posté le 03-08-2015 à 10:12:54

Marina (29).

 

Vive l' ADN

ou

Acide DésoxyriboNucléique

(c'est plus facile à dire) 

 

De toute évidence, Roger n’était autre que le squelette du mari de Marina. Par conséquent, il n’avait pas trouvé la mort dans l’incendie de son usine de portemanteaux. Il était décédé ailleurs et probablement assassiné par sa femme. On ne retrouva pas le cadavre sur le lieu du drame, car en fait il était certainement resté à son domicile. Marina avait dû tuer son mari et pour se débarrasser de son corps, elle l’avait fait dissoudre dans de la soude, probablement dans sa baignoire. Elle avait dû reconstituer le squelette, pour le transporter ensuite dans son labo, au collège.

Quelle cruelle vengeance ! Le mari de Marina, assistait, par l’intermédiaire de son squelette, à tous les ébats amoureux de son épouse. Et elles étaient nombreuses ses parties de « jambes en l’air »...

Il fallait d’abord que je fusse sûr que le squelette du labo était celui de Roger, le mari de Marina. Seul un test ADN pouvait le prouver. Avec le scalpel que je trouvai sur la paillasse, je grattais le tibia de ce pauvre Roger. Je recueillis la poussière d’os sur un morceau de papier filtre. Quand j’en eus une quantité suffisante, je pliais le papier en quatre et le plaçai dans la poche de ma veste. Ouf, c’est à ce moment-là que Marina revint dans le labo, en me disant :

« Chéri, il faut que tu files, les élèves vont arriver ! »

Ce « chéri » me fit froid dans le dos. Elle me poussa dehors, après m’avoir embrassé sur la bouche et titillé ma langue avec la sienne chaude et baveuse.

Mais que faire de cette poussière d’os ? L’apporter à la police ? Et si je m’étais trompé ? Je ne pouvais pas accuser quelqu’un sans de réelles preuves. J’avais un ami qui travaillait à l’une des facultés des sciences de Marseille ; lui, pouvait certainement savoir à qui s’adresser pour effectuer le test ADN.

Chez moi, je lui téléphonais et il fut heureux d’évoquer les frasques de notre jeunesse. Cependant, je lui racontais toute l’histoire de Marina et les craintes que je nourrissais à son sujet. Il me refroidit un peu en me disant :

« Oui, mais il me faudrait un élément de ton Roger vivant, comme des cheveux, de la salive, du sang, du sperme…, pour que l’on puisse comparer les deux ADN. »

Où allais-je trouver tout ça ?

Presqu’avec effroi, je compris que je devrai aller faire un tour dans la maison de Marina. Il fallait que je jouasse avec elle, la comédie du collègue amoureux. Je lui laissais un message sur son portable, presqu’une déclaration d’amour à laquelle, je pensais, elle ne serait pas insensible. Elle me répondit, quelques minutes plus tard, en me disant qu’elle m’attendrait, le soir même chez elle, vers vingt heures et que j’avais intérêt à «assurer».

Le sort était jeté : je craignais surtout que le labo ne s’enrichît d’un deuxième squelette prénommé « Alain » (mon prénom)…


A suivre

 

 


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posté le 27-07-2015 à 10:05:24

Marina (28).

 

Roger, le squelette du labo de SVT... 

 

Quelques jours plus tard, je reçus un appel de Marina qui me demandait d’aller la voir au collège. Je pensais qu’elle avait encore besoin de mon sperme bio pour montrer aux élèves la valse de mes spermatozoïdes musclés sous l’oculaire des microscopes. J’étais prêt à satisfaire sa requête à condition que mon émission spermatique fût recueillie dans sa bouche.

On se rencontra, comme d’habitude, dans son labo et je m’aperçus que ses muscles buccaux n’avaient rien perdu de leur vigueur. Elle recracha le tout dans un bécher de 50 mL, qui fut rempli presqu’à ras-bord (j’exagère bien-sûr, car je ne suis pas un cheval). Ce qui me gênait surtout, c’était la présence constante de Roger qui assistait à tous nos ébats. Roger, c’était le squelette du labo et sa tête de mort-vivant curieux me donnait des frissons qui n’avaient rien à voir avec ceux que me fournissait la bouche de Marina. Après avoir fini de tripoter ses gros seins, j’osais enfin lui demander :

« Mais pourquoi as-tu surnommé Roger, le squelette du labo ? »

Marina se figea et prit sur la paillasse un bistouri inquiétant. Elle se dirigea vers moi, comme si elle voulait me poignarder. Elle arrêta la lame à deux centimètres de ma gorge et se mit à rire d’une manière hystérique.

« Tu as eu peur, hein ? » me dit-elle.

Moi, je me demandai surtout ce que je faisais dans cette pièce. Je lui reposais la question sur le prénom du squelette à laquelle elle ne répondit pas, se contentant de passer sa langue gluante sur mes lèvres.

Elle alla ensuite dans sa salle qui communiquait avec le labo, en me disant qu’elle devait préparer des travaux pratiques pour sa classe de 3ème.

J’en profitais pour fouiller dans une armoire, cherchant un indice qui pourrait effacer la brume qui encombrait mon cerveau. Je trouvais un classeur dans lequel elle conservait tous les bons de commandes des différents matériels et produits chimiques nécessaires aux expériences réalisées en SVT. Quelque chose de bizarre attira mon attention : en trois ans, elle avait commandé, par petites quantités, plus de cent litres de soude.

Je me souvins alors que j’avais lu un article dans lequel on expliquait comment on «fabriquait » les squelettes à partir de cadavres : par dissolution des chairs par la soude. Un frisson peu voluptueux parcouru ma moelle épinière, lorsque je me retournais pour observer Roger, le squelette suspendu à une potence métallique. Roger, au sourire énigmatique figé pour l’éternité.

Avec horreur, je crus comprendre ce qui était vraiment arrivé…


A suivre


 

 


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posté le 20-07-2015 à 10:05:05

Marina (27).

 


 Serena me berça avec son sourire, petit éclair sympathique dans ce bar plein d’odeurs de café, de bruits de machine à vapeur que le percolateur fatigué, coureur de fond essoufflé, projetait dans la salle en étouffant les conversations des rares clients qui passaient.

Elle ne pensait pas que Marina eût menti et elle poursuivit sa confession :

« Après l’incendie, j’ai vécu l’enfer ! Je n’arrivais plus à sortir, je restais des jours entiers enfermée chez moi et je ne répondais plus aux sollicitations de mes amis. Un jour, presqu’au bord du suicide, je trouvai dans la poche de mon manteau, un morceau de papier sur lequel vous aviez écrit votre numéro de téléphone et ce fut une bouée que le destin me lançait. Je m’y accrochais comme une désespérée et c’est alors que je commençais à vous téléphoner au nom de la société Solido. Cela me permettait de parler à quelqu’un et je m’efforçais de ne pas vous appeler plusieurs fois par jour. Je ne vivais que pour ça : vous parler quelques minutes anonymement. »

Je l’interrompis pour lui dire :

« Et moi j’attendais votre appel, sans savoir que c’était vous ! C’était un drôle de lien qui s’était créé entre nous ; chacun avait besoin de l’autre ».

Ma main serra la sienne et ce fut avec ELLE, mon premier instant de bonheur. Je tentais de lui expliquer ce que je pensais de sa situation :

« J’ai des indices confus qui me font croire que Marina vous a bien menti et que son mari n’a pas péri dans l’incendie de son entreprise. »

Serena m’enveloppa d’un regard diffus, mélange d’espoir et d’incompréhension. Elle me murmura :

« Alors Roger est encore vivant ? Marina et lui ont donc monté ce stratagème pour toucher la prime d’assurance ? »

Je dus rectifier sa pensée :

« Non, je pense que Roger est bien mort ! »

Son regard me caressa la joue et ses yeux se perdirent dans un labyrinthe obscur que j’aurais bien aimé explorer avec elle, en lui tenant la main, en sentant sa peau sur la mienne…

« Votre patron est bien mort, mais pas comme vous l’aviez imaginé…! » 


A suivre


 


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posté le 13-07-2015 à 10:01:07

Marina (26).

 

 

Méfions-nous des confidences... 

 

Elle répéta sa phrase, pour se faire du mal peut-être ou pour tenter d’expier cette action fatale.

« Oui, je suis une criminelle ! »

Le bar semblait en rodage. Il prenait l’aspect d’un garage désaffecté avec ses tables désertées et ce parfum de café qui planait comme cette odeur de vieille huile qui encombre l’atmosphère des arrière-cours où s’entassent les voitures en fin de vie.

Moi, je ne savais quoi dire, gagné par son émotion ; je ne pouvais que la regarder, fixer ses yeux embués, témoins du drame qu’elle avait vécu.

Et Serena se remit à raconter :

« Marina me téléphona le surlendemain pour m’apprendre que son mari avait péri dans l’incendie. Un incendie si violent, qu’on ne retrouva pas son corps. Marina m’expliqua que Roger, malgré son angine, était allé travailler très tôt ce matin-là, comme il en avait l’habitude. »

Un jeune homme entra dans le bar. Il avait les yeux troubles de quelqu’un qui avait fumé un joint. J’avais appris à repérer les élèves de troisième qui se droguaient. Du jour au lendemain, leur comportement changeait : ils se montraient agressifs et leurs yeux rougis ne laissaient aucun doute quant à leur addiction. Leurs parents ne remarquaient rien et étaient catastrophés quand on essayait de les avertir. Souvent ils niaient l’évidence et attribuaient les yeux rougis de leurs enfants à une conjonctivite saisonnière. Des parents-autruches, on  en a vu des dizaines, des parents qui ne voulaient surtout pas que l’on dérange leur petite vie bien huilée.

Le jeune homme au blouson de cuir se dirigea vers le juke-box et lança une chanson de Grand corps malade « J’ai oublié ».                           


                                                                 

 Pour écouter la chanson, cliquez sur la flèche.


L’oubli, c’est certainement ce qu’il fallait à Serena pour qu’elle reprenne le dessus. Je lui demandai si le jour de l’incendie, elle n’avait pas observé des indices troublants. Elle me regarda comme si elle scrutait un totem et dans ses yeux passa un éclair dont l’intensité sécha un instant ses larmes. Elle me répondit :

« Oui, je me souviens que tout était éteint dans l’entreprise et que le bureau du patron était parfaitement obscur. »

Alors je lui assenai une question qui la déstabilisa.

« Et alors, qu’est-ce qui prouve que votre patron était dans l’usine ce jour-là ? »

Elle mit du temps à réagir, comme si ma phrase venait déranger le scénario funeste qui empoisonnait sa vie depuis des jours et des mois. Elle ne put que me répondre :

« Mais c’est sa femme, Marina, qui me l’a dit ! »

Malgré moi, je lui fis un petit sourire, comme un baume calmant sur une brûlure qui suinte et je lui murmurai :

« Et si Marina avait menti ? »…

 

                                                                                  A suivre

 

 


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1. causons  le 02-09-2015 à 01:15:09  (site)

"Grand corps malade" ==> J'aime

2. La Rousse  le 09-09-2015 à 11:14:07

Salut !

J'espère que tu t'es rendu compte que "causons", c'est moi ?

3. prof83  le 09-09-2015 à 12:32:41  (site)

Pas du tout !

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posté le 06-07-2015 à 10:15:41

Marina (25).

 

Serena poursuivit sa confession :

« Un jour, Marina me téléphona pour que l’on se rencontrât dans un bar. Là, elle me donna le double des clés de l’entreprise Solido. Son mari avait une angine et serait absent pendant quelques jours. C’était le moment d’agir, tôt le matin, quand les employés n’étaient pas encore arrivés. Il fallait que les locaux fussent absolument déserts pour éviter tout drame humain. »

Serena se figea soudain, certainement bouleversée par une charge émotionnelle longtemps refoulée. Sans réfléchir, je pris sa main dans la mienne. Elle se laissa faire avec un petit sourire reconnaissant :

« Le jour J, vers sept heures du matin, j’entrais dans l’entreprise déserte et j’allais directement au sous-sol que je connaissais bien. Là, j’enflammais un morceau de chiffon qui dépassait du goulot d’une bouteille en plastique remplie d’essence que je plaçais tout près des fûts pleins de solvants. J’avais tout apporté dans un sac en papier. Je savais que l’air était saturé de vapeurs inflammables et que l’incendie allait se déclarer en quelques minutes. J’eus tout juste le temps de quitter l’entreprise. Une énorme explosion secoua tout le quartier endormi. Je pris le bus à une station voisine pour m’éloigner le plus vite possible du lieu du sinistre. J’allais ainsi jusqu’au terminus situé à plusieurs kilomètres de distance et qui se trouvait dans une rue que je ne connaissais pas. J’étais bouleversée. C’est dans cette rue que votre voiture m’a renversée. Ce n’était pas votre faute ; je me comportais alors comme un zombie qui marchait dans un brouillard épais. »

Des larmes coulaient maintenant des yeux de Serena. J’étais un peu gêné pour elle, car le serveur nous observait de loin. Il frottait avec un torchon, le zinc du comptoir qui brillait sous la lumière froide des néons qu’il avait oubliés d’éteindre. Je ne savais pas comment consoler et rassurer autant que possible, cette jolie fille qui m’avait fait rêver pendant des jours et des jours. Discrètement, Serena essuya ses yeux avec un mouchoir en papier qu’elle roula en boule ensuite, pour le cacher dans son sac. Et elle continua son histoire :

« Le lendemain, par le journal local, j’appris que l’entreprise Solido avait complètement brûlé et qu’une enquête de routine avait été déclenchée. »

J’essayais de dédramatiser la situation :

« Mais Serena, tout est fini, maintenant. Il faut tout oublier et passer à autre chose ! »

Serena me jeta un regard tentaculaire :

« Oublier ? Comment oublier tout ça, alors que je suis une criminelle ! »…

A suivre

 


 


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posté le 28-06-2015 à 08:36:10

Marina (24).

 

Serena semblait se décomposer au fur et à mesure de son monologue, sa voix un peu noyée par le bruit des percolateurs, machines à vapeur des temps modernes, qui nous enveloppaient parfois dans un brouillard parfumé d’Arabica de Colombie ou du Pérou.

« Marina me révéla que l’entreprise Solido connaissait d’énormes difficultés de trésorerie et qu’en un mot, elle était au bord de la faillite. Elle me fit comprendre, dans un premier temps, que seules, les assurances, pouvaient la sortir de cette ornière. »

Serena se tut un instant, les yeux perdus dans un monde à elle, celui que les circonstances d’une rencontre improbable, avaient créé. Mais avec courage, elle continua :

« Moi, je ne comprenais pas très bien où elle voulait en venir. Alors Marina fut plus explicite et me dit qu’un incendie de l’usine Solido serait le bienvenu pour être dédommagé par les assurances. »

Mon attention, un instant détournée sur les seins de Serena que j’imaginais plutôt en forme de poires Guyot bien fermes, replongea dans l’acide chlorhydrique, ce scénario effroyable dont je commençais à découvrir les conséquences.

Serena continua avec une voix qui essayait de survivre parmi les cris et les rires d’ouvriers attablés près de nous.

« C’est alors que Marina me proposa une forte somme d’argent si je pouvais l’aider. Oui, l’aider à incendier les usines Solido. Cela se ferait tôt le matin, quand les ateliers étaient déserts. Les sous-sols contenaient du bois et d’énormes quantités de solvants divers très inflammables. Il suffirait d’une allumette jetée sur les futs suintants de vapeurs pour provoquer un important incendie. Moi j’étais étudiante et j’avais besoin d’argent. J’avais trouvé une place de secrétaire intérimaire à temps partiel dans cette entreprise qui me permettait tout juste de payer le loyer de mon studio et mes maigres repas au resto U. J’ai donc accepté la proposition de Marina, à la seule condition que les entrepôts soient absolument déserts. »

Je me demandais ce qui poussait Serena à se confier ainsi à moi, un inconnu, à avouer finalement un acte criminel. Les remords peut-être ?

Le silence se fit soudain dans le bar, quand les ouvriers sortirent pour aller travailler. Serena baissa un peu la voix pour me raconter la suite.

« Avec Marina, on fixa la date et l’heure de l’incendie. Elle me donna la moitié de la somme prévue et me promit le reste quand cette affaire serait terminée. Mais le jour de l’incendie, tout ne se passa pas comme prévu… »

 

A suivre

 

 


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posté le 21-06-2015 à 09:04:45

Marina (23).

 

 

La nuit fut peuplée d’étoiles. Les murmures, les soupirs et les cris en firent une fête foraine aux stands variés, bariolés et bruyants. Vers deux heures du matin, je sombrai dans le chaudron de barbe-à-papa, dans la ouate rose et parfumée.

Marina s’était endormie avant moi, directement, gluante de nos ébats, sans passer dans la salle de bains. Dans ma somnolence alcoolisée, je l’entendis murmurer plusieurs fois « Roger, Roger »…

Au petit matin, blême comme un café crème, je quittais Marina pour regagner mon domicile, sans rien dire. Elle avait dans le lit, une position qui trahissait un abandon confiant, sans imaginer que dans mon cerveau s’élaborait le scénario d’un film d’épouvante.

Chez moi, la douche effaça de mon corps les odeurs de l’amour et les parfums aux senteurs périmées. Je crus entendre plusieurs fois la sonnerie du téléphone retentir dans mon salon ; Serena tentait certainement, encore de me contacter.

Effectivement, j’étais à peine séché, que le téléphone se mit à bondir sur sa petite table comme un crapaud capricieux. C’était Serena qui oublia cette fois les portemanteaux Solido. Elle voulait absolument que l’on se rencontrât pour me révéler certains faits qui la perturbaient. Je n’avais pas trop envie de la voir et pourtant, c’est elle qui fut mon idée fixe durant des mois, ELLE, que je désirais entendre et aimer. Mais Marina avait comme par hasard, interrompu ce processus amoureux si fort et pourtant si fragile.

Je rencontrais Serena, dans un bar situé dans la rue de l’accident qui faillit lui coûter la vie. C’était le bar des Platanes et mon émotion que je croyais effacée, recommença à vriller mon estomac et à transformer mon cœur en ballon de basket.

Serena, m’attendait, assise au fond du bar, oubliée par la lumière des néons qui ne parvenait pas à l’atteindre. Elle était toujours aussi belle et sexy, dans une jupe courte certainement offerte par Satan lui-même. Elle me regarda comme une naufragée attendant un miracle.

Elle se redressa en appuyant ses mains sur la table ronde et métallique et avança son visage pour m’embrasser, comme on embrasse un ami, sur les deux joues. Je fus agréablement surpris et cela me mit immédiatement à l’aise.

Elle me dit sans préambule :

« Oui, j’ai conservé votre numéro de téléphone et c’était moi, la fille qui vous harcelait au nom des portemanteaux Solido… ! »

Cela, je l’avais deviné sans en comprendre la raison.

Elle continua avec une voix qui ressemblait à un long couloir sombre qui fait peur aux enfants :

« J’étais secrétaire dans les établissements Solido et un jour au cours d’un apéritif de fin d’année, je rencontrais Marina, la femme de mon patron. »

Voilà, c’était le lien qui unissait les deux femmes.

Serena se tut un instant, espérant peut-être que je réagirai d’une manière quelconque.

Elle avait devant elle, une statue de sel immobilisée pour l’éternité. Alors, elle reprit son monologue :

« Nous avons sympathisé et alors Marina me fit une proposition étonnante… »



A suivre


 

 


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posté le 14-06-2015 à 08:59:42

Marina (22).

 

 Le lendemain, Marina m’envoya une dizaine de SMS auxquels je ne répondais pas, ce qui, la connaissant, devait l’exaspérer.

Serena me rappela aussi. Je commençais à mieux comprendre la situation. Elle m’avoua qu’elle était en réalité la fille que ma voiture avait renversée un matin dans une rue déserte. Elle avait gardé mon numéro de téléphone qui lui permettait de parler à quelqu’un, lorsque son angoisse était trop forte.

Mais ce qui provoquait son angoisse, ça je ne le savais pas encore.

Marina, quant à elle, me sommait d’aller la voir le plus tôt possible à son labo ou dans sa maison pour me révéler un secret très important.

Lorsqu’elle ouvrit sa porte, je compris vite que quelque chose la tracassait. Moi, j’avais bien une idée derrière la tête, mais je l’oubliais bien vite devant la mine effarée de ma collègue.

Nous nous assîmes face à face, comme pour éviter tout contact physique. Elle était pâle et de son visage avait disparu ce petit sourire coquin qui me faisait tellement craquer. Elle commença une sorte de confession dont l’ignorais la sincérité :

« Tu sais que je suis veuve. Mon époux était le propriétaire de l’entreprise Solido qui fabriquait des portemanteaux. Un jour, l’usine fut complètement détruite par un violent incendie dans lequel, Roger, mon mari, trouva la mort. Dans les sous-sols de l’usine, étaient entreposés un important stock de bois et des réserves de peintures et de solvants inflammables. Ce fut un vrai désastre. On ne retrouva même pas son corps».

Je voyais un peu plus clair dans cette affaire. Marina semblait bouleversée et, après avoir avalé une gorgée d’eau, elle continua.

« On ne sut jamais si ce fut un accident ou un incendie criminel… »

Elle s’arrêta brusquement de parler. Son corps se mit à trembler comme si elle était atteinte de la maladie de Parkinson. Des larmes coulèrent à flot de ses beaux yeux noirs. J’étais un peu indécis quant à l’attitude à adopter. J’allais quand même la rejoindre sur le canapé et je la pris tendrement dans mes bras, comme pour lui transmettre un influx consolateur. L’influx, en fait, circulait en moi dans une région alchimique ou l’argile molle se transformait en or massif et rigide. Pour être plus clair, je dois avouer que j’avais une effroyable érection. J’en avais honte, mais en étais-je responsable ? Qui a la prétention de se faire obéir par ses hormones qui mènent une double vie ? Je craignais seulement, que Marina ne s’en aperçût. Et elle s’en aperçut ! Mais quelle image d’affreux macho, offrais-je à une femme dans la douleur ? Avais-commis l’irréparable ? Je me le demandais, quand elle se détacha brutalement de moi. Elle me contempla avec des yeux où semblaient se fondre toutes les enclumes de l’enfer. Elle cria presque :

« Oh, je te préfère comme ça ! »

Et elle colla sa bouche sur la mienne.

Je fus tellement surpris, que dans la région incontrôlable de mon corps, se produisit le phénomène inverse du précédent : l’or dur, fier et dressé, par un processus alchimique incompréhensible, se transforma en misérable argile aussi molle que les fesses de Josiane Balasko. Sa main droite « tâta » la chose et elle me dit :

« Ne t’inquiète pas chéri, n’oublie pas que je suis une ancienne trayeuse professionnelle ! »

Il suffit de trente secondes pour que je fusse de son avis.

Et l’argile se transforma en or… !

A suivre

 


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1. anaflore  le 14-06-2015 à 09:28:57  (site)

bientôt les vacances tu pourras continuer ton roman
ici temps tristounet !!!bon dimanche

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