-----J’étais arrivé, tant bien que mal, à éviter tout contact avec mes voisins en élaborant une stratégie digne du général Marc Antoine(1). Mais il y avait un autre lieu autrement plus dangereux que l’immeuble : c’était le supermarché. Un lieu obligé comme on dit. J’y allais deux fois par semaine, vu que j’aime les produits frais et que je n’avais pas de congélateur. Dans cet endroit aussi périlleux que le Bronx(2) à minuit, rempli de personnes bizarres qui vous regardent de travers, où le danger pouvait survenir à chaque coin de rayon, je voulais me rendre méconnaissable en revêtant une tenue de camouflage : feutre, lunettes de soleil, long manteau presque kaki, un véritable retraité du Viêt-Nam. Mon caddie, c’était mon char d’assaut, je fonçais dans la foule des clients sans regarder, saisissant au passage les articles dont j’avais besoin. Pour aller vite, je ne regardais pas sur les étiquettes, l’origine des produits que j’achetais. Je triais en arrivant chez moi et c’était un vrai massacre :
- les avocats du Mexique, à la poubelle,
- les bananes de Côte d’Ivoire, à la poubelle,
- les escargots de Bourgogne de Roumanie, à la poubelle,
- les tomates de Belgique, à la poubelle,
- le thon à l’huile d’olive de Sumatra, à la poubelle.
Mais bon sang, il n’y avait rien de français dans mes achats ? Si, peut-être, cette brosse à dents qui paraissait sympathique. Pas pour longtemps ! Elle fit un saut périlleux dans la poubelle, quand je vis avec une loupe cette inscription qui me brisa le moral : made in India. Que des produits exotiques ne soient pas français, ça je l’admets, mais que des tomates soient importées de Belgique, alors qu’en Provence (France) il y en a de si belles, ça c’est inadmissible !
Finalement, la soirée de Monsieur Coqualo me coûtait bien cher.
Monsieur Coqualo, je l’avais oublié celui-là, quand je le vis de loin dans le rayon parapharmacie. « Damned(3) ! » me dis-je en tournant les talons avec la furieuse envie de me défaire de mon caddie n’importe où, comme la miséreuse qui abandonnait son bébé dans un couffin devant la porte d’une église au XIX ème siècle.
Ouf, j’avais terminé d’acheter l’essentiel et j’étais devant la caisse où il me semblait que la queue était la moins longue. Je me faisais des illusions car :
- la caissière était atteinte de logorrhée(4) chronique : elle discutait avec sa copine de la caisse voisine,
- un vieux monsieur avait oublié le code de sa carte bancaire,
- une dame avait omis de peser ses légumes sur la balance automatique etc…
La routine, quoi !
Et mon tour arriva ; j’étais presque sauvé, j’étais sur la chaloupe qui s’éloignait du bateau qui sombrait, quand une main s’abattit sur mon épaule gauche. C’était la main du diable. C’était la main de Monsieur Coqualo !
Il était derrière moi !...Il était content de me voir, pas moi !
« Ah comme on se retrouve ! » dit-il avec une voix forte. « Vous vous êtes esquivé l’autre lundi lors de la soirée de mon coming-out(5) ! » Il avait un air plus vicieux que malicieux. Il se racla la gorge et ajouta : « Et vous avez disparu dans les toilettes en même temps que Pipo ! » J’étais devenu plus vert que les concombres du Chili acheté par le client précédent.
Les gens commençaient à nous regarder ; j’avais honte ! Parmi eux, il pouvait y avoir des parents d’élèves qui me connaissaient.
Je voulus répliquer : « Mais vous faites erreur, Monsieur Coqualo… ! » Il me coupa la parole : « Taratata, je sais tout ! Mais je serai muet comme une bonbonnière(6) ! » A ce moment-là je ressemblais à de la morue décongelée depuis quarante-huit heures. Il ne me restait plus qu’à aller à Cannes pour me noyer dans le port. (Grasse n’est pas au bord de la mer)…
A suivre…
Notes :
1:Marc ANTOINE (83 av JC-30 av JC).
Général, Homme politique et Militaire (Romain)
Entre -58 et -56, il servit comme officier de cavalerie durant les campagnes romaines en Palestine et en Égypte et, de -54 à -50, en Gaule sous Jules César qui se l’attache comme questeur en -53. Il est ensuite, toujours avec l’appui de César, augure et tribun de la plèbe. Marc Antoine, toujours prêt à prendre de téméraires résolutions, n’est sans doute pas totalement étranger à la décision de César de franchir le Rubicon. Il fut nommé commandant en chef de César en Italie et élimina les partisans de Pompée à Pharsale en -48 (il contrôlait l’aile droite de l’armée). Maître de cavalerie, premier lieutenant de César, il se comporte à Rome comme un véritable dictateur en second.
2 : Le Bronx est l'un des cinq arrondissements de la ville de New York aux États-Unis (avec Manhattan, Brooklyn, Queens et Staten Island). En 2010, sa population était de 1 400 761 habitants. Son nom provient de Jonas Bronck, un émigrant suédois qui fut le premier à coloniser cette zone.
Le Bronx est mondialement connu pour être l'un des coins les plus dangereux de New-York du fait de la violence des gangs et des trafics. Le Bronx est également connu pour être le berceau de la culture hip-hop.
3 : je suis maudit.
4 : logorrhée : trouble du langage caractérisé par un abondant flot de paroles débitées rapidement sur de longues périodes.
La logorrhée est un signe particulièrement caractéristique d'un trouble psychiatrique, la manie, ou accès maniaque. Le malade saute d'une idée à une autre, multiplie les jeux de mots. Son attention s'éparpille au gré des sollicitations extérieures, rendant impossibles réflexion et synthèse. Des éléments délirants peuvent être associés.
5 : voir Grasse (11). http://prof83.vefblog.net/Grasse_11
6 : muet comme une tombe.
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Bien enfermé chez moi, je me sentais en sécurité. Lola se faisait de plus en plus rare à cause des cerbères qui montaient la garde près de la porte de la coursive. Je crois que le pauvre Paulo avait attrapé un torticolis à force de regarder en l’air pour rien. Paulo n’était pas un tendre ; Monsieur Coqualo m’avait dit un jour avec l’air comploteur des gens qui croient tout savoir : « il en a pris pour quinze ans ! » Mais qu’avait-il donc fait pour ça ? C’était un mystère.
Pourtant, un jour, aussi morne que Waterloo(1) à l’époque de Napoléon, vers 7h30, quand je sortais de chez moi pour aller au lycée, j’aperçus avec délice les fesses de Lola qui était penchée par-dessus la rambarde. Il n’y avait personne dans la cour de la prison, mais elle y lançait quand même un paquet de cigarettes. Les cuisses de Lola, c’étaient autre chose que les bras poilus de Monsieur Coqualo ! Mon cœur s’affola : dans mes veines, circulait de la caféine à haute dose. Je m’attardais, pour fermer ma porte ; mon tronc effectuait une torsion de quatre-vingt-dix degrés, pour que mes yeux puissent profiter du spectacle…
Arrivé au milieu de la coursive, j’entendis, derrière mon dos : « Monsieur, Monsieur, s’il vous plait… » C’était Lola qui me hélait. Moi, à ce moment-là, j’étais roi de Suède, prince des bienheureux, angelot à clochettes… Je n’étais plus qu’un bloc d’adrénaline ! « Oui ? » dis-je avec l’air détaché d’un condamné à mort. Elle venait vers moi ; elle était un mirage matinal dans un lieu froid et humide. Elle me demanda : « Vous pouvez m’aider ? Heu, j’ai envie de faire pipi ! » Elle voulait utiliser les toilettes de mon appartement ! Que répondre à cette demande saugrenue ? J’aurais bien aimé être une carpe à ce moment-là ou du moins avoir la verve d’une carpe muette…Je répondis comme d’habitude « euh…. », ce qui ne m’engagea à rien. Que faire ? C’est alors que,
Du bout de la coursive accourut avec furie
Le plus terrible des copropriétaires
Que l’immeuble eût portés jusque-là dans ses étages.(2)
C’était Monsieur Gédebras qui arrivait en courant malgré son infirmité ; je vous rappelle qu’il était manchot.
Il apostropha Lola, la pauvre, qui ne savait plus où se mettre : « Mais que venez-vous faire ici ? Allez ouste, ouste ! » C’était bref mais parlant. Je pense qu’il aurait agi autrement en présence de Paulo. Puis se tournant vers moi, il me dit : « Mais monsieur, il ne faut pas vous laisser faire comme ça ! »
Fantasme : Et si moi je voulais me laisser faire par elle !
Monsieur Gédebras agitait son unique bras avec colère, il continua : « Mais vous ne voyez pas qu’elle vous fait son cinéma ? »
Fantasme : Et moi, si je voulais tourner un film porno avec elle ?
Lola fila à l’anglaise, en remuant des hanches, sous le regard courroucé de mon voisin.
Encore un empêcheur de tourner en rond celui-là… !
A suivre…
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Notes :
1 :"Waterloo, morne plaine..."
18 juin 1815 : Les troupes britanniques de Wellington et les troupes prussiennes de Blücher remportent une victoire décisive sur l'armée de Napoléon Ier à Waterloo au sud de Bruxelles. L'Empereur fatigué multiplie les erreurs tactiques. Cette défaite provoquera la chute de l'Empire napoléonien. Louis XVIII, qui avait fui Paris lors du retour de Napoléon de l'île d'Elbe, reprendra le trône.
L'expiation.
…Stupéfait du désastre et ne sachant que croire,
L'empereur se tourna vers Dieu ; l'homme de gloire
Trembla ; Napoléon comprit qu'il expiait
Quelque chose peut-être, et, livide, inquiet,
Devant ses légions sur la neige semées :
« Est-ce le châtiment, dit-il. Dieu des armées ? »
Alors il s'entendit appeler par son nom
Et quelqu'un qui parlait dans l'ombre lui dit : Non.
Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne
plaine !
Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,
Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,
La pâle mort mêlait les sombres bataillons…
Victor HUGO (1802-1885)
(Recueil : Les châtiments)
(2)…
Du bout de l'horizon accourt avec furie
Le plus terrible des enfants
Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.
Le Chêne et le Roseau.
Jean de LA FONTAINE (1621-1695)
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Après cette mémorable soirée, la vie devint intenable, pour moi, dans cet immeuble.
Je ne voulais plus voir personne et surtout pas Monsieur et Madame Coqualo, Monsieur Laderovitch et Mademoiselle Belœil. Un point positif cependant, j’étais sûr de ne jamais rencontrer Paulo, le taulard. Déjà, je pris la décision de ne plus utiliser l’ascenseur, lieu dangereux où l’on pouvait faire de très mauvaises rencontres. Alors, sous le prétexte de pratiquer de la gymnastique, très bonne pour le cœur comme nous le serinent les médias à longueur de journée, je descendais par les escaliers. J’évitais ainsi les guets-apens de tous genres. Mais il y avait d’autres lieux dangereux dans cet immeuble : le hall d’entrée avec les boîtes à lettres et le local à poubelles. Au moins une fois par jour, j’étais bien obligé de fréquenter ces endroits pires que les rues de Kaboul à la tombée de la nuit. Je mis donc au point une stratégie qui était fondée sur les habitudes des habitants de l’immeuble. Je savais que Madame Coqualo allait chercher le courrier vers dix heures, que son époux descendait les poubelles vers treize heures et que Mademoiselle Belœil allait promener son chien en début de matinée et juste après le repas de midi. Alors, je m’arrangeais pour prendre mon courrier et descendre les poubelles à minuit environ. Il ne restait plus que le cas de Monsieur Laderovitch, qui, atteint de la maladie d’Alzheimer, descendait n’importe quand et faisait des fugues imprévisibles. Je l’ai même rencontré à minuit dans les escaliers, mais heureusement, dix secondes plus tard, il avait tout oublié.
Seulement, les plans les plus astucieux ont quand-même des failles ! Cela se produisit quand je reçus une lettre recommandée qui m’obligea à descendre dans le hall à dix heures. J’aurais pu aller la chercher à la poste, mais ma paresse, me fit jouer avec le feu. Le feu, s’était Madame Coqualo qui discutait avec le facteur et avec Monsieur Gédebras qui était manchot : il avait perdu un bras à la guerre d’Algérie. Après avoir récupéré ma lettre recommandée, je me dirigeai comme un voleur vers la cage d’escalier, quand une main virile serra fortement mon avant-bras (une nouvelle fois) et bien sûr c’était Madame Coqualo qui me dit en souriant : « On ne vous voit pas beaucoup en ce moment ». Elle avait le regard carnassier des louves affamées. Je ne pus que répondre : « euh… » et c’était mieux que rien. J’allais rompre le contact, quand elle ajouta : « mais au fait, à quelle heure descendez-vous votre poubelle ? »
J’avais peut-être l’esprit mal tourné, mais je crus comprendre qu’elle avait envie d’une rencontre (avec moi) dans le local à poubelles. Mais pour quoi faire mon Dieu ? Et puis, aussi rapide qu’un Unau* dépressif, je compris tout et des mots se bousculèrent dans mon cerveau : gâterie, gâterie, gâterie, mais aussi : dents de louve, dents-cisailles, castration…Et je me vis devenir eunuque, hantant les vieux harems d’Orient…
A suivre…
*Unau :
L'Unau ou Paresseux est un animal herbivore qui se déplace très lentement dans les branches d'arbres, à l'aide de ses longues griffes.
L'Unau vit au Venezuela et au Brésil.
La tête du paresseux est ronde, son nez est écrasé, il n'a pas d'oreilles, mais de grands yeux. Il a de longues griffes, ce qui lui permet de se suspendre aux branches des arbres.C'est un herbivore qui se nourrit de feuilles, de fleurs et de fruits. Il est actif la nuit, c'est donc un animal plutôt nocturne. Il passe de 16 à 18 heures par jour à dormir et le reste du temps à manger et à se reproduire. (La belle vie quoi !) : Remarque de moi.
Il est d'une lenteur incroyable et lorsqu'il est au sol sa vie est en danger, donc il vit dans les hauts arbres et ne descend à terre que tous les dix jours pour soulager sa vessie et ses intestins. Il perd alors le tiers de son poids.
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Je me retrouvais avec Monsieur et Madame Coqualo, Aldo, Marco et Pipo. Ces trois derniers étaient apparemment aussi gênés que moi. Peut-être parce-que j’étais prof ?
Aldo se jeta à l’eau le premier et me dit : « tu travailles où exactement ? » Mais qu’avait-il à me tutoyer celui-là ? Je voulais répondre « euh… » comme d’habitude, mais je me forçais à faire une longue phrase : « Et vous ? » Et pan, c’était pour lui montrer que je voulais qu’il me vouvoie. Il ne répondit pas ; il regarda juste ses copains avec un air fautif.
Autour de nous, la température commençait à augmenter et Monsieur Coqualo alla chercher des boissons. Sa femme s’adressa aux trois compères pour justifier un peu mon attitude déroutante. « Vous savez, il faut être compréhensif, c’est la première fois qu’il vient ici ! » Et s’adressant directement à moi, elle débita des niaiseries dignes d’une élève de SEGPA* du genre « C’est le premier pas qui est le plus difficile » et aussi, en regardant le bas-ventre de Pipo « quand vous y aurez goûté, vous ne pourrez plus vous en passer !» Mais de quoi parlait-elle cette folle ? Moi, goûter à une chenille gluante ? Elle regarda sa montre et dit « bon, je m’en vais mes zoulous et amusez-vous bien !» Ah, les zoulous sont tous homos ? Elle nous tourna le dos et se dirigea vers la sortie. J’étais encore assez lucide pour regarder ses fesses que je comparais mentalement à celles de Lola, la meuf de paulo et je dis à haute voix « Ya pas photo ! » Les trois Zouaves ne comprirent pas, mais pouvaient-il comprendre quelque chose, focalisés comme ils étaient, sur mon anatomie.
Monsieur Coqualo revint avec un plateau et cinq verres de Vodka remplis à ras bord. Il m’en tendit un avec le secret espoir de me décomplexer. Le pauvre, il ignorait que je ne supportais pas l’alcool et qu’au service militaire un demi-verre de Calvados me conduisit presque au coma éthylique.
Bon, avant de me sauver et par pure curiosité intellectuelle, je pensais que c’était le moment et l’endroit pour poser certaines questions du genre « dans un couple homo, les rôles sont-ils bien définis ? C’est-à-dire que l’actif est toujours actif et que le passif est toujours passif ? » J’osais, à haute voix, formuler ma demande. Monsieur Coqualo se mit à rire et me dit « ah, il va falloir refaire toute votre éducation ». Aldo, Marco et Pipo gloussaient en sirotant leur vodka.
« Soyons clairs » me dit-il, « il y a les hétéros comme vous (pour le moment) et il y a les homos comme nous. Et parmi les homos il y a les « bi » et les « tri » ! » Je sursautais, « les tri ? » dis-je, étonné. Monsieur Coqualo se pencha vers moi pour m’expliquer à voix basse ce qu’étaient les « tri ». Et il en profita pour introduire sa langue baveuse dans mon oreille. Comment réagir à cette agression ? Je n’étais pas du genre à faire un scandale. La seule solution c’était la fuite et en me contrôlant, je demandais où se trouvaient les toilettes. Monsieur Coqualo m’expliqua en tendant son bras : « vous voyez, là-bas, c’est à droite du panier de préservatifs. Et profitez-en pour vous servir au passage ». Puis il me tourna le dos et s’occupa des autres invités.
Moi, je savais où était la sortie et une fois dehors, je me mis à courir, courir, courir et un mois plus tard, je courais encore… !
A suivre.
* SEGPA : sections d'enseignement général et professionnel adapté.
Au collège, elles accueillent des élèves présentant des difficultés d'apprentissage graves et durables. Ils ne maîtrisent pas toutes les connaissances et compétences attendues à la fin de l'école primaire.
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Et le lundi arriva ! Une journée à marquer d’une pierre blanche…
J’avais donc décidé de me rendre à l’invitation de Monsieur Coqualo. La salle des sports, rue des remparts, était située à dix minutes, à pieds, de mon immeuble. C’était pratique, je n’avais pas à prendre ma voiture. Je m’habillais sobrement en évitant surtout de mettre une chemise rose ou mauve cachou, que je n’avais pas d’ailleurs.
A dix-neuf heures précises, j’entrai dans la salle, déjà bruyante. J’étais aussi perdu que le Petit Poucet sans ses cailloux. Ça commençait mal, sur une petite table, j’aperçus un panier en osier rempli de préservatifs. « Cela va finir en partouze, je le sens » pensais-je, inquiet comme un calmar manchot. Et ni une, ni deux, j’entrepris une rotation de cent quatre-vingts degrés, pour fuir ce lieu de débauche.
Presque dehors, je sentis une main virile serrer fortement mon avant-bras pour me retenir. En me retournant, je vis une femme qui me souriait : c’était Madame Coqualo ! Elle devait avoir la cinquantaine, encore bien conservée pour son âge. Mon regard fut tout de suite attiré par sa grosse poitrine. Encore lucide, je pensais : « ses seins doivent être aussi mous que les fesses de Josiane Balasko ». Elle me regardait, accueillante comme un boucher qui reçoit un agneau vivant… « Bienvenue, vous devez être notre voisin prof. Mon mari m’a beaucoup parlé de vous » ! Quand je vis ses dents entre ses lèvres pulpeuses, des dents acérées comme celle d’une louve, je me dis : « oh là là, les gâteries de Madame Coqualo, c’est la castration assurée ! Ça explique pourquoi son mari fait son coming out !»
Madame Coqualo poursuivait son monologue : « je suis la seule femme ici, mais ne vous inquiétez pas, je vais bientôt partir ! » Moi inquiet ? Au contraire, sa présence me rassurait comme une bouée dans une mer déchaînée. Elle poursuivit, en riant : « je vais vous laisser entre hommes » ! Entre hommes ? Façon de parler… !
Monsieur Coqualo arriva tout sourire et me dit, en me désignant trois gaillards musclés qui frétillaient comme des truites parkinsoniennes : « Mon cher ami, je vais vous présenter Aldo, Marco et Pipo qui meurent d’envie de vous connaître » !
Mon sort était scellé. La toile d’araignée se refermait sur moi…
A suivre…
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Les visites de Lola, la meuf de Paulo, se faisaient rares. La pauvre, à cause de certains copropriétaires grincheux, ne pouvait plus rendre visite à son « amoureux » aussi souvent qu’avant. Cette situation me chagrinait et j’imaginais le malheureux prisonnier pratiquement privé de cigarettes.
Plusieurs idées farfelues naquirent dans mon cerveau fertile, du genre écrire une pétition pour demander de laisser tranquille Lola. Elle accomplissait une œuvre sociale après tout et dans ce monde violent, on devait faire preuve d’un minimum d’humanité. Voilà ce que je pensais. Mais mon subconscient, lui, n’en avait rien à faire de ces considérations chrétiennes. La vérité, c’est que la vision des fesses et des cuisses de Lola, me manquait.
Au lycée, dans la salle des profs, mes collègues femmes, toutes en pantalon, ne m’incitaient pas à la bagatelle… La prof de philo, m’offrait bien un café de temps en temps, mais quand elle s’asseyait près de moi, je ne ressentais pas ce frisson d’un autre monde qui m’envahissait quand je voyais Lola. La prof d’anglais était sympa aussi, mais elle avait les yeux globuleux et j’étais sûr qu’elle était presque vierge.
Parfois, quand Lola n’était pas dans la coursive et que j’entendais les cris des prisonniers dans la cour, j’y jetais un coup d’œil et immanquablement j’apercevais le pauvre Paulo, les yeux dirigés vers le haut en espérant voir sa meuf et surtout son entrecuisse dépourvue de culotte. Lola pensait qu’il l’attendait surtout pour les cigarettes, alors que lui se nourrissait de la vision de son « trésor » peu caché.
Le jour de l’apéritif de Monsieur Coqualo approchait et je me souvins de l’enveloppe que j’avais glissée dans une des poches de ma veste. En la décachetant, voilà ce que je découvris :
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Coming Out: Annonce publique de ses orientations homosexuelles.
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Dans quel guêpier m’étais-je fourré ? Tout de suite, je décidai que je n’irai pas à cette invitation. Et pourtant, je l’avais promis à Monsieur Coqualo.
Toute la nuit qui suivit, mon sommeil se fit aussi rare que les cheveux sur le crâne de Yul Brynner*. Et je disais à haute voix (heureusement que j’étais seul dans mon lit) :
- Je n’irai pas !
Et puis:
- J’irai !
Et ensuite:
- Je n’irai pas !
C’était la valse-hésitation de Yohan Strauss (pas Kahn bien sûr). A la fin de ma pseudo-nuit, après une lutte acharnée entre le yin et le yang, je décidai d’y aller et à haute voix je déclarais, comme pour me rassurer :
- Mais je ne risque rien après tout !
La suite prouva le contraire. J’avais parlé trop vite !...
A suivre.
* Yul Brynner ou Brunner
Acteur né le 11 juillet 1920 à Vladivostok
Décédé le 10 octobre 1985 à New York
Juli Borisovitch Bryner alias Yul Brynner, est un acteur américain d'origine suisse, mongole et russe.
Mondialement connu pour avoir campé le rôle du Roi dans "Le Roi et moi" en 1956, ainsi que "Les Sept Mercenaires" de John Sturges en 1960, l'acteur a au fil des années accumulé les rôles dans les films d'action. Son dernier film aura été "Les Rescapés du futur" en 1976. Ses talents d'acteur et le mystère autour de ses origines lui ont permis d'atteindre la célébrité et d'être immortalisé avec son étoile sur le Hollywood Walk of Fame.
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Je sentais que je m’étais fait un ennemi de plus dans cet immeuble. Que voulez-vous, Monsieur Coqualo était unanimement apprécié par tous les copropriétaires avec sa langue de « pute ». Je voyais quand même, qu’il essayait de garder son calme. Il me fit un demi-sourire et me dit : « mais laissez-moi vous répéter que j’ai vu Mademoiselle Lola (tiens il connaissait son prénom ?), quitter précipitamment l’immeuble, tandis que Monsieur Laderovitch sortait du local à poubelles en refermant sa braguette ! » Ca, je le savais déjà : il y a le comique de répétition et puis il y a les répétitions de Monsieur Coqualo qui croit convaincre en répétant la même chose. Bon, il était temps que je lui dise mon deuxième argument : « Voyez-vous, Monsieur Coqualo, il se fait, et j’espère que vous n’allez pas le prendre mal, que j’ai vu plusieurs fois Monsieur Laderovitch, uriner dans le local à poubelles, alors ça explique tout ! » Je crus à ce moment-là, que mon voisin allait attraper une attaque d’apoplexie. Rouge comme une pivoine timide, son visage avait la peau aussi tendue que celle de nos belles tomates de Provence. J’ai vite regretté ma révélation et déjà je me voyais appeler le SAMU…Mais monsieur Coqualo se calma rapidement, allez savoir pourquoi. Peut-être, qu’il méditait une vengeance contre ce pauvre Monsieur Laderovitch ?
Je déteste, les conflits de voisinage et je n’aime pas m’intégrer dans la vie sociale de l’immeuble. Monsieur Coqualo se radoucit et me tendit la main, aussi molle que les kiwis de fin de saison. « Voyez-vous –me dit-il-, pour vous montrer ma bonne volonté, je vous invite à un apéritif que j’organise la semaine prochaine ». Mon sang prit soudain la consistance de la gelée de groseille sortant du réfrigérateur. J’avais un peu mal à la tête, mais comment refuser ? J’allais dire non quand même, mais Monsieur Coqualo, avec un sourire hypocrite, ajouta : « Vous viendrez n’est-ce pas ? Il y aura aussi ma femme, vous verrez, elle est sympa. »
Monsieur Coqualo était donc marié et avec une femme en plus ! Ouf, je l’avais mal jugé, avec sa chemise rose… Et donc, malgré moi, j’acceptais sa proposition. Il me tendit une petite enveloppe et me dit : « il y a un carton d’invitation à l’intérieur. » Négligemment, je rangeais, sans l’ouvrir, l’enveloppe dans la poche de ma veste. Et je répétais à Monsieur Coqualo : « vous pouvez compter sur moi ! »
Je venais de commettre une erreur irréparable : j’aurais dû ouvrir l’enveloppe avant d’accepter l’invitation… !
A suivre…
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Dans l’ascenseur exigu, Monsieur Coqualo me serrait de près. Il était parfumé en plus, je crois bien avec « Habit rouge » de Guerlain. Moi, inquiet, je ne voyais que le col rose de sa chemise. On arriva au rez-de-chaussée, je voulais fuir, mais il me retint par le bras. Que me voulait-il encore celui-là ? Et pourquoi me touchait-il comme ça ? Je prétextais que j’étais déjà en retard, mais Monsieur Coqualo était têtu comme une tortue des îles Galápagos.
- Suivez-moi, me dit-il, je vais tout vous expliquer !
Et il m’entraîna vers le local à poubelles.
A ce moment, je prenais conscience de ce que devaient supporter les femmes victimes d’harcèlements sexuels. J’aurais dû être ferme et refuser absolument de le suivre. Mais je suis comme ça moi, je ne voulais pas le vexer. Je pensais:
- S’il me met la main aux fesses, je lui donne une gifle ou plutôt un coup de poing, c’est plus viril ça !
Le local à poubelles sentait les ordures et Monsieur Coqualo, « Habit rouge ». Mon nez de chimiste était soumis à rude épreuve. Je n’aime pas respirer cet air odorant qui plane dans ces endroits. J’ai l’impression que j’ingurgite des bactéries de toutes sortes.
- Voilà, ça s’est passé là, me dit-il.
Il avait le regard féroce d’un loup des steppes de l’Asie Centrale. Il continua, en se rapprochant de moi:
- La fille a dû faire une fellation à Monsieur Laderovitch, en échange du code d’entrée de l’immeuble!
Il était si sûr de lui que je commençais à le croire. Tout comme je croyais les élèves qui me juraient qu’ils ne copiaient pas quand je les surprenais avec une antisèche sur leurs genoux au cours d’un contrôle. Le parfum « suave » de ce local devait certainement troubler mes sens. Mais quoi, et si Monsieur Laderovitch était innocent ?
Je pris mon courage à deux mains, je regardai Monsieur Coqualo droit dans les yeux, des yeux de crocodile pervers et je lui dis :
- Mais vous avez des preuves ?
Il ne s’attendait pas à ma réplique. Il bafouilla je ne sais quoi. Il était rouge, tout congestionné et je commençais à m’inquiéter pour ma vertu. Il me raconta ce qu’il avait dit à Mademoiselle Belœil et je pensais que je préférais subir mille fois les assauts de cette vieille fille plutôt que ceux de ce Monsieur, pas tout à fait Monsieur… Il essaya de se reprendre, il se racla la gorge et me dit :
- Je n’ai pas assisté à la scène, mais ça ne peut être que lui !
J’avais gardé deux arguments massues dans un recoin de mon lobe frontal. Je lui criai presque le premier :
- Mais vous savez comme moi que Monsieur Laderovitch est atteint de la maladie d’Alzheimer et comment voulez-vous qu’il se souvienne du code ?
Monsieur Coqualo blêmit dans la lumière blafarde de cet oasis malodorant. Il tenait bon, le bougre, résistant comme une pieuvre-haltérophile. Il était en colère, je crois qu’il n’avait plus l’intention de me draguer. Il fulmina :
- Et votre deuxième argument c’est quoi ? …
A suivre…
1. Hélios le 13-11-2012 à 10:29:09
Comment ça se fait,que vous ne plublier
plus les commentaires,vos fans ne doivent
pas étre contentE
2. impression le 14-11-2012 à 11:02:10 (site)
contente de pouvoir écrire un commentaire pour te dire que j'adore lire cette aventure made in Grasse. Un vrai talent d'ecrivain ce prof de science.
Biz
Bé
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Et Mademoiselle Belœil revint dans le salon, légèrement maquillée et parfumée avec « L’air du temps » de Nina Ricci, je crois bien. Elle me lança un regard que je pourrais qualifier de langoureux. Moi, j’en avais pris mon parti, prêt à « passer à la casserole ». Il y a des expressions un peu triviales, mais qui sont si explicites… Je supputais la durée de la « gâterie », deux minutes ? cinq minutes ? Mais j’étais légèrement inquiet, je ne voulais pas être ridicule quand même. En ce moment-là, pour solidifier une quenelle rabougrie et la transformer en saucisson sec "Le Bâton de Berger" de Julien Bridou, j’en étais arrivé à penser à Fernande ou à Félicie ou à Léonore. Malheureusement, je ne pensais qu’à Lulu ! (Rappelez-vous la chanson de Georges Brassens). Mademoiselle Belœil revint en portant un plateau de petits gâteaux et en s’asseyant à côté de moi, elle me dit « voilà, je vous apporte les gâteries » ! La tension, qui n’existait que dans ma tête, retomba d’un seul coup. J’étais soulagé de « l’inculture érotique » de Mademoiselle Belœil. Et je pensais, j’étais un prof après-tout, que je devais lui expliquer certaines choses. Elle était contente d’elle ; c’est vrai que les petits gâteaux avaient l’air appétissants, plus que ses lèvres recouvertes d’un rouge un peu trop vif. J’avais l’impression qu’elle voulait ressembler à Lola, la meuf de Paulo.
Mademoiselle Belœil roucoulait de plaisir en me voyant manger, avec appétit, ses gâteaux. Elle se pencha vers moi et me murmura « vous pourrez dire maintenant à tous les habitants de l’immeuble, que je suis la championne des gâteries ». Je ne ris pas, parce que j’avais la bouche pleine…
En sortant de chez elle, je pris l’ascenseur, dans lequel il y avait Monsieur Coqualo, surnommé la fouine, qui me dit « Mademoiselle Belœil, vous a raconté pour Monsieur Laderovitch ?» Sans me mouiller je fis « heueeuuu… » Il me regarda comme on examine une radio des poumons et me souffla dans l’oreille:
- Il faudrait que l’on parle de ça dans un endroit tranquille !
Non, non et non, Monsieur Coqualo, n’allait pas lui aussi m’inviter à venir boire un thé chez lui ! En le regardant plus attentivement, je vis, que de son pull noir à raz-de-coup, sortait le col de sa chemise. Une chemise rose… !
A suivre…
Mademoiselle Belœil continua sa diatribe contre le pauvre Monsieur Laderovitch. Elle me regarda avec un œil qui m’effraya un peu et me dit : « mais ça va être trop long à raconter et ici on risque de nous entendre. Vous voulez bien venir boire un thé chez moi ? »
Je pensais que ça allait être une mauvaise journée, que si j’étais sorti deux minutes plus tard, je n’aurais pas rencontré cette vieille fille un peu hystérique. Alors je préparais ma phrase pour lui dire que je n’avais pas le temps, que j’avais une réunion de parents d’élèves et prenant mon courage à deux mains, je murmurais : « mais avec plaisir, mademoiselle ! » Que voulez-vous, je ne sais rien refuser aux jolies femmes, ni aux laides d’ailleurs, la preuve…
Je la regardais un peu plus attentivement, elle était aussi plate que la planche à repasser de ma grand-mère et…
Fantasme : « ah, si elle avait les seins de Lolo Ferrari (1)… »
Elle me fit entrer dans son salon où il y avait un canapé et deux fauteuils. Elle me pria de m’asseoir et je me précipitai vers un fauteuil. « Non, non, sur le canapé plutôt, c’est plus confortable » dit-elle. Avait-elle une idée derrière la tête ?
Elle se planta devant moi et commença à me raconter que Monsieur Coqualo, un copropriétaire, lui avait dit, qu’un jour, il avait vu sortir précipitamment de l’immeuble la « créature », tandis que Monsieur Laderovitch, lui, sortait du local à poubelles en refermant sa braguette. Un peu gênée, elle continua : « et il a dit aussi, que cette créature, avait dû lui faire une petite gâterie, en échange du code d’entrée de l’immeuble ». Je me sentais mal l’aise en entendant ce discours et j’avais l’impression que le sol bougeait sous mes pieds... Mademoiselle Belœil était de plus en plus excitée, elle parlait vite et elle me dit dans un souffle : « attendez-moi, je reviens. Vous allez voir que moi-aussi, je sais faire des gâteries ! »
J’étais fichu, perdu, pareil à un prisonnier des « Farc » de Colombie. Je voulais fuir comme un lâche, sans rien dire. Mais mon aboulie (2) me paralysa et je me dis que finalement ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Seulement une petite inquiétude naquit dans mon cerveau perturbé ; en moi, à un endroit que la décence m’interdit de nommer, c’était de l’argile molle et non du béton armé. Mais peut-être, qu’en pensant aux fesses de la meuf de Paulo…
Elle revint et me dit : « voilà, je vais m’occuper de vous » !...
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(1) : Lolo Ferrari.
Née le 9 février 1961 à Clermont-Ferrand et morte le 5 mars 2000 à Grasse, Lolo Ferrari était une chanteuse et actrice de films pornographiques , au tour de poitrine pharaonique de 180 G.
(2) : aboulie.
L'aboulie correspond à une défaillance partielle ou complète de la volonté, dont la traduction est l'impossibilité ou bien la difficulté de prendre des décisions. Ceci s'accompagne d'une lenteur des gestes en général. Pour prendre les décisions, l'individu atteint d'aboulie nécessite un effort très important.
A suivre…
J’avais pris l’habitude d’aller contempler ses fesses, non par voyeurisme, mais par pur esthétisme… Elles étaient jolies, ses fesses, bien rondes, bien dures apparemment. Presque chaque jour, à des heures régulières, au moment de la promenade des détenus dans la cour de la prison, elle se penchait au-dessus de la rambarde, clamait son amour éternel à Paulo, qui la regardait comme un morceau de viande dans le filet. Elle lui jetait parfois des paquets de cigarettes. Paulo était heureux et repartait dans sa cellule, les yeux écarquillés et le cerveau vite saturé par les images qu’il avait pues enregistrer à la sauvette.
Le seul bémol dans cette affaire, c’est que les habitants de l’immeuble commençaient à se plaindre et le président du conseil syndical dut organiser, de toute urgence, une assemblée générale exceptionnelle pour essayer de trouver une solution à ce problème. Prétextant un conseil de classe, je me gardais bien, comme d’habitude, d’y d’assister. La porte d’entrée de l’immeuble était pourtant toujours fermée et il fallait composer un code pour entrer. Et apparemment, la meuf de Paulo connaissait ce code. Un habitant de l’immeuble avait dû le lui donner. Mais qui ? Je vous jure que ce n’est pas moi !
Chaque copropriétaire menait son enquête et l’atmosphère devenait pesante. Tout le monde soupçonnait tout le monde et finalement, on trouva le coupable. J’appris son nom le surlendemain, lorsque, malencontreusement, je pris l’ascenseur avec Mademoiselle Belœil, une vieille fille, excitée comme Jeanne d’Arc, la pucelle d’Orléans.
Elle me dit, sans me regarder : « ça y est, on sait qui a donné le code d’entrée à cette créature » ! Elle attendit ma réaction qui ne vint pas. Je pensais « créature, créature et toi tu as vu ta tête » ?
Elle patienta quelques secondes, le temps que l’ascenseur arrive au rez-de-chaussée. Et sûre de son effet, elle clama comme une comédienne qui jouait Horace : « c’est Monsieur Laderovitch, le coupable » !
Pauvre Monsieur Laderovitch, c’était un comptable à la retraite, qui n’avait plus sa tête et qui était très mal vu dans l’immeuble. J’essayais de le défendre et je lui dis : « mais on a des preuves au moins » ?
Et là, Mademoiselle Belœil, devint plus rouge que La Cicciolina* en pleine action.
« Des preuves ? Ah ça oui » !
* Actrice porno italienne des années 80.
A suivre…
Commentaires
1. impression le 11-12-2012 à 13:14:41
vite vite la suite, j’adore le récit et suis surtout très fan de tes notes.
Bisous
Bé