*
- Quelle mauvaise nouvelle ? répondis-je à Brigitte en pressentant le pire.
Elle me lança un regard apitoyé qui voulait tout dire.
Il faisait nuit et l’air de Grasse avait conservé, quelque peu, les effluves qui s’étaient échappés, pendant toute la journée, des cheminées des usines qui synthétisaient les bases odorantes des parfums.
Elle voulait m’entraîner dans sa voiture, pour parler tranquillement avait-elle dit, mais aussi, certainement, pour me purger, avec sa bouche, d’un trop-plein glandulaire. Je n’avais pas la tête à ça et mon inquiétude avait provoqué une déprime testiculaire.
- Il s’agit de Lola, n’est-ce pas ? murmurais-je, dans cette rue sans nom, perdue dans la ville de Grasse, où tapinaient quelques filles victimes de la crise économique.
Elle ouvrit la bouche pour me répondre, un peu exagérément peut-être, trop habituée à l’utiliser à des fonctions non prévues par la nature.
J’étais suspendu à ses lèvres, façon de parler…
Enfin décidée à me dire quelque chose, Brigitte cracha sur le trottoir humide, un chewing-gum en fin de vie. Quelques voitures circulaient sur le bitume en ralentissant quand elles passaient à notre niveau. Des futurs clients ?
Une Alfa-Roméo grise métallisée freina et s’arrêta à quelques mètres devant nous.
- C’est un habitué ! me cria Brigitte en courant vers la voiture dont la portière droite s’était mystérieusement ouverte. Elle pénétra dans le véhicule qui démarra en trombe en faisant crisser ses pneus.
- Et merde ! me dis-je, en voyant disparaître mon informatrice à talons aiguilles.
La nuit collait à ma peau comme du sparadrap récalcitrant. Il ne me restait plus qu’à retourner chez moi, l’âme inquiète et le regard perdu dans la perspective imparfaite de cette rue humide et odorante.
Le hall de mon immeuble était éclairé et j’eus le malheur de tomber sur madame Coqualo, l’experte en gâteries linguales. Elle eut un sourire carnassier en arrondissant ses lèvres pulpeuses. J’imaginais ce qu’elle voulait. Moi, pour une fois, je me laissais faire. Elle m’entraîna dans le local à poubelles, bien décidée à me faire cracher…Elle se mit à genoux devant moi et déballa tout mon matériel pédagogique, heu génésique*, je voulais dire.
En quelques mouvements buccaux, elle fit gicler dans sa bouche, l’encre blanchâtre de mon gros stylo, riche en protéines et en animalcules** frétillants.
Elle avala le tout comme si elle dégustait un petit verre de sirop d’orgeat***.
Plus tard, chez moi, plus léger de quelques centigrammes, j’allais commencer un nuit d’insomnie en pensant au sort réservé à la malheureuse Lola…
A suivre…
Notes :
* Génésique : lié à la reproduction.
** Animalcules : Animaux microscopiques. (spermatozoïdes ici)
*** Orgeat : sirop fait à partir d'amandes douces broyées, additionnées d'eau et aromatisées à la fleur d'oranger.
Peut-être que pour cette pince à épiler, je m’étais fait un film dans ma tête ? Et que je devais m’orienter vers une autre hypothèse.
En fait, je pense, que le facteur déclenchant avait été la séance du mercredi précédent au club de poésie du lycée. Avec mon poème, je m’étais identifié à un cactus, plante pas très sympathique au demeurant. Hérissé d’épines, ce végétal n’avait pas un abord facile et accueillant. Tout comme moi peut-être ?
Sandrine m’avait « offert » cette pince à épiler certainement pour me transmettre un message : « tu dois changer, retirer toutes tes épines et ainsi tu pourras approcher le ballon de baudruche, c’est-à-dire moi ».
Bon, je réfléchirai à cette question !
Les vacances de Pâques commençaient et je n’allais plus voir ma « muse » pendant quinze jours. Loin du lycée je me remis à penser à Lola, ma pute chérie, disparue on ne sait où. En faisant des recoupements, j’imaginais qu’elle se trouvait à Bamako, au mali, dans un bordel ou sur un trottoir de ce lointain pays d’Afrique. Et dans quel état ? J’en voulais beaucoup au sinistre Gédebras, mon voisin manchot qui, apparemment, avait séjourné à Bamako il y a une quinzaine d’années et qui avait dû garder des contacts avec la pègre locale. Je le soupçonnais même d’avoir organisé l’enlèvement de Lola avec l’aide de la bande des « parfumeurs grassois ». N’avais-je pas découvert, sur son vélo de course, une plaque gravée avec le sigle « UCB » qui signifiait « Union Cycliste de Bamako » ?
Je devais faire des recherches sur internet mais c’était impossible dans l’appartement que je louais à Grasse. J’étais obligé de me connecter à une borne Wifi dans un bar ou dans un restaurant. Pas dans cette ville en tout cas où je risquais d’y rencontrer des élèves ou des collègues profs légèrement « langues de putes ». Alors j’optais pour Cannes, la ville voisine où je savais trouver un « Macdo » connecté en Wifi. Je pouvais ainsi joindre l’utile (mon enquête concernant Lola) à l’agréable (la dégustation d’un énorme hamburger dégoulinant). Jeudi me semblait un bon jour pour aller faire mon escapade « gastronomique » à Cannes avant l’ouverture du festival, où la ville devenait alors un véritable enfer.
En attendant, je ranimais ma flamme nostalgique*, en sortant le soir, à la tombée de la nuit. Oh, je n’allais pas bien loin, juste dans une rue parallèle à celle de mon immeuble. C’est là que tapinait Lola ; c’était la belle époque. Elle avait été remplacée à « la cuisse levée » (au pied levé) par Brigitte, une autre pute, sa copine. J’aimais marcher dans cette longue rue assez étroite chichement éclairée par des réverbères en fin de vie et qui recelait pas mal d’encoignures, d’endroits un peu en retrait, de petits espaces tranquilles et qui avait l’honneur d’accueillir une boucherie chevaline, peut-être la dernière de la Côte d’Azur.
Perdu dans mes souvenirs nostalgiques, je n’entendis pas les talons-aiguilles qui martelaient le sol derrière moi. Une main se posa sur mon épaule et j’entendis dans mon oreille distraite :
- Tu viens dans ma voiture chéri ?
En me retournant, j’aperçus Brigitte, la pute, aussi étonnée que moi, qui me proposait ses services tarifiés.
Allez savoir pourquoi, mais dans mon pantalon, sous la braguette, s’érigea instantanément une tour en acier trempé.
Elle me reconnut et s’excusa :
- Ah c’est vous l’amoureux de Lola. Ça tombe bien et mal, j’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer…
A suivre…
Notes :
* Nostalgie :
Étymologie.
Du grec ancien νοστος nostos (« retour ») et ἄλγος algos (« douleur ») soit « douleur ressentie à la pensée du retour à la maison familiale, mal du pays, du retour dans le passé ».
Définition.
1. Souffrance causée par le regret obsédant de la patrie. Dans ce sens, on dit plus couramment « mal du pays ».
2. (Par analogie) Regrets, non seulement d’un pays, mais d’un milieu auquel on a cessé d’appartenir, d’un genre de vie qu’on a cessé de mener, d'amis qu'on a perdus, d'un passé qui ne reviendra pas.
Suis-je vraiment comme ce monsieur ?
Si je m’attendais à ça !
En ouvrant l’enveloppe déposée dans mon casier de la salle des profs, je découvris tout simplement une pince à épiler.
Encore une sinistre plaisanterie, pensais-je en lançant un regard circulaire dans la grande salle où, à 7h30, il n’y avait que moi, le lève-tôt, insomniaque professionnel qui ne dormait que deux heures par nuit.
De toute évidence, quelqu’un voulait m’envoyer un message subliminal, du genre :
- Tu as trop de poils dans les narines,
- Tu as trop de poils dans les oreilles,
- Tes sourcils ressemblent à une forêt impénétrable…
Je filais comme un lévrier vers les toilettes où j’étais sûr de trouver un miroir pour confirmer mes craintes. La femme de ménage, grosse dinde bavarde, n’avait pas fini d’éponger le sol avec une solution qui puait l’eau de javel. Elle me lança un regard plus dévastateur que ceux de Sandrine qui me vouait une haine farouche (allez savoir pourquoi). Je collais mon visage sur le miroir plus décati qu’un centenaire, éclairé par une lampe hasardeuse qui avait la tremblote et qui semblait souffrir de la maladie de Parkinson électrique et je constatais, qu’en effet, quelques poils dépassaient de mes narines. Dans ma main droite se trouvait la pince à épiler et j’avais bien envie de l’utiliser pour retirer ces disgracieux filaments pileux pourtant bien utiles pour filtrer l’air pollué riche en poussières.
Seulement deux raisons paralysèrent mes gestes :
- La présence de la femme de ménage qui commençait à croire que j’avais viré ma cuti et qui attendait, avec curiosité, qu’après la pince à épiler, j’allais certainement utiliser du rouge à lèvres.
- La propreté douteuse de cette pince que je ne pouvais malheureusement pas désinfecter avec de l’alcool à 90.
Il y avait bien sur le lavabo, une bouteille d’eau de javel à 99,99% efficace contre les virus et les bactéries, mais la grosse dinde en blouse bleue me surveillait comme si j’allais dévaliser la banque de France.
J’abandonnai donc la partie et je retournai dans la salle des profs qui s’était passablement peuplée durant mon raid avorté dans les toilettes. Il y avait là, Jeanne la prof d'anglais qui me dit « good morning », Philippe le prof de math qui fit un geste parabolique avec sa main droite pour me dire bonjour et Marilyne la philosophe, la garce de service qui me lança « on dirait que tu as passé la nuit dans un tonneau, comme Diogène* » !
J’avais l’impression que mes narines et mes oreilles étaient envahies par des broussailles folles qui désiraient prendre l’air. Il ne manquait plus que Sandrine me vît comme ça. Je reçus un coup de massue sur la tête quand elle entra dans la salle des profs et qu’elle jeta un regard flottant sur ma personne. Et n’était-ce pas elle qui m’avait « offert » cette pince à épiler pour se venger de mon attitude de la veille dans son club poésie ?
A la récré de 10h, je ressemblais à un spaghetti trop cuit enroulé sur lui-même et avachi dans mon fauteuil préféré, situé dans un coin, au fond de la salle des profs.
Englué dans de la sauce bolognaise, mon cerveau commença néanmoins à élaborer une autre hypothèse…
A suivre…
Notes :
*
* Diogène était un mendiant, ivrogne et philosophe grec qui fut surnommé le chien (Cynos en grec). Son école de pensée fut donc logiquement appelée l’école Cynique. Il avait de longues discussions philosophiques avec ses disciples qui étaient tous aussi sales et pouilleux que lui, normal puisque c’étaient des chiens errants.
Il fut un des plus grands clochards de tous les temps, passant le plus clair de sa vie à observer le monde au travers d'un orifice de son tonneau.
Statue le Poète.
Sculpture en bronze de l'artiste français: ÉTIENNE (1).
Quand j’eus terminé de réciter mon poème, il y se produisit comme un pavage de silence. Les élèves me regardaient, probablement étonnés qu’un prof de physique pût éprouver des sentiments pareils. Aldo, certainement le plus nul de la classe, leva le doigt et s’écria :
- Et c’est ki le cactus ? (Aldo faisait des fautes d’orthographe même en parlant).
Ses camarades le huèrent et il reçut une douche d’injures.
Je répondis :
- Le cactus, c’est moi !
- Et le ballon de baudruche ? s’enquit Gaëlle.
Firmin lui coupa la parole :
- Mais ça doit être une prof du lycée !
Je louchais discrètement sur Sandrine qui s’était isolée au fond de la classe sur une île déserte. Son corps semblait figé dans une catatonie (2) inquiétante.
Aldo, peut-être soumis au dictat de substances psychotropes, semblait balancer entre mutisme et logorrhée (3) baveuse.
- Et c’est un amour impossible ça ?
De nouveau on le fit taire :
- Idiot, que se passerait-il si le ballon de baudruche et le cactus entraient en contact ?
- Bouuummm ! hurla Firmin pour imiter une explosion.
« C’est donc un amour impossible ! » chantonna toute la classe.
- Et c’est qui le ballon de baudruche ? C’est une prof de quoi ? Elle enseigne dans notre classe ?
Je lorgnais sur Sandrine qui semblait s’enfoncer dans le sol, cachée par le buisson de ses cheveux qui avaient acquis une longueur étonnante.
Ils devinrent curieux, les élèves.
- Mais réellement, pourquoi est-ce un amour impossible entre vous deux ?
Et moi, parce que je n’étais pas leur professeur, je me laissais aller à quelques confidences.
- Moi je l’aime et elle, elle me déteste !
Il me sembla que la salle fut brutalement ensevelie sous des tonnes de ciment frais.
Estelle, qui avait le cœur tendre, eut pitié de moi.
Sandrine, la prof de français me jeta un regard plus flou que les antiques photos de Nicéphore Niépce (4) dans les années 1820.
Pour terminer la séance, je distribuais aux élèves des photocopies destinées à mieux appréhender le concept de la poésie (voir en fin de texte).
En passant près de Sandrine, j’eus comme l’impression de passer dans le flux d’air frais provoqué par un avion à hélice. C’est sûr qu’après l’épisode de la pizza, ce que j’avais fait aujourd’hui l’avait, à jamais, éloignée de moi.
Le lendemain matin, en ouvrant mon casier, dans la salle des profs, j'aperçus une enveloppe qui ne contenait pas de lettre. En la décachetant, je découvris quelque chose qui me plongea dans un abîme de perplexité…
A suivre…
Première piste : rapprochement entre poésie et sentiments · La poésie est propre à l'expression des sentiments : le poète exprime son moi intérieur. · La poésie fait appel à autre chose que l'intelligence ou la raison ou la logique, elle est irrationnelle. · La poésie recourt au lyrisme, propre à rendre compte de l'exaltation et de la passion (hyperboles, images...). · La vie sentimentale est un mélange de plaisir et de souffrance, la poésie apporte souvent des remèdes aux maux de la vie. · La poésie suggère plus qu'elle ne dit explicitement, comme les sentiments qui prennent souvent des détours pour s'exprimer. Deuxième piste : d'autres conceptions de la poésie ? La poésie peut avoir plusieurs fonctions : · décrire : le poète latin Horace définit la poésie comme étant de la « peinture » ; · recréer le monde ou créer un monde nouveau ; · « dévoiler » les faces cachées du monde et des choses (le poète est un « voyant ») ; · créer un nouveau langage en travaillant ou en jouant avec les mots ; · mettre en valeur des idées, qui sont exprimées avec plus de force et d'intensité que par la prose, défendre des idées politiques ou sociales : c'est la poésie engagée. |
Notes :
1: Etienne est un sculpteur français né en France en 1952. Etienne s’exprime simultanément en termes figuratifs et abstraits. Il ouvre la masse sculpturale et recherche un équilibre organique, maîtrisé entre le plein et le vide. Les œuvres d’ETIENNE expriment les moments forts de rencontres humaines, spirituelles ou artistiques. Ses sculptures, construites sur des oppositions, ont la particularité d’inscrire l’instant dans le mouvement. Son travail est architecturé, construit, composé, lumineux et symbolique.
2:Catatonie : posture corporelle rigide, souvent accompagnée de mutisme et de passivité, observée chez certains schizophrènes.
3: Logorrhée : pathologie du langage qui conduit le malade à déverser un flot rapide et ininterrompu de paroles.
4: Nicéphore Niépce, né le 7 mars 1765 à Chalon-sur-Saône et mort le 5 juillet 1833 à Saint-Loup-de-Varennes (Saône-et-Loire), est l'inventeur de la photographie.
*
J’avais devant moi un public hostile : une quinzaine d’élèves prêts à rire de n’importe quoi et une prof, Sandrine, qui me vouait une haine démesurée.
Je voulus quand même préciser un certain point :
- Ce n’était qu’une grossière plaisanterie quand j’ai voulu me comparer à Hugo, Verlaine et Rimbaud. Il s’agissait juste pour vous faire réagir.
Cela les calma quelque peu mais presque tous les visages reflétaient encore une incrédulité patente.
- Pouvez-vous me donner des exemples de situations d’amour impossible ?
Corinne leva la main et déclara :
- Paul aime Ludovic !
Il y eut des cris et des grincements de dents et presque tous la traitèrent d’homophobe.
Firmin intervint à son tour :
- Un arabe aime une juive !
Il y eut un moment de flottement dans la salle et André déclara :
- C’est peu probable mais il n’y a pas d’impossibilité absolue !
Gaëlle murmura :
- Un géant aime une naine !
On la hua copieusement en invoquant la situation de Mimi Matty.
Je calmais le jeu en disant :
- Dans vos exemples, il y a des difficultés culturelles, légèrement anatomiques ou religieuses. Mais ce n’est pas insurmontable.
Aldo se réveilla :
- Un éléphant aime un ver de terre !
- C’est mieux, dis-je, car ici ce ne serait qu’un amour platonique*
- Et un poisson qui aime un chat ?
Tout le monde convint, que, vivant dans deux milieux différents, l’eau et l’air, leur rencontre serait impossible.
Au fond de la salle, Sandrine faisait la « gueule ». De toute évidence, elle n’appréciait pas que je pusse intéresser ses élèves. Elle me lança un regard chargé d’épines qui se perdit entre elle et moi. Pour me montrer son indifférence, elle me tourna, même, le dos, je pus comme ça jeter un œil furtif sur ses jolies fesses rondes bien moulées dans son jeans.
Je posais une dernière question aux élèves :
- Ecrit-on un poème par plaisir ou par nécessité ?
Certains voulurent répondre immédiatement mais je les arrêtais en disant :
- On en reparlera la semaine prochaine ! Je vais vous réciter mon poème maintenant. Vous me direz ce que vous en pensez.
L’amour à mort…
Il était déprimé. Son amour impossible, Le hantait jour et nuit. Il la voyait si belle, Avec ses joues bien roses Et sa peau satinée. Il regardait de loin, Diaphane et si légère, Sa passion interdite, Mais elle le repoussait. Il voulait être beau, Pour elle, pour lui plaire ; Elle avait peur de lui. Et qu’aurait-il donné, Pour une fois la serrer, Dans ses bras vigoureux ? Ou danser avec elle, Un langoureux tango, Serrés joue contre joue, Jusqu’au petit matin, Mais elle le repoussait. Elle devait le trouver, Bien laid, ce prétendant, Surtout pas de son monde. Résigné, il admit, Qu’un cactus ne pouvait, Aimer à en mourir, Un ballon de baudruche.
|
A suivre…
Notes :
* Platonique : qui reste pur et chaste et où le sexe n'intervient pas.
1. anaflore le 07-04-2014 à 09:12:00 (site)
pas facile de trouver une solution je vais réfléchir....bonne semaine
2. anaflore le 10-04-2014 à 08:00:04 (site)
on pourrait oter les épines avec une pince à épiler c'est une question de patience mais quand on aime on ne compte pas !!!
as tu lu la reine des neiges???
bon jeudi
Cette phrase je me la répétais en boucle dans ma tête pendant que Sandrine se rapprochait de moi, pour être sûr de ne pas me tromper cette fois-ci.
Son regard me frôla un bref instant et elle changea de direction pour m’éviter, pour ne pas me demander de lui rendre ce service qu’elle avait réclamé déjà à trois de mes collègues.
Elle m’en voulait et je crois bien que c’était définitif !
Pour elle je n’étais qu'un ectoplasme* sans intérêt.
Pourtant je n’abdiquais pas et le Mercredi suivant à 13h05 je frappais à la porte de la salle 21, là où se tenait le club de poésie animé par ma bien-aimée.
Il y avait une quinzaine d’élèves assis autour d’un ensemble formé par la juxtaposition de dix tables.
Je pensais, quand même, que pour écrire des poèmes, la solitude et je dirais même une certaine souffrance de l’âme étaient nécessaires. Ici ce n’était qu’un brouhaha joyeux qui n’incitait certainement pas aux envolées lyriques et romantiques.
En me voyant, Sandrine vint vers moi, avec la mine renfrognée d’une mère supérieure dans un couvent de nonnes.
Elle me lança un regard chargé de cent flèches empoisonnées et me dit :
- Vous vous êtes trompé de salle ! Ici c’est le club poésie !
Que je traduisis immédiatement dans ma tête :
- Dégage connard !
Elle me vouvoyait en plus, pour étaler tout son mépris comme de la marmelade d’oranges amères sur une tranche de pain rassis.
Les élèves s’étaient tus et nous regardaient. Ils s’attendaient à assister à une dispute.
Elle en rajouta une couche (de marmelade) :
- Depuis quand les professeurs de physique s’intéressent-ils à la poésie !
Elle voulait me vexer, me blesser, m’achever.
Mais au moins, pour un bref instant, à ses yeux, j’avais perdu ma tunique défraîchie de fantôme.
J’étais debout à l’entrée de la salle et j’avais l’impression que d’énormes rivets en acier trempé traversaient mes pieds pour me souder au sol.
Sandrine me tourna le dos pour m’induire de toute son indifférence et moi, comme par miracle, je retrouvais l’usage de mes jambes. J’allai m’asseoir près d’une table laissée libre du côté de la grande fenêtre, mal isolée, qui laissait passer les humeurs capiteuses des parfums qui s’échappaient des cheminées des usines de la ville de Grasse.
Sandrine frappa dans ses mains pour obtenir le silence et déclara :
- Vous allez maintenant réciter les poèmes que vous avez appris.
Albin, Thierry et Océane passèrent au tableau à tour de rôle pour déclamer des poésies de Verlaine, Hugo et Rimbaud.
C’est à ce moment-là que je compris que Sandrine me préparait un coup vache…
Sans me regarder, bien en face des élèves, elle dit :
- On va maintenant demander à Monsieur N………, le professeur de physique de nous réciter un poème, s’il en connait au moins un, bien sûr !
Je me sentis devenir aussi rouge qu'un Apache timide.
J’étais à deux doigts de perdre la face devant tous les élèves. Il fallait que je trouvasse quelque chose à dire.
- Heu, j’ai bien appris dans ma jeunesse, des poèmes, mais j’ai oublié hélas beaucoup de vers !
Les élèves se mirent à rire.
Sandrine gloussa, satisfaite de sa vengeance.
Je devais reprendre la main, juste pour oublier les fesses si rondes de la prof de français.
- Oublions Hugo, Verlaine, Rimbaud et tous les autres, je vais vous réciter un poème bien meilleur que ceux des poètes que je viens de citer.
Sandrine se figea. Les élèves se cabrèrent.
- C’est un poème que j’ai écrit !
Ce fut soudain la grosse rigolade, une cacophonie que l’on entendit depuis la loge du concierge.
Ils étaient tous, prêts à se rouler par terre, morts de rire, devant l’incongruité*** de mon discours…
A suivre…
Notes :
* Bruno Catalano est un artiste français né en 1960.
Son talent réside dans sa capacité à doter l'insaisissable matériel avec une essence transcendantale. Etant un rêveur romantique, son sujet-cause sculpté prend forme dans le cadre fantastique d'un monde idéal où l'amour, la paix, la beauté et l'harmonie règnent.
**Ectoplasme: individu sans substance ou insignifiant (péjoratif), créature immatérielle.
*** Incongruité: acte ou parole inattendus et choquants.
-
Bon j’imaginais avoir compris pourquoi Sandrine m’ignorait complètement, c’était certainement à cause de mon refus d’aller chez elle, un Samedi, pour l’aider à décoller la vieille tapisserie de son appartement. Je m’en voulais beaucoup, car ma bouche avait dit des phrases absolument contraires à ce que je pensais. Allez savoir pourquoi.
Il est absolument atroce qu’une personne que l’on aime beaucoup nous trouve vraiment antipathique. On se sent aussi mal qu’un arbitre qui entend dans le stade :
- A mort l’arbitre !
Ou bien quand on a un accident le premier jour où l’on circule avec sa voiture neuve.
C’est la tuile !
Je me contentais à cause de tout cela de la regarder, elle, de l’aimer en silence sans espoir de réciprocité. Ce n’était pas complètement négatif car son attitude alimentait mon inspiration poétique qui me permettait de « pondre » régulièrement un poème bio, du genre des œufs de Loué certifiés 100 pour cent bio ou label rouge.
A défaut de caresses, Sandrine devenait ma muse et malaxait mes neurones !
Je lui envoyais des mails anonymes et romantiques auxquels elle répondait en se moquant de moi, sans savoir qui j’étais et qui me vexaient profondément.
Sandrine était jolie et sexy, mais il lui manquait quelques brins de féminité qui font que la femme devient absolument craquante…
Un matin vers huit heures, alors que la ville de Grasse baignait dans une brume parfumée, Sandrine s’affairait devant le panneau en liège destiné à l’affichage des profs. Je la voyais de dos, ce qui était une bonne affaire pour moi. Elle était tout simplement en train de punaiser, sur la surface ligneuse et tendre, une feuille qui devait être une invitation à une randonnée de cinquante kilomètres dans l’arrière-pays niçois. Une pure folie quoi !
Quand elle quitta la salle des profs pour aller prendre ses élèves, moi, curieux comme une anguille-concierge, je me précipitais vers le panneau pour lire ce qu’elle avait écrit :
Pffff, de toute évidence, ce « presque » signifiait que je n’étais pas le bienvenu dans son club de m…e !
Elle avait la rancune tenace !
A cause d’elle, mon cœur semblait se fissurer comme celui d’une brebis promise au sacrifice.
Le lendemain, pour me venger d’elle, je mis un point d’honneur à ne pas reluquer ses fesses. Cela ne la toucha nullement vu qu’elle ignorait mon voyeurisme pédago-fessier.
Au début de la récré de 15h, nous étions quatre professeurs assis autour de la grande table de la salle des profs quand Sandrine entra. Il y avait Philippe, le prof de maths, Jeanne, la prof d’anglais, Basile le prof d’EPS et moi.
Sandrine avait un problème de voiture et elle demanda à Philippe, à Jeanne et à Basile, s’ils pouvaient la raccompagner chez elle à 17h. Les trois professeurs avaient un conseil de classe ce jour-là et furent désolés de ne pas pouvoir répondre favorablement à sa demande.
Il ne restait plus que moi. J’avais baissé la tête pour ne pas la gêner. Elle me jeta un regard furtif qui chiffonna brièvement mon cœur et elle vint vers moi.
J’avais déjà préparé ma réponse et je murmurais cent fois dans ma tête :
- Mais, pas de problème Sandrine, c’est avec plaisir que je te raccompagnerai chez toi à 17h.
Cette fois-ci, il ne fallait surtout pas que je me trompasse de phrase. C’était une question d’honneur, de survie même !
Et pourtant rien ne se passa comme je l’avais souhaité…
A suivre…
3. prof83. le 26-03-2014 à 16:26:17
A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
C'est vrai ça !...
Bonne soirée.
*
Une rue dans le vieux Grasse.
*
Dans ma tête commença à s’agglomérer une vague explication de l’attitude de Sandrine à mon égard.
Pour elle, j’étais un fantôme. Point barre !
L’année dernière elle avait décidé d’acheter un appartement dans le vieux Grasse. C’était sa première acquisition et cela la rendait excitée comme une puce. Le seul problème, c’est qu’il y avait des travaux à faire, surtout au niveau des peintures et des tapisseries murales qui avaient l’âge de leurs moisissures.
Moi je n’aime pas les appartements anciens ! J’ai comme l’impression de cohabiter avec des morts, les anciens occupants successifs qui, au fil du temps, étaient décédés dans ces lieux.
Un matin, à la récré de 10h, Sandrine vint s’asseoir à côté de moi. Mon seul regret, c’était qu’elle ne fût pas parfumée, mais au diable mon nez de chimiste, mon cœur se trouva soudain soumis à une brutale accélération comme celle que subissent les pilotes de formule 1 au démarrage d’une course de grand prix. Mes muscles, tétanisés, avaient la densité de l’ébène, ce bois noir des arbres géants d’Afrique. Je n’osais même pas la regarder dans les yeux et je crois même que je me mis à loucher. Mais que me voulait-elle mon Dieu ? Je regrettais le temps ancien quand mes yeux de voyeur se contentaient de caresser ses fesses, de loin, quand elle avait le dos tourné. Elle paraissait gênée. Son genou droit s’appuyait sur ma cuisse et j’avais l’impression qu’une dague acérée trifouillait dans ma chair. J’étais cloué sur place, sur mon fauteuil, comme un Jésus-Christ pédagogique. Elle était à peine maquillée, plus sportive que féminine, je dirais. Moi, je préférais qu’une femme fût le contraire, mais qu’importe, elle était près de moi, rien qu’à moi, mais pour combien de temps ?
Elle se pencha vers mon visage.
Je devins complètement idiot !
Même mes hormones mâles semblaient perdre de leur superbe, affolées, liquéfiées, désabusées et timides.
Elle murmura une phrase que je ne compris presque pas, comme si elle parlait dans une langue gothique.
- Alain, tu sais que j’ai acheté un appartement dans le vieux Grasse, mais il y a quelques travaux à faire. Ça te dirait de venir Samedi chez moi pour m’aider à décoller la vieille tapisserie ? Je te ferai une pizza !
C’est à ce moment-là que je fus nommé le plus grand taré de la galaxie, le débile profond de l’univers, l’idiot de toutes les constellations de l’hémisphère Nord et de l’hémisphère Sud, le nul parmi les nuls, l’illettré des sentiments, car je lui répondis :
- Je n’aime pas les pizzas !
Elle me regarda, ébahie et se leva sans rien dire. Quand elle me tourna le dos pour aller s’asseoir à la grande table, je n’eus même pas la force de regarder ses fesses.
Je m’en voulais comme une mère qui abandonne son enfant sur la marche froide et humide d’une porte cochère.
J’étais le roi des imbéciles, car en fait j’adore les pizzas, toutes, aux fromages, aux champignons, aux fruits de mer, au jambon, des quatre saisons… Alors pourquoi ai-je répondu : « je n’aime pas les pizzas ! » ? C’est le mystère du siècle, plus difficile à comprendre que la mécanique quantique, que l’origine de l’homme, que les pensées de la femme…
Et depuis ce jour-là, maintenant je sais pourquoi, je suis devenu, aux yeux de Sandrine, un fantôme invisible qui hante le lycée…
A suivre…
1. gabycmb le 21-03-2014 à 10:00:44
Bonjour Prof.
Voilà, maintenant on comprend pourquoi Sandrine est aussi désagréable!
Bonne journée.
3. Traiteur lorrain le 22-03-2014 à 17:15:23
Sur ce coup là votre héros a été, comment dire, une vraie quiche !
Chez moi, pendant la nuit qui suivit, mon lit ressembla à une gondole à Venise. Comment voulez-vous dormir dans ces conditions ?
Pour elle je n’étais qu’un fantôme, une sorte d’ectoplasme gélatineux pratiquement invisible.
J’avais donc son adresse mail et je comptais bien m’en servir ! Comment ? Mais tout simplement en lui envoyant des messages anonymes. J’avais aussi une adresse mail, mais avec mon nom, ce qui la rendait inutilisable pour ce que je voulais faire.
J’en créais une nouvelle : tonregard@yahoo.fr et un soir je me lançais à l’eau aussi courageux qui chat hydrophobe. Je rédigeais ce mail :
Date: ……………………. From: tonregard@yahoo.fr Subject: Bonjour To: sandrine….@hotmail.com
Les passantes de Georges Brassens.
Je veux dédier ce poème, A toutes les femmes qu'on aime, Pendant quelques instants secrets, A celles qu'on connaît à peine, Qu'un destin différent entraîne Et qu'on ne retrouve jamais. ………………………………………………. ………………………………………………. ………………………………………………. ……………………………………………….
Alors, aux soirs de lassitude, Tout en peuplant sa solitude, Des fantômes du souvenir, On pleure les lèvres absentes, De toutes ces belles passantes, Que l'on n'a pas su retenir. |
Rapidement je reçus la réponse suivante :
Sandrine…. <sandrine….@hotmail.com> a écrit :
pfffffffffffffff, ridicule !
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Cela commençait mal !
De toute évidence elle n’appréciait pas Georges Brassens.
Je ne voulais pas qu’elle me reconnût ! J’avais bien envie de tout abandonner, laisser moisir dans ma tête tout l’amour que j’avais pour elle. Un amour tout à fait platonique ! S’en rendait-elle compte au moins ?
Alors pour atténuer ma déception, je pensais à mon véritable amour, à Lola la pute qui devait vivre un enfer dans un bordel de Bamako ou sur les trottoirs de cette ville, la nuit…
J’avais envisagé, il y a quelque temps, un voyage là-bas, dans ce lointain pays d’Afrique pour aller la chercher ou la délivrer plutôt, mais je manquais d’énergie et de courage. Périodiquement pourtant ma volonté semblait grignoter ma couardise qui ne se laissait pas faire et qui regagnait sans peine le terrain perdu.
La journée qui suivit, au lycée, m’enfonça un peu plus profondément dans cette mélasse dans laquelle je semblais naviguer et sans rame en plus. Dans la salle des profs, nous étions tous assis dans les fauteuils, huit en tout et autour de la table centrale, rectangulaire et encombrée de feuilles et de revues diverses. Sandrine, grande sportive, organisait pour le week-end une randonnée du côté de la vallée des merveilles et circulait dans la salle avec une feuille dans la main pour noter le nom de ceux qui désiraient y participer. Elle allait comme ça de prof en prof, gentille et souriante et notait le nom des volontaires. Elle s’adressa à tous, sauf à moi. Elle m’ignora complètement comme si j’étais absent.
Pourquoi ?
Me trouvait-elle à ce point antipathique ou avait-elle deviné que le mail anonyme avait été envoyé par moi ? Peut-être avait-elle perçu mes regards qui la caressaient en silence et elle ne voulait pas me laisser espérer la moindre relation avec elle ?
Je ne voulais plus penser à tout ça et pourtant, vers 16h42, en plein contrôle de chimie avec une 1èreS, je me souvins d’un événement survenu l’année dernière et qui expliquait, peut-être, le comportement de Sandrine…
A suivre…
1. gabycmb le 16-03-2014 à 09:34:40
Bonjour Prof
Bon dimanche à vous aussi tous les lecteurs du blog.
Sacrée Sandrine!
Bonne reprise.
444
Le lendemain matin, comme un clown désenchanté, après un quart de nuit sans dormir à cause du conseil de classe de la veille, j’ouvris mon casier situé sur un mur de la salle des profs. Il était 7h45 et déjà quelques professeurs aux cerveaux périmés, hantaient ce lieu, véritable sas de décompression avant la plongée brutale vers les grands fonds pédagogiques, les salles de classe et peuplés de créatures monstrueuses, les élèves.
Derrière moi, une grande table d’au moins trois mètres de long, autour de laquelle étaient assis Philippe, le prof de maths atteint d’aboulie* chronique, Jeanne la prof d’anglais aux yeux globuleux qui se prétendait presque vierge, Marilyne la prof de philo à demi-divorcée d’Emile, un mari jaloux, professeur de tir à l’arc, qui avait failli nous surprendre un soir dans une position d’acrobatie sexuelle et Sandrine, la prof de lettres modernes, qui avait hérissé mon épiderme à cause du contact de sa cuisse sur la mienne et qui avait affiché à mon égard un mépris indifférent et moqueur. Tous ces enseignants, atteints de logorrhée** professionnelle, remplissaient la salle de leurs phrases et de leurs rires plus que forcés.
Dans mon casier j’aperçus une enveloppe de couleur rouge qui m’inquiéta quelque peu. Je l’ouvris et je sortis une feuille blanche sur laquelle était dessiné grossièrement un cœur rouge lui aussi. Brusquement le silence se fit dans la salle et j’eus l’impression que quatre paires d’yeux étaient posées sur mon dos. Etais-je victime d’une plaisanterie de mauvais goût de la part de mes collègues qui avaient été contaminés par la facétie méchante de leurs élèves ? Je me retournais brutalement pour les surprendre, mais hélas ils avaient tous repris leur activité de bavardage aigu et semblaient m’ignorer complètement.
Alors qui avait eu l’idée de cette blague de mauvais goût ?
Jeanne qui semblait amoureuse de moi ?
Philippe ? Non, pas possible aboulique comme il était !
Marilyne qui aimait bien décortiquer, en bonne philosophe, les émotions de chacun ?
Je penchais plutôt du côté de Sandrine qui était assise à côté de moi lors du conseil de classe de la veille et qui m’avait vu, pendant une heure, dessiner des cœurs avec mon stylo rouge. Elle voulait se moquer de moi de toute évidence.
Je me sentais ridicule, humilié presque, aux yeux de mes collègues. J’allai dans le coin de la salle pour m’asseoir dans mon fauteuil préféré et je dressai des barricades virtuelles (en faisant la « gueule ») pour décourager toute tentative de dialogue avec les autres, les traîtres…
A la récré de 10h, Sandrine m’ignora complètement comme d’habitude et moi je reluquais ses fesses, moulées dans son jeans, quand elle se pencha un peu pour extraire de la machine à café son gobelet de thé fumant parfumé au plastique.
Elle alla s’asseoir pas loin de moi, près de sa copine, la prof d’allemand, pour la convaincre de participer à une marche de dix kilomètres le Dimanche suivant. Quelle horreur ! Je tendais l’oreille pour capter des informations de filles… Finalement elles échangèrent leur adresse mail pour confirmer ou infirmer la sortie. J’avais bien fait de les espionner un peu car je pus graver dans mon cerveau son adresse mail : sandrine….@hotmail.com.
Avec cette information capitale, j’avais de quoi faire…
A suivre…
Notes :
* Aboulie : absence maladive de volonté, incapacité d'agir.
** Logorrhée : flux de paroles. Besoin maladif de parler qu'éprouvent certains sujets en état d'excitation psychique.
1. gabycmb le 13-03-2014 à 08:20:35
Bonjour Prof
Le suspense continue, je ne m'en plains pas!
Bonne journée.
2. prof83 le 13-03-2014 à 13:34:07
A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
Ici ciel bleu et soleil.
Bonne journée.
Un conseil de classe passionnant...
****
Sandrine était donc assise à côté de moi, à ma droite.
Moi, je ne savais plus où je me trouvais. C’était la première fois que j’étais aussi proche d’elle et que même parfois, quand elle bougeait sur sa chaise, sa cuisse entrait en contact avec la mienne. Comment voulez-vous qu’avec ça, mon cerveau ne soit pas comprimé par les mâchoires puissantes d’un étau émotionnel. Je sentais parfois, ou peut-être je le croyais tout simplement, la chaleur de sa jambe qui irradiait ma peau à travers son jeans et mon pantalon. Autant dire que le conseil de classe se déroulait sans moi !
Sandrine m’ignorait totalement ! Je devais être aussi transparent qu’une vitre nettoyée avec « vitro-clean » par une femme de ménage méticuleuse. Elle parlait avec son voisin de droite, le prof d’EPS qui la faisait rire avec ses blagues à deux balles. Le proviseur égrenait les noms des élèves par ordre alphabétique et moi je m’ennuyais près de celle qui faisait bouillir mes neurones. J’aurais tant voulu lui dire une phrase ou même un mot, mais rien ne sortait de ma bouche. J’avais l’apparence d’une personne qui avait été piquée par une horde en furie de mouches tsé-tsé affamée et sanguinaire. J’entendais, comme dans un brouhaha de hall de gare, mes collègues donner leurs avis sur tel ou tel élève. Moi, je n’intervenais pas.
Et puis le silence se fit brutalement dans la salle. Je fus un peu surpris et j’entendis la voix du chef d’établissement qui grondait presque :
- Alors que pensez-vous de cet élève Monsieur N….. ?
Tout le monde me regardait, attendant ma réponse. Je me sentais perdu dans un labyrinthe infernal et paranoïaque.
Je ne pus que dire :
- Heu, de quel élève ?
Et Sandrine éclata de rire. Elle murmura quelque chose dans l’oreille du prof d’EPS qui devint hilare à son tour.
Le proviseur crut bon d’en rajouter une « couche » :
- Monsieur N… a dû synthétiser un gaz soporifique dans son labo de chimie ! Laissons-le dormir !
Et le conseil de classe reprit son cours normal.
Vexé je décidai de ne plus parler dans ce conseil, ce qui ne dérangea personne. Je m’en voulais beaucoup d’avoir donné à Sandrine une telle image de moi, une sorte de larve gluante et repoussante. Jusqu’à 21h je me contentais de faire de petits dessins sur une feuille comme un élève paresseux qui s’ennuie.
Je gribouillais des bombes, des pistolets et des cœurs, des cœurs et encore des cœurs comme un adolescent boutonneux.
A la fin du conseil, Sandrine quitta la salle sans même me jeter un regard, fût-il de mépris.
Le lendemain matin, dans la salle des profs, en ouvrant mon casier, je trouvai une enveloppe dont le contenu me transforma en une statue de sel…
A suivre…
2. gabycmb le 08-03-2014 à 08:24:44
Bonjour Prof.
Oui, moi aussi j'attends la suite avec impatience!
Bonne fin de semaine.
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