posté le 12-01-2016 à 09:10:34

Marina (52).

 

 

Sous l'effet conjugué de l'alcool, des trois litres de crème glacée

et peut-être des malfaisants virus,

je me voyais dans la peau de Fred Astaire.

( On peut toujours rêver). 

 
  Etrangler Marina ? Un bref instant, j’en eus bien envie ! Mais moi, gentil comme un moine cistercien, je contins bien vite ce brutal désir d’assassinat. Je lorgnais bien sur un flacon d’acide chlorhydrique, que j’aurais pu lui lancer au visage pour la défigurer définitivement. Décidément, Marina, avait non seulement tué son mari, mais aussi certainement contaminé une grande partie du personnel masculin de ce collège. A mes yeux, elle s’était transformée en une hyène  lubrique  seulement capable du pire. Pourquoi avait-elle brûlé l’enveloppe qui contenait les résultats de mon test VIH ? Je lui posais la question, mais elle ne répondit pas. Je me mis alors à élaborer des théories plus fumeuses les unes que  les autres avec la conviction d’un élève de troisième face au théorème de Pythagore. Avant de sortir de ce maudit labo, je lui lançai un regard improbable, comme celui d’un touriste qui jette un crouton de pain à un lépreux de Bombay. Je ne pus que murmurer :

- Adieu !

Dans le couloir, aussi à l’aise qu’un équilibriste alcoolique, je heurtai un élève qui se déplaçait en pianotant sur son Smartphone pour envoyer un SMS, tout en écoutant son lecteur mp3 , bref un élève aveugle et sourd, digne représentant de la jeunesse actuelle dont seront issus les futurs aviateurs ou chirurgiens…

Que faire maintenant ? Bien sûr, je pouvais aller demander au labo d’analyses médicales, un duplicata de mes tests VIH, mais c’était au-dessus de mes forces, du moins pour l’instant. Il ne me restait plus qu’à attendre, je ne savais pas quoi, attendre que ma santé chancelât comme la flamme d’une bougie arrivée en bout de course.

Chez moi, je fus saisi par une brutale envie de crème glacée au caramel, seule capable, à mon avis, d’adoucir mes derniers instants. Mon congélateur était aussi désert que la toundra gelée de l’Arctique et je dus me résoudre à me rendre dans le magasin Picard situé au coin de ma rue. Là, la vendeuse me dévisagea comme si j’avais été un esquimau anorexique. Dur, dur, de supporter ces regards qui ne comprennent pas. Moi, en échange, je me mis à contempler ses seins qui avaient le volume des melons de Cavaillon, mais en avaient-ils le parfum ? Mystère, mystère, car je ne sentis, en m’approchant d’elle, que de vagues effluves de déodorant Rexona. Finalement j’achetais trois bacs de crème glacée de un litre (pistache, vanille et  caramel) de quoi avoir une crise d’hyperglycémie ce soir, en les consommant toutes, vautré sur mon canapé à écouter un cd de Benny Goodman à la clarinette et de ses acolytes. Ça valait bien une giclée de sperme dans la bouche de Marina la nymphomane. J’avoue aussi que j’arrosais le tout de Cognac, histoire  d’apprécier le rythme endiablé de la musique que j’écoutais et dont les notes  avaient une fâcheuse tendance à s’agglutiner dans mon cerveau.

C'est alors que je me mis à fantasmer sur Ginger Rogers. Je me voyais danser avec elle et moi j'étais dans la peau de Fred Astaire ( voir la vidéo en fin d'article).

 Vers trois heures du matin, je me sentais proche du coma diabétique et j’attribuais tous ces symptômes aux petits virus du SIDA qui devaient festoyer dans mon corps.

Mon estomac était une outre dilatée contenant un mélange détonnant de près de trois litres de crèmes glacées à la vanille, au caramel et à la pistache. Malgré tout son talent, j’avais l’impression  que Benny Goodman me frappait sur le ventre avec sa clarinette.                                                                                                                         

Une demi-heure plus tard, le téléphone sonna…

                                                                             

                                                                                 A suivre 

 
 
 Benny Goodman - Sing Sing Sing 1935
 
 
 

GINGER ROGERS ET FRED ASTAIRE

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posté le 05-01-2016 à 09:11:01

Marina (51).

 

Marina fumait-elle vraiment du tabac?

J'avais comme des visions lorsque la fumée

arrivait à mes narines...

 

Dans le labo de SVT, Victor, le squelette, semblait sourire en contemplant ma mine fantomatique, il pensait certainement que bientôt, j’irai jouer aux osselets avec lui dans l’autre monde.

Marina se colla à moi, dans un sursaut de tendresse inhabituel chez une nymphomane comme elle. Au-dessous de ma ceinture, c’était le calme plat, une larve molle et dépressive, incapable de relever la tête. Bien sûr, j’en voulais beaucoup à cette femme, mais n’avais-je pas été, aussi, un peu irresponsable en acceptant ses jeux pervers sans préservatif ?

Je sortis la fameuse enveloppe froissée et la tendit à Marina en lui disant :

- Vas-y, ouvre la et ne m’annonce pas trop brutalement la mauvaise nouvelle.

Avec un sourire presque moqueur, elle saisit cet emballage en papier qui cachait encore la révélation de ma condamnation à mort. Elle déposa l’enveloppe pliée en deux, dans le sens de la longueur, dans un bécher (1) en verre à la propreté douteuse qui avait dû contenir beaucoup de cadavres de grenouilles ou d’animaux, gluants comme mon moral.

- Tu ne l’ouvres pas ? lui dis-je avec une voix chevrotante comme celle de l’animal de Monsieur Seguin.

Dans ses yeux, des éclairs semblaient faire la fête et sa poitrine se soulevait comme si sa respiration devenait incontrôlable.

- On peut s’amuser un peu avant si tu veux, dit-elle avec l’aplomb d’un plombier-zingueur.

Elle se mit à genoux devant moi et entreprit d’ouvrir ma braguette aussi plate que la poitrine de Jane Birkin. Elle en sortit un caramel mou qui avait bien rétréci au lavage.

- Mais tu ne bandes pas ? me dit-elle en se fourrant dans la bouche cette friandise ratatinée.

Ma réplique fut cinglante :

- Comme si j’avais la tête à bander avec tout ce qui m’arrive ! Allez dépêche-toi, ouvre cette enveloppe !

De toute évidence, Marina se moquait de moi.

Sans que je le voulusse, le caramel, dans sa bouche, perdait de son atonie (2), devenait dur, prenait de l’ampleur, ragaillardi par la salive chaude et par la langue fureteuse de Marina. Elle savait y faire, la garce, sans dégoût, sans crainte et cela, sans que je susse pourquoi, avait un effet positif sur mon moral. Fatalement, en ce moment-là, je n’étais pas le champion de l’endurance et en trente secondes, je projetais dans sa bouche des salves gluantes, peut-être empoisonnées.

Elle avala le tout en gloussant comme une poule pondeuse ensemencée par le coq de la basse-cour. Moi, je pensais qu’elle était folle !

Elle s’assit ensuite sur la paillasse en carreaux de faïence blanche en balayant d’un revers de main des béchers, des tubes à essais et des têts (3) en terre cuite ; ses pieds oscillaient nerveusement à vingt centimètres du sol. Elle écarta les cuisses et en tirant sur le tissu de son string noir, elle me dit :

- Baise-moi chéri !

A ce moment, je pensai qu’elle savait qu’on était tous les deux séropositifs et qu’elle m’offrait ainsi l’équivalent de la dernière cigarette du condamné à mort, le dernier verre de rhum avant la guillotine…

Je refusais ce qu’elle m’offrait, sans protection, avec tant d’impudeur. Entre ses cuisses, sa fente aux lèvres gonflées et entrouvertes laissait suinter une mousse blanchâtre qui indiquait le degré de son excitation.

Mon obsession renaquit en même temps que mon caramel se ratatinait et redevenait tout mou. Je lui dis :

- Alors, tu l’ouvres, cette enveloppe ? Oui ou non ?

Elle était vexée, blessée, insatisfaite à cause de mon refus.

Elle murmura, en se remettant debout :

- Sois patient, je vais d’abord fumer une cigarette.

Elle mit dans sa bouche l’empoisonneuse de poumons et actionna son briquet qui fit apparaître une flamme bleue et joyeuse. Sans que je pusse réagir, paralysé par l’angoisse, je la vis mettre le feu à l’enveloppe qui contenait les résultats de mon test VIH. Le papier sec brûla entièrement en quelques secondes en laissant au fond du bécher un petit tas de cendres noires.

C’est à ce moment-là que j’eus envie de l’étrangler…

A suivre

 

Notes :

 

1- Bécher : récipient gradué cylindrique en verre ou en plastique utilisé pour de nombreuses applications de laboratoire, notamment en chimie, physique, biologie et pharmacie. Le mot provient de l'allemand Becher qui signifie gobelet.

2- Atonie : manque de tonus, d’énergie (d'un organe)

3- Têt : coupelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 


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1. anaflore  le 05-01-2016 à 12:31:30  (site)

bonne et heureuse année 2016
bonne écriture

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posté le 29-12-2015 à 08:36:29

Marina (50).

 

Dans la cour, quelques élèves s'ennuyaient...

 

J’avais hâte de rencontrer Marina, juste pour me faire consoler bien qu’elle fût la cause de tous mes tourments.

Je me pointais vers 12h45 devant le portail fermé du collège et je sonnais pour que le concierge pût l’ouvrir. Il me regarda comme s’il ne me connaissait pas, avec un air suspicieux, presqu’hagard, rougeaud et bouffi, portant sur son visage les stigmates de son alcoolisme. J’essayais d’être normal, cachant mon inquiétude et essayant de dissimuler les quelques boutons qui étaient apparus sur mon visage.

- Ah, c’est vous Monsieur X….., me dit-il dans un brusque sursaut de lucidité.

- Oui, répondis-je, c’était le mot le plus court possible.

Pour rejoindre le labo, je devais traverser la cour de récréation, heureusement déserte à cette heure-ci. Il y avait bien quelques élèves anorexiques ou dans le besoin qui désertaient la cantine. Ils étaient agglutinés par groupe de cinq ou six, dans les endroits ombragés, assis par terre et pianotant comme des malades sur leurs Smartphones ou sur leurs consoles de jeux. Je craignais de rencontrer des collègues logorrhéiques (1) à la recherche d'une victime pour la noyer sous un déluge de phrases gluantes et inutiles.

Ouf, j’avais traversé cette maudite cour sans encombre et il ne me restait plus qu’à atteindre le préau qui précédait la porte qui ouvrait sur les différentes salles du bâtiment.

Au rez-de-chaussée il ne me restait plus qu’à tourner à droite pour atteindre le labo de SVT. J’y étais presque, quand je sentis une main se poser sur mon épaule. C’était celle de Jeanne, la CPE, qui rôdait dans les couloirs. Elle était blonde, mignonne, assez petite, les cheveux courts et un joli sourire rassurant et empathique (2) illuminait son visage. Pour être honnête, je dois avouer que j’avais souvent fantasmé sur elle, des désirs doux sans sexe, juste des envies de la prendre dans mes bras et de l’embrasser sur la bouche…Elle s’approcha de moi pour me faire la bise, geste instinctif que je ne pus éviter et qui me plongea un instant dans son petit monde parfumé.

- Comment vas-tu, Alain ? me murmura-t-elle avec des mots qui ressemblaient à des chamallows parfumés à la framboise.

Devais-je lui avouer que mon moral avait atteint la profondeur de la fosse  océanique des Mariannes (3) ? Je ne pus que lui répondre avec un sourire forcé :

- Ca va et toi ? C’était le minimum pour éviter l’impolitesse.

Son regard continuait à me troubler et son sourire, léger comme une plume de poussin, me caressait à distance. J’étais prêt à sombrer, à tout lui révéler, à exposer sur des tréteaux toutes mes pensées les plus intimes, quand,  au bout du long couloir, apparut un élève à la mine patibulaire. Jeanne dut me quitter pour aller faire son devoir : sermonner cet intrus qui ne devait pas errer dans le bâtiment entre 13h et 14h.

Moi, je me sentis soudain abandonné et je frappai donc à la porte du labo de SVT. En entrant dans la salle où planait une odeur forte de formol, j’aperçus Marina en blouse blanche qui vint vers moi en souriant.

Sourire, était-ce approprié dans la situation catastrophique dans laquelle je me trouvais ?

Dans ma poche, l’enveloppe qui contenait le résultat du test VIH, appuyait sur mon cœur comme un poignard empoisonné…  

 

A suivre

 

Notes :

 

 

1 – Logorrhée : pathologie du langage qui conduit le malade à

                       déverser un flot rapide et ininterrompu de paroles.

2 : Empathie : faculté intuitive de se mettre à la place d'autrui et

                      de comprendre ses sentiments et ses émotions.

3 : Fosse des Mariannes : La fosse des Mariannes est la fosse

                                       océanique la plus profonde actuellement

                                       connue et l’endroit le plus profond de la

                                       croûte terrestre. Elle est située dans la

                                       partie nord-ouest de l’océan Pacifique, à

                                      l’est des Îles Mariannes et à proximité de

                                      l’île de Guam. Le point le plus bas se situe 

                                      selon les relevés entre un peu moins de

                                      11 500 mètres et un peu plus de 11 000

                                     mètres de profondeur.

 
 

 
 


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posté le 22-12-2015 à 08:50:40

Marina (49).

 

Il ne me restait plus qu'à ouvrir cette maudite enveloppe... 

 

Bon, j’avais décidé d’ouvrir cette maudite enveloppe destinée à mon médecin et dans laquelle figurait certainement ma condamnation à mort. Ce pas difficile à franchir et qui allait me projeter dans un film d’épouvante, j’hésitais encore à l’accomplir, comme si le fait d’ouvrir ou de ne pas ouvrir l’enveloppe pouvait changer le cours des choses. Mon angoisse donnait à tous mes gestes une dimension magique et je me projetais des films en pensant :

- Si j’ouvre l’enveloppe, j’ai le SIDA et si je ne l’ouvre pas, je ne l’ai pas !

Pas si facile que ça quand même, car une minute plus tard, j’inversais le sens de ma phrase.

Pour détourner ce jeu de pile ou face, mon cerveau perturbé avait trouvé une troisième possibilité, en d’autres termes prendre connaissance des résultats de mon test sans ouvrir l’enveloppe. Pour cela, je m’installais à mon bureau et je collais l’enveloppe contre la l’ampoule allumée de ma lampe en col de cygne. Je pensais ainsi que, par transparence, je pourrais lire son contenu. Peine perdue, la lampe n’était pas assez puissante : 30 watts à peine, juste suffisante pour distinguer quelques signes sur le papier trop opaque à mon goût. La seule solution, c’était de remplacer cette lampe maigrichonne, par une autre bien plus puissante et tant pis si ça faisait enrager les écologistes, ces prophètes de malheur qui nous prédisaient l’apocalypse en inventant de nouveaux péchés capitaux.

Sous mon lit, j’avais caché, comme un voleur, une boîte pleine de lampes à incandescence, ces antiquités énergivores, condamnées par Nicolas Hulot en personne, et qui avaient été remplacées par des lampes à économie d’énergie qui émettaient pas mal de rayons UV, responsables de cancers de la peau, mais qui protégeaient la planète. J’en choisis une à cent watts, conscient que je commettais un crime écologique. Je collais l’enveloppe contre l’ampoule l’ultra lumineuse et brûlante et par transparence je ne pus que lire :

«  Test ELISA… résultat ……tif »

« …tif » cela pouvait être soit positif soit négatif. J’étais bien avancé !

Je sentis comme une coulée de sueur glaciale, naître entre mes omoplates et couler le long de la peau de mon dos.

Je ne savais plus que faire, paralysé par la peur d’apprendre une mauvaise nouvelle. Je me sentis devenir une marmotte entrant en hibernation un matin pluvieux d’hiver. C’est à ce moment-là que le téléphone sonna : c’était Marina qui m’appelait pour la centième fois. Comme une larve de zombie, je décrochais le combiné en espérant me faire consoler par la nymphomane du collège. Je lui racontais tout en détails et elle me répondit :

- Pauvre chou, viens me retrouver à 13h au labo, nous ouvrirons l’enveloppe ensemble !

C’était une solution qui me permettait de gagner quelques heures avant le verdict…

 

A suivre… 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 


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posté le 15-12-2015 à 08:37:28

Marina (48).

 

 

Mais pourquoi suis-je si inquiet ? 

 

L’inquiétude du soldat qui avance sur un terrain miné, c’est de marcher sur un engin explosif enterré à quelques centimètres de la surface du sol. L’utilisation d’un détecteur de mines permet d’éviter pas mal de mauvaises surprises.

Mon inquiétude à moi, c’était de découvrir chaque jour de nouveaux boutons, signes que cette maudite maladie s’installait partout dans mon corps. Peu à peu, pour juguler cette angoisse, une idée parasitait ma conscience, c’était de faire un test VIH. Au moins il n’y aurait plus cette attente du pire, puisque le pire s’abattra sur moi quand j’aurai les résultats de mes analyses.

Je suis comme ça, la prise de décision doit mûrir dans ma tête, comme un fœtus, elle doit se développer et s’imposer au bout d’un temps plus que certain. Mon médecin, quand je lui demandai de me prescrire ce test, me regarda comme si j’avais violé une nonne centenaire, plus vierge que le mur de Berlin à l’époque de la guerre froide.

Le laboratoire d’analyses médicales me fit penser à l’antichambre d’un abattoir de taureaux en fin de vie et plusieurs fois j’eus envie de fuir comme un aveugle unijambiste, fuir, en fermant les yeux, cette sentence mortelle qui allait briser mes jambes.

On me remit une enveloppe cachetée en me demandant d’aller l’apporter le plus tôt possible à mon médecin traitant. Je crus voir, à ce moment-là, sur le beau visage de la secrétaire du labo, une compassion maternelle pour le futur cadavre que j’allais bientôt être.

Dans la poche de ma veste, l’enveloppe prenait des allures de tison incandescent qui allait mettre le feu à mon corps gangréné.

En marchant dans la rue, je me surpris à penser à haute voix :

- J’irai voir mon médecin la semaine prochaine.

Je me gardais sept jours de transition avant l’annonce de ma condamnation à mort. Sept jours durant lesquels je me forçais à oublier tous mes boutons et la nausée qui ne me quittait plus.

D’un coup de pied rageur, je poussai ma balance électronique sous une armoire en décidant que je ne me pèserai plus, pour ignorer cet amaigrissement inquiétant qui avait débuté le jour de la révélation que Marina m’avait assénée dans son sinistre labo.

Quinze jours plus tard, je n’étais pas encore allé chez mon médecin et l’enveloppe qui contenait le résultat de mon test VIH se morfondait sur mon bureau. J’allongeais ainsi mon sursis comme un condamné à mort qui demande la grâce présidentielle. Une grâce qui était rarement accordée, mais qui n’avait pas une probabilité nulle. La mienne, de probabilité était égale à zéro, zéro, zéro…

Après trois semaines de tergiversations, j’en étais toujours au même point et la maudite enveloppe commençait à se recouvrir de poussière.

Un matin, après une lutte acharnée contre l’insomnie, je pris la décision d’ouvrir cette enveloppe comme si j’allais soulever le couvercle d’un cercueil…

 

A suivre… 

  

 
 

 

 

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