posté le 06-11-2012 à 09:54:46

Grasse (7).

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Et Mademoiselle Belœil revint dans le salon, légèrement maquillée et parfumée avec « L’air du temps » de Nina Ricci, je crois bien. Elle me lança un regard que je pourrais qualifier de langoureux. Moi, j’en avais pris mon parti, prêt à « passer à la casserole ». Il y a des expressions un peu triviales, mais qui sont si explicites… Je supputais la durée de la « gâterie », deux minutes ? cinq minutes ? Mais j’étais légèrement inquiet, je ne voulais pas être ridicule quand même. En ce moment-là, pour solidifier une quenelle rabougrie et la transformer en saucisson sec "Le Bâton de Berger" de Julien Bridou, j’en étais arrivé à penser à Fernande ou à Félicie ou à Léonore. Malheureusement, je ne pensais qu’à Lulu ! (Rappelez-vous la chanson de Georges Brassens).  Mademoiselle Belœil revint en portant un plateau de petits gâteaux et en s’asseyant à côté de moi, elle me dit « voilà, je vous apporte les gâteries » ! La tension, qui n’existait que dans ma tête, retomba d’un seul coup. J’étais soulagé de « l’inculture érotique » de  Mademoiselle Belœil. Et je pensais, j’étais un prof après-tout, que je devais lui expliquer certaines choses. Elle était contente d’elle ; c’est vrai que les petits gâteaux avaient l’air appétissants, plus que ses lèvres recouvertes d’un rouge un peu trop vif. J’avais l’impression qu’elle voulait ressembler à Lola, la meuf de Paulo.

  Mademoiselle Belœil roucoulait de plaisir en me voyant manger, avec appétit, ses gâteaux. Elle se pencha vers moi et me murmura « vous pourrez dire maintenant à tous les habitants de l’immeuble, que je suis la championne des gâteries ». Je ne ris pas, parce que j’avais la bouche pleine…

En sortant de chez elle, je pris l’ascenseur, dans lequel il y avait Monsieur Coqualo, surnommé la fouine, qui me dit « Mademoiselle Belœil, vous a raconté pour Monsieur Laderovitch ?»  Sans me mouiller je fis « heueeuuu… » Il me regarda comme on examine une radio des poumons et me souffla dans l’oreille:

- Il faudrait que l’on parle de ça dans un endroit tranquille ! 

Non, non et non, Monsieur Coqualo, n’allait pas lui aussi m’inviter à venir boire un thé chez lui ! En le regardant plus attentivement, je vis, que de son pull noir à raz-de-coup, sortait le col de sa chemise. Une chemise rose… !

A suivre

Pour écouter "Fernande".
 


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posté le 03-11-2012 à 08:06:35

Grasse (6).

 

Mademoiselle Belœil continua sa diatribe contre le pauvre Monsieur Laderovitch. Elle me regarda avec un œil qui m’effraya un peu et me dit : « mais ça va être trop long à raconter et ici on risque de nous entendre. Vous voulez bien venir boire un thé chez moi ? »

Je pensais que ça allait être une mauvaise journée, que si j’étais sorti deux minutes plus tard, je n’aurais pas rencontré cette vieille fille un peu hystérique. Alors je préparais ma phrase pour lui dire que je n’avais pas le temps, que j’avais une réunion de parents d’élèves et prenant mon courage à deux mains, je murmurais : « mais avec plaisir, mademoiselle ! » Que voulez-vous, je ne sais rien refuser aux jolies femmes, ni aux laides d’ailleurs, la preuve…

Je la regardais un peu plus attentivement, elle était aussi plate que la planche à repasser de ma grand-mère et…

Fantasme : « ah, si elle avait les seins de Lolo Ferrari (1)… »

Elle me fit entrer dans son salon où il y avait un canapé et deux fauteuils. Elle me pria de m’asseoir et je me précipitai vers un fauteuil. « Non, non, sur le canapé plutôt, c’est plus confortable » dit-elle. Avait-elle une idée derrière la tête ?

 Elle se planta devant moi et commença à me raconter que Monsieur Coqualo, un copropriétaire, lui avait dit, qu’un jour, il avait vu sortir précipitamment de l’immeuble la «  créature », tandis que Monsieur Laderovitch, lui, sortait du local à poubelles en refermant sa braguette. Un peu gênée, elle continua : «  et il a dit aussi, que cette créature, avait dû lui faire une petite gâterie, en échange du code d’entrée de l’immeuble ». Je me sentais mal l’aise en entendant ce discours et j’avais l’impression que le sol bougeait sous mes pieds... Mademoiselle Belœil était de plus en plus excitée, elle parlait vite et elle me dit dans un souffle : « attendez-moi, je reviens. Vous allez voir que moi-aussi, je sais faire des gâteries ! »

J’étais fichu, perdu, pareil à un prisonnier des « Farc » de Colombie. Je voulais fuir comme un lâche, sans rien dire. Mais mon aboulie (2) me paralysa et je me dis que finalement ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Seulement une petite inquiétude naquit dans mon cerveau perturbé ; en moi, à un endroit que la décence m’interdit de nommer, c’était de l’argile molle et non du béton armé. Mais peut-être, qu’en pensant aux fesses de la meuf de Paulo…

Elle revint et me dit : « voilà, je vais m’occuper de vous » !...

 

 

 

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(1) : Lolo Ferrari.

 

Née le 9 février 1961 à Clermont-Ferrand et morte le 5 mars 2000 à Grasse, Lolo Ferrari était une chanteuse et actrice de films pornographiques , au tour de poitrine pharaonique de 180 G.

 (2) :  aboulie.

L'aboulie correspond à une défaillance partielle ou complète de la volonté, dont la traduction est l'impossibilité ou bien la difficulté de prendre des décisions. Ceci s'accompagne d'une lenteur des gestes en général. Pour prendre les décisions, l'individu atteint d'aboulie nécessite un effort très important.

                               A suivre

 


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posté le 30-10-2012 à 08:04:28

Grasse (5).

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Je ressemble à l'un d'entre-eux...
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J’avais pris l’habitude d’aller contempler ses fesses, non par voyeurisme, mais par pur esthétisme… Elles étaient jolies, ses fesses, bien rondes, bien dures apparemment. Presque chaque jour, à des heures régulières, au moment de la promenade des détenus dans la cour de la prison, elle se penchait au-dessus de la rambarde, clamait son amour éternel à Paulo, qui la regardait comme un morceau de viande dans le filet. Elle lui jetait parfois des paquets de cigarettes. Paulo était heureux et repartait dans sa cellule, les yeux écarquillés et le cerveau vite saturé par les images qu’il avait pues enregistrer à la sauvette.

Le seul bémol dans cette affaire, c’est que les habitants de l’immeuble commençaient à se plaindre et le président du conseil syndical dut organiser, de toute urgence, une assemblée générale exceptionnelle pour essayer de trouver une solution à ce problème. Prétextant un conseil de classe, je me gardais bien, comme d’habitude, d’y d’assister. La porte d’entrée de l’immeuble était pourtant toujours fermée et il fallait composer un code pour entrer. Et apparemment, la meuf de Paulo connaissait ce code. Un habitant de l’immeuble avait dû le lui donner. Mais qui ? Je vous jure que ce n’est pas moi !

Chaque copropriétaire menait son enquête et l’atmosphère devenait pesante. Tout le monde soupçonnait tout le monde et finalement, on trouva le coupable. J’appris son nom le surlendemain, lorsque, malencontreusement, je pris l’ascenseur avec Mademoiselle Belœil, une vieille fille, excitée comme Jeanne d’Arc, la pucelle d’Orléans.

Elle me dit, sans me regarder : « ça y est, on sait qui a donné le code d’entrée à cette créature » ! Elle attendit ma réaction qui ne vint pas. Je pensais « créature, créature et toi tu as vu ta tête  » ?

Elle patienta quelques secondes, le temps que l’ascenseur arrive au rez-de-chaussée. Et sûre de son effet, elle clama comme une comédienne qui jouait Horace : « c’est Monsieur Laderovitch, le coupable » !

Pauvre Monsieur Laderovitch, c’était un comptable à la retraite, qui n’avait plus sa tête et qui était très mal vu dans l’immeuble. J’essayais de le défendre et je lui dis : « mais on a des preuves au moins » ?

Et là, Mademoiselle  Belœil, devint plus rouge que La Cicciolina* en pleine action.

« Des preuves ? Ah ça oui » !

 * Actrice porno italienne des années 80.

 

A suivre

 

 


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posté le 26-10-2012 à 08:38:44

Grasse (4).

Jean-Paul Sartre.

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A 14h j’avais une 1ère S, avec des élèves qui faisaient semblant d’être sérieux. Une bande de lécheurs pas possible. C’était la belle époque : pas de portables, pas de lecteurs mp3. Le diable n’avait pas encore fait son apparition dans les établissements. Ce jour-là, mon cours portait sur « le centre d’inertie d’un solide », c’était de la physique et je me surpris à penser de temps en temps à son physique à elle… 

A la récré, la prof de philo me mit le grappin dessus et m’entraîna vers les fauteuils bleu-pétrole de la salle des profs. On avait l’habitude de parler ensemble. Elle était brillante, avait un QI démesuré, agrégée de philosophie et divorcée. J’aimais bien la taquiner. Elle restait dans la norme des penseurs historiques et moi j’essayais de détruire toutes leurs théories. J’étais libre et pas inféodé à un carcan imposé par la dictature des idées reçues.

« Tu fais quoi à 17h ? » me dit-elle à la sonnerie de la fin de récré. Moi, comme un débile profond atteint de méningite aiguë, à qui on explique les bases de la mécanique quantique, je répondis « heuuu… ». Elle me regarda sans étonnement, car elle me connaissait bien et elle ajouta avec un demi-sourire : « si tu veux on pourrait aller boire un verre à la fin des cours ». Elle était très intelligente cette prof-là, mais moi, je n’avais qu’une idée en tête, qu’une obsession : aller admirer les fesses de la meuf de Paulo, penchée sur la rambarde de ma coursive…

A suivre...    

 


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posté le 22-10-2012 à 10:25:44

Grasse (3).

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Et plusieurs fois elle répéta :

-     Paulo, je t’aime Paulo.

Je courus dans la cuisine pour aller regarder par la fenêtre qui donnait dans la coursive. Ce que je vis alors m’embarrassa : une jeune femme en micro-jupe, au ras des fesses, penchée sur la rambarde. Elle ne portait pas de culotte ou peut-être seulement un string-ficelle qui avait rétréci au lavage. Mon Dieu, qu’elle était vulgaire cette fille, une vraie demi-pute. Mais comme elle était sexy ! Elle communiquait avec Paulo, son mec, un taulard peu bavard, dont le cerveau était resté au stade embryonnaire et qui avait un QI incertain. Un QI non mesurable avaient dit les psychologues. Paulo ne disait rien. Il se contentait de regarder l’entrecuisse de sa meuf*. Ses yeux, comme une caméra, enregistraient des images dans son petit cerveau. Des images qu’il se repassera, le soir dans les toilettes, quand il sera seul…Ah, ces femmes, quelle merveilleuse invention du diable. On ne dira jamais assez la fonction hautement sociale des femmes dans les prisons. Je sus plus tard qu’elle se prénommait Lola. Mais mon problème à moi, mon angoisse, c’était que mon cours, au lycée, commençait à quatorze heures. Je devais passer derrière elle et traverser la coursive. Quelle attitude adopter ? Lui dire bonjour ? L’ignorer ? Heureusement qu’elle était pressée. Elle lança un paquet de cigarettes à Paulo et fila comme une taupe, pressée certainement d’aller tapiner…

*Un mot qui n’existait pas à mon époque…

                                                                              A suivre   

 

      

 


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1. annielamarmotte  le 22-10-2012 à 11:19:22  (site)

à suivre!!!

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