posté le 20-03-2013 à 08:27:35

Grasse (36).

            

Cette nuit-là, les heures coulèrent comme à rebours. Vouloir dormir, lorsque Lola m’avait tutoyé pour la première fois, relevait d’une pure fantaisie. Mon lit fut le témoin muet de mon agitation et presque de mon délire. La nuit engloutit tout, c’est une mer agitée pour les insomniaques comme moi, une dérive du temps, un voyage incohérent dans un monde ouaté, un thermostat déréglé comme un schizophrène, sans logique, sans but, une errance vers le petit matin.

Lola voulait me récompenser du service que je lui rendais : faire parvenir à Paulo, son mec, taulard pour quinze ans encore à la prison de Grasse, ses cigarettes préférées. J’avais accepté pour ses beaux yeux, ses jolies fesses qui remuaient comme si elles avaient une vie propre et ses seins-coups-de-poings, véritables uppercuts qui vous mettaient KO en moins de deux minutes. Devant elle, j’abdiquais, j’abandonnais, je jetais l’éponge, j’étais une larve avec des jambes qui flageolaient, comme si elles étaient en caramel mou abandonné au soleil.

Depuis que j’étais devenu amoureux de cette fille, je désirais lui faire l’amour et cela devenait une obsession. Mais la situation se compliquait, car mes sentiments pour ELLE bannissaient toute relation vénale. Poursuivais-je une chimère : me faire aimer par une pute ? Son corps était infidèle à Paulo, mais son cœur pouvait-il battre pour quelqu’un d’autre ?

Dans mes fantasmes les plus macabres, je me demandais, si ce que je lançais à Paulo par-dessus la coursive, étaient bien des cigarettes. N’était-ce pas plutôt de la drogue ? Et alors, je me voyais arrêté comme un dealer, moi le prof plus sérieux qu’une image pieuse. J’imaginais le procès, le procureur qui m’accablait et le verdict me condamnant à deux ans de détention dans la prison de Grasse, dans la cellule de Paulo. Je me voyais assis à côté de lui, passant de longs moments à parler de Lola, notre amour à nous (surtout à moi, car je crois que Paulo n’a pas de cœur).

Et la récompense, je l’attendais comme on attend un orage au Sahara. Pourquoi Lola ne se décidait-elle pas à m’accorder ses faveurs ? Me trouvait-elle trop laid pour elle, trop nul peut-être ? Mais tout cela compte-t-il pour une pute ?

Le matin arriva en retard, comme une lettre à petite vitesse. Je m’étais endormi vers trois heures, épuisé par une bataille sans merci contre mon réveil muet comme une statue ; il ne « tictacquait » pas, il se contentait de faire défiler devant mes yeux hagards des chiffres lumineux rouges avec la régularité d’un TGV un jour de grève.  

Je sortis de mon immeuble à 7h30 pour aller travailler et je plongeai dans une situation plutôt anachronique :

- Mlle Belœil était en pleurs. Elle tenait son chien cookie dans ses bras.

- Monsieur Coqualo courait dans tous les sens, poursuivi par sa femme la nympho du local à poubelles.

- Monsieur Gédebras, le manchot, hurlait en projetant ses bras  son bras vers le ciel.

- Monsieur Laderovitch, l’Alzheimer, commençait à retrouver sa mémoire.

Mais que se passait-il dans cette rue habituellement très calme ?

Monsieur Coqualo, l'homo, vint vers moi et, en me tripotant le bras, il me cria :

« Mais vous avez vu, vous avez vu ? Tous les pneus de nos voitures ont été crevés durant la nuit ! »

Et sa femme-langue-de-pute ajouta :

« Ça, c’est un coup de votre Lola ! »

Ma Lola ? J’aurais bien aimé que cela fût vrai !

Je marchais quelques mètres pour rejoindre ma voiture et ce que je vis alors, m’accabla !...

A suivre

 


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posté le 15-03-2013 à 14:20:57

Grasse (35).

Musée de la parfumerie.

(Grasse)

Grasse, ville parfumée à ses heures et quand le vent souffle comme il faut. Grasse, il faut le dire, est une ville où l’on s’ennuie. C’est vrai que Cannes et Nice ne sont pas très loin. Mais il faut y aller en voiture et trouver à se garer. Par contre j’aime bien rentrer chez moi à pieds, après les cours, même si je rencontre parfois des élèves qui font semblant de ne pas me voir ou des parents que je repère à la façon qu’ils ont de me dévisager comme s’ils avaient rencontré un yéti   échappé de l’Himalaya.

Quand j’arrive dans ma rue, mes yeux scannent les trottoirs étroits pour détecter la présence de Lola qui tapine à des heures régulières. Une vraie fonctionnaire du sexe tarifié. Quand je la vois, de loin, mon cœur rajeunit et je me sens comme un adolescent amoureux. Lola, c’est le sexe sans problème, à la portée de la main et des bourses  de la bourse, du moins je le suppose, car elle n’affiche pas ses tarifs. Elle ne vient plus dans ma coursive, chassée par ce diable de Coqualo aidé par Mr Gédebras, le manchot, son acolyte malfaisant.

Lola m’a repéré et elle se dirige vers moi en remuant des hanches, sans doute involontairement, presque génétiquement. Je me demande, si un jour, j’arriverais à lui proposer une partie de « jambes en l’air », mais où ? Je ne sais pas à quel endroit elle emmène ses clients, peut-être dans sa voiture qu’elle gare dans une ruelle proche et mal éclairée ou bien à l’hôtel H….. qui dresse sa devanture décrépie sur une petite place plus triste qu’un jour pluvieux.

Lola est très proche de moi maintenant et je me sens matelot sur une chaloupe qui prend l’eau. Moi, j’ai tout juste envie de lui crier « je t’aime », mais est-ce possible avec une pute ? Elle ne m’a jamais dit « chéri, tu viens ? », phrase archaïque c'est sûr, souvenir de mes lectures anciennes. C’est peut-être à moi de parler ? Je m’exerce à voix basse, « c’est combien ? ». Ça sonne faux, c’est trop direct, alors j’essaye une autre phrase « quels sont les tarifs de vos prestations ? » C’est nul, on dirait que je m’adresse à un garagiste. Lola, c’est le garage où je voudrais garer mon Alfa Roméo…

Elle est maintenant à cinquante centimètres de moi et je n’ai plus rien à imaginer, car je vois ses seins durs et en forme de poires, à peine cachés par un teeshirt moulant. Son parfum efface celui de la ville et crée autour de nous une sphère immatérielle, un petit cocon hors du temps dans cette rue déserte ou presque, car les chats tapinent aussi. Sait-elle que je suis professeur ? Peut-être a-t-elle gardé de très mauvais souvenirs de sa scolarité ? Pour en être arrivée là, j’imagine que ce n’était pas une surdouée pour les études.

Elle me regarde et je vois dans ses yeux brillants des étoiles plus palpitantes que celles qui se trouvent dans la constellation d’Orion, ma préférée. J’ai l’impression que ses pupilles sont un peu dilatées ; se droguerait-elle par hasard ? Ou peut-être a-t-elle un regard de myope.

Lola, ma jolie taupe, Lola mon amour à moi. Je me jette à l’eau, j’ouvre la bouche pour lui demander…Lui demander quoi ? Je bredouille, mes mots se coincent dans ma gorge, tombent en panne dans ma bouche ; je ressemble à Régis C….., un élève de CPPN que j’ai eu dans ma jeunesse et qui n’arrivait pas à s’exprimer.

Lola a un petit sourire presque attendri devant ce débile qui bafouille, moi, spécialiste en mécanique quantique, mais nul en amour…Elle me tend une cartouche de cigarettes et me dit :

« C’est pour Paulo ! »

C’est tout. Et elle s’en va. Je suis déçu, mais elle revient sur ses pas pour me dire :

« Je tiens toujours mes promesses, ne t’en fais pas ! »

Elle m’a tutoyé. Ça y est, je chavire ; ma chaloupe coule…

A suivre

 

 


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posté le 11-03-2013 à 21:29:37

Grasse (34).

Femme assise.

(Picasso).

 

Un peu étonné par l’attitude de Jeanne, je fus bien obligé de regarder entre ses cuisses rondes. La pénombre de la salle des professeurs n’offrait pas un éclairage idéal pour ce genre d’observation scientifique. Je ne voyais que du noir et je me demandais si c’était du lard ou du cochon, heu non, je voulais dire, une culotte ou une toison… J’avais envie de lui demander, de rester comme ça, pendant que j’allais chercher mes lunettes que j’avais bêtement abandonnées sur la grande table. Mais je n’ai pas osé, car je suis un grand timide, moi !

Jeanne me regarda avec un demi-sourire et murmura :

« Voilà, tu es content ? Mais c’est la dernière chose que je fais pour toi ! »

Content, content, c’était vite dit car j’arrivais à la conclusion suivante :

« Si elle ne porte pas de culotte noire, elle n’est pas épilée ! ».

Elle se leva pour aller prendre ses élèves et je la suivis dans l’étroit escalier qui nous faisait descendre dans la cour. Avant d’y être, je me penchais vers son oreille pour lui dire :

« Il faudra que tu fasses mieux la prochaine fois ! Je te donnerai les instructions nécessaires en temps voulu, dans ton casier… »

Elle se retourna pour me lancer un regard de haine qui me décapita et elle cria presque : 

« Tu n’as qu’à aller voir ta pute ! »

J’aurais bien aimé, moi, que Lola fût ma pute ! Mais c’était celle de Paulo, mon voisin à la prison de Grasse.

A la récréation de quinze heures, je m’installais à côté de Marilyne, la prof de philo. J’avais envie de sentir sa cuisse musclée contre la mienne, histoire de soulager mes neurones, après une heure de cours avec les secondes, seulement capables de compter les mouches, même quand il n’y en avait pas. Effectivement, la cuisse de Marilyne, transféra mon énergie intellectuelle située probablement dans mon cortex cervical, vers un endroit magique où avaient lieu de mystérieuses réactions chimiques qui transformaient le mol argile en acier et inversement… Elle se pencha vers moi et glissa dans mon oreille :

« Tu as le bonjour d’Emile ! »

Emile, c’était son futur ex-mari, certainement psychotique et assassin à ses heures. Elle me tendit, en riant, un bristol où figurait une invitation à son club de tir à l’arc. Moi, je n’avais pas envie de jouer aux indiens avec un fou capable de m’attacher à un totem pour me cribler de flèches.  Je refusais donc cette invitation dangereuse. Lola gloussa, en me traitant de peureux.

Jeanne entra dans la salle après un long passage aux toilettes. Elle nous regarda à la dérobée et se précipita vers son casier, qu’elle ouvrit, je crois, avec une main tremblante. S’attendait-elle à trouver mes instructions ? Elle se retourna vers moi et me transmit, de loin, un message brouillé. Etait-elle déçue ou soulagée ?

A suivre

 


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posté le 07-03-2013 à 09:05:13

Grasse (33).

Un prof, parmi tant d'autres...

+++

Je m’étais engagé un peu vite avec Lola concernant les cigarettes de Paulo, son protecteur, taulard dans la prison de grasse. N’allais-je pas être obligé de poursuivre ce petit jeu dangereux ? Et tout ça pourquoi ? Pour les beaux yeux et les fesses d’une fille qui tapinait devant mon immeuble…

L’après-midi, j’avais cours de 14h à 17h avec des secondes en classe entière, ce qui était légèrement stressant. Alors avant d’entrer dans l’arène (la classe), je fis un petit tour dans la salle des profs, une demi-heure avant le début du marathon. L’ambiance était morose. Les quelques professeurs qui étaient là, semblaient tous porter une lourde enclume en fonte sur le dos. La fatigue du matin pesait sur leurs neurones et avachissait leur corps et je me demandais comment ils allaient terminer la journée. On était une bande de limaces décérébrées, sans réaction devant l’adversité, tous condamnés à une lourde peine, condamnés à vieillir de concert avec des manies de préretraités… Jeanne était assise dans un coin. Elle me lançait des regards que je ne comprenais pas, des invitations muettes à aller m’installer à côté d’elle. Je préférais parler avec Philippe, prof de maths à ses heures. Il était grand, massif et de corpulence assez molle. Il discutait beaucoup, mais agissait peu. Souvent il me décrivait ses problèmes qui tournaient autour de son incapacité maladive à accomplir les tâches habituelles de la vie quotidienne. Il me racontait que sur son bureau, s’entassaient des dizaines de lettres, qu’il n’arrivait pas à ouvrir, que parfois il s’asseyait dans son fauteuil et qu’il n’arrivait plus à se relever, pour aller manger par exemple. Il restait comme paralysé pendant des heures, à ne rien faire et finissait par y passer toute la nuit. Il n’avait pas le courage de sortir, d’aller au restaurant, de faire du sport… Rien, dans le pays des unaus(1), il aurait été le roi ! Mais il était sympathique, un peu philosophe et apprécié par ses élèves (allez savoir pourquoi). J’appris un jour, que Philippe, entrant chez lui après une dure journée de labeur, constata que sa femme avait disparu avec toutes ses affaires ; elle l’avait abandonné ! Elle lui avait laissé une lettre d’explications, qu’il n’ouvrit jamais.

On approchait des quatorze heures et un à un, les profs quittaient la salle pour aller chercher leurs élèves. Ils avaient tous, la tête de condamnés à mort perpétuité, en début de peine. Seuls, quelques-uns souriaient, ceux, certainement, déjà atteints de démence précoce.

Le hasard fit que Jeanne et moi, restâmes seuls un instant. Elle me fit un petit signe de la main pour que j’aille la rejoindre dans la rangée de fauteuils de couleur bleu-pétrole, collés contre la grande vitre qui donnait sur la cour. Je voulais encore être méchant avec elle, je me forçais souvent beaucoup, mais là, dans les tranchées du lycée, avant la grande bataille de l’après-midi, je devais me montrer solidaire. J’allais donc vers elle, avec un demi-sourire qui ne voulait rien dire. Elle portait une jupe de couleur anthracite, certainement un mélange laine-lycra qui était souple et tenait chaud. Je restais debout devant elle, muet comme une carpe enrouée. Volontairement, elle laissa tomber un stylo à mes pieds et elle me dit :

« Alain, sois gentil s’il te plait, tu peux ramasser mon stylo ? »

Il me restait un soupçon de galanterie bien congelé et ayant dépassé certainement la date de péremption. Alors je me baissais pour ramasser l’objet chu (2)  sur le sol.

C’est à ce moment-là, qu’elle écarta ses jambes…

A suivre 

Notes :

 

1 : unau : mammifère vivant en Amérique du Sud et communément appelé paresseux.

2 : chu : participe passé du verbe choir (tomber).

 


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posté le 02-03-2013 à 15:17:52

Grasse (32).

****

Toute la nuit j’ai pensé à la phrase de Lola :

« Merci, merci, je saurai vous récompenser… ! »

J’imaginais des choses, des situations plus ou moins scabreuses, des scénarii dignes des films X interdits au moins de trente ans. Les heures avaient la lenteur des escargots dépressifs peu pressés de plonger dans de l’eau bouillante. Je me levais vers une heure trente pour aller boire un peu d’eau dans la cuisine : j’avais la démarche d’un scaphandrier retraité victime de rhumatismes arthritiques.

A deux heures, je m’installais dans mon canapé en face de ma chaîne Hi-Fi, juste à égale distance des deux baffles plutôt encombrantes. Je plaçais un Cd de jazz dans mon lecteur. Le jazz ancien transforme la nuit, en brume légère et semble avoir un pouvoir de lévitation qui me faisait planer au-dessus du canapé. J’écoutais en boucle un air de Glenn Miller, « Moonlight Serenade », que Jeanne, la prof d’anglais aurait traduit par « Sérénade au clair de lune ».

Cliquez sur la flèche verte,
pour écouter « Moonlight Serenade »

 

A trois heures vingt-huit, plutôt ramolli par cette litanie d’un autre temps, je plongeais dans l’irraisonnable : boire un verre de whisky ! Une pure folie, vu que je supportais très mal l’alcool. Je voulais tout simplement assommer mes neurones excités par la promesse de Lola. La bouteille de whisky était encore presque pleine et légèrement  poussiéreuse. Je remplis la moitié de mon verre, décidé à boire pour oublier. C’est alors que s’insinua dans mon esprit, une autre promesse, plus celle de Lola, non, mais celle que je lui avais faite, moi, concernant la cartouche de cigarettes que je devais lancer à Paulo, son mec, son protecteur, qui purgeait une peine de quinze ans de prison pour un délit inconnu de nous. Mais dans quel guêpier m’étais-je fourré ? Et n’allais-je pas commettre un délit pour les beaux yeux de la meuf de Paulo ? Et quand j’étais sur le point de renoncer, une petite voix lointaine me murmurait dans l’oreille : 

« N’oublie pas la promesse de Lola ! »

Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ? Pour posséder cette fille, il me suffisait de la payer ; c’était une pute après tout !

Mais voilà, je l’avoue, j’étais tombé amoureux d’elle.

Au petit matin, je n’avais encore rien décidé ; j’oscillais, comme un alcoolique aboulique entre « faire plaisir à Lola » et « respecter » la loi. Heureusement que ce matin-là, je n’avais pas cours, car vers dix heures, j’entendis les cris caractéristiques des taulards qui prenaient l’air au cours de leur promenade. A dix heures cinq, je me hasardais dans la coursive pour jeter un œil dans la cour de la prison. Paulo, était au-dessous, la tête levée vers le ciel. Il attendait la « livraison » de toute évidence. Alors, prenant mon courage à deux mains (phrase imprononçable par Monsieur Gédebras, le manchot), regardant à gauche et à droite pour vérifier que Monsieur Coqualo n’était pas là, je lançais la cartouche de cigarettes à Paulo qui l’attrapa prestement. On a beau avoir un QI d’huitre déficiente mentale et être plus ignorant qu’un Shadock, on n’en est pas moins adroit. Paulo me regarda fixement et leva le pouce vers moi en guise de remerciement. Ca y est, j’avais un nouvel ami !

Je vous raconterai plus tard, comment Lola tint sa promesse…

A suivre

 


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