posté le 27-02-2013 à 14:21:34

Grasse (31).

 

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Un conseil de classe laisse des traces ! Passer près de douze heures consécutives au lycée (de 8h à 20h) ramollit notre substance grise, nos muscles et tout ce qui va avec…Alors on est pressé de rentrer chez soi pour dormir, dormir, dormir et oublier les élèves, l’administration et même les collègues qui deviennent des tartines nutellisées (1)  pratiquement inconsommables. On oublie tout et on se dit que la maladie d’Alzheimer nous guette à chaque coin de rue de la ville qu’on ne reconnaît plus. Grasse, la nuit, ressemble au désert de Gobi (2) avec des lampadaires qui n’en font qu’à leur tête, des magasins fermés, aux néons boiteux et des chats en goguette qui cherchent des femelles volages. Je fus largement heureux quand, par hasard, je me retrouvai devant mon immeuble aux stores baissés, géant de béton inaccessible, qui dort depuis des décennies. C’est à ce moment-là, comme l’ogre des contes de fées, que l’on a besoin de chair fraîche. Et Lola faisait les cents pas sur le trottoir, passant et repassant devant le hall en remuant les fesses, réflexe conditionné acquis au cours des longues heures passées à tapiner, même quand il n’y avait personne. Lola, en louve affamée, reconnut en moi une proie facile. C’est vrai que je l’avais regardée un instant et considérée comme une bouée providentielle. Lola accéléra le pas et se dirigeait vers moi en oscillant comme une chaloupe sur une mer voluptueuse. Moi, incapable de réfléchir et de prendre une décision je devins le roi des abouliques (3), perdu dans la rue de l’oubli. Quand elle fut près de moi, son parfum se mélangea à celui de la ville qui planait par intermittence, fusant des cheminées des usines qui fabriquaient des senteurs enivrantes. Je m’attendais à « tu viens chéri ? », mais elle me dit :

« Monsieur, je sais que vous êtes gentil, vous ! Je ne peux plus aller sur la coursive à cause de Monsieur Coqualo et de tous les copropriétaires qui m’ont déclaré la guerre. Et Paulo, à cause d’eux, est privé de ses cigarettes préférées. Alors, si vous voulez bien me rendre un petit service… »

Devant mon air ahuri de débile profond, elle me tendit une cartouche de cigarettes en ajoutant :

« Si vous pouviez jeter ça à Paulo, demain lors de sa promenade dans la cour de la prison… »

J’avais la tête d’un ver luisant qui n’éclairait plus, un reliquat de vie oublié par le bon Dieu.

Mon vocabulaire se réduisit alors à un « heeuuu » peu expressif. Lola, pour me convaincre, avança vers moi ses seins plus agressifs que les guerriers mandchous de la Chine antique. Ses tétons, durcis par le froid, pointaient sous son chemisier comme les clous de la planche d’un fakir. Moi, j’étais ailleurs !

Elle émettait un magnétisme qui commençait à agir sur la partie métallique du mâle que j’étais…

Je tendis la main et je pris la cartouche de cigarettes. Sur le visage de Lola se dessina un sourire de madone ; moi je me sentais devenir un ange…

En partant, elle se retourna vers moi et me lança :

« Merci, merci, je saurai vous récompenser… ! »

Et à cause de cette phrase, je ne pus dormir de la nuit…

A suivre

Notes :

 

1 : Tartines de Nutella.

2 : Le désert de Gobi est une vaste région désertique comprise entre le nord de la Chine et le sud de la Mongolie. Il englobe environ un tiers de la surface de la Mongolie.

3 : Aboulie : en psychiatrie,trouble mental caractérisé par une incapacité à décider ou à entreprendre.

 


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1. Kriemhild  le 27-02-2013 à 21:31:09  (site)

Bonsoir !

La dernière fois que je suis venue sur ton blog, je répondais au pseudo de Brunhilde et toi, tu étais prof de collège. Comme on peut le voir, les choses ont changé !
J'espère quand même que tu te plais en lycée.

Bonne soirée

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posté le 23-02-2013 à 08:06:40

Grasse (30).

Conseil de classe dans l'antiquité.

C'était la belle époque...

 

« Tirons notre courage de notre désespoir même. »

( Sénèque ).

« Portasses ? » me dit Jeanne ?

Elle semblait ne pas apprécier ou ne pas comprendre ce subjonctif imparfait un peu désuet, je l’admets, mais que j’aimais utiliser parfois pour décontenancer mes interlocuteurs. Alors je reformulais mon souhait :

« Au conseil de classe des 1èresS1 de ce soir, j’aimerais bien que tu  ne portes pas de culotte ! »…

Elle me lança un regard chargé de haine, décapant comme de l’acide chlorhydrique. Alors, avec un ton inhabituel, elle fulmina :

« Pour qui me prends-tu ? Je ne suis pas une femme de mauvaise vie, moi ! »

Elle n’arrivait pas à se défaire de son vocabulaire d’un autre temps, de phrases de vieille fille coincée.

Alors, juste pour lui faire un peu de mal, je lui répondis :

« Oh, ce n’est pas grave. Tant pis si tu ne veux pas me faire plaisir ! »

J’essayais ainsi d’introduire dans son cerveau, un sentiment de culpabilité qui laisse des traces et qui empêche de bien dormir la nuit.

Jeanne se leva brusquement et sans répliquer, quitta la salle des professeurs en martelant le sol avec ses talons de quatre centimètres de haut.

Je ne la revis pas à la récréation de l’après-midi ; elle avait dû rester dans sa classe pour éviter de me rencontrer.

Les élèves de 1èreS1 que j’eus à quinze heures furent particulièrement tranquilles et studieux : ils appréhendaient leur conseil de la soirée. J’en profitais pour essayer de savoir qui était exactement le neveu de Monsieur Coqualo, sans succès car j’imaginais que ce neveu devait avoir une attitude un peu efféminée, ce qui était ridicule puisqu’en principe, l’homosexualité n’est pas héréditaire.

A 18h30 je me dirigeais vers la salle de réunion où devait se tenir ce conseil des professeurs. Quelques collègues fatigués étaient déjà là, assis autour d’une chaîne octogonale formée de tables collées, à la va-vite, les unes contre les  autres. L’usure de la fonction et le découragement avaient creusé un maillage de rides irrégulières sur le visage de ces fantassins de l’éducation nationale, tous placés en première ligne, souvent blessés, mais avançant toujours, la tête haute, conscients qu’ils devenaient de jour en jour de la chair à canon. Dans cette salle, surpris par le silence, ils récupéraient des forces en vue de la bataille du lendemain matin. Jeanne était assise juste en face de la porte, seule, sans voisins à sa gauche et à sa droite. Elle attendait peut-être que j’allasse (1) m’asseoir à côté d’elle, mais je l’ignorai complètement, préférant me placer près de Séraphine, la prof de lettres classiques, capable de déclamer du Sénèque (2) en latin devant des élèves médusés, dont le vocabulaire imprécis et restreint, embrumait leur réalité quotidienne. Jeanne nous regardait. Ses yeux cachaient bien des mystères. Elle essayait de deviner ce que je pouvais bien raconter à Séraphine pour la faire rire autant. Le proviseur aussi nous regardait parfois avec un rictus d’adjudant-chef, prêt à mordre tous ceux qui ne respectaient pas sa parole sacrée, tous ceux qui polluaient ce sanctuaire et qui n’écoutaient pas sa messe en français. Sur l’écran blanc, déroulé sur un tableau vert mal effacé, défilaient les bulletins des quarante élèves, le bilan d’un trimestre peu satisfaisant. Que deviendront-ils quand ils seront adultes ? C’était une classe scientifique, on pouvait s’attendre à former des ingénieurs, des médecins, des chimistes travaillant à la fabrication de diverses drogues dans des laboratoires clandestins ou des chômeurs tout simplement. Quel sera le destin de ce tableau vert usé par la craie ? Dans quelle décharge allait-il finir ?

Le conseil se termina vers vingt-heures. La nuit était tombée depuis des lustres et nous sortîmes de la salle sur les genoux, plus fatigués que les pneus d’origine d’une Simca 1000 des années soixante.

Jeanne traînait pour ranger son carnet de notes et son stylo dans son sac rouge. De toute évidence elle m’attendait sans m’attendre. Moi, plus méchant qu’un herpès labial, je passai à côté d’elle comme on passe à travers un fantôme…

A suivre  

Notes :

 

1 : allasse : première personne du singulier du verbe « aller » au subjonctif imparfait.

2 : Sénèque, né dans l'actuelle Cordoue au sud de l'Espagne vers 4 av. J.-C., mort le 12 avril 65 ap. J.-C., est un philosophe de l'école stoïcienne, un dramaturge et un homme d'État romain du Ier siècle de l'ère chrétienne.

 

 


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posté le 18-02-2013 à 08:21:43

Grasse (29).

 

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Séduire Jeanne, ne fut pas ma mission la plus facile. J’en avais absolument besoin pour étouffer les rumeurs qu’aurait pu propager le neveu de Monsieur Coqualo, dont j’ignorais encore le nom. A défaut d’être belle et sexy, Jeanne était disponible et avait, je crois bien, un petit faible pour moi. Mais quelle montagne à gravir pour atteindre enfin le paradis des sens. Je me mis en tête de faire son éducation,

de façonner de la pâte à modeler informe en bacchante(1) affriolante.

Un après-midi, au lycée, vers 13h au retour de la cantine, l’estomac encore encombré par des coquillettes à la viande de nature inconnue, j’étais affalé, sur un fauteuil d’un âge incertain, dans la salle des profs, quand Jeanne vint s’asseoir près de moi. Pour lui faire croire que je dormais, j’avais baissé mes paupières et adopté l’aspect niais d’un patineur pakistanais. Dix minutes plus tard, je feins de me réveiller et je lui demandai d’aller me chercher un café. Pour cela je la regardais avec un air de cocker déprimé auquel elle ne résista pas. La pauvre, elle dut affronter la horde des élèves agglutinés autour de la machine à boissons située dans la cour du lycée. En l’attendant, j’observais le manège de Maurice, un prof d’EPS de cinquante-cinq ans environ, véritable macho et dragueur professionnel, tout l’opposé de moi ! Il s’était mis en tête de séduire une prof d’histoire-géographie de vingt-cinq ans, mignonne comme tout, blonde et diaphane. Je l’entendais débiter des sornettes à deux balles, sans s’apercevoir qu’il horripilait sa jeune collègue. Finalement, en gardant son calme, elle l’assomma en lui disant : 

« Tiens, mais tu as l’âge de mon père ! »

Maurice, vexé dans sa virilité, abandonna la partie, la queue entre les jambes, comme un vieux loup mordu par sa femelle.

Eliane, qui enseignait le français, entra à son tour dans la salle des profs et accomplit un petit cérémonial que je connaissais par cœur : elle remplaça les chaussures rouges qu’elle portait par les mêmes, mais noires qui se trouvaient dans son casier. Allez savoir pourquoi !

Peut-être parce qu’elle venait d’avoir les secondes-F, une classe difficile qui aggravait, de jours en jours, sa névrose obsessionnelle. Elle sortit de la salle en proclamant :

« Ô rage, ô désespoir (2)… ! »

Et il y a certains ministres qui veulent réduire nos vacances d’été, un oasis qui nous permet de ne pas sombrer dans la démence !

Jeanne revint avec ma tasse de café et me la tendit en souriant. Je trempais mes lèvres dans le liquide odorant et je lui dis :

« Mais il est froid ce café ! »

C’était faux, mais c’était la première étape de ma stratégie de lavage de cerveau.

A la sonnerie de quatorze heures, juste avant d’aller chercher nos élèves, je me penchai vers ELLE et je lui murmurais dans l’oreille : 

« Au conseil de classe des 1èresS1 de ce soir, j'aimerais bien que tu  ne portasses pas de culotte ! »…

A suivre

Notes :

1 : Femme saisie par la débauche et la lubricité.

2 : Le Cid de Pierre Corneille.

 


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posté le 13-02-2013 à 21:10:27

Grasse (28).

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Sous l’effet de l’alcool, Jeanne me parlait de plus en plus en anglais, une langue que j’aimais beaucoup mais que j’avais négligée pendant mes études scientifiques. Je connaissais quelques expressions pas très présentables du genre « fuck me (1) » ou bien « do you want a blowjob (2)  ? », mais dans son brouhaha verbal, je n’arrivais pas à déceler ces mots « magiques » qui auraient été pour moi le signal de l’abordage.

Alors, je me hasardais, avec prudence, à poser ma main sur son genou droit et à la remonter vers la cuisse en retroussant sa jupe. Je fus étonné par la douceur de sa peau et par le rayonnement thermique qu’elle dégageait (3). Elle se laissa faire un instant, grisée par la boisson nationale des britanniques, mais soudain elle me dit :

- Alain, arrête, je ne suis pas comme la fille que j’ai vue au bas de l’immeuble !

Elle évoquait ainsi ma Lola, celle qui faisait le trottoir dans ma rue. Savait-elle seulement qu’avec les péripatéticiennes on allait directement à l’essentiel, c’est-à-dire l’acte sexuel sans préliminaires ?

Dans mon cerveau, l’effet pervers de la camomille commençait à se dissiper et je dois avouer que mon début d’érection n’était plus qu’un lointain souvenir.

« Grandeur et décadence ! » comme dirait Balzac.

J’eus alors un moment de nostalgie en pensant à Madame Coqualo spécialiste des « blowjobs » qu’elle pratiquait allègrement et sans état d’âme dans le local à poubelles.  

Jeanne perdit soudain la petite miette de sex-appeal qu’elle possédait quand je l’entendis ronfler (en anglais ? En français ?), la tête penchée vers l’avant, faisant ressortir un magnifique « double chin (4) ». Un peu frustré quand même je me dis que demain j’irai vider ma poubelle vers les 13h30…

Je réveillais Jeanne avec un baiser léger sur la joue et elle s’esclaffa :

- Tu n’as pas profité de mon petit somme pour me séduire au moins ? 

Je compris alors, pourquoi, à trente-cinq ans, elle était encore presque vierge…

A suivre

Notes :

1 : baise-moi !

2 : tu veux une fellation ?

3 : paroles de physicien…

4 : double-menton.

 

 

 

 

 

 

 

 


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posté le 09-02-2013 à 07:54:55

Grasse (27).

Jeanne, la prof d'anglais

ou Miss Camomille.


Madame Coqualo me lança un regard hérissé de clous. Moi, j’en profitais pour me rapprocher davantage de Jeanne et montrer à tous mes voisins que j’avais une copine. Monsieur Gédebras, le manchot, sortit à son tour du local à poubelles, avec un air plus que coupable et une tête rougeaude qui indiquait que dans ce lieu malodorant, il avait dû avoir une émotion paroxysmique avec Madame Coqualo qui ne se gênait même pas pour se pourlécher les babines. Son mari, lui,  tout excité qu’il était à faire des courbettes à Jeanne, n’avait rien remarqué.

Dans cet immeuble qui surplombait la prison de Grasse, tout le monde avait un air coupable. Monsieur Laderovitch, passa dans le hall par hasard, la tête ailleurs, près des nuages, oubliant dans la minute tout ce qu’il avait vu. Je poussais alors résolument Jeanne vers l’ascenseur pour rompre le contact avec toute cette bande de vers gluants, plus collants que de la glu de plombier.

En passant dans la coursive qui menait à mon appartement, Jeanne eut la peur de sa vie en entendant les cris des taulards qui s’excitaient en regardant ses jambes. Les pauvres, pour eux, Jeanne qui n’était pourtant pas un canon, représentait un tonneau de dynamite qu'ils auraient bien aimé sauter ou faire sauter...

On entra vite dans mon appartement et pour qu’elle se calmât un peu, je lui proposai un verre de Whisky. Elle me regarda avec un air niais et gloussa :

« Oh, je préfère une infusion de camomille si tu as… ! »

Devant ma tête étonnée, elle ajouta :

« Ou alors de la verveine ; allez faisons des folies ! »

Je filais dans la cuisine pour essayer de dénicher le pot en céramique où je gardais toutes mes tisanes en espérant qu’elles ne fussent pas périmées. J’y trouvais un sachet tout froissé de camomille dont la date de péremption était acceptable.

« Ce n’est pas gagné ! » pensais-je, en versant l’eau bouillante dans la tasse où gigotait le sachet.

Je rejoignis Jeanne dans le salon en portant à bout de bras un plateau avec la tasse de camomille pour elle et un verre de whisky avec deux glaçons pour moi. Je lui fis de nouveau le coup de « mes yeux doux » en lui murmurant dans l’oreille, comme aurait pu le faire Jean Gabin à Arletty :

« Soyons fous, échangeons nos boissons ! »

Et une nouvelle fois, pour me faire plaisir, elle accepta.

Ce fut le pire moment de ma vie : boire une tasse de camomille pour séduire une femme.

L’alcool ne tarda pas à agir sur le cerveau de la pauvre prof d’anglais, puisque soudain, elle me dit :

« Embrasse-moi ! »

Et elle me tendit sa joue. A ce rythme-là, j’aurais mis un siècle pour passer ma main entre ses cuisses.

Elle se laissa quand-même faire, quand je l’embrassais sur la bouche. Une bouche close comme une huitre revêche qui résistait héroïquement à la tentative d’intrusion de ma langue.

Saoulé par la camomille, mon cerveau plongea, un moment, dans mon passé, quand j’avais seize ans. Dans le quartier de ma jeunesse, il y avait des petites maisons individuelles qui ceinturaient une cour où nous jouions pendant des heures. Tout au fond, un passage étroit permettait d’accéder à une seconde cour plus petite où se trouvaient, ce qu’on appelait à l’époque, des buanderies. C’était là, le lieu propice à nos premiers ébats amoureux. Je me souviens d’une fille, plus âgée que moi, elle devait avoir dix-huit ans, qui se prénommait Maryvonne. Ah, les seins de Maryvonne, comme je les ai triturés, pelotés, soupesés… Jamais, dans ma vie, je n’ai retrouvé des seins aussi durs !...

Jeanne me secoua violemment le bras pour me ramener au présent et c’est à ce moment-là que je décidais de la surnommer « Miss Camomille », la fille aux seins mous…

A suivre

 


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