posté le 16-01-2013 à 21:19:46

Grasse (22).

L'uppercut de Monsieur Coqualo.

 

L’après-midi, dans le hall de l’immeuble, je rencontrai Monsieur Coqualo et j’eus l’impression qu’il me regardait d’un air bizarre. Sa femme lui avait-elle raconté la gâterie scabreuse qu’elle m’avait pratiquée dans le local à poubelles ? Je n’aimais pas trop cette situation et j’étais horriblement gêné. Il me regarda quand même avec l’air d’un varan (1) affamé ayant jeté son dévolu sur une brebis égarée sur l’île de Komodo (2). Et il me dit :

- Monsieur le prof, vous n’avez pas de problèmes avec votre batterie ? 

Que voulait-il dire par là ? C’est vrai que lorsque sa femme reçut dans sa bouche ma rosée séminale, je pensais que je devrais faire attention à ne pas trop vider mes batteries. Et aurais-je par hasard, murmuré à haute voix, dans un moment de sublime abandon, cette phrase à Madame Coqualo lorsque sa bouche prenait les allures d’un aspirateur Tornado ?

Monsieur Coqualo, devant mon air ahuri, précisa :

- Les nuits sont très humides à Grasse et parfois, lorsque les voitures restent à l’extérieur, les batteries se déchargent très vite… 

Ouf, je fus un peu soulagé et je me demandais si finalement, je n’avais pas mauvais esprit.

Mais alors que je me croyais tiré d’affaire, Monsieur Coqualo, avec un demi-sourire qui en disait long, m’asséna un dernier uppercut (3), en me disant : 

- Ah, au fait, demain à 12h45, ce sera à mon tour de descendre les ordures et peut-être qu’on se rencontrera dans le local à poubelles ? 

Voilà, Madame Coqualo avait dû tout lui raconter ! Et lui, voulait profiter de l’aubaine et même me faire chanter peut-être, pour parvenir à ses fins.

Bon et pour m’achever complètement, je me souvins que je devais passer la soirée avec Marilyne, la prof de philo. J’étais bien tenté de tout annuler, car quand on tire trop sur le démarreur, la batterie s’use beaucoup… Mais dans ma gestion de la reconquête de ma réputation, Marilyne jouait un rôle important : montrer aux grassois que j’étais un homme à femmes et que je n’avais aucune attirance pour mes homologues…   

Grasse, malgré ses parfums, devenait, de plus en plus, une ville pesante.

Quand elle ouvrit sa porte, Marilyne avait l’air inquiète. Ses yeux balayèrent le palier pour s’assurer qu’aucun voisin ne nous voyait.

- Entre vite !  me dit-elle,  Il faut être prudents ! 

Apparemment, si Marilyne désirait avoir une liaison avec moi, elle voulait que cela se fît très discrètement. Et moi, c’est exactement le contraire que je voulais. Son appartement me mit tout de suite mal à l’aise. Il y régnait un désordre que l’on pourrait qualifier d’organisé. Pour arriver au salon, je dus éviter quelques écueils : une table basse encombrée d’objets hétéroclites, un aspirateur oublié dans un coin avec son tuyau qui courrait sur le sol comme un énorme serpent et partout, des livres et encore des livres et des paquets de copies…

Elle me regarda presque tendrement et me murmura :

- J’ai mis un peu d’ordre dans l’appartement en prévision de ta visite ! 

En entendant cela, j’eus l’impression de me transformer en statue de sel (4)…

 

A suivre

Notes :

1 : Le varan de Komodo est le plus grand lézard du monde.

Les plus vieux peuvent mesurer jusqu’à 3 mètres, 2 en moyenne, pour un poids de 80 kilos. Son corps recouvert d’écailles coniques lui assure une protection maximale face à d’autres prédateurs. Il est armé de puissantes griffes. Sa queue, aussi longue que son corps, est assez forte pour assommer un buffle. Ses mâchoires sont tout aussi impressionnantes: 60 dents de 3 à 4 cm de long, crénelées comme des lames de scie. Mieux vaut ne pas être mordu par ces crocs baveux, infectés d’un cocktail de bactéries et de poison. Habitant de cinq îles microscopiques, le dragon a la chance de contenir naturellement ses proies et a parfaitement adapté sa technique de chasse au terrain. Chassant le plus souvent à l’affût, il se contente généralement de mordre sa proie: dès ce moment, son repas sera prêt en temps voulu. Après quelques heures d’agonie, sa victime succombera immanquablement d’une septicémie foudroyante. Grâce à sa langue fourchue, véritable tête chercheuse, le dragon sera à même de retrouver sa victime à près de 10 kilomètres. Sangliers, buffles et cervidés: ses proies de prédilection sont à la mesure d’un appétit qui peut aussi se contenter de douze repas par année!

2 :Komodo, en indonésien Pulau Komodo, est une île d'Indonésie faisant partie des petites îles de la Sonde et située entre Sumbawa et Florès.

Komodo mesure trente kilomètres de longueur pour seize kilomètres de largeur. Sa superficie est de 390 km2 et sa population d'environ 2000 habitants. Ils sont des descendants d'anciens condamnés exilés sur l'île mêlés à des Bugis originaires de Sulawesi.

L'île n'est pas connue uniquement pour son héritage de condamnés mais aussi pour la faune unique qui y habite. Le Dragon de Komodo, le plus grand lézard vivant au monde, tire son nom de l'île.

3 : Coup de poing remontant ou uppercut est un terme anglais qui se prononce « U-percut ». Geste de percussion réalisé de bas en haut, et délivré le plus souvent à mi-distance avec le bras semi-fléchi.

Il est souvent qualifié de crochet dans le plan vertical, ce qui n'est pas toujours vrai. Sa trajectoire peut être effectivement curviligne mais elle peut être également rectiligne (oblique remontante le plus souvent). Ainsi, une trajectoire perpendiculaire à la cible évite plus facilement des esquives adverses.

4 :Être changé en statue de sel : immobilité, rester figé sous le coup d'une émotion trop forte. Origine : pendant leur fuite de Sodome et Gomorrhe, la femme de Loth fut transformée en statue de sel après, s'être retournée vers les villes que Dieu était en train de détruire par le feu et la grêle.

 

 

 

 

 

 

 

 


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posté le 12-01-2013 à 09:36:07

Grasse (21).

Non !

Ce n'est pas la bouche

de Madame Coqualo.

Toute la nuit j’ai regretté mon inertie vis-à-vis de Lola. Mais qu’espérais-je retirer de cette situation ? Que Lola me viole dans le hall d’entrée de l’immeuble ? Je l’aurais fait monter discrètement chez moi, par les escaliers pour éviter Monsieur Coqualo qui devait être la réincarnation d’un maton des années vingt, pour ne pas tomber sur sa femme, sorte de fouine, toujours à la recherche d’un bon coup, pour éviter Monsieur Gédebras, le manchot, qui voulait organiser un tournoi de volley. Seul Monsieur Laderovitch, l’Alzheimer de l’immeuble, ne me faisait pas peur.

Et comme un pro-ermite, je passais la nuit seul en imaginant tous les trésors de Lola…

Le lendemain, vers 12h45 je commis une imprudence fatale.

12h45, c’est un moment calme en général. Les gens n’ont pas tout à fait fini de déjeuner, Mademoiselle Belœil n’est pas encore sortie pour promener son chien et Monsieur Coqualo sommeille en cuvant le vin qu’il a bu à midi. Je tentais donc une descente vers le front en supposant que mes ennemis ne reprendraient pas de sitôt la bataille.

Arrivé au rez-de-chaussée, près du local des poubelles, je tombais nez à nez  avec Madame Coqualo qui me sourit en découvrant ses dents de louve et en passant sa langue sur ses lèvres siliconées, signe évident d’une promesse  obscène.

« Mon compte est bon ! » pensais-je, quand d’une main virile, elle me poussa à l’intérieur du local où planait une odeur de sardines en décomposition bien avancée. Madame Coqualo s’esclaffa :

«  Tiens, ça sent comme à la morgue de Tananarive ! »

Et sans plus attendre, elle, avide poisson-ventouse, colla sa bouche sur la mienne et sa langue-marteau-piqueur s’activa sur mes papilles. Jamais je n’avais été embrassé comme ça. Elle connaissait bien son affaire, Madame Coqualo, car en deux minutes j’eus l’impression que la tour Eiffel avait poussé entre mes jambes…Avec sa main droite, elle vérifia la dureté de mon anatomie. Elle sembla satisfaite et elle s’accroupit devant moi, dans une position qui faisait remonter sa jupe sur le haut de ses cuisses et qui m’offrait un spectacle plus qu’affriolant. Sa main dégagea l’objet de ses désirs avant que sa bouche ne l’engloutît. Je ne pouvais, que la laisser faire et je dois l’admettre, ma situation était plus qu’agréable. Finalement, même en pensant à Mademoiselle Belœil qui, la pauvre, était aussi sexy qu’un cadenas de prison, je ne pus retarder le jaillissement de ma lave brûlante dans la bouche de Madame Coqualo, qui avala tout avec un bruit de lavabo bouché.

Elle me demanda de sortir le premier du local à poubelles et je me dis, que malgré les odeurs, dorénavant, j’irai plus souvent jeter mes ordures à 12h45 en espérant la rencontrer, elle, non pas Lola, mais Madame Coqualo…

En sortant de l’ascenseur, je rencontrais Monsieur Gédebras, le manchot, une feuille de papier dans son unique main et qui voulait m’inscrire à son tournoi de volley de samedi en quinze. J’acceptais, encore déboussolé par ces sensations étranges provoquées par Madame Gorge-Profonde (1)…

A suivre 

Notes :

1 : Madame Coqualo, en fait, en hommage à un film des années 70 et intitulé « Gorge profonde ».

Gorge profonde (Deep Throat) est un film pornographique américain de 1972 écrit et réalisé par Gerard Damiano  et mettant en vedette Linda Lovelace (pseudonyme de Linda Susan Boreman).

C'est l'un des premiers films pornographiques à comprendre un scénario, un développement des personnages et des normes de production relativement élevées. Gorge profonde devient même un succès public et lance l'ère du porno chic bien que le film soit interdit dans certaines régions et soit l'objet de procès pour obscénité.

 


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posté le 08-01-2013 à 08:05:02

Grasse (20).

A la fin de l’heure, il ne fallait pas se trouver sur le chemin de cette horde d’élèves qui ne pensaient qu’à sortir. C’était la récré de dix heures et la cour du lycée ressemblait alors à la bourse de New-York lors du krach de 1929 (1).

Pourtant, un élève rangeait lentement ses affaires, comme s’il voulait me parler en tête à tête. C’était Luc, le meilleur de la classe avec une moyenne en physique qui frôlait les 19 sur 20. Ce qui ne gâchait rien, c’est qu’il avait une excellente mentalité et je voyais que cette « petite affaire » avec son camarade le tracassait. Il me dit qu’il ne comprenait pas son intervention et m’affirma que toute la classe se moquait de Jérôme. J’étais un peu rassuré et je le remerciais pour ce qu’il venait de me dire.

Dans la salle des profs, je repérais Marilyne qui enseignait la philo et j’allais m’asseoir à côté d’elle. J’avais encore quelques minutes devant moi pour la convaincre d’aller boire un verre quelque part, en fin de journée. Je lui proposais le bar S…… près du lycée. Elle me regarda comme si j’avais dit que Platon (2) était un crétin et me répondit :

« Mais c’est le bar des élèves voyons ! »

C’était le but de la manœuvre, que les élèves me voient avec une femme. Juste pour leur montrer que je les appréciais beaucoup, les femmes. Mais ça, elle, elle ne pouvait pas le savoir. Elle me dit :

« Mais on ne pourra pas s’embrasser en public ! »

Elle se moquait de moi, bien sûr et j’avais envie de lui répondre que c’est ce que je désirais le plus. Elle m’expliqua qu’aujourd’hui ce n’était pas possible car elle devait aller à Cannes en fin d’après-midi. Elle me dit alors :

« Demain, si tu veux, mais je préfère que tu viennes chez moi ! »

Chez elle ? Mais pour faire quoi, mon Dieu ?

La sonnerie de fin de récré abrégea notre dialogue et nous nous séparâmes sans fixer de rendez-vous précis. Finalement, je n’étais qu’un mollusque dépressif.

En fin de journée, vers 17h15 quand j’arrivais près de mon immeuble, je vis sur le trottoir d’en-face, Lola dans une tenue pas très catholique. Mon cœur, usé par cinq heures passées au fond d’une mine de charbon (cinq heures passées avec les élèves) retrouva une nouvelle jeunesse. Lola m’avait reconnu et me regardait à distance. Alors, dans mon cerveau naquit un fantasme que j’ose à peine exprimer :

« Je vais accoster Lola et je vais lui demander combien elle prend pour la totale. On ira chez moi et Monsieur Coqualo ne pourra rien dire ! »  

Lola, comme un pêcheur professionnel s’était aperçue qu’elle venait de ferrer sa proie et elle vint à ma rencontre en remuant les fesses. Je voyais son reflet s’agrandir dans la porte vitrée de l’entrée de l’immeuble et moi, comme un zouave en perdition, je tentais de me souvenir du code, en vain. J’essayais 1248, ça ne marchait pas. Puis 2481, encore un échec(3). Ma main tremblait sur le clavier, comme si un danger imminent allait s’abattre sur moi. Je suis très émotif, que voulez-vous. Soudain je sentis son parfum ; elle était derrière moi et j’avais l’impression que ses seins pointus appuyaient sur mon dos. Je sentis son souffle dans mon oreille quand elle me dit à voix basse « 4182 ». J’essayais ce code et c’était le bon. La porte s’ouvrit et je me sentis aussi heureux qu’Ali-Baba quand il prononça : « Sésame ouvre-toi (4) ! » Mais alors, comment me comporter avec Lola ? Mon fantasme s’était désintégré quand je l’avais perçue si proche de moi. Je me sentais aussi nul que Benoît de 1èreS2 qui avait une moyenne de 2,52 sur 20 en physique. Que faire ? Mais que faire ? Vraisemblablement, elle comprit mon désarroi et elle s’éloigna de moi, toujours en remuant les fesses…

J’avais encore raté une occasion de caresser ses cuisses…pour le moins…

A suivre

Notes :

1 : Le krach de 1929 est une crise boursière qui se déroula à la Bourse de New York entre le jeudi 24 octobre et le mardi 29 octobre 1929. Cet événement, le plus célèbre de l'histoire boursière marque le début de la Grande dépression, la plus grande crise économique du XXe siècle. Conséquence directe, aux États-Unis, le chômage et la pauvreté explosent pendant la Grande dépression et poussent quelques années plus tard à une réforme agressive des marchés financiers.

2 : Platon.

Philosophe grec (Né à Athènes vers 427 avant J-C, mort à Athènes vers 348 ou 347 avant J.-C.).

Platon est un des philosophes majeurs de la pensée occidentale, et de l'Antiquité grecque en particulier. Son œuvre, essentiellement sous forme de dialogues, se présente comme une recherche rigoureuse de la vérité, sans limitation de domaine. Sa réflexion porte aussi bien sur la politique que sur la morale, l'esthétique ou la science.

3: D'après les probabilités, il y a 24 combinaisons possibles avec les chiffres 1,2,4,8.

4 : formule magique permettant d'accéder à un lieu secret.

 


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posté le 03-01-2013 à 07:38:34

Grasse (19).

 

Heureusement, cette affaire avec les deux CRS  s’est bien terminée et pour une fois j’ai eu de la chance.

Mais les plus gros soucis étaient devant moi et entre autre, je devais résoudre l’énigme du neveu de Monsieur Coqualo. Ce neveu, potentiellement dangereux, car il pouvait répandre des calomnies sur moi et dont j’ignorais le nom, était le fils de la sœur de sa femme. J’aurais pu me renseigner directement auprès de son oncle, mais je ne voulais rien lui demander à celui-là. Alors comment faire ? J’élaborais plusieurs stratégies qui auraient fait honte aux guerriers Sioux, tellement elles étaient fumeuses.

Le lendemain, j’avais précisément une 1ère S à laquelle je devais faire un cours sur les forces capables de provoquer un mouvement de rotation. Les élèves entrèrent dans la salle avec des mines renfrognées en pensant (je l’imaginais) : « Mais qu’est-ce qu’il va encore nous faire ch..r ce prof ! » Même pour des pseudo-scientifiques, les études arrivaient au second plan ou plutôt au dernier plan, après, et dans le désordre, leurs affaires amoureuses, les amis, les sorties, le sport et tous les vices de leur âge…

Je commençais par l’exemple le plus simple : quelles sont les forces qui s’exercent sur une pédale de bicyclette pour la faire tourner ?

Il y eut soudain un silence glacial comme en Sibérie Orientale. Apparemment, ils se fichaient de cet exemple digne des années 1900. Je les regardais, un par un, en essayant de détecter dans leurs yeux une lueur d’intelligence. Rien ! C’était l’obscurité totale des mines de charbon du XIXème siècle. Alors j’insistais, je reformulais ma question en la simplifiant au maximum. Toujours rien ! Apparemment, ils attendaient patiemment la fin de l’heure. Pour avancer un peu, je commençais mon cours en ayant perdu tout espoir. Quand soudain, au fond de la salle, Jérôme, un élève, que je connaissais à peine, tant il était timide et effacé, leva la main pour répondre.

Il était assez grand et maigre, presque un fantôme transparent et insignifiant. Et ce qu’il me dit, me fit l’effet d’une douche froide.

« On ne peut pas trop savoir, car il y a pédale (1)  et pédale (2) ! » déclama-t-il avec une tête à gifles. Ces camarades sortirent soudain de leur coma profond et le regardèrent avec un sourire qui en disait long.

« Précise ton affirmation ! » répliquai-je en pensant: « Ca, y est, c’est lui le neveu de Monsieur Coqualo ! »

Il ne répondit pas et se recroquevilla sur sa table après l’effort colossal qu’il venait de produire.

Alors je lui posais la question qui allait me permettre de bien l’identifier :

« Dis-moi, tu as un oncle ? »

Il me regarda avec l’air d’un hérisson poursuivi par une pince à épiler. Oui, j’admets que la question était saugrenue pour tous, mais pas pour moi. Il avait l’air perdu, effaré, quand il me répondit :

« Non, Monsieur, je n’ai pas d’oncle ! »

Et zut, tout était à refaire… !

Mais j’avais déjà éliminé, une possibilité sur soixante-dix…

 

A suivre

 

Notes :

 

 1 : Pédale : levier actionné par le pied humain, permettant de transmettre une force à un dispositif mécanique.

Sur les vélos, les pédales permettent au pied de faire tourner le pédalier.

 

2 : Pédale : Homosexuel efféminé.

 

 


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posté le 26-12-2012 à 17:57:17

Grasse (18).

 

J’avais la tête ailleurs et à la sortie d’un virage, ma voiture livrée un peu à elle-même, chevaucha la ligne continue de quelques centimètres. Je n’avais pas de chance ce jour-là, car à la sortie de la courbe, deux CRS « m’attendaient au tournant » (1).

 

Ils me firent signe de m’arrêter et de me garer sur le bas-côté de la route. Dans ces moments d’injustice divine, on a l’impression que le ciel va nous tomber sur la tête.

 

Un CRS, impressionnant dans sa tenue, avec un casque et des lunettes de soleil règlementaires, tapota sur ma vitre pour que je l’ouvre et me dit :

 

« Bonjour Monsieur, vos papiers s’il-vous-plait ! »

 

Mes papiers ? Mais encore, il eût fallu que je susse (2) où ils étaient ! Pas dans la boîte à gants en tout cas, ni dans mon portefeuilles et moi je me voyais directement en prison ! Je les trouvais finalement dans la poche de ma veste.

 

Le CRS faisait sa tête des mauvais jours en me disant :

 

« Vous savez, que vous avez mordu la ligne continue de plus de vingt centimètres ! »

 

J’essayais de me défendre comme je pouvais : 

 

« Mais vingt centimètres, ce n’est pas beaucoup ! »

 

Il me regarda avec un petit sourire bizarre et me dit :

 

« Ca dépend pourquoi… ! »

 

Son collègue faisait le tour de ma voiture, regardait les pneus, les phares et l’état de mes essuie-glaces qui étaient en phase terminale.

 

J’avais le visage en feu et j’étais sûr que j’étais plus rouge qu’une crevette de Thaïlande.

 

Finalement, ils décidèrent de me faire souffler dans l’alcotest.

 

Je soufflais, avec l’énergie d’un condamné à mort.

 

« Votre compte est bon ! » dirent-ils en chœur, « votre taux d’alcoolémie est de 1,18 ! »

 

C’est vrai qu’une heure plus tôt, j’avais bu un double Cognac.

 

Voilà, c’était la suspension de permis assurée et j’avais besoin de ma voiture pour aller travailler.

 

J’essayais de négocier, de les attendrir, de m’aplatir comme une crêpe froide. Rien n’y fit. Ils commencèrent par me dresser une contravention. A la limite, je les aurais soudoyés pour qu'ils me laissent tranquille. Un des CRS murmura quelque chose à l’oreille de son collègue qui me dit :

 

« Voilà, on peut passer l’éponge, si… »

 

Soudain, Waterloo ne fut plus une « morne plaine ».

 

Il se racla la gorge et ajouta :

 

« Il suffit de nous faire une bise à chacun ! »

 

Mais sur qui étais-je tombé ? Mais les homosexuels sont partout et on ne les voit pas, comme les envahisseurs (3) d’une célèbre série américaine.

 

Je descendis de ma voiture, prêt à n’importe quoi pour sauver ma peau.

 

Et les deux CRS éclatèrent de rire en voyant ma mine déconfite. Ils ôtèrent leurs lunettes de soleil, leurs casque et je vis apparaître Aldo et Pipo, les amis de Monsieur Coqualo, rencontrés lors de son Coming Out. Je ne savais pas si c’était positif ou négatif. Alors Aldo me dit :

 

« Ne vous inquiétez pas Monsieur, on oublie tout. On est de la même confrérie non ? Les amis de Monsieur Coqualo sont nos amis ! Vous pouvez partir tranquille ! »

 

A ce moment-là, je les aurais réellement embrassés et je les trouvais vraiment gentils et hyper-sympathiques.

 

Comme quoi « il ne faut jurer de rien (4) » et qu’il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau (5) ! »

 

« On se reverra peut-être à la prochaine soirée de notre cher Coqualo ! » me dirent-ils, alors que je démarrais. Je leur fis un signe de la main pour les remercier…J’espère que ce n’était pas un geste efféminé…

 

 

 

A suivre

 

 

Notes :

 

 

1 : attendre quelqu'un au tournant :

Se venger à la première occasion [Familier].

 

2 : susse : 1ère personne du singulier de l’imparfait du subjonctif du verbe savoir.

 

3 : Les envahisseurs (The Invaders), diffusé du 10 janvier 1967 au 26 mars 1968, Etats-Unis, 43 épisodes de 50 minutes, 2 saisons, couleur.

 

4 : Il ne faut jurer de rien :

Ce proverbe incite à ne jamais affirmer avec certitude, il faut toujours être conscient qu'il existe une marge d'erreur.

Il ne faut jurer de rien est une pièce de théâtre d'Alfred de Musset, écrite en 1836.

Le genre de la pièce est le proverbe dramatique. C’est une courte comédie (trois actes) qui illustre un proverbe qui sert de titre à la pièce et qu'on trouve aussi dans sa toute dernière réplique. Ce proverbe affirme qu'il ne faut jamais être trop sûr de soi puisque tout peut toujours changer.

 

5 : Il ne faut pas dire : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau :

Ce proverbe fait allusion à l’aventure d’un ivrogne qui avait juré qu’il ne boirait jamais d’eau et qui se noya dans le bassin d’une fontaine. On le cite comme un conseil donné à quiconque ne veut participer à aucune des pratiques usitées dans les affaires et ne jamais s’adresser à des gens qui lui sont antipathiques. On cherche à lui faire comprendre qu’il peut dans l’avenir avoir besoin de revenir aux choses ou aux personnes dont il avait résolu de se tenir éloigné.

 

 

 


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