posté le 07-07-2014 à 07:20:14

Grasse (106).

La géométrie de l'amour...

 

Mon rêve: avoir une langue de caméléon pour embrasser Sandrine...

 

 Nous étions assis sur le même canapé, d’accord, mais séparés par cinquante centimètres environ. Et à moins d’avoir une langue télescopique comme certains caméléons africains, je ne vois pas comment j’aurais pu lui fourrer ma langue dans la bouche. Je dois avouer qu’elle se rapprochait insensiblement de moi à raison d’un centimètre par minute, mais à ce rythme il aurait fallu pas loin d’une heure pour que nos lèvres entrassent en contact.

Je devais tenter quelque chose et vite ! Son regard m’étourdissait à moins que ce ne fussent les effluves de son parfum « Shalimar » qui émanaient de sa peau et qui représentaient pour moi un générique du gaz sarin*. Elle portait un simple tee-shirt blanc cent pour cent coton bio qui moulait sa poitrine et qui dessinait le contour de ses seins que je supposais plutôt durs et ovoïdes avec des tétons réactifs qui pointaient fièrement sous le tissu. Ciel, elle n’avait pas de soutien-gorge ! Cette constatation me saoula presqu’autant que le martini rouge qu’elle m’avait servi dans un verre à whisky où pataugeaient en maigrissant des glaçons translucides. Je n’étais pas un TGV, mais un simple tortillard** de banlieue qui hoquetait dans les courbes et les montées. Et à la vitesse à laquelle j’évoluais, je toucherais ses seins dans plus d’une heure.

Quand elle s’était assise sur ce canapé, elle avait placé ses jambes parallèlement aux miennes et tout le monde sait (du moins ceux qui ont appris leur géométrie) que deux droites parallèles ne sont jamais sécantes, c’est-à-dire que jamais elles ne pourront se rencontrer. J’étais mal barré sur ce coup-là !

Un quart d’heure plus tard, Sandrine, par hasard ou par calcul, avait imprimé à ses jambes, une rotation vers moi de quinze degrés environ. Comme un mauvais élève copieur, je fis de même. Ce qui entraîna quand même une rotation totale de trente degrés.

La géométrie appliquée à l’amour ! Pour que nos deux genoux se touchassent il fallait une rotation totale de π/2 c’est-à-dire de quatre-vingt-dix degrés.

Sandrine se leva brusquement en me disant :

- Je vais voir la pizza qui est dans le four.

Pizza maison ou pizza surgelée Picard, allez savoir !

Mais après sa courte absence, quand elle serait revenue s’asseoir, comment allait-elle placer ses jambes ? C’était presqu’une question philosophique !

Quand elle s’installa de nouveau près de moi, ses jambes gardèrent le même angle qu’avant. J’étais à la fois soulagé et déçu.

Je voyais son visage, je devinais ses seins et je me dis que peut-être je verrai le reste de son corps à la fin de l’année scolaire prochaine.

Elle me servit un second Martini.

Mes fragiles neurones commençaient à patauger dans l’alcool. Elle s’absenta encore quelques minutes pour revenir avec la pizza aux quatre fromages placée sur un grand plat de couleur verte. Avec un grand couteau, elle découpa quatre parts, ce qui la fit remonter dans mon estime car je n’aime pas du tout les maigres portions anorexiques.

Sur deux assiettes en porcelaine ( ?) blanche, elle déposa deux portions et elle plaça le tout sur la petite table en verre. Celle-ci étant trop petite, Sandrine fut obligée de se rapprocher de moi pour pouvoir déguster sa pizza. Mon nez  de chimiste s’affola quelque peu à cause du mélange des odeurs d’origan, de tomates et de son parfum Shalimar. La région olfactive de mon cerveau avait tendance à se saturer à cause des diverses senteurs qu’elle était obligée de décoder. Le pire, c’est que de temps en temps, le genou de Sandrine venait toucher involontairement ( ?) le mien.

C’est à ce moment-là, quand j’aperçus un brin d’herbes de Provence coincé entre ses incisives, qu’un coup de folie me fit dire :

- Sandrine, j’ai envie de t’embrasser sur la bouche !

Elle me regarda avec des yeux plus troubles que la Tamise. Elle avala le morceau de pizza qu’elle était en train de mâcher et répondit :

- Tu peux essayer si tu veux, mais tu risques de recevoir une paire de gifles !

Dans mon cerveau, c’est comme si on y jetait un seau d’eau pour éteindre un incendie neuronal.

J’avais un choix à faire. Oser ou renoncer ?

Alors, sans réfléchir, j’approchais mon visage du sien…


A suivre



Notes :

  

 

* Gaz sarin : Le sarin (GB) est une substance inodore, incolore et volatile, de la famille des organophosphorés, un neurotoxique pour l'homme et l'animal. Même à très faible dose (10 parties par milliard) il peut être fatal. On estime qu'il est environ 500 fois plus toxique que le cyanure. Il passe facilement la barrière des poumons et est absorbé par la peau d'où il passe directement dans le sang. Quand il ne tue pas, il laisse de graves séquelles neurologiques.

 

** Tortillard : Train d'intérêt local, au trajet tortueux, desservant de nombreuses localités.


 


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posté le 02-07-2014 à 08:42:08

Grasse (105).

 Ce que je deviens lorsqu'elle me frôle.. 

5 

Elle habitait dans un appartement, au dernier étage, sans ascenseur, d’un immeuble ancien situé dans le vieux Grasse. J’avais juste eu le temps de passer dans une pâtisserie pour acheter quelques gâteaux qui franchement n’avaient pas une mine très catholique. Hypochondriaque, je craignais une intoxication alimentaire à cause de cette chaleur de fin Juin qui devait certainement activer le développement de bactéries plus que pathogènes. C’est pour cette raison que j’avais pris des tartes aux fruits, dépourvues de crème.

Le quatrième étage, ça faisait bien haut. Les marches de l’escalier étaient plutôt gondolées, déformées comme le visage d'un boxeur laborieux proche de la retraite. Enfin j’arrivais sur le palier où trois portes de couleur marron avaient l’air de m’attendre. Laquelle choisir ? Aucun nom sur le bois défraîchi, rien. J’étais assez essoufflé. L’émotion ? Mon cœur était-il atteint de délires de tachycardie aigüe ? Ça ressemblait à un test de l’effort passé chez un cardiologue chez qui je n’irai jamais. De la porte de gauche suintait des effluves de soupe aux choux. Ce n’était donc pas celle de Sandrine qui m’avait promis une simple pizza. De l’appartement du milieu parvenaient des miaulements agaçants d’une chatte en chaleur. J’étais presque sûr que Sandrine n’en possédait pas (je pense à l’animal bien sûr). Il ne restait plus que la porte de droite aussi anonyme qu’un facteur à bicyclette. C’est là que j’appliquais trois petits coups discrets avec les phalanges de ma main droite fermée. Rien ! J’eus soudain la tentation de m’enfuir, de dévaler les marches comme un voleur inquiet.

La porte s’ouvrit enfin. Je me retrouvais en face de Sandrine, loin du lycée, dans un lieu inhabituel, émouvant presque, l’entrée de son appartement. Je devais être ridicule avec ma boîte de gâteaux et mon petit sac en plastique qui contenait un flacon d’acide chlorhydrique. Elle m’embrassa sur les deux joues. Je fus déçu. Mes jambes avaient la consistance de caramel mou. Je la suivis en essayant de ne pas reluquer ses fesses. Nous traversâmes un petit hall où seuls un miroir et une crédence en bois cérusé se faisaient face, muets comme un vieux couple presque sourd. On entra dans le salon, assez petit, pas plus de quinze mètres carrés à mon avis. Il y avait là un canapé en cuir noir et un fauteuil assorti et dans le coin une chaîne Hi-Fi avec des baffles mal disposées qui auraient mérité un meilleur emplacement pour donner toute sa profondeur à un son stéréo. Elle s’arrangea pour me faire asseoir sur le canapé et elle s’installa dans le fauteuil. Mauvais signe : elle mettait déjà une certaine distance entre nous.

Mes genoux touchaient presque une petite table basse en verre fumé parallèle au canapé. J’y déposais mon petit sac en plastique, gauche comme un carabinier arthritique. Elle me dit :

- Je vais mettre les gâteaux au frigo !

Et elle disparut pendant cinq minutes.

Vraiment  mal partie cette affaire !

J’eus le temps de réfléchir à la condition humaine en général et à la famine en Afrique, juste pour me dégourdir les neurones.

Quand elle revint, mes narines perçurent un petit cyclone de parfum qui tournait autour d’elle ; c’était Shalimar de Guerlain que j’avais appris à bien connaître. Je commençais à être inquiet quand même ; j’aurais préféré une odeur de pizza riche en origan.

Sandrine savait ce qui allait se passer entre nous, moi pas. J’allais découvrir au fur et à mesure les règles qu’elle avait fixées. Quel est l’imbécile qui a dit que les femmes étaient inférieures aux hommes ?

Elle se tint debout devant moi un long moment, que mon émoi m’empêcha de mesurer. Je me sentis devenir une nanoparticule piégée dans un cyclotron gigantesque.

C’est alors qu’elle déclencha la mise à feu, qu’elle appuya sur le bouton rouge qui allait provoquer une guerre thermo-nucléaire : elle s’assit près de moi !

La bombe d'Hiroshima, un gadget !...

 

A suivre

 

 


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posté le 27-06-2014 à 07:31:43

Grasse (104).

 Dans mon cerveau, quand elle me parle...

 

 

Mon envie de Sandrine m’avait un peu fait oublier Lola.

Lola qui était un repère dans la rue voisine de celle de mon immeuble. Elle trônait comme un réverbère, souvent adossée à lui, sur le trottoir en attendant le client. Paulo était son mac, en prison pour quinze ans dans la maison d’arrêt de Grasse. La coursive de mon appartement situé au dernier étage dominait la cour où les détenus prenaient l’air de temps en temps. Pour faire plaisir à Lola, je fournissais à Paulo, en les lançant par-dessus la rambarde rouillée, des paquets de cigarettes et parfois des cartouches entières, qu’il saisissait en vol en me faisant un petit signe de remerciement.

Lola était disponible pour tous les mâles en rut de Grasse et des environs. Pour tous, sauf pour moi ! Plusieurs fois elle avait refusé de m’accorder sa bouche et tout le reste. Allez savoir pourquoi. Et puis un jour, elle disparut, ma jolie pute d’amour. Je soupçonnais Monsieur Gédebras, le manchot, au passé trouble comme du pastis, de l’avoir fait enlever par ses acolytes du gang des parfumeurs grassois dont il était un membre actif. J’avais mené ma petite enquête et je pensais que Lola avait été envoyée à Bamako (Mali) pour tapiner dans un bordel local. La pauvre !

A cause de la perte de ma putain de muse, j’avais reporté toute mon « affection » sur Sandrine, ma collègue, prof de lettres modernes, qui avait, avec moi, un comportement plus mystérieux que la mécanique quantique. Je l’ignorais, elle m’ignorait et pourtant j’aimais bien reluquer ses fesses moulées dans un jeans certainement fabriqué par Belzébuth lui-même. Je ne savais pas comment faire pour la draguer. Devant elle, je perdais tous mes moyens comme un vieux chasseur mâle devant une gazelle.

La fin de l’année scolaire approchait comme un train qui entre en gare. Il ne fallait pas que je le ratasse celui-là. Un soir vers 17h, Sandrine traînait dans la salle des profs. Il faisait chaud, pas loin de 30°C et le soleil pénétrait sans se gêner par la façade Ouest vitrée dont les stores vénitiens avaient rendu l’âme. Je la voyais farfouiller dans son sac à la recherche de monnaie qu’elle ne trouva pas. Alors elle vint vers moi. Immédiatement je revêtis mon armure en acier triple épaisseur, par instinct, sans réfléchir.

- Tu pourrais me prêter deux euros ? me dit-elle, gênée comme une méduse dépressive.

J’étais prêt à tout pour elle.

Mais comme un autiste primaire, je ne répondis pas.

- Et surtout, j’espère que tu ne vas me demander de balayer la salle des profs !

Et elle se mit à rire. Mon armure s’enrichit de deux couches d’acier supplémentaires.

Je lui tendis les deux pièces et c’est là que j’eus l’impression de sombrer dans un coma irréversible. Sa bouche s’était posée sur la mienne pour un baiser peu pédagogique.

Je ne savais plus où l’on se trouvait, ni à quelle époque on vivait, peut-être au Moyen-Age ?

Alors je lui dis :

- Tu as résolu ton problème de calcaire ?

Peu poétique cette phrase !

- Non, mais si tu veux bien m’aider, je t’invite à manger une pizza ce soir chez moi.

Dans ma tête, un combat de gladiateurs, sur une piste sableuse, massacrait mes neurones.

Je dis timidement :

- Oui, bien sûr !

Ouf, j’avais choisis la bonne réplique…

 

A suivre

   

 


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posté le 22-06-2014 à 07:48:49

Grasse (103).

 On peut toujours rêver...

 

Ces fins d’années scolaires s’étiraient comme du caramel mou abandonné au soleil. Tout devenait collant et on avait l’impression que jamais on n'allait arriver à se dépêtrer de ce lieu qui nous retenait encore. On surveillait les épreuves du Bac et il faisait chaud. De temps en temps, pour éviter l’engourdissement de nos neurones, on abandonnait quelques minutes le collègue réquisitionné avec nous pour filer vers la salle des profs et avaler une boisson fraîche ou se soulager dans les toilettes.  

A midi, quelques élèves inquiets, malgré la fin de l’épreuve, traînaient dans les salles. Il fallait les forcer à rendre leur copie. J’avais faim et je filais vers mon labo où j’avais mis dans le frigo un sandwich tomates-thon dégoulinant d’huile d’olive. Mon maigre repas côtoyait sur la clayette froide des béchers contenant des cuisses de grenouilles et des cœurs de poulets placés là par ma collègue de SVT dont le congélateur avait rendu l’âme. L’odeur était forte. Je mangeais avec inquiétude mon thon qui contenait certainement de fortes doses de métaux lourds (principalement du mercure) et qui provenait de mers ou d’océans malsains.

On frappa à la porte. Je ressentis un néant envahir mon cerveau qui se vidait brutalement comme une chasse d’eau que l’on tire avec nervosité. Que me voulait-on encore ? Je jetais rapidement un œil sur la vitre d’une armoire qui faisait office de miroir de fortune. L’image qu’il me renvoya alors mit mon moral à rude épreuve. J’avais les joues bien rouges et les lèvres luisantes d’huile d’olive. Un vrai clown de pacotille !

Je me dis :

- Pourvu que ce ne soit pas Sandrine !

Et malheureusement c’était Sandrine !

Que me voulait-elle encore celle-là ?

- Tu m’offres un café ? me dit-elle, avec un sourire indécodable.

- Ma cafetière est tout entartrée, elle ne fonctionne plus.

- Mais le tartre, c’est du calcaire non ?

- Oui…

Elle s’approchait de moi dangereusement.

- Et je sais maintenant que l’acide chlorhydrique détruit le calcaire !

Elle avait retenu la leçon et elle louchait sur un flacon placé sur la table et dont l’étiquette portait la formule simplifiée de l’acide chlorhydrique : HCl.

J’essayai de la décourager.

- Cet acide est un poison alimentaire. Après utilisation il est nécessaire d’effectuer de nombreux rinçages à l’eau.

Elle était très proche de moi et je sentais son parfum Shalimar aux effluves orientaux. Moi, je devais dégager une odeur de thon à l’huile d’olive.

Elle murmura :

- En fait, je voulais m’excuser pour l’autre fois. J’ai réagi un peu vivement, comme une féministe bornée. J’ai plusieurs choses à te dire…

- Oui ?

- Tu sais Basile, le prof d’EPS…

- Oui, ton amoureux…

Elle se mit à rire :

- Mais il est homo voyons ! Je dois te transmettre un message, mais j’espère que tu ne vas pas te fâcher…

- Oui ?

- Il a flashé sur toi !

- ???

- Il a l’intention de te draguer !

- Je n’ai rien contre les gays, mais je n’en suis pas un ! Tu lui diras hein ?

- Bon, j’ai vraiment besoin de détartrer mon WC. Alors tu me le donnes cet acide chlorhydrique ? Tu pourras me demander tout ce que tu veux en échange…

Je répondis un peu trop vite :

- C’est d’accord. Alors balaye cette salle !

Plusieurs heures plus tard, je n’avais pas encore compris pourquoi elle s’était enfuie du labo sans rien dire…

 

A suivre

 


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posté le 17-06-2014 à 08:26:10

Grasse (102).

L'ancêtre du chimiste: l'alchimiste.

 

  Quelqu’un frappa à la porte de mon labo.

Je n’avais envie de voir personne, trop occupé à mettre un peu d’ordre dans le fouillis indescriptible qui régnait dans cette pièce. Un collègue bavard en mal de confidences voulait certainement tuer le temps qui passe en papotant avec moi. Je n’avais pas la tête à ça !

La personne insista.

Je me sentis obligé d’aller ouvrir la porte blindée en tournant la grosse clé de sécurité dans la serrure qui avait bien besoin d’un graissage intime. J’affublais mon visage d’un masque antipathique, peu souriant et virtuel pour décourager le gêneur.

En apercevant mon visiteur, j’eus comme un frisson de l’âme, un froissement de ma volonté qui avait tendance à se replier sur elle-même.

J’avais l’impression d’avoir la berlue. Mes rétines me jouaient des tours certainement. Mais mon odorat qui détecta ces effluves de parfum « Shalimar », valida ma perception.

C’était Sandrine, c’était bien elle !

Que venait-elle faire dans mon labo ?

J’eus juste le temps de revêtir mon armure en acier chromé triple épaisseur anti-amour.

- Oui ? dis-je avec un visage purement inamical.

- Je peux entrer ? dit-elle en me poussant vers l’intérieur.

Elle avait le sourire-coup-de-massue, ravageur comme un nuage de sauterelles affamées qui détruisent les cultures en Afrique.

J’avais envie de crier « grâce » avant de recevoir le premier coup mortel.

Elle avait troqué  son jeans délavé et moulant contre une jupe assez courte, au-dessus des genoux, qui révélait une chair ferme que finalement je n’avais jamais vue.

Avais-je besoin de ça pour être  projeté dans les limbes, comme chaque fois que je la côtoyais à moins de 1m50 de distance ?

Après le papier peint à décoller dans son nouvel appartement et la virée au festival de Cannes, qu’allait-elle encore me demander ?

Elle fit semblant de s’intéresser au matériel de chimie et de physique qui encombrait les paillasses en me posant quelques questions débiles (c’était une prof de lettres modernes après-tout) auxquelles je répondais sans conviction en attendant de connaître le vrai motif de sa visite.

- J’ai un petit problème avec mon WC, me dit-elle soudainement.

Ce n’était pas très romantique tout cela.

- Voilà, la cuvette est recouverte de calcaire que je n’arrive pas à enlever…

Je lui coupais la parole :

- L’acide chlorhydrique* est un remède miracle pour cela !

 - Oui, je sais, me répondit-elle, je l’ai lu sur internet. Pourrais-tu m’en donner un petit peu ?

Voilà, pour elle je ne représentais que le collègue qui rend service et c’est tout.

Je n’allais pas encore succomber au charme empoisonné qu’elle m’envoyait encore une fois pour parvenir à ses fins.

J’eus soudain l’intention de devenir odieux avec elle :

- Oui, je te donnerai un flacon d’acide chlorhydrique si tu fais la vaisselle de toute la verrerie de cette paillasse !

Il y avait trente béchers** sales et une cinquantaine de tubes à essais** qui avaient contenu divers produits chimiques et un goupillon** pour les laver.

   Elle plissa les yeux avec des sourcils en accents circonflexes.

Elle cria presque :

- Mais tu es un sale macho ! Je ne suis pas ta bonniche !

Et elle sortit du labo en claquant la porte. (qui en réalité ne claqua pas car elle était freinée par un ralentisseur***).

 En cette fin d’année scolaire, avais-je perdu définitivement Sandrine ?

 

A suivre

 

Notes :

 

 *Jabir ibn Hayyan : découvreur de l’acide chlorhydrique.

  Jabir ibn Hayyan (également connu sous le nom latin de Geber, 721–815 apr. J.-C. fut un polymathe, philosophe et alchimiste musulman.

 Plus de 3 000 traités ou livres lui sont attribués d'une façon ou d'une autre. Les domaines abordés incluent la cosmologie, la musique, la médecine, la magie, la biologie (notamment la fabrication artificielle d'êtres vivants), la technologie chimique, la géométrie, la métaphysique et la logique

 

 

 

 **

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 ***                                        

 

 

 

 


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1. anaflore  le 18-06-2014 à 18:20:08  (site)

bien jouésmiley_id118869!!où je peux trouver ce remède miracle?,smiley_id117076

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