posté le 29-09-2016 à 08:18:56

Marina (81).

 

 

Carlos Gardel, mort depuis longtemps, chantait son tango argentin. Aurait-il été content de savoir que j’avais choisi cette mélodie pour tenter de séduire Hortensia ?

Dans la nuit de mon salon, je la tenais serrée contre moi et ma joue, presque contre la sienne, ressentait, par convection, la chaleur de sa peau. Mon nez explorait la palette des parfums qui émanaient d’elle : « L’air du temps » qui provenait certainement de sa nuque, une légère odeur de chypre sur son visage, empreinte de son savon et parfois, quand elle répondait à mes questions, la folle senteur de son haleine verveine, la fragrance de son dentifrice.  

Le tango que je dansais avec elle n’avait rien d’argentin, mais le cœur y était, la magie de l’atmosphère aussi.

De temps en temps je lui disais un mot gentil, à peine murmuré près de son oreille. Elle ne répondait pas, mais par un léger soupir, elle réagissait à sa manière et il me semblait, sans en être vraiment sûr, que son cœur battait un peu plus vite.

Je tentai un baiser léger, presqu’un effleurement, sur sa joue, elle se laissa faire, aussi tranquille que la surface des eaux du lac de Constance.

La nuit, comme une baguette magique, créait un univers sensuel et les mains qui tâtonnaient, les parfums qui embaumaient, arrêtaient le temps ou le dilataient plutôt comme un ballon d’amour qui gonfle au rythme du tango. J’avais programmé mon lecteur de CD pour que la chanson de Carlos Gardel passât en boucle et se répétât inlassablement pour accompagner notre danse  en oubliant le reste du monde.

L’amour entre deux êtres les transforme en ermites, dans une caverne à une époque indéterminée. Ce sont deux solitudes mises en commun et qui ne font pas souffrir.

J’avais envie d’embrasser ses lèvres et de lui dire « je t’aime ». Une folie peut-être ? La folie des mots ou de l’action ?

-     Jeg elsker dig !

J’avais appris cette phrase il y a bien longtemps, quand j’avais rencontré sur une plage de Nice une danoise blonde comme il se doit et qui m’avait traduit « je t’aime » dans sa langue. Que reste-t-il d’elle ? Seulement le souvenir de sa peau salée par l’eau de mer qui s’évaporait presqu’immédiatement sous les chauds rayons du soleil.

Hortensia se cabra un petit peu, devint gauche dans le mouvement du tango argentin.

- Ca veut dire quoi ?

Il fallait que je me jetasse maintenant à l’eau, que je fusse aussi courageux qu’un capitaine qui abandonne son navire brisé par la tempête.

Je soufflais, plus que je ne parlais dans son oreille :

- Je t’aime !

Elle tourna un peu la tête, comme étonnée d’une pareille infamie et par un hasard peut-être prémédité, il advint que mes lèvres rencontrassent les siennes.

Le choc !

La tétanisation !

L’électrocution !

Et je devins ainsi le ravi de la crèche !...

 

                                                                                                                A suivre... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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1. Mr-He  le 29-09-2016 à 15:50:43  (site)

Bonjour Alain
merci de m'avoir prévenu, une fort jolie histoire d'amour, donc a suivre..

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posté le 20-09-2016 à 10:48:42

Marina (80).

 

Je ne la voyais pas.

Je tâtais à tâtons,

Les trésors d’Hortensia,

Mes mains sur ses tétons.

 

Dans l’obscurité totale du salon, Hortensia m’attendait, assise sur le divan. Je devais la rejoindre à l’aveuglette sans rien casser. Seul, mon nez exercé de chimiste devait me mener vers mon "amoureuse" en suivant la veine immatérielle de son parfum, « l’air du temps », qui me reliait à elle. Caractériellement poète, mon cerveau, soulé par ses senteurs, commença à broder un poème de circonstance :

Je ne la voyais pas.

Tâtons, tâtons, tâtons,

Les trésors d’Hortensia,

Ses seins et son chaton ! 

Même, si pour l’instant, mon poème et ses variantes, devaient rester entortillés par mes neurones, je me sentais obligé d’éviter toute vulgarité qui, parfois, sans en être vraiment conscient, surgissait brusquement comme un patineur unijambiste sur une planche savonneuse.

J’avançais donc, lentement, les bras tendus à l’oblique, somnambule aveugle à l’odorat développé.

Comme toujours, l’approche du plaisir ralentissait, de plus en plus ma progression, comme si son attente devenait elle-même un ravissement purement mental.  Dernier écueil, la table basse en verre située juste devant le divan et que je devais contourner vers la gauche pour éviter la chute. L’intensité des effluves de « l’air du temps » qui augmentait de plus en plus, me fit comprendre que je pénétrais enfin dans la sphère fleurée d’Hortensia. Mon but était atteint, je m’assis à côté d’elle. Je tendis mes mains vers ce corps que je devinais si proche et je sentis comme une chaleur animale qui irradiait mes paumes.

Elle attendait sans rien dire. Moi, en macho dégénéré, je me voulais romantique et donc je posais mes mains sur ses seins, juste pour deviner leur forme, en sculpteur de la chair.

Hélas pour elle, je n’étais pas comme les autres !

Je me détachais d’Hortensia et, avec mon pied, je poussais la table sur le côté pour faire plus de place. Je pris sa main dans la mienne et je la forçais à se lever tout en lui disant :

- Et si nous dansions un tango dans ma nuit?

Elle réagit avec douceur :

- Un tango ? Quelle idée étrange ! Mais c’est si vieux !

- On peut toujours essayer ? Je te guiderai !

J’avais bien prémédité mon coup : avant son arrivée j’avais placé un disque de Carlos Gardel* dans mon lecteur de CD, programmé la chanson « Adios Muchachos »  et disposé la télécommande à portée de main. J’appuyai sur « PLAY » pour lancer la lecture.

 

                                                    

  

 Cliquez sur la flèche pour écouter la chanson.

 

En la prenant dans mes bras, j’eus une furieuse envie de l’embrasser sur la bouche…

 

A suivre

 

Notes :

 

* Carlos Gardel est un chanteur compositeur de tango, né, à Toulouse en France le 11 décembre 1890 et naturalisé argentin. Il meurt le 24 juin 1935 dans un accident d'avion près de Medellin en Colombie.

La qualité de sa voix et sa mort prématurée vont être les éléments déterminants qui feront de lui un mythe populaire.

Carlos Gardel incarne désormais, et de façon indiscutable, le tango.

Sa voix a su charmer tous les publics, bien au-delà des barrières linguistiques. Son charme et sa prestance ont fasciné les femmes. Son attitude fraternelle a attiré les hommes du monde entier, qui ont pris du plaisir à écouter sa voix unique et éternelle gravée sur les sillons des disques de vinyle.

Carlos Gardel restera à jamais dans le cœur des Argentins le plus grand mythe de Buenos Aires.

 
 
 

 
 
 
 
 
 
 


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1. Mr-He  le 21-09-2016 à 03:19:11  (site)

Bonjour Alain
compliment pour la photo du jour.
je découvre ton autre blog, hi hi et ton prénom...lol
bonne journée l'ami
René de Chine

2. anaflore  le 21-09-2016 à 09:00:30  (site)

bravo pour la photo du jour

3. Mr-He  le 22-09-2016 à 02:14:36  (site)

Bonjour Alain
moi aussi 4 blog
Mr-he3
Mr-he4
Bonne journée
Avec amitiés bises
René de Chine

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posté le 11-09-2016 à 09:44:51

Marina (79).

 

 

Hortensia perdit, comme par miracle, son incompréhensible agressivité  contre moi. Elle s’assit sur le canapé, juste en face de la table basse en verre où était posé l’album de ses dix photos. Son regard avait l’acuité de celui d’un aigle qui plonge vers sa proie.

- Si tu veux, on regarde les photos ensemble ! me dit-elle.

Je n’en avais pas trop envie, préférant les admirer lorsque j’étais seul, la nuit pendant mon insomnie chronique.

Je contemplais ses yeux bleus ; ils avaient la profondeur de la fosse des Mariannes(1). Je désirais leur parler moi, leur dire combien ils me troublaient. Je lui rappelais sa promesse de me montrer ses seins, elle me répondit :

- Je n’ai pas oublié !

Pour cela, elle devait retirer sa robe et sans pudeur, elle me demanda de l’aider à ouvrir la fermeture-éclair  qui se trouvait dans son dos. Je ne sais pas pourquoi, mais chaque fois qu’elle accélérait, moi je freinais. Je lui en fis la remarque, elle répliqua :

- Tu dois être un peu caractériel !

- C’est ce que me fit savoir Sonata avant de disparaître dans la forêt amazonienne enlevée par les indiens Jivaros! lui répondis-je.

Et j’ajoutais :

- Elle m’a même qualifié de rustre !

Hortensia se mit à rire :

- Caractériel comme tous les poètes, ça c’est sûr, et c’est ce qui fait ton charme, mais certainement pas rustre ! Elle n’a pas pris la peine de réfléchir sur ton comportement avec elle !

Bien que disparue à jamais, l’ombre de Sonata, planait encore un peu dans ma tête.

Je fis glisser, vers le bas, le zip de la robe d’Hortensia. Ma main tremblait un peu, j’avais honte, à mon âge, d’être aussi émotif. Elle abaissa le haut de son vêtement, ce qui  fit une bouée de tissu autour de sa taille.

- Défais mon soutien-gorge ! me dit-elle avec une voix assez autoritaire.

Je freinais aussi fort que possible comme si j’étais en face d’un danger imminent. La voir en petite tenue, malaxait mon âme et faisait grelotter mes neurones. J’essayais de retarder le moment où j’allais pouvoir admirer ses seins.

- Et si j’éteignais la lumière ? murmurais-je, peu convaincu du succès de ma proposition.

Hortensia hésita un instant et cela dut la conforter dans sa croyance en mon comportement caractériel. Contre toute attente, elle répliqua :

- C’est une bonne idée finalement ! On va jouer !

Je lui proposais de m’éloigner d’elle et, dans le noir absolu du salon, de la rejoindre sur le canapé.

- Ca va être dur de me retrouver ! me dit-elle, excitée comme une puce.

- Ne t’inquiète pas, ton parfum me guidera !

Dans mon cerveau, l’aire olfactive devait être particulièrement développée.

Pendant quelques instants, « L’air du temps » de Nina Ricci, fut mon chien d’aveugle qui me conduisit vers elle…

 

A suivre

 

Notes :

 

1-La fosse des Mariannes est la fosse océanique la plus profonde actuellement connue et est l'endroit le plus profond de la croûte terrestre. Elle est située dans la partie nord-ouest de l'océan Pacifique, à l'est des Îles Mariannes, à proximité de l'île de Guam. Le point le plus bas connu se situe selon les relevés à 10 994 mètres de profondeur.

 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 
 


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1. Bellatrix  le 11-09-2016 à 13:53:14  (site)

Bonjour,

Merci..j'ai appris quelque chose: l'existence de la fosse des Mariannes.

Je ne savais pas non plus, qu'on pouvait assimiler l'enlèvement d'un soutien-gorge, au supplice de Tantale.

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posté le 28-08-2016 à 11:15:10

Marina (78).

 

 

Hortensia...

  

Le lendemain, toute la journée, j’ai pensé à Hortensia et j’avoue que je ne désirais pas la voir. Comment faire pour éviter de la rencontrer ? Lui téléphoner et lui dire que j’avais un empêchement majeur ce soir ? Je n’avais pas vraiment le courage de l’appeler et en plus je devais trouver un motif vraiment valable. Dans mon cerveau,   mes neurones pataugeaient dans une purée tiédasse, incapables de s’envoyer des textos pour élaborer une stratégie. J’optais alors pour un mot collé sur ma porte, du genre :

   

 

Vers dix heures, je le fixais, avec du scotch translucide jaune paille, à hauteur d’homme. Je n’avais pas cours ce jour-là et donc je me barricadais dans mon appartement en essayant de faire le moins de bruit possible. Mon portable sonna plusieurs fois dans la journée, je ne répondis pas.

A vingt-et-une heures précises,  Hortensia tambourina à ma porte comme des SS sadiques de la seconde guerre mondiale. Un instant je me mis dans la peau de ces pauvres juifs qui n’avaient fait de mal à personne et dont l’avenir leur promettait des horreurs abominables.

Je finis par ouvrir, je n’avais pas envie de perturber l’immeuble. Hortensia entra comme une furie en me bousculant. Elle laissa sur son passage des bribes de son parfum, « L’air du temps* » de Nina Ricci, qui enchantèrent mon nez de chimiste plutôt habitué aux vapeurs nocives d’acide chlorhydrique. Elle avait décollé mon message et me l’agita sous le nez en criant :

- Alors tu te fous de moi ?

Elle avait un peu raison quand même. Que répondre à cette brutale question ? Je bredouillais dans une langue étrangère que je venais de créer, une onomatopée intersidérale :

- Heuuurrrggg…

Cela me donnait le temps de réfléchir à une excuse valable.

- Je suis revenu plus tôt que prévu ! L’affaire a été vite réglée !

- Quelle affaire ? maugréa-t-elle, teigneuse comme une tique affamée.

Je n’arrivais pas à m’en sortir.

- C’est mon voisin qui a fait un malaise grave, j’ai dû le conduire à l’hôpital !

- Quel voisin ? répliqua-t-elle avec colère.

Hortensia était jolie comme un cœur dans sa robe toute blanche. Je le lui dis. Elle se ramollit !...

 

A suivre

 

Notes :

 

* L’air du temps :

 Après la seconde guerre mondiale et les privations, les femmes aspirent à une féminité empreinte d'insouciance et de légèreté. Le fils de la créatrice Nina Ricci, Robert, entend ces revendications et y répond en 1948 par la création d'un parfum devenu aujourd'hui mythique : l'Air du Temps.

Il est le premier à imaginer une fragrance pure et fraîche dédiée aux jeunes femmes, en rupture totale avec les senteurs lourdes et capiteuses de l'époque.

Le parfum est composé d'un bouquet d'une trentaine d'ingrédients, avec un accord de bergamote, œillet et rose épicée en note de tête. Francis Fabron utilise pour la première fois dans l'histoire de la parfumerie le salicylate de benzyle. Ce parfum de synthèse à l'odeur légère et fleurie met en valeur la note d'œillet et le bouquet floral, rehaussé par le jasmin et la rose.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 


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posté le 06-07-2016 à 18:22:45

En pause...

 

 
En pause estivale...
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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