dire par là ?

- Heu ce sont des photos qui ont été tirées au cours d’une partouze !

- Pourrais-je les voir ?

Brigitte ne savait que faire. Enfin, elle se décida et rouvrit le petit tiroir et en sortit une dizaine de photos, disons pornographiques où l’on voyait Lola, nue, en pleine action.

- Tenez, choisissez, me dit-elle.

En quelques minutes je découvris absolument toutes les parties du corps de Lola. Je choisis la photo la moins choquante, mais qui aurait quand même traumatisé une bande de légionnaires en rut.

J’abandonnais cent euros sur le lit et je filais comme une souris poursuivie par un chat.

Mon problème maintenant, était de montrer cette photo de Lola à Monsieur Laderovitch sans qu’il sombrât complètement dans une démence fatale…

 

A suivre

 

Notes :

 

* Sureau : Arbre de la famille des chèvrefeuilles, dont les branches sont remplies d’une moelle tendre et abondante et qui produit des fleurs blanches d’une odeur particulière et forte, auxquelles succèdent des fruits rouges-noirâtres.  

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 

1. anaflore  le 22-11-2013 à 09:44:01  (site)

belle poupée de collection affaire à suivre .....bon wk

2. anaflore  le 26-11-2013 à 09:17:41  (site)

merci de ton com et bien ici froid et sec c'est le monde à l'envers !!!

3. gabycmb  le 27-11-2013 à 17:25:04

Bonsoir Prof
Avec un peu de retard, j'ai pu lire la suite de Lola.
Belle poupée, la robe n'est pas bleu-ciel, tant pis la photo vaut le coup.
Bonne soirée

Premier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
 
 
 
posté le 18-11-2013 à 07:03:29

Grasse (59).

 

Monsieur Laderovitch: "Je ne suis pas fou ! "

Après plusieurs refrains de chansons enfantines qui faisaient réagir Monsieur Laderovitch, pourtant âgé de plus de soixante-dix ans, je me hasardais à lui dire :

- Lola, Lola…

Aussitôt son regard se figea et ses yeux prirent l’aspect de billes translucides et dépourvues de vie.

Ma méthode que je crus un instant géniale, montrait ses limites et je compris que les neurones de mon voisin étaient définitivement noyés dans la glu isolante de la maladie d’Alzheimer. Je n’avais plus à côté de moi, qu’un pantin à la mémoire désarticulée, muré dans un silence digne des moines trappistes (1), insectes muets dans leur gigantesque cathédrale.

Il ne me restait plus qu’à raccompagner Monsieur Laderovitch chez lui, en le guidant par l’avant-bras. Sa femme, inquiète, me dit :

- Oh, merci. Victor s’est échappé ce matin sans prendre ses neuroleptiques (2) !

Et immédiatement, dans un demi-verre d’eau, elle introduit au moins vingt gouttes de la précieuse camisole chimique, que son mari avala sans rien dire. Presqu’aussitôt, Victor sombra dans le monde du silence peuplé de créatures improbables et monstrueuses.

Moi, je regagnais mon appartement déçu par mon échec.

Que pouvais-je faire pour retrouver Lola ?

Si au moins j’avais eu une photo d’elle, j’aurais pu la montrer à Monsieur Laderovitch pour ranimer sa mémoire qui ne tenait qu’à un fil. Rien, je n’avais absolument rien de Lola, seule sa beauté hantait mon cerveau et le remplissait à ras-bord.

Ma nuit fut un voyage au long cours dans un lit balloté par les cauchemars. Et, vers deux heures du matin, une idée germa dans mon cerveau comme une graine dans un champ de misère :

- Mais peut-être que Brigitte possédait une photo de Lola ?

Brigitte était sa copine et l’avait remplacée à la cuisse levée (3) sur le trottoir. Pour être  plus clair, Brigitte était une pute qui tapinait dans ma rue. Seulement, elle avait des horaires de fonctionnaire veilleur de nuit : de 21h à 5h du matin.

Ce n’était pas un créneau convenable pour un professeur respectable comme moi ! Et pourtant, amour quand tu nous tiens…

Je décidais d’aller voir Brigitte le soir même vers 21h15, juste pour lui demander si elle avait une photo de Lola. Par précaution, je plaçais deux billets de cinquante euros et un de vingt euros dans mon portefeuille, dans le cas fortement improbable où je devais « donner de ma personne ». Je ne connaissais pas les tarifs des belles de nuit…

Je reconnus Brigitte de loin, elle tapinait sous un réverbère situé juste en face de la boucherie chevaline « Pégase » ; le boucher était un poète inspiré par la mythologie grecque…

Je passais devant elle en louchant sur ses belles cuisses qui apparaissaient au-dessous de sa mini-jupe en cuir noir. Timide comme j’étais, je n’osais pas l’aborder et au bout d’une cinquantaine de mètres, je fis demi-tour pour traverser, une nouvelle fois, la sphère impalpable de son parfum envoûtant.

En pècheresse experte, Brigitte huma le poisson frétillant et elle le  ferra d’une manière classique :

- Tu viens chéri ?

Heureusement que la lumière blafarde du réverbère atténua la rougeur qui naquit sur mes deux joues.

Je ne pouvais plus reculer !

Je devais me sacrifier pour la bonne cause !...

 

A suivre

 

Notes :

 

1 : Moine trappiste : Moine cloîtré appartenant à l'ordre cistercien de la stricte observance et vivant dans le silence, la prière et le travail manuel.

2 : Les neuroleptiques (du grec neuron, nerf et leptos, qui affaiblit) ou antipsychotiques (contre la psychose) sont des médicaments utilisés pour leur effet tranquillisants, anti-délirants et contre la désorganisation des pensées. Ils sont utilisés notamment dans le traitement de certaines affections psychiatriques telles que la schizophrénie, les troubles bipolaires et certains autres syndromes comportant des hallucinations, un délire et de l'agitation psychomotrice.

3 : Au pied levé.

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 

1. anaflore  le 18-11-2013 à 07:22:08  (site)

j'espère que la sacrifice apportera une réponse ......bonne semaine

2. gabycmb  le 18-11-2013 à 10:10:02

Bonjour prof.
Se sacrifier pour arriver ses fins, il faut le faire.
La pluie depuis trois jours sur le Languedoc.
Bonne semaine.

3. prof83  le 18-11-2013 à 12:45:15

A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
Ici aussi il pleut et avec du vent.
Bonne semaine.

Premier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
 
 
 
posté le 13-11-2013 à 08:40:35

Grasse (58).

 

Je devais, au plus vite, rencontrer Monsieur Laderovitch !

Cela s’annonçait très difficile, car sa femme le bourrait de neuroleptiques et le maintenait pratiquement prisonnier dans son appartement. Je l’apercevais bien de temps en temps, errant dans le hall de l’immeuble ou dans les couloirs, perdu à jamais dans le labyrinthe du temps et de l’oubli.

Comment faire parler cet homme au cerveau vide ? Ou du moins comment obtenir des bribes, même ténues, d’informations qui auraient pu orienter mes recherches sur la disparition de Lola ?

Un matin, après une nuit passée dans des brumes incertaines, alors que le manque de sommeil  obscurcissait l’horizon de ma future journée, en regardant par la fenêtre, je vis  Monsieur Laderovitch accoudé sur la rambarde de la coursive qui dominait la cour de la sinistre prison. C’était mon jour de chance. Le pauvre homme s’était encore perdu ! Il fallait que je l’approchasse sans l’effrayer. J’ouvris la porte d’entrée de mon appartement et la laissais béante comme on prépare un piège pour capturer une proie. Moi, je me cachais presque, au fond du hall de manière à ce que mon éventuel informateur ne pût me voir.  Et j’attendis !

Comme une mouche attirée par une fenêtre ou une porte ouverte, Monsieur Laderovitch finit par entrer dans mon appartement. Il passa devant moi sans me regarder et alla s’asseoir sur le canapé du salon : il croyait qu’il était chez lui ! Il fallait que j’allasse vers lui tout doucement pour ne pas provoquer chez mon visiteur inattendu un sentiment de panique. Il me regarda avec ses yeux vitreux façonnés dans la crainte et l’incompréhension. Que croyait-il voir dans son délire quasi permanent ?  

- Une personne inconnue, certainement,

- Un monstre dangereux, peut-être,

- Un ennemi qui voulait le tuer, c’était probable.

J’évitais de le regarder dans les yeux. Son visage était creusé de rides profondes qui martelaient l’angoisse caractérisée par un rictus sans répit. Je m’approchais de lui aussi lentement que possible, ma tête légèrement tournée vers le côté pour ne pas affronter son regard de fou. Et je finis par m’asseoir à sa droite dans le fauteuil situé à cinquante centimètres de lui.

Au bout de trente secondes, Monsieur Laderovitch ne me regarda plus : il avait oublié ma présence et, dans un acte répétitif qui devait le rassurer un peu, il vidait puis remplissait une petite boîte d’allumettes que j’avais oubliée sur la petite table en verre située juste devant le canapé.

Comment établir un contact, même éphémère, avec lui ? Autant espérer bavarder avec un martien moyenâgeux errant dans la Pampa. Il oubliait instantanément tous les actes liés au présent immédiat.  Je connaissais très mal mon voisin et son passé m’était aussi opaque que la grande muraille de Chine. Alors j’eus l’idée de chanter :

- « Allons enfants de la patrie…. »

Le début de la Marseillaise.

Monsieur Laderovitch, arrêta brusquement de jouer avec les allumettes et me lança un regard où semblait briller une lueur infinitésimale de raison. La Marseillaise devait certainement entrer en résonnance, dans son cerveau malade, avec des événements anciens, datant peut-être de la seconde guerre mondiale. Mais ce bref instant de lucidité ne dura que quelques secondes et mon voisin Alzheimer replongea bien vite dans son délire répétitif du vidage et du remplissage de la boîte d’allumettes.

Alors je décidais de voyager encore plus loin dans son passé et je commençai à fredonner :

- « Il pleut, il pleut bergère… »

Monsieur Laderovitch fut comme secoué par un tremblement électrique, son rictus angoissé se déplissa un peu et, en plongeant son regard fixe dans le mien, il répondit :

-« Et ron et ron petit patapon… »

 

A suivre

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 

1. gabycmb  le 13-11-2013 à 18:25:19

Bonsoir Prof.
J’ai passé un agréable moment à lire ce chapitre. Merci !
Bonne soirée.

2. prof83  le 13-11-2013 à 21:16:33

A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour le com.
Bonne soirée.

Premier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
 
 
 
posté le 08-11-2013 à 07:28:11

Grasse (57).

 

Les yeux de Michèle Morgan...

 

« Entrez, entrez »! Il était marrant, Monsieur Coqualo !

Encore aurait-il fallu que je pusse accéder à une pièce de 1,50m2 dans laquelle se trouvaient déjà trois hommes enchevêtrés et à demi-dévêtus : Monsieur Coqualo donc, avec Aldo et Pipo, qui pratiquaient des activités peu recommandables.

- Il y a encore de la place, on va se serrer un peu, me dit Aldo avec le sourire carnassier d’un moine défroqué.

Je craignais pour ma vertu, mais il fallait absolument que je parlasse aux deux CRS qui avaient mené un embryon d’enquête concernant le rapt de Lola.

Planté, devant la porte des toilettes, je ne savais plus quoi faire.

- Je vous attends au salon, j’ai quelque chose à vous demander, dis-je à la cantonade, en espérant capter l’attention des deux policiers dont les membres avaient des positions vraiment incongrues.

- Tout service mérite récompense ! parvint à articuler Monsieur Coqualo qui avait réussi à libérer sa bouche de l’encombrante matraque vivante de l’un des deux CRS.

Je me dirigeais vers le salon en redoutant des rencontres collantes. Fatalement, je tombai sur Mademoiselle Belœil qui avait perdu la moitié de son pucelage dans la salle de bains. Elle me fit des yeux doux ou du moins elle essaya, car ses yeux globuleux étaient loin de ressembler à ceux de Michèle Morgan (1).

Dans le salon, les loups m’accueillirent avec enthousiasme comme s’ils reniflaient la chair fraîche d’un agneau vraiment innocent. Il planait, dans ce lieu de débauche, une atmosphère de fin du monde. Ils étaient tous avachis et presque décomposés sur les fauteuils et sur le canapé, muets, la bouche ouverte, comme des poissons sortis de l’eau.

Je me mis à attendre Aldo et Pipo en esquivant les attaques mollassonnes de quelques guerriers ramollis.

Et je patientais une heure, longue comme une heure passée à Kaboul, la nuit, dans une rue sans nom, peuplée de Talibans. Et tout ça pour l’amour d’une pute !

Enfin, ils arrivèrent les trois zigotos. Débraillés, le teint rougeaud, ils dégageaient une odeur à vomir. Aldo vint vers moi, il avait la mine décomposée des momies pharaoniennes.

- Alors, quel est votre problème ? me dit-il en déglutissant.

- Voilà, je recherche des informations sur le rapt de Lola !

Il me regarda comme si je parlais en Egyptien ancien.

- Je dois avouer que l’on ne sait pratiquement rien. Elle a été enlevée par le gang des parfumeurs grassois (2) à ce qu’il paraît.

Je n’étais guère avancé et j’insistais pour en savoir davantage.

Aldo était pressé d’en finir et je le soupçonnais d’avoir une idée derrière la tête.

- Il n’y a eu qu’un seul témoin ! Voulez-vous qu’on aille se rafraîchir dans la salle de bains ?

- Et quel est ce témoin ?

- Je n’ai pas droit de vous le dire, mais entre amis si, c’est Monsieur Ladérovitch !

- Merci Aldo, je file. Je vais essayer d’interroger Monsieur Ladérovitch.

Le seul problème, c’est que Monsieur Ladérovitch avait la maladie d’Alzheimer !...

 

A suivre

 

Notes :

 

1-  Michèle Morgan : de son vrai nom Simone Roussel, est une actrice française, née le 29 février 1920 à Neuilly-sur-Seine, dans le département de la Seine (aujourd'hui Hauts-de-Seine).

2- Gang des parfumeurs grassois : Célèbre gang de la Côte d’Azur, qui aspergeait ses victimes avec du parfum.

 

 

 


Commentaires

Dernier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 

1. gabycmb  le 08-11-2013 à 09:24:44

Bonjour Prof.
Elle a de beaux yeux Michèle Morgan !
Le gang des parfumeurs, a existait ?
Bonne journée.

2. prof83  le 08-11-2013 à 12:18:58

A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
Le gang des parfumeurs grassois est une invention de ma part.
Bonne journée.

3. anaflore  le 08-11-2013 à 15:08:35  (site)

des références des souvenirs .....bon wk

Premier commentaire    Commentaires terminés   Fermer les commentaires
 
 
 
 
 

Ajouter un commentaire

Pseudo : Réserve ton pseudo ici
Email :
Site :
Commentaire :

Smileys

 
 
 
Rappel article