posté le 17-05-2015 à 09:31:00

Marina (18).

 

 Savoir s'arrêter à temps...


Christiane était l’amie intime de Marina et elle me parla d’elle, par bribes, comme si elle voulait la protéger. Mais de quoi ? Quand, elle me fit quelques confidences, juste en fin d’après-midi à dix-sept heures, avant de rentrer chez elle, usée par une journée de cours, je me demandai si ce qu’elle me disait, était mûrement réfléchi ou bien si c’était la fatigue qui entamait sa solidarité de bonne copine.

 Je ne pouvais m’empêcher de regarder Christiane avec une arrière-pensée de séduction qui remontait à la surface, malgré tous mes efforts pour me fondre dans le moule asexué que la société, adepte de la pensée unique, voulait nous imposer. Comment combattre cette montée en puissance des hormones, quand j’apercevais, entre les pans de sa jupe fendue, cet endroit, au-dessus des genoux, que l’on pourrait appeler « la naissance de la cuisse » ? Ce n’était pas grand-chose en réalité, mais au-delà de cette vision, c’était l’imagination qui prenait le relai. Et l’imagination est un bateau ivre (1) comme dirait Arthur Rimbaud.

En fait, Christiane, avant de filer vers le parking du collège, me révéla, sans plus de précision, qu’il existait un troisième Roger.

Le soir, seul dans mon appartement, j’avais l’impression d’être une bobine de fil, sans fil. Incapable d’entreprendre une activité quelconque, j’errais de pièce en pièce, comme un fantôme qui a perdu ses repères de temps et d’espace. Et ce qui s’ajouta à mon trouble indéfinissable, ce fut la sonnerie du téléphone qui me ramena à la réalité.

« Allo ? » dis-je, avec la conviction d’un moine défroqué du Moyen-Age. Et j’entendis la voix de la fille qui travaillait à la société Solido, qui commença à me faire sa pub sur les portemanteaux en acajou, en chêne et en bois plus qu’exotiques. Soudain, et je ne sais pas pourquoi, je lui coupais la parole et je lui dis :

« Marina, c’est toi ? »

Il y eut un bref silence et la fille raccrocha brutalement.

Mon intuition masculine avait-elle trouvé la clé de l’énigme ? Mon cerveau n’arrivait pas à rassembler les pièces d’un puzzle qui me paraissait diabolique. Je m’affalais dans mon fauteuil ; devant moi, sur la table basse en verre, se trouvait une bouteille de whisky largement entamée et un verre de la veille qui avait oublié de faire sa toilette.

« L’alcool tue les microbes ! » pensais-je en versant au moins deux doigts de whisky dans le récipient. Juste avant de boire, je dirigeai la télécommande vers le lecteur de Cd de ma chaîne Hi-Fi Sony et j’appuyais sur la touche « Play ». Avec ces appareils japonais, on avait intérêt à connaître l’anglais. Les premières mesures de « Moonlight Serenade » de Glenn Miller (2) s’accordaient bien avec l’alcool qui coulait dans ma gorge.



                       Pour écouter Moonlight Serenade, cliquez sur la flèche.


Parfois, le cerveau se caramélise et c’est ce qui m’arrivait quand j’écoutais du Jazz à deux heures du matin. La nuit, ce monde de chats, où le silence devient de la glu et où les horloges semblent enfin respirer avec leur tic-tac qui n’en finit plus.

 Lorsque les effets de l’alcool s’estompèrent, comme la brume sur un champ en Irlande, la présence de Marina se coagula dans mon esprit et je me demandais alors à quel jeu pervers elle me faisait participer. Qui était donc ce Roger qu’elle semblait évoquer au moment de son orgasme ? Le troisième Roger, alors que je n’en connaissais que deux.

Je n’eus qu’une réponse partielle, lorsque, la semaine suivante, je sommais Christiane de tout me révéler. En me montrant un peu ses cuisses, comme pour détourner mon attention, elle me dit :

« Mais Roger, c’était le prénom de son mari » !


                                                                                                                     A suivre


                                                        Notes


1 : …………….

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.

Toute lune est atroce et tout soleil amer :

L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.

Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !


……………..


2 : Glenn Miller (Alton Glenn Miller) est un tromboniste et chef d'orchestre de jazz américain, né le 1er mars 1904 à Clarinda (Iowa) et disparu, probablement au-dessus de la Manche, le 15 décembre 1944.


 

 


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posté le 10-05-2015 à 08:14:24

Marina (17).

 

Dans  un coin de la salle des profs pendant la récré de 10h.

La salle des profs, une salle de shoot au café?

 

La nuit fut plus agitée que les eaux du cap de Bonne Espérance(1), car je cherchais une stratégie pour récolter le maximum d’informations sur les deux professeurs qui se prénommaient Roger.

Mon année sabbatique était largement entamée et j’avais beaucoup de temps de libre, vu que je préparais mon agrégation de chimie avec le sérieux d’un clown déprimé. Le matin qui suivit, je m’arrangeais pour me trouver dans la salle des professeurs à neuf heures cinquante, moment stratégique, quand les fauves vont se désaltérer dans la petite rivière sous les arbres ou plus exactement quand les professeurs viennent boire leur petit café à la machine à boissons. C'était la récréation de dix heures.

Après deux heures de cours, les professeurs s’étaient déjà transformés en zombis, sous les assauts des élèves insolents et paresseux. Ils étaient excités comme des mouches affamées et se racontaient, les uns aux autres, leurs petites mésaventures matinales. Certains couraient aux toilettes, d’autres prenaient d’assaut la photocopieuse en fin de vie. Moi j’observais toute cette agitation, assis dans un fauteuil, un peu à l’écart.

Et soudain, la minute de nostalgie(2) : ELLE entra dans la salle, sans rien dire et me tourna le dos en se baissant un peu pour se servir un café. ELLE était en jeans qui moulait ses fesses et mon cœur, un moment, ne battit que pour ELLE.

J’attendais les deux Roger, en espérant qu’ils soient présents ce jour-là. Ma patience fut récompensée quand je vis arriver Roger Ballopié, le prof d’EPS (Education Physique et Sportive). Je le trouvais vieilli. C’est vrai qu’il avait soixante-trois ans et qu’il avait plein de rhumatismes et un souffle au cœur. Mais vaillamment, il remplissait sa mission d’enseignant pour l’amour des élèves. En réalité, il avait prolongé son activité pour avoir une meilleure retraite. Je ne voyais pas ce Roger Ballopié, s’activer sur Marina ; son souffle au cœur l’aurait tué. Et donc j’éliminais cette piste. Il ne restait plus que Roger Meridiani, le prof de sciences humaines (histoire-géo) qui était en retard et qui devait certainement ranger ses cartes de géographie dans le petit réduit poussiéreux qui lui servait de remise. Il avait la quarantaine, divorcé, discret et relativement sympa. Seulement, des bruits couraient sur son compte ; on disait qu’il était impuissant. C’était quelque chose à vérifier et si cela était vrai, je l’aurais ainsi éliminé de la liste des amants de Marina la trayeuse.

Pour pouvoir résister au stress, les professeurs avaient trouvé un dérivatif qui se passait dans les labos, les remises sans fenêtre, les toilettes et les salles inoccupées. Cet échangisme forcené se passait loin des élèves, qui eux menaient une vie bien plus « hard » que la nôtre.

Voilà pourquoi, à cause des ruptures et des réconciliations, planait sur le collège une atmosphère malsaine de médisances.

En contactant un ami du prof de sciences humaines, j’appris ainsi que la rumeur de son impuissance avait été lancée par Lucie, la prof d’arts plastiques qui avait été lâchement abandonnée par Roger Meridiani, pour une jeune stagiaire de vingt ans.

Moralité : à la fin de la journée, je tournais toujours en rond, sans aucune certitude.

Et pour ajouter à ma confusion, Christiane, la copine de Marina, me révéla un indice qui provoqua un effondrement de toutes mes suppositions…

A suivre

Notes :

 

1 : Cap de Bonne Espérance ou cap des tempêtes.

Il se situe au sud du continent africain.

Découvert par Bartolomeu Dias en 1488, le cap fut d'abord baptisé "cap des Tempêtes" en raison des courants et des vents marins qui s'y livrent bataille. C'est le roi Jean II de Portugal qui lui donna son nom actuel par la suite. En 1502, lors d'une nouvelle expédition, 4 vaisseaux sombrèrent au large du cap, avec à leur bord, Bartolomeu Dias.

Le choc des titans : l'Atlantique et l'Indien

Les eaux du cap sont très tourmentées à cause de la jonction entre l'océan Atlantique et l'océan Indien dont les courants très différents se rencontrent violemment : un courant froid à l'ouest et un courant chaud à l'ouest sont à l'origine de la réputation tumultueuse de ce passage obligé d'un hémisphère à l'autre.

 2 :Nostalgie :Du grec ancien νόστος nóstos (« retour ») et λγος algos (« douleur ») soit « douleur ressentie à la pensée du retour à la maison familiale, du mal du pays, d’une sensation passée ».

 


 


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posté le 03-05-2015 à 08:07:08

Marina (16).

 

 

La nuit qui suivit fut aussi blanche que les dents de Barak Obama.

La question était de savoir si je devais aller au collège me « vider » pour remplir mon « devoir de citoyen » ou bien abandonner Marina et ses caprices. Il faut dire qu’elle m’avait laissé entrevoir une étonnante palette de ses capacités sexuelles.

Et à 13h45, je frappais à la porte de sa salle. Auparavant, j'étais passé dans la mienne pour y déposer mon parapluie qui déplaisait temps à Marina.

« Entrez ! » me dit-elle avec une voix qui devait impressionner les élèves. Elle était assise sur un tabouret et corrigeait des copies sur une table de la classe.

Elle avait l’air distante ; elle ne leva pas le nez pour m’accueillir.

« Ca commence bien ! » pensais-je en ayant une furieuse envie de rebrousser chemin. Elle me regarda enfin et me dit : «  il y a un petit contretemps. Les 3èmes B sont de sortie avec leur professeur principal et donc mes travaux pratiques sont annulés ». J’étais à la fois soulagé et déçu et je la regardais avec des yeux de homard bouilli (1).

« Tu aurais pu me prévenir ! Ce qui fait, que je suis venu pour rien !» lui dis-je avec un air de reproche.

« Pas tout à fait pour rien ! » répondit-elle et elle ajouta « suis-moi dans mon labo!»

Dans son labo, planait toujours cette odeur de formol qui me faisait penser à des cadavres. Elle referma la porte à clé et murmura en se collant à moi « dis-moi que tu m’aimes ! » et elle me fourra sa langue dans la bouche. Pour parvenir à mes fins, j’étais prêt à lui dire n’importe quoi, même que j’aimais les écologistes.

« Prends-moi sur la paillasse (2) ! » cria-t-elle, sans se soucier des élèves qui traînaient dans le couloir. C’est que sur la paillasse, il y avait des tubes à essais, des béchers, une dizaine de compte-gouttes qui contenaient de l’acide chlorhydrique dilué, des pissettes et pas mal de flacons remplis de formol dans lesquels baignaient avec délice, les corps sans vie de grenouilles, de souris, de lézards, de serpents (3) etc…

Du doigt, je lui désignais tout ce bazar. Avec une main, elle fit un peu de place et en me tournant le dos, elle se pencha sur la paillasse, dans une position que l’on pourrait qualifier de semi-levrette. En même temps, elle releva sa jupe pour découvrir ses fesses et un string qui n’avait rien de très catholique. Moi, j’étais tendu comme la corde de l’arc de Geronimo (4).

Le premier contact entre deux organes faits l’un pour l’autre a quelque chose de sublime. Je me sentais bien dans son cocon humide et comme le piston d’une locomotive à vapeur (5), j’effectuais un mouvement alternatif de translation comme dirait le physicien que je suis.

Au moment de l’orgasme, elle cria : «  Ho, Roger, Roger, hooooo ! » en serrant la main décharnée du pauvre squelette qui avait assisté à la scène.

Elle se redressa et s’essuya avec du papier filtre qui traînait sur la paillasse.

Mais moi, curieux comme un ver de terre amoureux, je lui demandai : « Mais qui est Roger ? » Ce n’était pas mon prénom, alors c’était celui de qui ?

Elle me regarda, désemparée, en cherchant une réponse crédible.

« Mais Roger, c’est le nom que j’ai donné au squelette ! » me dit-elle, soulagée.

Je la crus autant qu’un dentiste ougandais qui arrachait des dents sans anesthésie et sans antiseptique, dans la brousse africaine.

Ce que je savais, par contre, c’est que dans ce collège, il y avait deux professeurs qui se prénommaient Roger et là, je me préparais à mener ma petite enquête…


A suivre


 


Notes :


 

1 : …des yeux de merlan frit…

2 :  Une paillasse de laboratoire ou une table de manipulation désigne un plan de travail dont le revêtement est par exemple carrelé, vitré, en matière plastique ou stratifié, afin d'en faciliter le nettoyage.


 


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3 :


 


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4 : Geronimo, né le 16 juin 1829 et mort le 17 février 1909, appelé à sa naissance Go Khla Yeh, parfois écrit Goyathlay, était un guerrier apache qui a combattu le Mexique et les États-Unis.


 


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5 :


 


Le piston a un mouvement alternatif de translation dans le cylindre.


 


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posté le 26-04-2015 à 08:03:56

Marina (15).

 

Allez, fais vite,

Marina nous attend ! 

 

Elle mena l’affaire de main de maître : quelques minutes plus tard, j’avais maigri de quelques grammes, le poids* de ma virilité. Il faut dire qu’au milieu de l’épreuve, elle profita d’une soi-disant fatigue de ses doigts, pour les remplacer, pendant quelques secondes, par sa bouche qui s’activa avec ardeur. Le verre de montre était plein à ras-bord. Elle y trempa le bout de sa langue et murmura : « hum, ton sperme a bon goût et il est bien épais, on dirait que tu n’as pas fait l’amour depuis plus d’un mois ! » Je répondis par un « euh » gêné et j’ajoutais : « euh, effectivement ». Pour la première fois, elle me regarda avec tendresse et me dit : « il faudra que je remédie à ça ! » Etait-ce la promesse d’une future folle nuit d’amour ? Pour reprendre l’avantage et pour me moquer un peu d’elle, je lui dis : «  on dirait que tu es une spécialiste pour ce genre d’activité manuelle… ! » Dans ses yeux passa une ombre de mélancolie et elle rétorqua : « Avant d’être prof, j’ai travaillé plusieurs années dans un CPA ! » Je la regardais sans comprendre, alors elle m’expliqua : « Oui un Centre de Procréation Assistée et là-bas on m’avait surnommé Marina la fermière ». Je ne voyais pas exactement le rapport. Elle comprit et compléta sa phrase : « oui j’étais trayeuse** ! » Ce fut un cri du cœur : « trayeuse ? ». Elle répliqua agacée : « tu veux que je te fasse un dessin ? »

Je comprenais tout maintenant et je me demandais si elle ne se moquait pas de moi.

L’odeur de formol me donnait un peu la nausée et ce n’était pas le top pour la digestion. Mon regard chercha les flacons qui contenaient ce produit chimique et qui étaient certainement mal bouchés. Et alors, je fis une étonnante découverte : le squelette humain qui nous regardait avec un air goguenard, était suspendu à un porte-manteau en bois massif. En regardant son pied, j’aperçus le logo en cuivre qui luisait sous la lumière des néons : c’était un portemanteau Solido ! 

Pour me remercier, Marina, reconnaissante, me tendit ses lèvres. Sa salive avait un goût de sperme, le mien en l’occurrence et je me demandais comment les femmes pouvaient supporter ça. C’est vrai, que les femmes et le sperme, c’est une drôle histoire d’amour.

« Bon, allez file maintenant ! Les élèves vont arriver. » Elle commençait à devenir nerveuse. J’étais presque dans le couloir, quand elle me rattrapa en me disant : «Attends un peu, j’ai plusieurs choses à te dire ! » Et avec ses doigts elle m’indiqua le nombre trois.

1/ « Alors à demain, même heure dans mon labo ! J’aurai la 3èmeB cette fois-ci et il me faudra une bonne dose… »

2/ « Et demain, inutile d’apporter ton parapluie. La météo a annoncé du très beau temps comme aujourd’hui. »

3/ « Jean Claude, l’autre prof de SVT, a les 3èmeC et D. Et il aura besoin de tes services la semaine prochaine pour ses TP sur la reproduction humaine… »

Alors là, c’en était trop. Je lui coupais la parole :

« Non, il n’est pas question que Jean-Claude ait mon sperme ! Et tu veux qu’il m’aide comme tu l’as fait ? C’est ça ? Mais il n’a qu’à prendre le sien ! »

Marina était gênée. Elle me dit :

« C’est que Jean-Claude souffre d’aspermie*** ! » 

Voilà, dans ce collège, on me prenait pour un taureau reproducteur !

« Adieu ! » dis-je à Marina, « tu ne me reverras plus ! »

Elle sourit et murmura « Alors à demain mon chou ! »

Elle savait que mon adieu était un adieu de pacotille et quand j’entendis « mon chou», je crus mourir d’amour pour elle…


 


A suivre


Notes:

  

 

 

* La masse en fait, c’est une quantité de matière exprimée en grammes. Le poids, en Newtons, est dû à l’attraction terrestre.

** trayeur,euse :Personne dont la fonction est de traire.

*** aspermie : absence de sperme après l’orgasme.

 

 

 


 

 


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1. anaflore  le 26-04-2015 à 09:00:26  (site)

trayeuse de sperme ça existe?????question du jour!!!bonnes vacances

2. gabeziers  le 26-04-2015 à 14:56:53

Bonjour.

3. La Rousse  le 01-05-2015 à 17:41:48

Salut Alain,

Je te soupçonne de fabriquer ces petites animations, c'est pas possible de trouver un tel truc sur le net...mdr
Tu es incroyablement imaginatif, où vas-tu chercher tout ça ? smiley_id239863

4. anaflore  le 02-05-2015 à 05:40:33  (site)

merci de ta réponse on apprend chaque jour
un petit partage de mon bouquet de muguetpour qu'il te porte chance bon wk

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posté le 19-04-2015 à 08:12:51

Marina (14).

 

                                                               Marina et moi

                                                                ou

                                       l'obsession des portemanteaux "Solido".

 

Le lendemain de cette relation avortée, je me sentais plutôt maussade et j’en voulais beaucoup à Marina d’avoir joué le rôle de pimbêche effarouchée.

« On ne m’y reprendra plus ! » pensais-je en me rasant, le matin, devant un miroir qui se moquait de moi. Vers neuf heures, je m’installais à mon bureau pour étudier « la spectrographie RMN appliquée aux molécules organiques ». Rien de bien folichons, ces spectres dont les pics nous indiquaient la nature des radicaux carboniques. A neuf heures trente, le téléphone sonna.

« Tu peux toujours sonner, je ne décrocherai pas ! » dis-je au téléphone qui n’y pouvait rien. A la seconde sonnerie, je me précipitais vers lui comme un meurt-de-faim en espérant entendre la voix de Marina… C’était la fille des portemanteaux Solido qui me relançait pour l’achat de leurs produits. Je fus désagréable avec elle et lui raccrochais presqu’au nez. A dix heures, deuxième appel : j’étais en train de somnoler devant les spectrogrammes indigestes.

« Oui ? » dis-je avec l’énergie d’une pile en fin de vie.

C’était Marina qui avait l’air aussi gênée qu’une anorexique devant un baba au rhum.

Elle me dit qu’elle avait besoin de moi de toute urgence et que si j’étais gentil (je le suis trop hélas), j’irais la rejoindre à treize heures quarante-cinq dans son labo.

« Mais, ce n’est pas ce que tu crois… » ajouta-t-elle et après un bref moment de silence, elle compléta : «…Heu enfin, un peu, peut-être ! »

Je ne comprenais strictement rien à ce qu’elle me disait ; mais comme j’avais envie d’aller prendre l’air, j’acceptais.

Prendre l’air, façon de parler, car son labo empestait le formol.

Quand je la vis, revêtue de sa blouse blanche, un fantasme endormi, soudain se réveilla ! Elle m’expliqua la situation :

« Je dois faire une leçon sur la reproduction humaine en 3ème A et il faut à tout prix que je leur montre des spermatozoïdes au microscope. »

Je répliquais qu’elle aurait pu préparer tout ça la veille au lieu de me déranger. Elle argumenta :

« Mais les spermatozoïdes doivent-être vivants et leur durée de vie à l’air libre est très courte. »

Je comprenais où elle voulait en venir. Elle alla chercher un verre de montre (petite coupelle) qu’elle me tendit en me disant : « tu peux le faire là-dedans ».

« Mais faire quoi ? » répondis-je pour la taquiner.

En femme de sciences, elle utilisa les mots précis : « Eh bien, te masturber et éjaculer dans le verre de montre ! »

La situation devenait cocasse et pour me moquer d’elle, j’utilisais la blague préférée des machos :

« Mais ça va déborder, donne-moi plutôt un bécher de 250 mL (un quart de litre) ! »

Cela ne la fit pas rire. Elle me dit : « allez fais vite, les élèves vont arriver ! »

Faire vite, faire vite, elle me faisait bien rire Marina !

« Mais, il faut que tu m’aides pour ça ! » dis-je en essayant de profiter de la situation. Elle était exaspérée et elle vint vers moi en criant presque « ouvre ta braguette ! » C’était un ordre ! Et elle ajouta : « je vais prendre les choses en main !»

Les choses ? Elle voulait dire la chose plutôt !

Devant nous, le squelette nous regardait avec un air rigolard…

A suivre

 

 

 

 


 


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