Je devais, au plus vite, rencontrer Monsieur Laderovitch !
Cela s’annonçait très difficile, car sa femme le bourrait de neuroleptiques et le maintenait pratiquement prisonnier dans son appartement. Je l’apercevais bien de temps en temps, errant dans le hall de l’immeuble ou dans les couloirs, perdu à jamais dans le labyrinthe du temps et de l’oubli.
Comment faire parler cet homme au cerveau vide ? Ou du moins comment obtenir des bribes, même ténues, d’informations qui auraient pu orienter mes recherches sur la disparition de Lola ?
Un matin, après une nuit passée dans des brumes incertaines, alors que le manque de sommeil obscurcissait l’horizon de ma future journée, en regardant par la fenêtre, je vis Monsieur Laderovitch accoudé sur la rambarde de la coursive qui dominait la cour de la sinistre prison. C’était mon jour de chance. Le pauvre homme s’était encore perdu ! Il fallait que je l’approchasse sans l’effrayer. J’ouvris la porte d’entrée de mon appartement et la laissais béante comme on prépare un piège pour capturer une proie. Moi, je me cachais presque, au fond du hall de manière à ce que mon éventuel informateur ne pût me voir. Et j’attendis !
Comme une mouche attirée par une fenêtre ou une porte ouverte, Monsieur Laderovitch finit par entrer dans mon appartement. Il passa devant moi sans me regarder et alla s’asseoir sur le canapé du salon : il croyait qu’il était chez lui ! Il fallait que j’allasse vers lui tout doucement pour ne pas provoquer chez mon visiteur inattendu un sentiment de panique. Il me regarda avec ses yeux vitreux façonnés dans la crainte et l’incompréhension. Que croyait-il voir dans son délire quasi permanent ?
- Une personne inconnue, certainement,
- Un monstre dangereux, peut-être,
- Un ennemi qui voulait le tuer, c’était probable.
J’évitais de le regarder dans les yeux. Son visage était creusé de rides profondes qui martelaient l’angoisse caractérisée par un rictus sans répit. Je m’approchais de lui aussi lentement que possible, ma tête légèrement tournée vers le côté pour ne pas affronter son regard de fou. Et je finis par m’asseoir à sa droite dans le fauteuil situé à cinquante centimètres de lui.
Au bout de trente secondes, Monsieur Laderovitch ne me regarda plus : il avait oublié ma présence et, dans un acte répétitif qui devait le rassurer un peu, il vidait puis remplissait une petite boîte d’allumettes que j’avais oubliée sur la petite table en verre située juste devant le canapé.
Comment établir un contact, même éphémère, avec lui ? Autant espérer bavarder avec un martien moyenâgeux errant dans la Pampa. Il oubliait instantanément tous les actes liés au présent immédiat. Je connaissais très mal mon voisin et son passé m’était aussi opaque que la grande muraille de Chine. Alors j’eus l’idée de chanter :
- « Allons enfants de la patrie…. »
Le début de la Marseillaise.
Monsieur Laderovitch, arrêta brusquement de jouer avec les allumettes et me lança un regard où semblait briller une lueur infinitésimale de raison. La Marseillaise devait certainement entrer en résonnance, dans son cerveau malade, avec des événements anciens, datant peut-être de la seconde guerre mondiale. Mais ce bref instant de lucidité ne dura que quelques secondes et mon voisin Alzheimer replongea bien vite dans son délire répétitif du vidage et du remplissage de la boîte d’allumettes.
Alors je décidais de voyager encore plus loin dans son passé et je commençai à fredonner :
- « Il pleut, il pleut bergère… »
Monsieur Laderovitch fut comme secoué par un tremblement électrique, son rictus angoissé se déplissa un peu et, en plongeant son regard fixe dans le mien, il répondit :
-« Et ron et ron petit patapon… »
A suivre…
Les yeux de Michèle Morgan...
« Entrez, entrez »! Il était marrant, Monsieur Coqualo !
Encore aurait-il fallu que je pusse accéder à une pièce de 1,50m2 dans laquelle se trouvaient déjà trois hommes enchevêtrés et à demi-dévêtus : Monsieur Coqualo donc, avec Aldo et Pipo, qui pratiquaient des activités peu recommandables.
- Il y a encore de la place, on va se serrer un peu, me dit Aldo avec le sourire carnassier d’un moine défroqué.
Je craignais pour ma vertu, mais il fallait absolument que je parlasse aux deux CRS qui avaient mené un embryon d’enquête concernant le rapt de Lola.
Planté, devant la porte des toilettes, je ne savais plus quoi faire.
- Je vous attends au salon, j’ai quelque chose à vous demander, dis-je à la cantonade, en espérant capter l’attention des deux policiers dont les membres avaient des positions vraiment incongrues.
- Tout service mérite récompense ! parvint à articuler Monsieur Coqualo qui avait réussi à libérer sa bouche de l’encombrante matraque vivante de l’un des deux CRS.
Je me dirigeais vers le salon en redoutant des rencontres collantes. Fatalement, je tombai sur Mademoiselle Belœil qui avait perdu la moitié de son pucelage dans la salle de bains. Elle me fit des yeux doux ou du moins elle essaya, car ses yeux globuleux étaient loin de ressembler à ceux de Michèle Morgan (1).
Dans le salon, les loups m’accueillirent avec enthousiasme comme s’ils reniflaient la chair fraîche d’un agneau vraiment innocent. Il planait, dans ce lieu de débauche, une atmosphère de fin du monde. Ils étaient tous avachis et presque décomposés sur les fauteuils et sur le canapé, muets, la bouche ouverte, comme des poissons sortis de l’eau.
Je me mis à attendre Aldo et Pipo en esquivant les attaques mollassonnes de quelques guerriers ramollis.
Et je patientais une heure, longue comme une heure passée à Kaboul, la nuit, dans une rue sans nom, peuplée de Talibans. Et tout ça pour l’amour d’une pute !
Enfin, ils arrivèrent les trois zigotos. Débraillés, le teint rougeaud, ils dégageaient une odeur à vomir. Aldo vint vers moi, il avait la mine décomposée des momies pharaoniennes.
- Alors, quel est votre problème ? me dit-il en déglutissant.
- Voilà, je recherche des informations sur le rapt de Lola !
Il me regarda comme si je parlais en Egyptien ancien.
- Je dois avouer que l’on ne sait pratiquement rien. Elle a été enlevée par le gang des parfumeurs grassois (2) à ce qu’il paraît.
Je n’étais guère avancé et j’insistais pour en savoir davantage.
Aldo était pressé d’en finir et je le soupçonnais d’avoir une idée derrière la tête.
- Il n’y a eu qu’un seul témoin ! Voulez-vous qu’on aille se rafraîchir dans la salle de bains ?
- Et quel est ce témoin ?
- Je n’ai pas droit de vous le dire, mais entre amis si, c’est Monsieur Ladérovitch !
- Merci Aldo, je file. Je vais essayer d’interroger Monsieur Ladérovitch.
Le seul problème, c’est que Monsieur Ladérovitch avait la maladie d’Alzheimer !...
A suivre…
Notes :
1- Michèle Morgan : de son vrai nom Simone Roussel, est une actrice française, née le 29 février 1920 à Neuilly-sur-Seine, dans le département de la Seine (aujourd'hui Hauts-de-Seine).
2- Gang des parfumeurs grassois : Célèbre gang de la Côte d’Azur, qui aspergeait ses victimes avec du parfum.
1. gabycmb le 08-11-2013 à 09:24:44
Bonjour Prof.
Elle a de beaux yeux Michèle Morgan !
Le gang des parfumeurs, a existait ?
Bonne journée.
2. prof83 le 08-11-2013 à 12:18:58
A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
Le gang des parfumeurs grassois est une invention de ma part.
Bonne journée.
Et Monsieur Coqualo entra dans la salle de bains !
Sa femme était en train de me jouer un concerto de flûte à bec et moi j’étais sur le point de m’épancher dans sa bouche. Ma tête se trouvait coincée entre les cuisses de Mademoiselle Belœil qui me faisait un masque de beauté avec son fluide intime tiède et gluant. Hélianthine gloussait comme une poule qui voulait séduire le coq de la basse-cour. Monsieur Coqualo jeta un regard discret sur ce tableau inconvenant et dit simplement :
- Je ne fais que passer. Ne vous dérangez pas pour moi ! Je viens chercher de la vaseline, on est tombé en panne.
Ouf, je fus un peu soulagé, car je crus un instant qu’il voulait me trucider en voyant sa femme câliner ma courgette. Il repartit avec un tube de gelée lubrificatrice en sifflotant un air que je ne connaissais pas.
Il ne fallait pas que j’oubliasse mon obsession, qui était de retrouver Lola et dans un sursaut viril je projetais dans la bouche de ma bienfaitrice une salve de plomb fondu qu’elle avala avec plaisir.
J’abandonnai mes deux coquines et je partis à la recherche d’Aldo et de Pipo. Ma mission s’annonçait périlleuse ; je me sentais comme un agneau innocent qui voulait jouer avec deux loups aux crocs acérés. Dans le salon qui baignait dans un brouillard de fumée pas très catholique, je ne vis pas les deux CRS aux jupons roses ; seuls quelques couples de sexes indéterminés s’affrontaient dans des positions acrobatiques. Je dus me résoudre à aller explorer les deux chambres, la cuisine et les toilettes en redoutant ce que j’allais certainement trouver. J’avais l’impression d’évoluer dans un film épouvanto-pornographique interdit aux moins de quarante-cinq ans. Dans la première chambre, rien de bien intéressant : un classique, deux femmes s’époumonaient sur le lit. Dans la deuxième, je préfère ne pas vous révéler ce que je vis. Dans la cuisine, Monsieur Gédebras, le manchot, dont j’ignorais la conversion, cherchait dans le réfrigérateur de quoi remplacer son membre absent (son bras je veux dire).
Je dus me rendre à l’évidence, avec effroi, que Monsieur Coqualo, Aldo et Pipo devaient être enfermés tous les trois dans les toilettes. C’en était trop, il était temps que j’abandonnasse la partie !
- Tu ne vas pas oublier Lola ! me dit une petite voix schizophrénique qui naquit dans mon cerveau.
Alors j’endossai mes vêtements de superman et, pour la bonne cause, je frappais à la porte des toilettes.
- Entrez ! me dit Monsieur Coqualo…
A suivre…
1. gabycmb le 03-11-2013 à 10:17:32
Bonjour Prof
Dur! Dur!! Il faut aimais pour ce mettre dans ce M.....er.
Bonne reprise pour demain.
2. prof83 le 03-11-2013 à 10:49:50
A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
Oui tu as raison!
Ici il fait beau, mais le Mistral souffle.
Bonne journée.
Une ruelle de Grasse.
***
J’entrais donc dans la salle de bains en n’imaginant même pas ce que j’allais voir. Mademoiselle Belœil, la vieille fille, vierge certifiée conforme par le bureau de vérification intime de la ville de Grasse, était debout, adossée sur le lavabo qui soutenait son corps. Elle avait soulevé sa jupe dont elle maintenait le bord, avec sa main droite, au niveau de sa taille. Sa culotte noire baissée arrivait au niveau de ses chevilles et ses jambes légèrement écartées dressaient un tableau des plus déroutants. C’est que, accroupie à ses pieds, Madame Coqualo, le visage entre ses cuisses, broutait son gazon avec sa langue quasi bifide, comme une innocente brebis affamée. On a beau être blindé comme les chars de la guerre 39-45 ou protégé par une armure en acier chromé de chevalier, qui résiste aux crachats nocifs des élèves, il y a des spectacles qu’on ne devrait pas voir !
J’allais sortir discrètement de ce lieu malsain, quand Madame Coqualo émergeant des cuisses d’Hélianthine, le visage baigné par les humeurs intimes de notre voisine, me dit :
- Alain, Alain, venez vous joindre à nous !
Je ne sais pas pourquoi, mais je sentis comme un ressort se tortiller dans ma braguette. J’hésitais. J’imaginais déjà le tableau que nous pourrions former, à trois, dans ce lieu de perdition. Madame Coqualo en rajouta une couche :
- Allez venez ! J’en ai un peu assez des crevasses humides, j’aimerais bien cajoler des pitons durs et escarpés ! Venez donc prendre ma place.
Ma volonté semblait se ramollir et se dissoudre comme du sucre dans un sirop pas très catholique. Hélianthine ne disait rien ; elle se contentait de soupirer bruyamment. Ses yeux semblaient révulsés par le plaisir et je soupçonnais Monsieur Coqualo d’avoir versé dans son verre, une bonne dose de GHB.
Je remplaçais donc ma voisine nymphomane, entre les cuisses de Mademoiselle Belœil, qui de ce fait avait perdu la moitié de sa virginité. Pressée comme un courant d'air, la flûtiste du local à poubelles, s’occupa de mon haricot vert qui se transforma bien vite en courgette de belle facture. Nous naviguions tous les trois dans un océan de volupté. En bruit de fond, nous entendions en boucle une chanson de « Village People », YMCA, certainement choisie par Aldo et Pipo les deux CRS aux jupons roses…
Cliquez sur la flèche pour écouter la chanson.
***
Je touchais le fond là et tout ça pour essayer de retrouver Lola, l’amour de ma vie. De temps en temps, je me détachais d’Hélianthine pour reprendre mon souffle et m’essuyer le visage, luisant comme la peau d’une grenouille.
Et je me demandais, avant de connaître l’abandon spermatique, ce qui arriverait si Monsieur Coqualo entrait dans la salle de Bains.
Et Monsieur Coqualo, le mari de la flûtiste, entra dans la salle de bains…
A suivre…
1. gabycmb le 29-10-2013 à 09:04:20
Bonjour Prof
C'est au poil! Tout en écrivant mon commentaire, j'écoute la chanson, qui elle aussi me rappelle de bons souvenirs.
Bonne journée
2. prof83 le 29-10-2013 à 10:24:04
A Gaby.
Bonjour.
Merci pour le com.
Cette chanson, c'était la belle époque.
Ciel nuageux ici.
Bonne journée.
3. anaflore le 03-11-2013 à 08:55:07 (site)
et alors ???
la chance que tu as d'avoir un temps correct ici temps égal à l'humeur général ::tempête ...
L’atmosphère était drôlement enfumée dans le salon des Coqualo. Etait-ce du tabac que fumaient tous les invités de ce couple infernal ? Je pensais à mes pauvres poumons, agressés par des substances nocives et à mes neurones qui devaient, peut-être, lutter contre les vapeurs des paradis artificiels. Mais c’était pour la bonne cause : sauver Lola !
Mademoiselle Belœil ou Hélianthine pour les intimes serrait avec force mon avant-bras, comme si elle devait traverser un pont instable, fait de lianes et de bambous, qui se bringuebalait (1) au-dessus du fleuve Amazone infesté de piranhas (2).
Et il y avait encore pire que les piranhas ! Monsieur Coqualo venait à notre rencontre avec un sourire à faire frémir Dracula lui-même. Il ignora complètement Hélianthine et me tendit un verre au contenu problématique, un liquide doré qui ne m’inspirait pas confiance. N’avait-il pas versé subrepticement du GHB (3) dans le verre qu’il me tendait ?
- Buvez, buvez ! me dit-il, ne faites pas le timide !
Je me sentis obligé de boire et par empathie (4), je me mis dans la peau de Socrate condamné à avaler de la cigüe (5).
Les quelques gouttes qui glissèrent dans mon gosier, me rassurèrent un peu ; il ne s’agissait que de whisky en apparence. Mon hôte pervers, lui, ne perdait pas le Nord ; il commença à me tripoter les fesses. J’essayais, en vain, de repousser sa main en me disant que dans une autre vie, Monsieur Coqualo avait dû être boulanger habitué à pétrir de la pâte à pain.
Il fallait que je me déplaçasse rapidement sur le côté pour rompre ce contact assez répugnant. En vain, car je vis arriver les deux CRS Aldo et Pipo aussi excités que lorsqu’ils faisaient souffler dans l’alcootest, les pauvres automobilistes surpris en flagrant délit de violation du huitième commandement de la nouvelle Europe : « Rouler à plus de 70km/h sur autoroute est un péché mortel ».
Aldo et Pipo, me firent la bise : ils croyaient que j’étais des leurs ! Ils avaient le sourire sournois du gendarme qui tentait d’écrire un rapport sur le clavier d’un ordinateur, avec un vocabulaire limité.
Comment préserver ma vertu, mise en péril par des prédateurs prêts à tout ? J’essayais de rompre le contact en leur disant :
- Mais où est passée Hélianthine ? Je ne la vois plus !
- Oh, elle doit être dans la salle de bains, en train de se refaire une beauté ! me répondit Pipo en se collant à moi.
Se refaire une beauté ? Encore eut-il fallu que Mademoiselle Belœil en possédât une, avant de venir ici ! Pour détendre l’atmosphère, je leur en fis la remarque. Et Aldo répliqua, en me faisant des yeux de braise :
- Oh, vous savez, nous, on ne regarde pas les filles !
- Je vais aller la chercher, dis-je, en essayant de me dépêtrer de ces dignes représentants de la marque « Seccotine », la colle qui résiste à tout.
En entrant dans la salle de bains, ce que je vis alors, me fit croire que je pénétrais dans la sixième dimension… !
A suivre…
Notes :
1- Bringuebaler : osciller d'une manière soudaine et irrégulière.
2- Piranha : poisson carnassier des rivières d'Amérique du Sud (de la famille des characidés), ne dépassant pas soixante centimètres de longueur et connu pour sa redoutable voracité.
3- GHB ou drogue du viol : Le GHB ou acide gamma hydro butyrique est un produit stupéfiant que les consommateurs utilisent pour favoriser des relations sexuelles " forcées ". Les hommes y trouveraient une relative stimulation sexuelle, les femmes verraient leur sexualité exacerbée, avec des relations multiples, involontaires et dont elles garderaient inconstamment le souvenir. Le produit serait parfois mis dans les boissons à l'insu des consommatrices. Il s'ensuivrait des relations sexuelles " consentantes " et débridées.
4- Empathie : faculté intuitive de se mettre à la place d'autrui et de comprendre ses sentiments et ses émotions
5- Cigüe : La grande ciguë est une plante herbacée bisannuelle de la famille des Apiacées (Ombellifères). Très toxique, elle était à la base du poison officiel des Athéniens et de la colonie phocéenne de Massilia (Marseille) pour exécuter les condamnés à mort et les «suicides commandés » (Socrate).
3. prof83. le 26-10-2013 à 21:04:33
A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour le com.
Oui les vacances, c'est super !
Bonne soirée.
Aldo et Pipo.
Il me vint l’idée saugrenue d’acheter une cartouche de cigarettes pour le pauvre Paulo.
Depuis la disparition de Lola, sa gagneuse, il n’avait pas dû fumer beaucoup.
Sur la coursive qui dominait la cour de la prison, je guettais l’arrivée de tous ces détenus avides de retrouver la liberté dans un espace d’à peine quelques centaines de mètres carrés. Cette cour, à ciel ouvert, représentait pour tous ces reclus, une bouffée d’oxygène qui les ranimait un peu après de longues heures passées dans leurs cellules exigües à l’air vicié.
Je vis Paulo, parmi les autres, le dos voûté, il ressemblait à un gorille ayant perdu sa femelle. Comment attirer son attention ? Un peu gêné, je criais à tout hasard « Lola ! ». Ça allait devenir notre mot de passe. Il se redressa et je me rendis compte combien il était grand et massif. Il leva la tête vers la coursive et, en m’apercevant, il se plaça juste en dessous. Je lui lançais la cartouche de cigarettes qu’il attrapa avec dextérité. Il leva son pouce droit à la verticale et, avec le sourire angélique d’un enfant de chœur, il me dit « merci ! ».
Plus tard, enfermé dans mon appartement, je commençais à regretter d’avoir accepté l’invitation de Monsieur Coqualo, le samedi suivant.
Pas de chance, Samedi arriva comme un train en avance. Pour cette petite sauterie, il fallait que je m’habillasse d’une manière correcte pour éviter d’exciter :
- Monsieur Coqualo, le gay, collant comme de la seccotine*.
- Madame Coqualo, sa femme, adepte des concerts de flûtes baveuses dans le local à poubelles.
- Aldo et Pipo, les deux CRS aux mains baladeuses, qui ne rêvaient que de m’entraîner dans les toilettes pour des pratiques peu académiques…
Et il devait certainement y avoir plusieurs autres invités, rescapés de la dernière Gay-Pride ** de Nice.
C’est alors que je crus avoir une idée géniale : me faire accompagner à cette sauterie par Mademoiselle Belœil, la vieille fille qui ne risquait pas de perdre sa virginité chez Monsieur Coqualo.
Je sonnais donc à sa porte. Ma voisine solitaire fut tout étonnée de me voir. Je comptais sur mon charme fou, pour la convaincre de m’accompagner chez nos voisins fêtards.
Quand elle ouvrit la bouche pour me répondre, je devinais à son haleine chargée qu’elle devait être peu habituée aux jeux de langue avec échange de salive.
Que n’aurais-je fait pour Lola ! J’acceptais de prendre le thé avec elle, mais je me méfiais un peu quand même de cette fille qui avait un regard ambigu. Subir les attouchements pervers de Monsieur Coqualo et de ses amis, passe encore, mais déchirer l’hymen, certainement caoutchouteux de mademoiselle Belœil, non ça jamais !
En bonne fille, ma voisine accepta mon invitation. Je fus quitte à lui dire qu’elle était vraiment jolie, bien que je pensasse exactement le contraire.
Quand on frappa chez les Coqualo, nous entendîmes de la musique gay, des cris et des gloussements inquiétants. La porte s’ouvrit et Aldo et Pipo nous invitèrent à entrer.
Ils avaient déjà le regard lubrique des hyènes en chaleur…
A suivre…
Notes :
* Seccotine : ancienne colle forte liquide.
** Gay Pride : « La marche des fiertés ».
1. gabycmb le 20-10-2013 à 17:55:24
Bonsoir Prof.
J'ai connu la seccotine, déjà un petit moment qu'elle n'est plus sur le marché.
Belle photo des deux CRS,
Bonne soirée
2. prof83 le 20-10-2013 à 20:55:22
A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour le com.
Il y a même eu " Miss seccotine ", une fille très collante...
Bonne soirée.
3. anaflore le 21-10-2013 à 04:58:28 (site)
je ne savais pas que seccotine avait 2 c!! on apprend chaque jour bon tu dois être en vacances tu écris moi je lis ...bonne semaine
Pour essayer de rencontrer Monsieur Laderovitch, je traînais le plus souvent possible dans le hall de l’immeuble ou sur le trottoir devant le porche d’entrée. Rien ! Il s’était volatilisé comme les parfums qui planent sur la ville de Grasse. Je me demandais s’il était encore vivant ou bien s’il avait été enfermé dans une institution spéciale pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Il me vint l’idée saugrenue de demander des renseignements à Monsieur Coqualo, la langue de pute de l’immeuble. Ce qui me retenait, c’est que je craignais qu’il me mît la main aux fesses. Tout le monde savait qu’il avait effectué depuis quelque temps déjà, son coming out (1) et qu’il affichait outrageusement une homosexualité parfois un peu collante. Mais enfin, je voulais à tout prix savoir la vérité sur l’enlèvement de Lola.
Je rencontrai Monsieur Coqualo, un matin, vers onze heures quand j’allai chercher mon courrier. Lorsque j’ouvris ma boîte à lettres, je sentis quelqu’un se coller contre moi, par derrière, c’était lui ! Parfumé et pomponné, il arborait le sourire malsain d’une hyène en chaleur. J’essayais de réguler mes palpitations cardiaques qui frôlaient les sommets vertigineux, tout ça pour obtenir des informations sur l’affaire. Monsieur Coqualo se montrait évasif et de toute évidence il voulait pousser loin son avantage. D’après lui, Monsieur Laderovitch ne sortait plus de son appartement, il était sous neuroleptiques (2) à fortes doses qui le plongeaient dans un état semi-comateux. Sa femme pouvait respirer et n'appréhendait plus ses fugues nocturnes. J’étais catastrophé. La seule piste qui existait disparaissait sous les sables de l’oubli.
J’essayais d’avoir des informations sur l’enlèvement de Lola. Monsieur Coqualo ne s’en souciait guère et il me dit :
- Comme ça, elle n’embêtera plus Paulo !
J’eus soudain l’impression que mon voisin efféminé fantasmait sur le mac de Lola.
- Tous les goûts sont dans la nature ! me dis-je in petto (3).
Monsieur Coqualo, sensible comme une huitre romantique devina mon désappointement. Il me dit :
- Je pourrais obtenir des informations par…
- Par ? répliquais-je en lui coupant la parole.
- Par deux amis CRS qui ont mené une petite enquête de routine.
Ciel, il devait s’agir de Pipo et d’Aldo les deux homos qui avaient tenté, pendant la fête du coming out, de m’entraîner dans les toilettes pour me faire subir des outrages innommables.
Ça sentait le roussi et même plus, quand mon voisin me dit :
- J’organise une petite sauterie Samedi à 21h chez moi. Je vous invite. Il y aura aussi Aldo et Pipo. Vous pourrez leur poser toutes les questions que vous voulez. Ma femme sera présente bien sûr !
Bref, si je me rendais à cette petite fête, je serais entre les mains d’une bande de pervers professionnels qui réduiraient ma vertu en miettes.
Que faire ? j’acceptais du bout des lèvres pour l’amour de Lola. Monsieur Coqualo me quitta, tout joyeux, en sifflotant « Nous les tantes » (chanson interprétée il y a 30 ans par les Pédalos).
En retournant chez moi, je traversais la coursive qui dominait la cour de la prison de Grasse. En me penchant un peu, je vis Paulo le taulard qui leva les yeux vers moi. Il me fit un petit signe amical et triste auquel je répondis sans réfléchir. Je me plaignais souvent des élèves, du Lycée, de mon métier en général, mais que devait ressentir Paulo, le mac de Lola, condamné à rester encore au moins quinze ans, ici, dans cette cour et dans sa cellule exigüe.
Un lien improbable commençait à naître entre nous. Un lien tissé par l’amour que nous portions, chacun à sa manière, à Lola , la pute disparue…
A suivre…
Notes :
1- Coming out : contraction de l'expression coming out of the closet, ou sortir du placard au Canada, qui désigne principalement l'annonce volontaire d'une orientation sexuelle ou d'une identité de genre.
Par extension, le terme coming out peut désigner l'annonce publique de toute caractéristique personnelle, jusque-là tenue secrète par peur du rejet ou par discrétion, l'appartenance à une religion, l’homosexualité…
2-Neuroleptique : médicament qui agit sur les symptômes des psychoses et notamment sur l'angoisse et les hallucinations.
3- In petto : au fond de soi-même, dans son for intérieur.
1. gabycmb le 15-10-2013 à 08:29:15
Les Pédalos je n’ai pas connu!
Il est vrai qu'il y a trente ans j'avais d'autres chats à fouetter!
Moi qui ne comprends rien à L'Anglais, je suis ravi quand je peux avoir la traduction, merci encore.
Bonne journée sous la grisaille, la pluie n'est pas loin.
2. prof83 le 15-10-2013 à 12:36:22
A Gaby.
Merci pour le com.
Ici, le temps est variable. Le soleil commence à se montrer.
Bonne journée.
3. riccipandorapl le 18-10-2013 à 00:38:52
Bjr, prof
je suis indobui que tu avais en favori il y a un moment.Je viens de faire découvrir vef a un collegue et j'en profite pour faire un coucou a d'anciens favoris.Je vais bientot revenir sur vef,je ferais tourner l'adresse.
Toujours aussi passionnant ton blog a bientot
4. anaflore le 18-10-2013 à 08:53:34 (site)
contente de te relire ....aprés de longues vacances et que dire pas le temps de revenir que c'est encore des vacances ..bon wk
Madame Coqualo venait de me révéler un nom impossible, le nom de celui qui avait assisté, une nuit, à l’enlèvement de Lola.
Encore accroupie à mes pieds, elle aurait aimé recommencer sa besogne lubrique. Elle passa plusieurs fois sa langue souillée sur ses lèvres gonflées. Je lui demandai une nouvelle fois le nom de ce témoin qui avait tout vu. Avec un sourire de hyène, elle me dit :
- C’est Monsieur Laderovich !
Tous mes espoirs s’effondrèrent comme les châteaux de sable de mon enfance.
C’est que Monsieur Laderovitch, tout le monde le savait, était atteint de la maladie d’Alzheimer et qu’il aurait été miraculeux qu’il se souvînt de quelque chose.
Madame Coqualo, la vidangeuse, s’était bien moqué de moi. Elle ajouta néanmoins, comme pour se faire pardonner du piège qu’elle m’avait tendu :
- Ca s’est passé vers deux heures du matin, dans la rue, juste au bas de l’immeuble. Monsieur Laderovitch, comme souvent, s’était enfui de son appartement et errait comme un chien perdu sur le trottoir. Lola avait fini de tapiner et s’apprêtait à rentrer chez elle, quand une voiture arriva en trombe et s’arrêta devant la pute. Deux hommes bondirent hors du véhicule et la poussèrent à l’intérieur. Lola criait comme une truie qu’on égorgeait. Quelques copropriétaires, dont Madame Laderovitch se mirent au balcon et ne purent assister qu’au départ en trombe de la voiture des ravisseurs. Notre pauvre voisine récupéra son mari hébété et qui murmurait des phrases incompréhensibles.
Pouvais-je, raisonnablement, obtenir des informations de Monsieur Laderovitch, atteint d’une forme avancée de la maladie d’Alzheimer ?
Chez moi, malgré l’heure tardive et pour essayer de ralentir la fréquence de mon rythme cardiaque qui risquait de se transformer brutalement en tachycardie fatale, je décidai de corriger quelques copies, les plus mauvaises, celles que l’on traite en dernier, celles que l’on voudrait oublier ou perdre, aspirées par un violent Mistral. Pour rendre cette correction moins indigeste, je branchais mon tuner-internet et je cherchais une station radio américaine qui ne diffusait que du jazz. Je tombais sur Benny Goodman qui interprétait « Sing Sing Sing ».
.........
..
Appuyez sur la flèche pour écouter « Sing Sing Sing »
..
Dois-je l’avouer ? Je me servis aussi un demi-verre de whisky, histoire de tuer mes idées noires.
En cette heure tardive, mes copies avaient l’air délavées, comme oubliées dans une machine à laver neurasthénique.
Je n’arrivais pas à corriger ; ma pensée allait sans cesse vers Monsieur Laderovitch. J’essayais d’élaborer une stratégie pour soutirer quelques informations à ce pauvre hère perdu dans le labyrinthe du temps. Comment établir un premier contact ? Aller chez lui ? Laisser faire le hasard qui m’aurait certainement permis de le rencontrer dans l’immeuble ?
A suivre…
1. gabycmb le 15-10-2013 à 08:21:38
Bonjour Prof
J'ai failli manquer ce passage, merci pour ce moment de musique.
Je vais lire la suite,aujourd'hui je suis gâté, deux articles à lire.
Après Jeanne, Madame Coqualo !
Il fallait que je me méfiasse de ces femmes-vidangeuses qui n’hésitaient pas à vider mes réserves spermatiques.
Elle m’entraîna vers le local à poubelles en me tirant par la manche. Elle fut interrompue par Monsieur Gédebras, le manchot, qui allait jeter son petit sac noir, en plastique presque transparent. Il devait se douter de quelque chose car il jeta sur Madame Coqualo un regard plutôt baveux. C’est alors que je compris que lui aussi avait dû passer entre ses lèvres gloutonnes.
Quand notre voisin-fouineur eût regagné l’ascenseur, elle me poussa presque brutalement dans la petite pièce malodorante. Ce n’était pas un endroit très romantique, juste un lieu de prélèvement rapide.
Madame Coqualo s’accroupit devant moi. Dans mon slip, c’était encore une mer d’huile, le calme plat. Il contenait juste une chenille mollassonne, endormie et recroquevillée sur elle-même. Cependant, j’avais une vue plongeante sur le décolleté de ma voisine aussi gonflé qu’une voile sous le Mistral. J’avais bien envie de mettre mes deux mains sur ces globes laiteux dont je ne voyais que les hémisphères supérieurs agrémentés par des tétons aussi longs et durs que les clous de la planche d’un fakir hindou sur le marché de Srinagar (1) en Inde. Mais ma voisine-cougar n’avait cure de mes états d’âme romantiques. Elle avait soif tout simplement !
Peu à peu, ma chenille releva la tête et commença à subir une métamorphose inéluctable. Sa taille augmenta considérablement, elle devint aussi dure que du marbre de Carrare et adopta une position oblique quasi verticale contre mon ventre. Entre-temps, Madame Coqualo, digne représentante, de la confrérie des vidangeuses grassoises anonymes, avait ouvert ma braguette pour en extraire une massue bien rigide qui aurait fait la fierté d’un guerrier bantou (2). J’étais entre ses mains, j’étais déjà dans sa bouche baveuse et, déjà, il me semblait entendre les clochettes de la volupté. Madame Coqualo augmentait la cadence ! On percevait des bruits divers dans le hall de l’immeuble et je crus reconnaître la voix de Mlle Belœil, vieille fille, ultra-vierge comme l’huile d’olive de première extraction. J’étais assez inquiet. Je craignais qu’elle n’entrât subrepticement dans ce lieu de débauche, ce qui aurait pu la traumatiser à vie. Pendant ce temps, Madame Coqualo tâtait mes noix comme pour en estimer leur contenu. Le final du concerto pour flûte à bec arrivait à grands pas. Je sentis comme un frisson naître dans mes talons pour se propager vers mes sphères génitrices et j’inondais copieusement la bouche de ma voisine qui avala tout en gloussant.
Je n’avais pas oublié pourquoi je m’étais laissé entraîner vers cet endroit lubrique et voyant Madame Coqualo qui essayait de s’échapper sans rien dire, je l’apostrophais :
- C’est …………………………..
- OH, répondis-je, ce n’est pas possible…..
A suivre …
Notes :
1- Srinagar : Bâtie en plein cœur de la vallée du Cachemire, à 1750 mètres d'altitude, Srinagar s'étend de chaque côté de la rivière Jhelum, encadrée de petites montagnes. Son décor pittoresque doit beaucoup à la présence de deux grands lacs, Dal et Nagin.
2- Bantou : On nomme Bantous (ce qui signifie les « Humains » dans la langue kongo) un ensemble de peuples parlant quelque quatre cents langues apparentées dites bantoues. En Afrique, Ils sont présents d'ouest en est du Gabon aux Comores et du nord au sud du Soudan à l’Afrique du Sud. Ces ethnies très variées couvrent toute la partie australe de l'Afrique.
1. gabycmb le 07-10-2013 à 17:12:02
Bonsoir Prof.
Le marbre de Carrare, voilà un matériau qui est dur, et fragile à la fois!!
C'est qui ? Nous allons enfin savoir!
Bonne soirée
2. prof83 le 07-10-2013 à 21:18:28
A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour le com.
Le nom dans le prochain épisode.
Bonne soirée.
C’était Jeanne, la vidangeuse, qui venait me relancer.
Je n’avais pas trop envie quelques minutes avant la reprise des cours, surtout que j’avais ensuite une classe de seconde frôlant l’incohérence. Et puis je ne voulais pas lui faire espérer une relation régulière entre nous. J’avais le cœur et le sexe aussi volages que Mathilda, une fille que j’avais connue au CP et qui déjà montrait des dispositions particulières. La sonnerie de quatorze heures vint me sauver du KO amoureux. Les élèves étaient rangés dans le couloir, dans un désordre savamment orchestré, compréhensible seulement par eux. Les plus éveillés eurent un sourire virtuel en voyant sortir Jeanne de ma salle et moi, pour les choquer un peu, j’effleurai rapidement ma braguette, comme pour vérifier qu’elle était bien fermée.
A dix-sept heures quinze, je marchais vers mon immeuble en humant ce parfum si tenace qui planait souvent dans l’air de la ville de Grasse quand le vent jouait à la toupie (1). A ce moment-là, mon cœur s’emballait, victime de mes souvenirs nostalgiques liés à Lola, la pute qui avait disparu au mois de Juin de l’année précédente. Il y avait bien Brigitte, qui l’avait remplacée et qui tapinait dans ma rue, mais le regard de cette fille n’avait pas la faculté, comme celui de Lola, de faire lever les ponts-levis, ni de transmuter de l’argile molle en acier trempé.
Paulo, le mac de Lola, m’avait bien fait parvenir une lettre dans laquelle, avec un français approximatif, il me prévenait de la disparition de sa protégée, enlevée, à ses dires, par le gang des parfumeurs.
Dans le hall de mon immeuble, je croisais, malheureusement, Madame Coqualo, la nymphomane perverse, qui voulut m’attirer dans le local à poubelles, pour étancher sa soif de sperme. Je résistais tant que je pouvais, en lorgnant, quand même, ses gros seins de femme-cougar qui semblaient vouloir participer à la conversation en pointant, hors du corsage, le bout de leur nez, bistre et pointu. Il ne fallait pas que ces succubes(2) vespéraux, véritables démons femelles, asséchassent mes réserves spermatiques si précieuses en ces temps difficiles.
Je voulus rompre, au plus vite, ce contact sulfureux, quand Madame Coqualo se mit à parler de Lola, ce qui freina mes ardeurs fugitives :
- Vous savez, que Lola, la pute qui tapinait devant notre immeuble, a été enlevée.
- Enlevée ? répondis-je en feignant l’étonnement, alors que mon cœur palpitait aussi vite qu’un pulsar (3) d’une lointaine galaxie. Vous êtes sûre ?
Madame Coqualo, aussi rusée qu’un renard-prostatique retraité, devina qu’elle avait choisi le bon hameçon pour me ferrer et elle ajouta :
- Sûre de sûre et il y a un témoin de cet enlèvement !
Je commençais à avoir un petit espoir de revoir un jour Lola, ma pute chérie, dont j’étais tombé follement amoureux.
Alors, sans m’en rendre compte, je me rapprochais insensiblement de Madame Coqualo, jusqu’à sentir sur ma poitrine, la piqûre de ses tétons turgescents et je lui dis :
- Et qui est ce témoin ?
Ma nymphomane voisine, me murmura dans l’oreille :
- Vous le saurez quand j’aurai bu votre délicieux nectar !...
A suivre…
Notes :
1- Toupie : jouet de forme conique ou sphérique muni d'une pointe sur laquelle on le fait tourner.
2-Succube : démon qui, selon des croyances populaires, prend la forme d'une femme pour séduire les hommes durant leur sommeil.
3-Pulsar : étoile à neutrons en rotation rapide et source de rayonnement électromagnétique intense émis dans la gamme des longueurs d'onde radio et caractérisé par une modulation périodique de l'émission.
1. gabycmb le 01-10-2013 à 13:41:21
Bonjour Prof
Toujours à l’affût Mme Coqualo!
Elle apprécie les bonnes choses!!
Bonne après midi.
2. prof83 le 01-10-2013 à 18:50:03 (site)
A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour le com.
Oui Mme Coqualo est une coquine !
Bonne soirée.
La vallée des Merveilles *.
Les jours qui suivirent, jeanne me lança souvent des invitations muettes pour que je la suivisse dans les toilettes. Moi, je faisais celui qui ne comprenait pas et j’attendais qu’elle formulât oralement ses envies de massages labiaux sur une partie de mon anatomie.
Eternel recommencement, Adrien, un prof d’EPS, avait accroché une affichette sur le panneau en liège réservé aux profs. Cela provoqua un petit attroupement devant ce qui n’était qu’une invitation sportive.
Lorsque je lus l’affichette, je fus saisi comme d’un malaise. Marilyne, la prof de philo s’empressa de m’embêter :
- Alors on s’inscrit ? J’adore les randonnées difficiles !
Je lui lançais un regard qui ressemblait à un regard de détresse. Je ne pus que lui dire :
- Je préfère faire fonctionner mes neurones plutôt que mes muscles !
Elle pouffa :
- Tu as des muscles toi ? Tu n’es pas sportif ?
Je répliquai :
- Je suis aussi sportif qu’un éléphant tétraplégique !
Cela fit rire Jeanne, qui nous surveillait à cinquante-huit centimètres, distance admise par le comité olympique pour suivre, sans gêne, une conversation.
Marilyne insista en me faisant miroiter, à demi-mots, une partie de jambes en l’air.
- Tu sais, il y a un refuge où l’on pourrait s’isoler quelques minutes pour…
Jeanne fronça les sourcils.
Et moi je répondis :
- Il me faut beaucoup plus de temps que ça, pour… ! Au moins cinquante-six minutes !
Et ce fut au tour du prof d'EPS d’éclater de rire.
Attaqué de toutes parts, je décidai de me retirer dans mon coin pour m’asseoir sur mon fauteuil préféré et faire la gueule.
Jeanne vint s’installer près de moi. Avec son esprit maternel, elle essaya de me remonter le moral.
- Si tu veux, on peut aller faire un tour où tu sais…
En disant cela, elle avait ouvert la bouche, sans s’en apercevoir, en lui donnant une forme arrondie des plus évocatrices. Décidément, elle appréciait ma liqueur, mais moi je ne voulais pas que tous mes autres collègues pensassent que nous formions un couple. Alors, impoli comme un taximan finlandais, je me levais sans rien dire pour aller dans ma salle corriger quelques copies. Il me restait trente-sept minutes avant la reprise des cours à quatorze heures. La digestion et la correction forment un couple mal assorti et je commençais à m’endormir sur une copie lorsqu’on frappa à la porte de ma salle…
A suivre…
Notes :
* C’est un petit bout de France, tout en bas à droite de la carte, aux confins de l’Italie, et qui ne fut d’ailleurs français qu’en 1947. À seulement 30 km à vol d’oiseau de la Côte d’Azur, la région montagneuse autour du village de Tende, à la limite sud du Parc national du Mercantour, semble loin de tout.
Pour s’y rendre depuis Nice, il faut emprunter la vallée de la Roya, berçant une rivière aux airs de torrent, qui achève sa course à Vintimille. En chemin, la Roya traverse hameaux et villages perchés : Tende, Saorge, La Brigue et Breil, où l’histoire a laissé chapelles de la Renaissance, cloîtres et clochers baroques.
Près de la frontière italienne, dans les hauteurs de Tende, se trouve l’un des coins les plus grandioses du Mercantour : la vallée des Merveilles – sans oublier sa copine Fontanalbe – et leurs 40 000 gravures rupestres de la Préhistoire tutoyant les sommets des Alpes. Un cadre unique pour des randonnées inoubliables. Cette vallée-là, unique et étrange, n’a pas volé son nom !
1. gabycmb le 25-09-2013 à 18:28:22
Bonsoir prof
Superbes photos de la vallée des Merveilles!
J’aime bien cette phrase<< Je suis aussi sportif qu’un éléphant tétraplégique >>
Merci pour ce bon moment de lecture. Bonne soirée
2. prof83 le 25-09-2013 à 21:17:48
A Gaby.
Merci pour ton com.
C'est vrai que la vallée des Merveilles est magnifique, mais très fatigante!
Bonne soirée.
Commentaires
1. gabycmb le 13-11-2013 à 18:25:19
Bonsoir Prof.
J’ai passé un agréable moment à lire ce chapitre. Merci !
Bonne soirée.
2. prof83 le 13-11-2013 à 21:16:33
A Gaby.
Bonsoir.
Merci pour le com.
Bonne soirée.